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Avec son bulletin d'information, le CIPINA s'adresse à tous ses amis, sympathisants et partenaires, soucieux de transmettre un message positif sur l'Afrique. Notre objectif est de diffuser une information régulière et pertinente, de renforcer les liens entre les différents acteurs de notre réseau et de vous permettre d’avoir une meilleure vision du développement de l'Affrique




En arrivant à son travail à l’Auberge de l’Onde, à Saint-Saphorin, Jérôme Aké Béda touche le coin de l’église qui lui fait face. Sa manière de garder son lien à Dieu, lui, le catholique né en Côte d’Ivoire. «Ecrivez «né dans la brousse», lance-t-il avec un grand éclat de rire. Il est comme ça, le fils de la famille Aké: toujours profondément lié à son pays natal qui a traverséde sombres heures et tout aussi enraciné dans ce Lavaux qu’il aime tant. Cette dualité le pousse à être le premier à plaisanter de ce «Noir qui aime le blanc», lui qui dit n’avoir jamais eu à subir le racisme en Suisse. «La France est beaucoup plus raciste qu’ici.»
S’il a été nommé hier sommelier de l’année par le guide GaultMillau, c’est d’abord pour sa connaissance encyclopédique des vins, qu’il aime tant faire partager. Par exemple dans ces soirées vigneronnes où il invite des producteurs à l’auberge dans un menu qui accompagne leurs vins, et où il décrit ceux-ci avec un lyrisme qui touche parfois à l’outrance. Mais Jérôme Aké ne fait rien à moitié, et quand il aime…
Alors que sa mère le voyait déjà médecin, lui s’imaginait plutôt avocat, «parce que je déteste l’injustice». Il s’est finalement tourné vers la restauration lorsque Houphouët-Boigny, le président ivoirien, a ouvert la première école hôtelière du pays. «Pour moi, ceux qui travaillaient dans des restaurants ne devaient jamais avoir faim. Et c’était un monde de gens élégants, bien habillés», rigole-t-il. Mais le service l’attirait surtout parce que c’est un métier de contact, et le contact, il adore ça. «Au restaurant, on devrait recevoir comme si c’était chez soi. En Afrique, il y a une tradition d’offrir le gîte et le couvert à chacun», affirme-t-il assis dans les vignes du village, à côté de la statue de Jean Villard-Gilles. «C’est mon ami, dit-il tendrement en le désignant. Vous avez déjà lu ses poèmes, c’est juste magnifique.
Alors savoir que lui et moi vivons dans le même village…» Celui qui faisait du théâtre dans sa jeunesse à Abidjan en a gardé cette faconde, cette diction puissante, ce goût du spectacle qui lui fait transformer un accord vin-mets en ode poétique. «Je suis totalement heureux quand je partage, quand je donne, quand je fais plaisir. Avec le vin, je peux communiquer ma passion. Et, quand le client perçoit ce que je veux donner, c’est magnifique!» Cet amour immodéré l’a amené à produire deux livres. Le premier présentait les «50 meilleurs vignerons de Suisse». Le second était voué à son cépage fétiche, à celui qu’il défend envers et contre tout, le chasselas. «Les gens, ici, ne se rendent pas compte du trésor qu’ils ont sous la main. Même les pays qui n’en produisent pas l’utilisent comme repère pour parler de leur viticulture. Le chasselas est donc un étalon, un roi!» On pourrait croire que cet amour pour le cépage autochtone est une manière de s’intégrer, une posture. Non, c’est une révélation: «C’est Patrick Röthlisberger, mon patron à l’Auberge de la Crochettaz, à Epesses, qui m’a fait découvrir les vins de Lavaux, et ça a été le choc. Bien sûr, le Petrus est un tout grand vin mais il faut avoir les moyens de s’en payer. Avec les chasselas, on reste dans une addition raisonnable. » Pour lui, on pourrait faire un repas entier avec ces vins. Et c’est lorsqu’il parle de son sujet de prédilection que sa voix est la plus forte: «Sans regarder l’étiquette, un vin doit me procurer de l’émotion. Un cru parfait, ça n’existe pas.
Aujourd’hui, on sait vinifier de manière technologiquement correcte. Ce qui m’intéresse, c’est le message que le vigneron met dans sa bouteille, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde, seulement à Pierre- Luc Leyvraz ou à Marie-Thérèse Chappaz, par exemple.» Mais il ajoute qu’il ne faut pas boire tout de suite les vins des grands, il faut leur laisser du temps pour qu’ils développent toutes leurs qualités. Ce fou de musique, de toutes les musiques, prend trop de temps pour sa passion première, accumulant les passages chez les vignerons, les participations aux commissions de dégustation ou les visites aux restaurants concurrents. Il avoue ne lire que des livres qui traitent de sa boisson préférée. «Peut-être ne suis-je pas un père modèle. Heureusement, j’ai épousé une sainte! Et puis, comme disait Talleyrand: «Quand je m’observe, je m’inquiète. Quand je me compare, je me rassure.» Il a travaillé chez les Krebs, à Clarens, chez Denis Martin ou au Mirador. Mais l’amour l’a frappé à Saint-Saphorin où il est arrivé en 2006. «J’adore cette auberge, il y a il y a une histoire, une âme. Il y a eu ici de grands hommes, et moi, je ne suis que de passage, je perpétue leur oeuvre. L’Onde fait partie de l’histoire et de la culture des Vaudois. J’aimerais qu’on se dise un jour qu’un Africain a été capable de faire vivre cet endroit.»

