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La lettre de Pro Fribourg

No 3, le 11 avril 2014

 

1. Editorial
2. 11 avril 1964
3. Un centre cantonal de natation et une Auberge de jeunesse à la Poya ?
4. Le PAD de la rue Gachoud
5. Note de lecture

1. Editorial
 

« 50 ans c’est pas assez ! » Sous ce slogan volontairement peu respectueux de certaines règles étroites du bien écrire, Pro Fribourg relance sa mission initiale : plus que jamais, notre patrimoine est menacé par la négligence de certains et les intérêts particuliers de quelques autres. On a pu croire, on aurait pu espérer qu’en un demi-siècle, les mobilisations successives, les combats, les colères, les efforts d’explication et de persuasion de Gérard Bourgarel et de ses amis de Pro Fribourg suffiraient à asseoir une sensibilité large et solide à notre patrimoine. Eh bien, non ! L’impression qui domine est qu’il faut continuer, absolument, sur les traces de notre fondateur.
On ira même plus loin. Face aux initiatives des bétonneurs et des tronçonneurs sans respect pour le passé ni pour une qualité de vie digne et harmonieuse, il faut recommencer encore et toujours à tirer la sonnette d’alarme, à informer, à s’opposer quand c’est nécessaire, à dénoncer le travail de sape de ceux qui s’acharnent à défigurer et à rendre invivable notre cadre de vie. Que l’on s’entende bien : il n’a jamais été question de figer, au contraire. Préserver, respecter, restaurer intelligemment, cela n’a de sens que pour maintenir un environnement vivant, où la qualité de vie s’accorde avec le plaisir des yeux et la richesse des liens sociaux.
Pro Fribourg a 50 ans et ce n'est effectivement pas assez ! Alors, nous continuerons donc, sans relâche, la mission initiée par ce Genevois tombé amoureux d’une ville qui le lui a bien mal rendu. Il n’attendait bien sûr aucune considération et encore moins quelque honneur futile, il n’a donc pas hésité : le respect d’un patrimoine vivant était et reste à ce prix. Parce que la récompense est ailleurs : allier le passé avec un présent qui l’enrichit et le renouvelle respectueusement. 

2. Le 11 avril 1964
 

Avant la parution de notre numéro anniversaire, en juin prochain, pourquoi ne pas revenir brièvement sur l’acte fondateur de Pro Fribourg. Voici 50 ans, une assemblée constitutive était réunie le samedi 11 avril 1964, à 16h30, au Gambrinus, à Fribourg. Préparés la veille, les statuts du mouvement étaient approuvés, et, 50 ans plus tard, il gardent toute leur pertinence :
Article 2. Buts.
Le Mouvement Pro Fribourg a pour but de promouvoir une Cité tournée vers l’avenir dans la fidélité à son passé,
- en prenant la défense de la Cité historique et artistique,
- en préconisant l’intégration des vieux quartiers dans le Fribourg de demain en leur redonnant une fonction vivante au sein de la Cité. 
Le combat initial de Pro Fribourg contre la démolition de la rue des Bouchers était à ce titre symbolique : empêcher un geste complètement iconoclaste voulu par l’autorité cantonale, avec l’appui d’une Ville amnésique, et maintenir des bâtiments anciens dont l’identité du Bourg ne pouvait se passer. Ils furent pourtant remplacés par une rue à arcades sur le modèle bernois, parce que, déjà, la voiture l’emportait sur le respect du patrimoine et rendait de plus en plus difficile, sinon impossible, la vie dans les rues du Vieux Fribourg.
Lors de cette assemblée, la jeune association fut adoubée par un porte-parole des siècles passés, héritier de l’histoire patricienne de la ville, Gonzague de Reynold. Voici, pour conclure, un extrait de son intervention :
Mais vous, vous êtes de ces jeunes de plus en plus nombreux qui ont enfin compris qu’un peuple, qu’une cité qui se coupe de son passé, qui l’oublie ou le renie, est comme un arbre coupé de ses racines. N’ayant plus de sève, il est condamné à tomber, à se dessécher, à disparaître. Il n’y a plus d’avenir, quant il y a rupture totale entre le passé et le présent. [...] Vous avez compris autre chose encore : il ne suffit point de sauver le passé, il faut encore le faire vivre dans le présent et par le présent. »
C’est ce qu’exprimait l’extrait des statuts de Pro Fribourg adopté comme sa devise :
Pour une Cité tournée vers l’avenir dans la fidélité à son passé.

