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Les Enthousiasmes d'Aurélie !

Moments charnières !
Dans la catégorie « Meilleur film documentaire », la prestigieuse Académie des Césars avait, cette année, nommé cinq films aussi différents que passionnants. DEMAIN, de Mélanie Laurent et Cyril Dion emporta les suffrages.
Bien sûr, AUJOURD’HUI, les chaînes d’info revendiquent la diffusion de tragédies en réponse au désir des téléspectateurs assoiffés d’adrénaline et de « purgation des passions» (sacrée
catharsis, née avec l'humanité).
Bien sûr, AUJOURD’HUI les magazines people gavent leurs lecteurs de divorces sensationnels et de chirurgie esthétique. Pourtant AUJOURD’HUI, plus d’1 million de français se sont rendus dans les salles pour un documentaire présentant des humains dont les solutions et initiatives prennent soin de notre avenir !
Les temps changent, et si
drame et scandale font toujours vendre, l’espoir, lui, fait toujours vivre !
Raphaël Souchier, auteur du très actuel Made in local, conférencier et conseiller en développement durable et en intelligence collective, nous conte ces « moments charnières » où l’espoir soulève des montagnes…
Tant de choses importantes nous semblent pourtant à jamais inaccessibles.  Et voilà que, soudain, elles sont devenues réalité. Un événement s’est détaché du bruit continu des nouvelles pour se faire symbole d’un tournant historique.

Un simple événement suffit, parfois un incident, pour que change le monde. Les portes d’une bastille désertée cédant à la foule en colère,  c’est la royauté qui tremble pour bientôt s’effondrer. Un mur tombe à Berlin, l’empire soviétique s’affaisse. Wall Street implose en 2008, et c’est la fin de quarante ans de domination sans partage des croyances néolibérales. Le 11 mars 2011, le rêve d’un nucléaire civil inoffensif vient s’échouer sur les plages de Fukushima; sur les plages de Grèce s’effacera bientôt le rêve d’une Union Européenne humaniste et soudée.
« Un signal, un symbole, et les croyances chavirent »
Catastrophe universelle - la bombe d’Hiroshima - ou incident minuscule : dans un bus de Montgomery, en Alabama, une femme noire refuse de céder sa place à un homme blanc. Les leaders du mouvement des droits civiques feront de Rosa Parks l’étendard de leur lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Juste un signal, un symbole, et les croyances de millions d’humains chavirent.  En réalité, ces moments charnières qui frappent l’imagination doivent leur force aux profondes et lentes mutations à l’œuvre, parfois depuis longtemps, dans les rapports sociaux et l’inconscient collectif.

« Il n'est rien au monde d'aussi puissant qu'une idée dont l'heure est venue » fait-on dire à Victor Hugo. Comme si le moment était venu de faire place nette, de libérer un peu d’espace pour que s’épanouisse un nouveau regard.

S’il est un domaine dont je suis curieux d’entrevoir cet instant de balancement imprévisible et inéluctable, c’est bien celui de notre étrange relation à l’agriculture et, à travers elle, à la nourriture, à notre santé, à la nature.
Depuis la seconde guerre mondiale, les enfants de nos paysans ont appris que, pour nourrir la France et le monde,  ils devaient se faire exploitants, maîtres en cocktails de produits généreusement fournis par l’industrie pour offrir des récoltes miraculeuses. Cela a plutôt bien marché : les rendements ont d’abord explosé, les étals des marchés et les rayons des supermarchés se sont emplis de fruits et légumes éclatants ; la France est devenue l’un des grands exportateurs agricoles.
 