Carte d’identité
Né le 1er janvier (ou le 2 février) 1962.
Cinq dates importantes
  • 1989 Arrive en Suisse pour poursuivre ses études hôtelières.
  • 1990 Naissance de son premier fils,Franck Aké Olivier. Suivront Bryan (2001) et Jason (2008).
  • 2006 Arrivée à l’Auberge de l’Onde, à Saint-Saphorin (Lavaux).
  • 2008 Mariage avec Sara.
  • 2008 Sortie de son Guide des meilleurs vignerons de Suisse. En 2014, il publiera Les 99 chasselas à boire avant de mourir.
 

Rwanda, 20 ans après le génocide : A quelles conditions la réconciliation est-elle possible ?

Mardi 4 novembre 2014, dès 17h30
Auditoire 1129, bâtiment Anthropole, Université de Lausanne (Dorigny)


Organisation :
Collectif des Rwandais exilés en Suisse (CRES), sous le patronage du Laboratoire d’Anthropologie Culturelle et Sociale de l’Université de Lausanne

17h30: projection du documentaire «My Neighbor, My Killer» d’Anne Aghion (2009)
19h: table ronde avec Abbé Régis Kabanda, rescapé du génocide Joseph Matata, activiste rwandais des droits humains, Joseph Ntamahungiro, journaliste burundais, Grégoire Duruz, politologue, Jean-Claude Métraux, psychiatre, cofondateur de l’association «Appartenances»

En cette fin d'année 2014 au cours de laquelle se sont multipliées les commémorations
du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi, le Collectif des Rwandais exilés en Suisse
(CRES) propose de faire le point sur le processus de réconciliation au Rwanda.
L'unité et la réconciliation de tous les Rwandais ont été instaurées en principes directeurs par le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame dès la fin du génocide.
Pour autant, plusieurs questions se posent à la lumière des deux décennies qui se
sont écoulées depuis. Dans quelle mesure le mot d'ordre du gouvernement Kagame estil
véritablement incarné par la population ? Quelles initiatives offrent la preuve d'une réconciliation en marche ? Quels sont les facteurs déterminants pouvant favoriser ou empêcher une telle démarche ? Sont-ils actuellement réunis au Rwanda ?
Dans une société meurtrie par des crimes de masse en série où victimes et bourreaux
furent aussi bien Tutsi que Hutu (qui le sait?), comment l'histoire doit-elle être
dite, écrite, commémorée ? Vingt ans après la folie meurtrière du génocide, la narration
des faits passés, et donc de ce chaque Rwandais a vu et vécu, demeure au coeur du
problème. Et possiblement de la solution...
Entrée libre
Contact: cmukasine@bluewin.ch
 

