Karim m’a quitter. La fôte d’ortografe est volontaire, car c’est une allusion à un célèbre message de détresse ayant défrayé naguère la chronique judiciaire. Toutes proportions gardées, je suis également un peu abattu par le départ récent de notre graphiste et webmaster Karim Meshoub. Le bougre a décidé de nous quitter pour embrasser la carrière de fonctionnaire au Ministère des Finances. Vu que je le payais assez mal et qu’il ne travaillait pas full-time à Néosanté, je comprends parfaitement sa décision de franchir un palier professionnel. Mais elle me chagrine, car notre « boîte » perd un employé précieux et attachant qui y bossait depuis tout juste trois ans. Avec une loyauté, un efficacité et une disponibilité qui ne se sont jamais démenties. Mais je ne vous parle pas de cette péripétie pour m’apitoyer ni pour vous vanter les qualités de Karim. J’en fais le sujet de ma newsletter pour la simple raison que le bonhomme est, à mon avis, un exemple à suivre par celles et ceux qui désirent disposer d’une bonne santé. Durant les trois années de notre collaboration, ce robuste gaillard n’est jamais tombé malade. Peut-être un rhume ou deux, et une gastro fugace partagée avec ses marmots, mais jamais plus qu’une journée d’absence. Il va fêter ses 40 ans et j’imagine que Karim va jouir encore longtemps de la belle vitalité démontrée lors de son séjour à Néosanté. De mon côté, je vais vous expliquer pourquoi, selon moi, il en sera ainsi. Voici, tels que je les ai observés chez mon ex-employé, « 10 facteurs de santé globale » qui me semblent importants et inspirants. Je vous invite à les méditer, et surtout à les appliquer dans votre propre vie !
La sérénité
Impossible de se disputer avec Karim : ce mec est le zénitude incarnée. Même quand il gaffait ou que le stress du bouclage me faisait grimper dans les tours, il avait le don de me ramener à bonne température et de ramener les pires ennuis à leur juste proportion, c’est-à-dire celle de pépins bénins et anodins. Il n’y a pas de problèmes, il n’y a que des solutions : la célèbre phrase de Gide pillée par tous les spécialistes en management semble avoir été écrite pour lui. Et bien avant d’arriver ici, il avait compris que la résolution des conflits était la première règle d’une saine hygiène de vie. Comme monsieur Jourdain faisant de la prose sans le savoir, il faisait de la communication nonviolente sans même avoir entendu parler de feu Marshall Rosenberg. Jamais de prise de tête avec Karim, seulement quelques moments de tension rapidement évacués. Faut dire que le lascar avait beaucoup tâté des arts martiaux dans sa jeunesse : je pense qu’il y avait puisé le secret de la sérénité et de la tranquillité d’esprit, celles-ci étant des gages de bonne santé. Conseil : soyez zen et n’hésitez pas à fréquenter les tatamis.
La cool-attitude
Etre zen et être cool, ce n’est pas la même chose. On peut être serein sans être décontracté et inversement. Karim est les deux à la fois. Le genre de gars qui se sent vite à l’aise et qui vous met à l’aise aisément. Un type accommodant, conciliant, facile à vivre et foncièrement gentil. Et pourtant, pas du bois dont on fait les flûtes, car sachant dire non avant de se faire marcher dessus. Mais toujours relax et bien dans ses baskets. L’extérieur reflétant l’intérieur, ce sont d’ailleurs ses chaussures préférées, avec le training à capuche et le pantalon souple, le short et le t-shirt en été. À son mariage, le dress-code était la couleur et la chemise à fleurs. Comment va-t-il faire au ministère, s’il doit adopter le soulier vernis, le veston ou la cravate ? À ce propos, j’ai lu dernièrement une définition amusante de la cravate : accessoire servant à indiquer la direction du cerveau de l’homme. :-) En tout cas, lui comme moi, on ne comprenait pas pourquoi tant de nos contemporains trouvent normal de sa balader avec un noeud coulant autour du cou. La liberté, le naturel et la santé, ça commence par les vêtements. Conseil : soyez cool et détendu, notamment dans votre façon de vous habiller.
