• Au lendemain des élections européennes

      A l’heure où l’Europe doit plus que jamais s’affirmer sur la scène politique et économique internationale, les résultats de l’élection au Parlement européen du 25 mai 2014 confirment nos craintes initiales : abstentionnisme, éparpillement des listes et des votes, montée du populisme dans la plupart des États membres de l’UE, particulièrement forte en France qui délivre là un signal alarmant.
      A qui la faute ?
      En France, tous les partis traditionnels s’interrogent, tentent leur autocritique, relèvent leur part de responsabilité, veulent tirer les leçons de ce désastre annoncé. Malheureusement en ressortant les vieilles formules : certains réclament un électrochoc, d’autres la mise en place de mesures radicales et courageuses ou encore une nouvelle politique… au risque de confondre les enjeux nationaux et les enjeux européens.
      "Quand on parle si peu et si mal de l'Europe, quand on en parle tous les cinq ans ou quand il y a une crise, c'est le silence qui gagne et le silence entretient les peurs, il nourrit la démagogie", s'est désolé Michel Barnier, commissaire européen.
      - C’est la première leçon à tirer du présent : il y a là, malheureusement, une part de vrai que doivent méditer nos partis politiques et leurs représentants trop souvent ancrés dans leurs certitudes et qui oublient que la pédagogie et l’éducation restent les moyens incontournables pour « faire comprendre » et au mieux convaincre des citoyens de moins en moins enclins à être des « béni-oui-oui ».
      - S’il est une seconde leçon à tirer pour l’avenir cette fois, afin d’éviter la paralysie qui menace l’Union Européenne,  c’est de réfléchir « au travailler ensemble » : nos partis politiques nationaux doivent comprendre que l’UE ne sera pas seulement le résultat de leur seule vision ou projet politique, mais une construction collective qui doit prendre en compte les particularités (histoire, culture, modes de vie, aspirations…) de chacun de ses membres. 
      - Enfin, et c’est la troisième leçon : nos partis politiques doivent s’appliquer à eux-mêmes cette pédagogie. Sortir des préjugés et du dogmatisme, rejeter les doubles discours et oser le compromis avec les autres pour comprendre enfin que « ce qui nous rassemble est toujours plus fort que ce qui nous divise ».
      Gageons qu’à l’heure de choisir le nouveau Président de la Commission européenne, cet appel sera entendu pour que vive l’Europe des citoyens telle que la souhaitait Jacques Delors : “Vous devez vous engager personnellement et exiger de ceux qui vous gouvernent une audace calculée, une imagination fertile, un engagement clair à faire de la Communauté une nécessité pour exister et un idéal pour entreprendre.” (Le nouveau Concert européen, 1992).
     
      Roselyne Lefrançois
      Présidente du ME-35