Quand la police flirte avec le racisme

La police cantonale fribourgeoise a utilisé l’expression «hommes de couleur» pour décrire les auteurs d’un brigandage qui a eu lieu en ville de Fribourg. Une expression stigmatisante. © Alain Wicht/La Liberté





 
Fribourg • L’usage de l’expression «hommes de couleur» par la police cantonale a heurté certaines sensibilités. La Commission fédérale contre le racisme (CFR) souligne que cette mention est à bannir dans le cas d’une communication sur un délit. La police, elle, reconnaît le côté stigmatisant de l'expression et assure qu’elle ne l’utilisera plus. Explications.

GRÉGOIRE CORTHAY

L’été dernier, la police cantonale fribourgeoise a utilisé l’expression «hommes de couleur» pour décrire les auteurs d’un brigandage qui a eu lieu en ville de Fribourg. «Durant cette nuit, un homme s’est fait agresser à Fribourg. Trois hommes de couleur lui ont donné des coups et ont dérobé son porte-monnaie » relevait-elle dans un communiqué.

Anodine, maladroite, raciste?
Anodine et informative pour certains, cette expression, relayée sur la page Facebook de «La Liberté» ainsi que dans son édition papier, a suscité plusieurs réactions de lecteurs, notamment via les réseaux sociaux. Certains internautes s’interrogeant sur sa pertinence, d’autres la qualifiant de maladroite voire de carrément raciste.

Questionné à ce propos, Tidiane Diouwara, directeur du CIPINA (Centre d’Information et de Promotion de l’Image d’une Nouvelle Afrique), basé à Lausane, est catégorique: «L'expression «homme de couleur» peut être considérée comme stigmatisante, donc discriminante. On ne peut pas raisonnablement dire le contraire!»

«L'homme blanc placé au-dessus des autres»

Il poursuit : «Dans l'imaginaire collectif, et même dans la réalité quotidienne, les hiérarchies des couleurs placent l'homme blanc au-dessus des autres. De ce fait, l'expression «homme de couleur» place les autres – les personnes non blanches – en dessous de l'homme blanc, d'où son caractère discriminant».

Tidiane Diouwara précise qu’il ne cherche pas la polémique. Son association CIPINA travaille sur un projet qui vise précisément à définir une charte pour la presse romande quant à la terminologie à utiliser pour faire référence aux citoyens de souche non blanche, particulièrement lorsque ceux-ci sont confrontés à la police.

Une terminologie «louable mais ambiguë»

L’utilisation de l’expression «hommes de couleur» laisse aussi songeur Mamadou (prénom d’emprunt) qui est «noir» et travaille à Fribourg: «Personnellement, je constate que ceux et celles qui utilisent cette expression le font dans le but d'éviter les mots «Noir» ou «Nègre». L'intention est louable car on cherche à ne pas vexer mais c'est une expression qui est tout de même ambiguë. Parler d'«hommes de couleur» présuppose qu'il y a des hommes qui ne sont pas de couleurs voire qui sont «normaux». Or, pour moi, si les noirs sont des hommes de couleurs, les blancs le sont aussi!»

Et de conclure: «Je préfère le mot «Noir». Dans le cas de ce communiqué, la question que je me pose est ‘Est-ce que le fait d'utiliser cette expression apporte une plus-value à l'information?’ Personnellement, j'en doute»

Un risque de tomber dans le profilage racial

Contactée par «La Liberté» afin d'avoir son avis, la Commission fédérale contre le racisme (CFR) explique que la mention «homme de couleur» est à bannir dans le cas d'une communication liée à un délit. En l'utilisant, il y a un risque de tomber dans le profilage racial et de renforcer certains préjugés. «L’expression en soit («homme de couleur») n’est pas problématique et nous l’utilisons parfois aussi à la CFR. Nous privilégions cependant le terme «Noirs» qui est généralement aussi utilisé/préféré par les minorités en question» admet Joëlle Scacchi, responsable de la communication de la CRF.