Le sport
La détente et la décontraction, ça peut s’acquérir et s’entretenir de différentes façons. Celle de Karim, c’est de faire du sport le plus souvent possible. Il allait plusieurs fois par semaine soulever des poids dans une salle, ou y suivre des cours collectifs de toutes sortes de danses rythmées qui font battre le cœur, bouger le bassin et suer la peau. En découvrant cette discipline dans Néosanté, il avait aussi essayé le cross-fit. Et il paraît qu’au ministère, il a déjà suggéré qu’un grand bureau vide pourrait faire office de gymnase. Ça ne m’étonne pas du zigoto, car il est bien conscient que l’activité physique est aussi un merveilleux remède antistress. Drogués aux endorphines et autres neurotransmetteurs bénéfiques, les travailleurs sportifs n’en seraient que plus performants au boulot ! Curieusement, la grande passion de Karim est le sport de combat, et surtout la boxe sous plusieurs formes : avec ou sans les pieds, avec ou sans gants, avec ou sans coups bas. Je dis que c’est curieux, car ce type baraqué ne ferait pas de mal à une mouche. Il pourrait massacrer à la tronçonneuse tout qui lèverait la main sur ses bambins ou son Isabelle chérie, mais c’est vraiment pas le genre à chercher la bagarre ou faire la loi avec ses biscotos. Au fond, je connais plusieurs boxeurs, et je reconnais que ça doit être une bonne manière de dompter son impulsivité. Conseil: faites du sport, ses bienfaits pour la santé du corps et de l’esprit ne sont plus à démontrer.
L'alimentation saine
Qui dit sport, dit bon appétit. Quand il est arrivé, Karim était en proie à la croyance que les protéines laitières sont indispensables aux tissus musculaires et que les sucres lents (pâtes, pain…) sont de rigueur pour leur fournir l’ énergie nécessaire. À force de mettre en page la rubrique « Paléonutrition » et de jeter un coup d’oeil aux bouquins sur le régime paléo traités dans la rubrique « Espace Livres » de la revue Néosanté, il a cependant compris que les laitages et les céréales n’étaient pas les meilleurs alliés de sa santé en général, et de celle de ses intestins en particulier. Il n’a pas dit adieu au pain ni au fromage, mais je pense que certains de mes tuyaux diététiques ont rendu service à ses boyaux. Je lui ai fait découvrir certains fruits, des barres 100% crues et végétales, des tapenades d’insectes, les vertus des noix trempées et de succulentes viandes séchées. Mais avant de bosser ici, ses habitudes alimentaires étaient déjà très saines. Avec un père algérien et une mère française, il avait déjà un penchant culturel pour le régime méditerranéen. Et sa curiosité naturelle l’a aussi poussé à adopter et cuisiner de bons produits bien belges. Le midi, par exemple, au lieu de s’enfiler un sandwich, il lui arrivait d’aller acheter un kilo de moules et de se les cuire vite fait. Conseil : faites au moins comme comme lui et privilégiez les aliments frais et naturels dans votre assiette.
Le jardinage bio
Comme Karim cuisine chez lui et que j’occupe souvent les fourneaux chez moi, on papotait souvent popote durent nos pauses. On partageait parfois des recettes et des idées d’assaisonnement, des bonnes adresses de restos ou la découverte d’une nouvelle épicerie bio. Mais outre ses talents culinaires bien plus développés que les miens, mon ex-employé a une corde à son arc qui me fait défaut : il cultive son potager ! Pendant des mois, il est allé chaque semaine se former au jardinage biologique, puis il a mis la main à la binette pour faire pousser des légumes dans son petit jardin de ville. Ah, je vais les regretter, ses courgettes géantes, ses potirons dodus ou ses radis tordus ! Et ils vont me manquer, les récits épiques de sa lutte contre les limaces ou de ses stratagèmes pour écarter les chats errants de son lopin de terre. Le contact avec la nature, l’effort physique et la consommation de bons légumes maison sont trois atouts santé du jardinage. Mais il est également prouvé que cette activité profite aux neurones et qu’elle déteint positivement sur le psychisme. C’est même une forme de thérapie qui a fait son entrée dans les prisons, les homes et les asiles. Conseil : si vous avez le temps et le terrain, cultivez votre petit potager bio.
