Samedi 25 juin, Bill Cunningham est mort à l’âge de 87 ans. Maurice Dantec et Bud Spencer nous ont quitté également, quelques jours plus tard. Et Michel Rocard. Et Michael Cimino. Hécatombe estivale.
Mais attardons-nous un instant sur Bill — sans doute le moins médiatique d’entre eux.
Sa page dans le New York Times avait chaque semaine une gueule pas croyable. Une mosaïque de motifs, de couleurs, de tissus, de chaussures — selon son repérage du moment. La photo mode de rue, c’est ce mec-là. Voler un look, une touche, une attitude. Toujours avec bienveillance.
Bill Cunningham n’a jamais fait de bonne photo — digne de finir sa vie dans un livre posé sur une table basse à l’heure de l’apéro. Mais pendant plus de 30 ans, il a croqué tout ce qui détonait au milieu du gris conformisme.
À l’époque du documentaire (2010), il en est à sa 28ème ou 29ème bicyclette. Cause vols à répétition. Il répare sa cape de pluie au gaffer. Il vit dans un cagibi plein à craquer de meubles d’archives contenant ses négatifs. La salle de bains est sur le palier, au fond du couloir. Il porte une vieille veste de chantier bleue. Il mange tous ses repas sur un coin de table.
We all get dressed for Bill.
Accessoirement, il photographie les soirées mondaines de New York et les défilées de mode. Et la rue surtout. Mais la sobriété, la pudeur et l’humilité de cet homme sont les vrais sujets du film.