« Je ne t’embrasse pas, je suis plein(e) de microbes ». Voilà une phrase qui a le don de m’agacer et à laquelle je réponds invariablement : « embrasse-moi quand même, si j’ai besoin de tes microbes, ils seront les bienvenus ». La personne qui me refuse une embrassade fait alors une drôle de tête et je dois lui expliquer que je ne crois pas à la théorie pasteurienne selon laquelle les germes se transmettent au hasard ou au petit bonheur la chance. Quand la conversation se prolonge, je lui résume rapidement la notion de terrain et lui annonce que je « choperai » son virus ou sa bactérie si mon corps est affaibli par des excès et/ou si mon esprit est en état de stress. Evoquant la naturopathie et la médecine nouvelle, je précise aussi que les micro-organismes ne sont pas mes ennemis, qu’ils sont plutôt des auxiliaires de santé, et que je les accueille volontiers pour m’aider à guérir mes conflits. Pour exiger mon bisou, j’ajoute enfin un bref compte-rendu de l’étude scientifique ayant montré que les Américain(e)s adeptes du « hugging » (étreintes affectueuses) font moins de rhumes et de grippes que les autres (Voir Néosanté n° 46 de juin 215). Ce plaidoyer express ne convainc pas toujours, loin de là, mais il incite en général les malades à ne plus fuir mon contact : tant pis pour lui si les microbes ne lui font pas peur….
Et comment pourraient-ils m’effrayer ? Grâce aux découvertes du Dr Hamer, je sais maintenant que la contagion, ça n’existe pas. Ou du moins pas au sens où la médecine l’entend habituellement. Pour cette dernière, les maladies infectieuses sont causées par les agents infectieux présents à proximité ou véhiculés par des personnes déjà contaminées. Mais si c’était vrai, les médecins et autres praticiens de santé seraient constamment malades puisqu’ils côtoient sans arrêt des patients infectés ou qu’ils évoluent dans les bouillons de culture hospitaliers ! Si c’était vrai, les épidémies n’épargneraient pas non plus mystérieusement la majorité des membres d’une même famille ou la majorité des enfants d’une même école. Le nouveau paradigme psychosomatique éclaire ces énigmes en révélant que les microbes prospèrent sous contrôle du cerveau et en montrant que le vécu psycho-émotionnel joue un rôle central dans le processus d’infection. Pour « attraper » la maladie d’autrui, il faut vivre les mêmes conflits que lui !
Encore que. Je me demande de plus en plus si cette vision psychobiologique n’est pas fausse elle-aussi. Ou du moins très incomplète. J’ai en effet acquis la conviction qu’on peut vivre des conflits « par procuration », c’est-à-dire les partager avec ceux qu’on aime et les soulager ainsi de leurs conséquences pathologiques. Ça fait longtemps que je soupçonne l’existence de ce mécanisme naturel, mais ce soupçon est devenu une quasi certitude depuis ce qui m’est arrivé dernièrement. Je vous raconte. Ma fille aînée fait des études d’infirmière et elle devait faire un stage dans un service dirigé par une cheffe tyrannique. Le deuxième jour, cette femme a été tellement odieuse et injuste que ma fille est revenue à la maison en pleurs. Dans un premier temps, c’est sa sœur cadette qui a recueilli le récit de la pénible journée. Puis c’est moi, en rentrant, qui ai épongé une nouvelle rivière de larmes. Le soir, en re-racontant son calvaire à la maman et à la deuxième sœur, ma fille avait retrouvé suffisamment de paix et de sérénité pour ne plus sangloter. Les jours suivants, elle a cependant somatisé son stress et elle nous a fait une belle petite laryngite accompagnée d’une vilaine toux et d’un voilement de la voix. Rien d’étonnant quand quelqu’un vous harcèle et que votre position de stagiaire vous interdit de répondre. Sauf que sa soeur cadette et moi-même avons développé exactement les mêmes symptômes la semaine suivante. Comme si notre empathie avait contribué à alléger le fardeau et à en diviser le poids en trois !
Je pose donc la question qui me trotte en tête : l’amour est-il contagieux ? En d’autres termes, se pourrait-il que les conflits émotionnels se transfèrent entre personnes apparentées et que les microbes migrent en fonction de ce partage conflictuel ? Autrement dit encore, la souffrance de son prochain est-elle transmissible de cerveau à cerveau et ce « téléchargement » empathique serait-il source de somatisations impromptues ? Ce n’est évidemment qu’une pure supputation de ma part. À ma connaissance, cette hypothèse n’est étayée par aucune recherche « officielle » ni aucun travail « dissident ». Néanmoins, les neurosciences ne pourraient-elles expliquer ce phénomène par l’existence des « neurones miroirs », ces cellules cérébrales qui entrent véritablement en résonance avec celles d’un autre cerveau ? Je serais surtout curieux de savoir ce qu’en pensent les thérapeutes et experts en décodage biologique : ont-il déjà observé de tels épisodes infectieux en cascade ? La compassion et la solidarité pourraient-elles affecter la santé sans vivre soi-même le traumatisme causal ? Je serais également ravi de recevoir vos témoignages : vous est-il déjà arrivé de compatir à la douleur morale ou physique d’un proche et de manifester par la suite la même maladie ? Et avez-vous déjà constaté que cette « contagion » aidait la première personne infectée à surmonter sa détresse ?
Je suis déjà impatient de lire vos réactions à cette infolettre commençant et se terminant en point d’interrogation.