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Demain sort sur nos écrans Sicario, le dernier film de Denis Villeneuve, sélectionné à Cannes mais tristement ignoré par le palmarès des frères Coen. Pas grave : on parie que le préjudice en trophées va être largement réparé par les Oscars dont il est le grand favori. On en viendrait presque à remercier Cannes pour ce ratage qui nous offre un petit côté prescripteur.
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Repéré il y a dix-sept ans avec 32 août sur terre, déjà non récompensé à Cannes, Denis Villeneuve avait enchainé avec Maelström avant de baisser les bras et de se livrer en sacrifice à la pub pendant neuf ans.
Une auto-condamnation dont il s’était finalement sorti avec Polytechnique, chronique monochrome d’une tuerie dans une école canadienne, mais surtout avec la bête de festivals Incendies. D’une ambition démesurée, presque surabondant dans sa manière de combiner de l’inceste et du tragique au Moyen-Orient, il lui avait ouvert en grand notre coeur et les pages de Télérama.
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Pour continuer de perfectionner sa grammaire, Denis part ensuite à Hollywood, sur les terres du polar et du fantastique, en troussant coup sur coup les très sombres Prisoners et Enemy. Deux films à vif où tout relève du cauchemar, d'un climat épais, de lents travellings avant sur la terreur.
Sicario est virtuose dans cette manière d’être hypnotique, sourd et asphyxiant. Ce narco-thriller traversé d’infrabasses est absolument inracontable sous peine de dévoiler des morceaux de bravoure comme on en empile plus au cinoche depuis longtemps (l’ouverture ! l’arrivée à Juarez ! l’autoroute ! l’interrogatoire ! le night shot !), mais surtout de trahir un scénario d’une sophistication extrême. Sicario tient autant du corps-à-corps brutal que de l’exposé de géopolitique édifiant. Pour son prochain film, Denis Villeneuve va réaliser Blade Runner 2. On vous l’a dit : le sicaire c’est lui.
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