2. Le programme du 50e anniversaire

50 ans, c'est pas assez!


7 - 21 mai                Pro Fribourg s'affiche, images de la collection présentées en grand                                 format en ville de Fribourg
 
13 juin                     Publication Pro Fribourg no. 183: 50 ans, c'est pas assez!
 
13 juin - 30 août       Exposition à la Bibliothèque cantonale et universitaire
12 juin,    18h30       Vernissage
26 juin,    12h30       Visite guidée
1e juillet,  18h00       Visite guidée
26 août,   18h00       Visite guidée
16 juin,    18h00       Soirée de la Rotonde: Patrimoine et énergie, quelle durabilité?
                                Conférence-débat avec Beat Vonlanthen, Conseiller d'Etat                                               directeur de l'économie et de l'emploi et Philippe Biéler, Président                                     de patrimoine Suisse
 
15 novembre            Clôture de l'année anniversaire avec un programme annoncé                                          ultérieurement
 
12 décembre            Publication Pro Fribourg no. 185: Présent-Passé,                                                              Fribourg en 50 cartes postales

La Rue de Romont, source archives Bourgarel/ProFribourg

3. Un centre cantonal de natation et une Auberge de jeunesse à la Poya?
 

La saison du hockey étant terminée, nous tournons la page des sports d’hiver afin de revenir au projet de piscine avec bassin de 50 mètres. Trois sites ont été avancés, Fribourg, Granges-Paccot et Villars-sur-Glâne. D’autres idées émanent de l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes, comme celles par exemple d’agrandir la piscine de la Motta ou d’utiliser les anciens abattoirs. Voici une autre variante, qui n’a, à notre connaissance pas encore été soulevée, issue de quelques constatations.
Premièrement, le site de la caserne de la Poya sera libéré par l’armée en 2020. Il y a là une surface de plus de 46’000m2 à exploiter.
Deuxièmement, l’agglomération de Fribourg a besoin non seulement d’un bassin de 50 mètres couvert mais aussi d’une piscine en plein air supplémentaire.
Troisièmement, la Ville de Fribourg doit anticiper afin de trouver un emplacement pour l’Auberge de jeunesse qui devra quitter ses locaux de l’Hôpital des Bourgeois.
En comparaison, Berne possède 3 piscines couvertes et 5 piscines en plein air pour 130'000 habitants, alors que l’agglomération de Fribourg compte 80'000 habitants (avec la perspective de 10'000 de plus à Fribourg), une seule piscine en plein air et une piscine couverte publique réservée aux écoles en journée. 
La perspective de réunir le centre de natation et l’Auberge de jeunesse sur le site de la Poya présente plusieurs avantages : un bâtiment à adapter pour l’Auberge de jeunesse, la proximité des autres infrastructures sportives, la nouvelle halte CFF. Une nouvelle offre qui serait attractive pour la population, le tourisme familial et la jeunesse. Nous souhaitons que cette variante soit entendue et prise en considération comme celles étudiées par les élèves de l’Ecole d’ingénieurs et d’architectes pour  la Motta.
 
Enfin, inaugurée en 1951, plusieurs fois complétée par de nouvelles installations, rénovée, la caserne de la Poya contient des œuvres d'art intéressantes, dont celles de Teddy Aeby et Yoki qui seraient ainsi remises à la collectivité publique fribourgeoise. 