Une vie sociale bien remplie
Ce que Karim cultive très bien aussi, c’est l’amitié. D’ailleurs, c’est grâce à un ami commun que je l’ai engagé. Il n’avait pas le meilleur CV, mais Maryse (notre secrétaire) et moi, on a tout de suite flashé sur sa personnalité et son évidente sociabilité. Il a beaucoup d’amis des deux sexes et de toutes origines (il en a même gardé de sa jeunesse parisienne) et il les revoit souvent autour d’un bon repas. Or, une vie sociale bien remplie et un solide réseau de relations amicales, ça compte beaucoup pour obtenir un bon bulletin de santé. Par exemple, des études sérieuses ont montré que les personnes sociables et bien entourées développent moins souvent le cancer et en guérissent plus fréquemment. Dans le dernier Néosanté, on vous parle également de cette recherche britannique indiquant que de nombreuses amitiés protègent les adolescents de la dépression. Bien sûr, c’est généralement moins la quantité qui compte que la qualité des relations entretenues avec ses amis. Et pour qu’il en soit ainsi, la vie sociale doit être plus réelle que virtuelle. Karim n’a même pas de profil Facebook ! Conseil : mettez l’amitié et la vie sociale dans vos priorités.
Des plaisirs simples
Ce qui m’a beaucoup épaté chez Karim, c’est le plaisir qu’il éprouve à meubler ses loisirs de manière simple et peu onéreuse. Je vous ai déjà parlé du sport, de la cuisine et du jardinage, mais il y a aussi les escapades. Avec celle qu’il appelle affectueusement sa « chérie », Karim part souvent en voiture pour aller découvrir une ville ou un village et y marcher sans but, juste pour l’agrément de visiter des endroits inconnus. Ce qui est original, c’est qu’il se fiche éperdument de la réputation touristique des lieux visités. Il pouvait parfois choisir une bourgade sans charme, voire une cité industrielle. Il en revenait quand même ravi d’avoir vu des choses et rencontré des gens valant le détour. Les vacances, pour lui et les siens, ça peut être seulement une petite semaine à la campagne, avec de vivifiantes promenades, la découverte des spécialités artisanales locales et une visite chez le fermier du coin. Prendre son fils aîné par la main et aller lui montrer des vaches, c’est le genre d’aventure qui met Karim met en joie ! Personnellement, je pense que la manière dont il savoure les plaisirs simples de l’existence n’est pas étrangère à sa belle santé. Conseil : faites comme lui et sachez apprécier le dépaysement de proximité, qu’il soit urbain ou rural.
Une âme d'enfant
Ceci expliquant ce qui précède, Karim prend également soin de son âme d’enfant, ou de ce que les experts en développement personnel appellent l’ « enfant intérieur ». C’est-à-dire, entre autres, la faculté de s’émerveiller, l’envie de jouer, la soif d’apprendre en s’amusant ou la curiosité toujours en éveil. Bref, tout ce qui caractérise l’enfance et que le sérieux de la vie adulte tend à tarir. Dans sa tête, je ne pense pas que mon ancien graphiste est tout à fait adulte. Ou plutôt, qu’il l’est devenu sans étouffer sa part enfantine, génératrice d’humeur joyeuse, d’enthousiasme non feint et de franche insouciance. C’est gai de travailler avec un gars comme ça, même si parfois il faut siffler la fin de la récré et mettre fin aux bavardages. Je n’ai pas vu ses carnets de notes, mais je parierais que l’écolier Meshoub était déjà champion de la parlote ! Qu’à cela ne tienne, je pense que ce petit péché infantile est aussi un excellent facteur naturel de santé. Et que, globalement, rester un enfant en esprit est une très bonne façon de ralentir le vieillissement du corps. Conseil : réveillez l’enfant intérieur qui sommeille en vous !