Elle avertit toutefois que «dans le cas d’un délit, cette mention est à bannir si elle n’apporte aucune information sur le délit en question. Dans le cadre d’un communiqué de la police, on tombe très vite dans le profilage racial, car cela suggère que tous les Noirs sont suspectés sur le seul critère de la couleur de leur peau». Et Joëlle Scacchi de poursuivre: «Dans le cadre des médias, cette information ne nous apprend rien sur le délit mais contribue uniquement à renforcer certains préjugés par rapport à la population noire en Suisse».

Aux médias aussi d’être aussi prudents

La responsable de la communication de la CRF rappelle aussi que les journalistes qui relaient ce type d’information doivent être prudent. Et de noter que le Conseil suisse de la presse (qui est une instance de plainte pour des questions relevant de l'éthique des médias) explique dans son guide «Repères pour un journalisme responsable en ce qui concerne les discriminations» (point 8.2, dans ce cas): «La désignation de l’appartenance ethnique ou nationale, de l’origine, de la religion, de l’orientation sexuelle et/ou de la couleur de peau peut avoir un effet discriminatoire, en particulier lorsqu’elle généralise des jugements de valeur négatifs et qu’elle renforce ainsi des préjugés à l’encontre de minorités. C’est pourquoi les journalistes font une pesée des intérêts entre la valeur informative et le danger d’une discrimination. Ils respectent le principe de la proportionnalité.»

Joelle Sacchi indique encore que la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a également édicté une «Recommandation de politique générale sur la lutte contre le racisme et la discrimination raciale dans les activités de police». Dans celle-ci, elle stipule que «l’utilisation d’un critère comme la couleur de la peau pour décider de contrôler une personne dans la rue doit avoir une justification objective et raisonnable pour ne pas constituer une discrimination raciale. Elle souligne le danger de voir le profilage racial se transformer en cercle vicieux: les contrôles dans la rue au vu de tous et ciblant quasi exclusivement de personnes appartenant à certains groupes ethniques sans réelle justification alimentent inévitablement des stéréotypes et préjugés racistes auprès de l’opinion publique, des médias et des responsables politiques. Ils ont tendance à conclure que les personnes contrôlées sont forcément délinquantes et que donc ce sont les Noirs et les personnes étant apparemment d’origine étrangère qui sont à l’origine des délinquances.»

*****

«A l’avenir, nous allons plutôt communiquer la nationalité du malfaiteur»

Les explications de Gallus Risse, porte-parole de la police cantonale fribourgeoise.

- Pourquoi la police cantonale fribourgeoise utilise-t-elle l’expression «hommes de couleur»? Qu’est-ce qui le justifie?
Le communiqué de presse auquel vous faites référence est, selon nos souvenirs, le seul où cette expression a été utilisée (n.d.l.r. : au mois de mai, une expression équivalente «deux auteurs de couleur noire» a toutefois été utilisée). Ce communiqué de presse a été rédigé par un collaborateur qui assurait sa première permanence seul durant le week-end. Il s’agit donc d’une certaine inexpérience dans la manière de communiquer, ou d’expériences qu’un attaché de presse doit faire.  Dans le cas particulier, il faut savoir qu’il s’agissait de trois Africains qui avaient agressé un homme. A l’avenir nous allons plutôt communiquer la nationalité du malfaiteur.

- Est-ce que, dans le cas du communiqué en question, cette indication a permis de faire avancer l’enquête?
Non absolument pas. Le cas n’a pas pu être résolu.

- Comprenez-vous que cette expression puisse paraître stigmatisante pour certaines personnes?
Nous comprenons que cette expression puisse paraître stigmatisante pour certaines personnes. Comme mentionné plus haut, nous allons pour la prochaine fois communiquer la nationalité du ou des malfaiteurs.
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