Le site de la caserne de la Poya, source Google maps

4. Le PAD de la rue Gachoud

 
En début d’année 2014, des promoteurs présentent à la presse le PAD (Plan d’aménagement de détail) du secteur Gachoud, dans le quartier de Pérolles. Ici, un périmètre à reconstruire de 40’000m2, avec un projet qui prévoit la démolition des immeubles de la Rue Wilhelm Kaiser 3 et de la Rue de l’Industrie no. 8. Ce dernier est décrit dans le recensement de l’INSA comme étant « une habitation ouvrière avec ateliers, datant de 1905, construit pour l’entrepreneur Valenti ». Il est l’un des derniers témoins de l’activité artisanale du plateau de Pérolles. Il a abrité un peintre d’enseignes, une parqueterie, la boucherie Pürro et aujourd’hui un restaurateur d’art, dont l’activité apporte indéniablement une plus-value à cette portion de rue dont l’architecture est froide et banale. L’intérêt de ce bâtiment réside d’une part dans sa position dans la rue : il crée un lien avec le Boulevard 1900 et l’Immeuble de la rue de l’Industrie 2 - qui sera lui conservé-, et la rangée de maisons ouvrières préservées qui se trouve en amont. D’autre part, cette bâtisse de typologie « caserne locative » comporte une ouverture sur rue avec vitrines, des ferronneries Art nouveau, une belle cage d’escalier et des ateliers à l’arrière. L’immeuble de la Rue Wilhelm-Kaiser, datant des années 30 est lui intéressant et constitutif du développement de ce quartier. D’ailleurs le MEP (Mandat d’Etude parallèle) prévoyait sa conservation, ce qui n’était déjà plus le cas dans le projet présenté à la presse en février de cette année !
Avec le nouveau PAD de l’Avenue de Beauregard 8 mis à l’enquête en septembre 2013 (cf. Pro Fribourg 182), la Ville de Fribourg se trouve face à deux projets immobiliers d’envergure, où les promoteurs font une plus-value exceptionnelle, alors que la Ville ne reçoit rien en retour. Elle s’appauvrit un peu plus et perd progressivement son âme.

La rue de l'Industrie et le numéro 8 qui fait l'angle, source Pro Fribourg

5. Note de lecture

Dans un livre paru récemment, Jean-Michel Leniaud, directeur de l’Ecole nationale des Chartes à Paris, parmi d’autres fonctions dans la recherche et la pratique de la conservation du patrimoine français et mondial, rassemble une trentaine de textes autour de la nécessité, de l’évidence même, à donner au patrimoine droit de cité. Le titre éclaire l’ensemble des contributions : il ne s’agit pas de réserver au patrimoine une place alibi, monnayée contre des abandons et des compromissions. Au contraire, le patrimoine d’une ville, puisqu’il s’agit essentiellement de la cité dans les textes réunis ici, doit être considéré au même titre que d’autres aspects. L’enjeu est au fond simple : soit l’on rejette l’héritage et place alors aux vandales ; soit cet héritage est accepté, et se doit en conséquence d’être protégé et mis en valeur. Parce qu’il a pleinement droit de cité, son respect autant que sa dynamisation doivent figurer parmi les priorité des édiles qui, rappelons-le tout de même, on pour mission première le bien commun. Or, l’auteur le dénonce, les pouvoirs publics ne sont trop souvent ni compétents ni courageux et la destruction, la défiguration l’emportent au détriment d’un passé que l’on ne manque pourtant pas d’invoquer en le manipulant à l’envi. On l’a compris, même si le cadre du livre et ses exemples sont essentiellement français, la réflexion déborde largement les frontières de l’hexagone et celles des clivages politiques. Le patrimoine est l’affaire de toutes et de tous. 
Jean-Michel Deniaud. Droit de cité pour le patrimoine. Québec 2013. 

La vieille-ville de Fribourg, un exemple de développement durable, source Pro Fribourg
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