Le sens de l'humour
Ce que je vais très fort regretter, c’est l’humour de Karim. Certes, avec son côté gosse, ses plaisanteries étaient parfois potaches. Mais j’ai rarement vu quelqu’un manier autant de formes d’humour à la fois : de la blague un peu grosse à la finesse du troisième degré en passant par le calembour, le bon mot subtil ou le comique de répétition. Et bien sûr l’autodérision, cette capacité à rire de soi-même et qui distingue les individus les plus drôles. Je raffolais tout particulièrement son humour faussement misogyne et macho, ainsi que ses réflexions faussement racistes et ses désopilantes allusions sexuelles. À nous trois, avec Maryse, on en a partagé des moments d’hilarité ! Et il n’y a rien de plus sain que de faire fonctionner ses zygomatiques, comme en attestent de nombreuses expériences thérapeutiques. Quand je participe à un débat sur la santé globale et qu’on y évoque la dimension spirituelle, je ne manque jamais de souligner que la langue française rapproche très justement la spiritualité et le sens de l’humour. Avoir de l’esprit serait-il le propre des êtres humains éveillés au divin ? Dans ce cas, je salue en Karim un grand maître. Et je le remercie vivement pour toutes les pintes de bon sang avalées ensemble. Ce sera plus dur de dérider un ministère, mais je lui fais confiance pour enseigner là-bas aussi les vertus du rire. Conseil : changez de travail si vous n’avez jamais l’occasion de vous y marrer !
La volonté d'être heureux
Ceci dit, Karim n’avait pas toujours le sourire aux lèvres et la gorge prête à se déployer. Il avait ses failles et ses moments de faiblesse. Lorsque son adorable Sacha faisait une dent ou que son petit Oscar faisait la java toute la nuit, il n’arrivait pas au bureau frais comme un gardon. Et quand il avait des ennuis pécuniaires ou un souci familial, on voyait bien qu’il gambergeait. Mais qu’à cela ne tienne, je l’ai toujours vu redresser les épaules et entamer le travail avec entrain. Son truc ? Un peu de méthode Coué, mais surtout de la volonté. Comme Voltaire, Karim a décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé. Et quand il le faut, il passe à l’action pour faire changer les choses. À vingt ans, il se rêvait artiste peintre. Mais après des années de galère, il a détruit ses œuvres pour passer à autre chose. Dans la trentaine, il ne trouvait pas l’âme sœur. Alors il s’est inscrit sur un site de rencontres et il a fait celle qui a comblé son cœur. Au seuil de la quarantaine, il stagnait professionnellement à Néosanté. Il a donc suivi des formations et postulé ailleurs pour mieux gagner sa vie et mieux s’épanouir. Bref, il a compris qu’il faut toujours agir pour évoluer. Et l’évolution, c’est aussi une clé de guérison. Comme je vous le disais en commençant cette liste de « 10 facteurs », Karim est vraiment un modèle à suivre pour cheminer vers la santé globale. Dernier conseil : ne croyez plus que le bonheur s’obtient sans effort et forcez le destin pour être heureux !
Yves Rasir
PS : Si vous avez aimé cette infolettre, faites-la suivre à vos contacts et/ou partagez-la sur les réseaux sociaux. Vous pouvez retrouver et (re)lire tous les numéros de Néosanté Hebdo ( plus de 135 à ce jour) en cliquant ici . Profitez-en pour visiter notre site…. |