Un demi-siècle plus tard, la face moins rose de ce « miracle » s’impose avec une dérangeante évidence. Depuis longtemps, les signes annonciateurs se sont accumulés: scandales de la vache folle et du cheval roumain, agriculture prisonnière de l’industrie chimique et gaspilleuse impénitente d’un pétrole dont elle est prisonnière, épuisant les sols, polluant l’air et l’eau. Otages de la grande distribution qui dévore leurs marges, les agriculteurs de France disparaissent à grande vitesse et leurs terres sont reprises par les propriétaires d’exploitations de plus en plus vastes et mécanisées. Notre pays - faut-il en être fiers ? - reste de loin le champion de la consommation de pesticides en Europe.
Partout sur la planète, nous gaspillons de 30 à 40% de la nourriture quand un milliard d’humains ne parviennent pas à se nourrir décemment. De l’Afrique au Berry, des millions d’hectares de terre sont accaparés par la Chine, d’autres pays puissants et les spéculateurs. Le patrimoine multi-millénaire des semences vitales se voit privatisé par une poignée de multinationales, qui brevètent le vivant et tentent d’imposer aux Etats comme aux agriculteurs leurs OGM, leur glyphosate et autres produits cancérigènes.  Amenées à modifier leurs comportements alimentaires pour adopter une nourriture industrialisée, les populations du monde subissent des épidémies de « maladies de civilisation » autrefois inconnues ou marginales (diabète, obésité...).
Pourtant, les murs de cette étrange ferme globalisée tremblent chaque jour un peu plus.
Des milliers d’initiatives, localement ou à plus vaste échelle, indiquent le chemin d’une relation plus saine et équitable à l’agriculture et à la nourriture. Ainsi, pour faire pièce au monopole des semences, la Fédération des Organisations Non Gouvernementales du Sénégal mise sur les semences communautaires, multipliées par les usagers et distribuées à un prix abordable. Une majorité de pays européens bannit aujourd’hui les OGM. En France, les cultures certifiées bio atteignaient en 2015 plus de 1,3 million d'hectares, soit 17,3 % de mieux que l’année précédente. Cette même année, plus de 2.250 agriculteurs ont converti leur exploitation en bio. D’autres méthodes culturales « douces » sont adoptées: agro-écologie, agriculture de conservation, agroforesterie, bio-dynamie, permaculture, etc.
Les Français se tournent chaque jour davantage vers la qualité et le lien au sol ; l’optimal étant  le bio local, qui allie protection de la santé et respect de l’environnement. A plus de 70%  ils plébiscitent les circuits courts alimentaires. Les produits fermiers et appellations d’origine (AOC, AOP, IGP), sont pour eux gages d’authenticité et de traçabilité.  Des municipalités et territoires se dotent d’un Projet Alimentaire Territorial, en concertation avec tous les acteurs locaux.
L’agriculture urbaine, autrefois omniprésente, puis chassée par l’urbanisation récente, réapparaît avec fougue sur les toits et dans les espaces verts; les ceintures maraîchères  sont de nouveau aux portes des grandes villes. Les « Incroyables comestibles », initiative citoyenne venue du Royaume-Uni, font pousser dans les espaces publics des légumes que chacun pourra récolter librement et gratuitement. A l’invitation du mouvement des Colibris, des dizaines de milliers de Français ont décidé d’adopter un mode de vie plus satisfaisant et se lancent dans la création d’ « oasis » locales promouvant au quotidien  l’implication locale, l’autonomie alimentaire, la sobriété énergétique et la gouvernance partagée. D’ici 2020, la ville d’Albi veut parvenir à l’autosuffisance alimentaire de sa population. Dans l’Hérault, la commune de Saint-André de Sangonis, lancera le 9 octobre 2016  l’« opération fruits invasion », invitant les citoyens à planter dans les espaces publics vigne et arbres fruitiers au bénéfice de tous.  Une nouvelle loi a récemment été adoptée, qui interdit l'utilisation des pesticides par les collectivités  et les particuliers. Une autre - actuellement en discussion - vise à développer l'alimentation bio et locale dans les cantines publiques.
En octobre 2016, un tribunal citoyen international se réunira à La Haie pour juger Monsanto, acteur majeur d’un « modèle agro-industriel à l’origine d’au moins un tiers des émissions de gaz à effet de serre mondiales dues à l’activité humaine ; (…) largement responsable de l’épuisement des sols et des ressources en eau, de l’extinction de la biodiversité et de la marginalisation de millions de petits paysans. Il menace aussi la souveraineté alimentaire des peuples par le jeu des brevets sur les semences et de la privatisation du vivant. »

Quel « moment charnière » retiendra l’Histoire comme ayant marqué le passage de l’humanité vers une agriculture respectant tant l’homme que la nature qui lui prête vie ? Nul ne le sait encore.

Les croyances du siècle dernier s’étiolent, nous incitant à remettre en cause nos certitudes, à imaginer et agir. Il suffira peut-être que quelques millions d’humains retrouvent ensemble le chemin oublié qui mène d’une vision du monde absurde et obsolète - celle du pillage suicidaire des ressources vitales - vers un regard tout différent. Ceux qui l’ont emprunté s’émerveillent chaque jour de l’intense et fragile beauté de notre mère la Terre.

Prise de conscience des enjeux, évolution en profondeur des mentalités : partout sur la planète les signes se multiplient. L'humanité reprend sa marche vers plus de vie.
Raphaël Souchier
Plescop, le 17 mai 2016

 
 

Agenda !



Le 15 juin : Sortie DVD de Demain, le film.
Le 16 juin à 19h : Conférence : La permaculture, de quoi parle-t-on? (Paris 12)
Les 25 et 26 juin : Les Estivales de la Permaculture (Montreuil)
 
Initiatives et lieux inspirants !
« La Ferme biologique du Bec Hellouin » , en Normandie, est une ferme expérimentale fonctionnant selon les principes de la permaculture. Perrine et Charles Hervé-Gruyer, ses créateurs, se sont donné pour but de pratiquer, faire connaître et étudier les caractéristiques et l'impact de cette approche à la fois traditionnelle et novatrice.

« La Ferme du Bouchot ». Au Bouchot, tricentenaire ferme solognote, vit et travaille une équipe de permaculteurs joyeux et compétents. Ils vous invitent également à des séjours d'initiation pratique lors d’ateliers, formations et stages. Ici, la règle est partage, ouverture d'esprit et convivialité.
Le crowdfunding de Séligonia

« Ciel Mon Radis ! » Ces jeunes créateurs d'entreprise installent des potagers en entreprise et bien d'autres choses encore! Ciel Mon Radis expliqué en une minute et sur France 5.
Tuto des Makers sur Arte :
- Faire un potager dans son étagère
- Les bombes à graines et 6 autres tutos
Charles, un des fondateurs de Ciel Mon Radis anime un potager dans le 16ème arrondissement de Paris.

« La SAUGE » La Société d'Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée
La SAUGE favorise la pratique d'une activité agricole pour le plus grand nombre. Son souhait est que tout le monde jardine 2h par semaine. C'est une réponse simple et efficace à la Transition Ecologique et à la création de lien social.
Téléchargez leur planning de juin en suivant ce lien.
« Manger Autrement », 6 éco-actions pour consommer des produits bio, locaux, de saison ou équitables.
 

Sur les écrans !

« Le Sel de la Terre », de Wim Wenders.
Au-delà de l'histoire du grand photo-reporter Sebastiao Salgado, Wim Wenders nous conte également sa magnifique initiative sur les terres de son père, au Brésil, inspiré et accompagné par son épouse.

« Gardiens de la Terre » , de Rolf Winters et Renata Heinen
Un couple avec trois enfants s’embarque jusqu’au bout du monde à la recherche d’une nouvelle perspective sur le monde. (...) Plus qu’un voyage, ce récit est un cadeau de la terre.
 

Quelques lectures suggérées pour poursuivre la réflexion

« La sagesse de la terre » de Pierre-Jakez Hélias et Jean Markale, (Payot, Petite bibliothèque de Poche).
« Être de son lieu, c'est établir avec l'endroit où l'on vit, où l'on a ses occupations, où l'on mène son existence, une espèce d'entente qui fait que l'on finit par approcher de ce qu'on appelle la sagesse. »
Dans ce livre d'entretiens, Pierre-Jakez Hélias et Jean Markale dialoguent sur l'existence d'une « civilisation rurale » , ainsi que sur les différentes croyances qui la composent et sur lesquelles se fonde la sagesse de la terre, cette complicité totale entre l'homme et son environnement qui fait que l'homme en arrive à connaître si bien son milieu naturel qu'il évite de se trouver en conflit avec lui.

« S'engager pour un monde meilleur » , 10 propositions à votre portée
De Frédéric Denhez, (France Nature Environnement).
Préface de Jean Jouzel
Oui, un monde meilleur est possible ! Une alimentation saine, une industrie sobre, une agriculture durable, une large part d’énergies renouvelables, une biodiversité préservée, etc. : après la Cop21 et alors que les prochaines élections présidentielles s’annoncent, il est grand temps pour tout un chacun, citoyen, acteur de terrain, élu, de s’engager à son échelle et de faire enfin bouger les lignes. Voici comment.

« L'agriculture biologique pour nourrir l'humanité, démonstration » Jacques Caplat, (Actes Sud).
L'agriculture biologique fait l'objet d'un véritablement engouement, tant de la part des consommateurs que des médias. Pourtant, ce mode de production agricole reste peu connu des citoyens et fait toujours l'objet de nombreuses approximations, tantôt positives, tantôt négatives. Sans angélisme ni illusion, l'auteur montre un champ des possibles de belle ampleur et un véritable espoir, tant en matière de protection de l'environnement que de production alimentaire mondiale, grâce à l'agriculture biologique.

« Vandana Shiva. Pour une déosbéissance créatrice »,  entretiens avec Lionel Astruc, (Actes Sud).
Emblème mondial de la révolution écologique, Vandana Shiva a basé son travail sur la pédagogie par l’exemple. Ses initiatives ont pollinisé les cinq continents et ses procès contre les multinationales lui ont valu de nombreuses récompenses. Son histoire est marquée par un engagement corps et âme, dans un pays où sévit une intense guerre des matières premières. Pourquoi un grand changement de paradigme interviendra-t-il dès les prochaines années ? Quel rôle devons-nous jouer ? En quoi l’abondance pour les uns et la pénurie pour les autres procèdent-elles d’une même perte de souveraineté alimentaire pour tous ?

« Oasis, un nouveau mode de vie », numéro spécial de la revue Kaizen.
Dans ce numéro, le magazine Kaizen présente 100 "Oasis", 100 lieux de vie construits aux quatre coins de la France par des femmes et des hommes qui ont décidé de placer l’autonomie, le partage et la convivialité au coeur de leur mode de vie.

© Eric Grelet

Toute l'équipe des Enthousiasmes d'Aurélie vous souhaite un magnifique été !
On se retrouve en septembre pour de nouvelles aventures !

 

Enthousiastement votre,

Aurélie Vaneck

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© Figures de France – « Les Enthousiasmes d’Aurélie ! », newsletter mensuelle réalisée par Aurélie Vaneck et Géraldine Dupré.







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Figures de France · chez Jean Watin Augouard · 93 rue de la Santé · Paris 75013 · France

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