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La lettre du Centre d'études en
sciences sociales du religieux (CéSor)

mars 2016

Le CéSor en publications

 

La Cour céleste.

La commémoration collective des saints au Moyen Âge et à l’époque moderne

Olivier Marin & Cécile Vincent-Cassy (éds.)

avec la collaboration de Murielle Gaude-Ferragu, Andreas Sohn et Marie-José Michel

 

 

En régime chrétien, le culte des saints ne met pas à l’honneur des personnages solitaires. Une même église, une même confrérie, un même autel sont d’ordinaire dédiés à plusieurs patrons ; sur un même retable se pressent volontiers des cohortes de saints ; en maintes circonstances, la liturgie aime égrener, par exemple dans le Canon de la messe ou sous la forme familière des litanies, les différents chœurs des élus.

Partant du constat que l’hagiographie n’est pas seulement vouée à l’exaltation du singulier ou de l’exceptionnel, le colloque s’est intéressé aux logiques qui ont présidé à la formation de ces associations plus ou moins larges de saints : est-ce purement et simplement addition d’intercesseurs augmentant leur capacité par accumulation ? Comment se concilient les impératifs antithétiques d’exhaustivité et d’exemplarité ? De quelle ecclésiologie, faite de solidarité, mais traversée aussi de conflits sous-jacents, ces dévotions collectives sont-elles porteuses ?

Telles sont les questions auxquelles tentent de répondre une vingtaine d’historiens de l’art, liturgistes, littéraires, historiens, théologiens, anthropologues spécialistes du Moyen Âge et de l’époque moderne. En confrontant les études de cas sur une très longue durée et à l’échelle de tout le continent européen, ils posent les premiers jalons d’une histoire de la communion des saints, un objet hybride qui noue la dogmatique chrétienne, la pastorale déployée sur le terrain et les pratiques symboliques par lesquelles les fidèles l’ont diversement reçue. 

En savoir plus

 L'événement du mois

 

Ce que le littéraire fait à l’Église

 

Séminaire - jeudi 10 mars 2016
 EHESS, 190 avenue de France 75013 Paris, salle 15

Le XIXe siècle est une période faste pour la mise en récit de l’Église. Son rôle dans la marche des sociétés ou dans le progrès des sciences est un enjeu majeur de la littérature polémique, qu’il s’agisse d’exalter la tradition de Chrétienté ou de vilipender le complot des hommes en noir. La fiction n’est pas en reste. Des Goncourt à Zola et à Huysmans, les romans bruissent du frôlement des soutanes. Et l’on sait désormais à quel point, tant pour les maîtres « fin de siècle » que pour la génération postérieure qui culmine dans La Recherche, le paradigme du lieu d’Église, souvent la cathédrale, est décisif. Au siècle des grands succès publics, cela donne aux débats internes du catholicisme une visibilité sociale nouvelle. Mais il était inévitable que cela agît aussi sur la perception et l’auto-perception de l’Église. D’une certaine façon, le De Ecclesia glisse des facultés de théologie aux cabinets de lecture ; d’objet dogmatique, l’Église devient aussi, et peut-être d’abord, un objet esthétique, susceptible d’appropriations qui n’auront plus grand-chose à voir avec le vieux régime sacramentel et qui pourront prendre, à l’occasion, le parfum capiteux du sacrilège. Celle qui fut la maîtresse du vrai ainsi ramenée au rang de prétexte à fiction, le champ des âmes laisse place à la conquête des imaginaires.

9h30-12h30 :

Introduction, par Alain Rauwel

  •  Histoire de l’ecclésialité et ecclésialisation de l’histoire chez Michelet, par Yann Potin (Archives nationales)
  •  Georges Sand et la vision post-joachimite d’un christianisme sans Église, par Patrick Henriet (EPHE)

14h15-18h30 :

  •  L’Église romaine et la littérature au XIXe siècle : l’action de la Congrégation de l’Index du romantisme au naturalisme, par Jean-Baptiste Amadieu (CNRS-ENS)
  •  L’apparition de la figure sacerdotale dans le champ littéraire, par Frédéric Gugelot (Université de Reims)
  •  Magistère ecclésial et magistère de l'écrivain, par Alexandre de Vitry (Collège de France)

Discutants : Judith Lyon-Caen (EHESS), François Trémolières (Université Paris-Ouest Nanterre), Stéphane Zékian (CNRS, Lyon)

Focus

 

Financement par l'ANR et la DFG du projet franco-allemand ETHIOMAP pour l'étude de la cartographie historique de l'Ethiopie



Détail de la carte d'Abyssinie dessinée sur la base du récit des explorations de James Bruce (1770-71), publiée en traduction française en 1792. Sur la droite la mer Rouge et le golfe d'Aden. Sur la gauche la boucle formée par le cours du Nil bleu, à partir du lac Tana, alimenté au sud par les sources du Nil (collection particulière).

Conçu depuis l’Antiquité comme un territoire des confins, selon une représentation du monde centrée sur la Méditerranée, l’Éthiopie a longtemps été une « limite mobilisatrice » pour le développement de la cartographie, relancée à la Renaissance par la découverte de la finitude du monde. Pour les Européens, atteindre les sources du Nil et décrire le cours complet du fleuve et de ses affluents représentaient une série d’épreuves visant à élucider les anciennes légendes, atteindre une vision complète et rationnelle des zones les plus reculées de la planète, et affirmer la capacité et la légitimité à contrôler ces territoires et en exploiter les ressources supposées fabuleuses. Cette quête du Nil motiva des expéditions risquées dont les principaux résultats étaient matérialisés et diffusés par des cartes imprimées. Si le jésuite espagnol Pedro Paez est le premier Européen à avoir observé en 1618 les zones humides qui nourrissent l’amont du Nil bleu, l’Écossais James Bruce et son assistant italien Luigi Balugani s’y rendent en 1770 avec des instruments de mesure, inaugurant la première capture de cette région dans les rets de la description trigonométrique du globe. D’autres explorateurs suivront, poussant plus loin les frontières de la connaissance, avec des instruments plus sophistiqués, des armes plus puissantes, des attitudes plus arrogantes.

Ce sont ces divers aspects de l’application des techniques de la cartographie moderne à l’Éthiopie et ses territoires environnants qui font l’objet du projet franco-allemand « ETHIOMAP : Cartographic sources and territorial transformations of Ethiopia since the late 18th century », financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et la Fondation allemande pour la recherche (DFG). Ce projet, qui démarre en janvier 2016, associe quatre équipes : en France, le CéSor (UMR 8216 EHESS-CNRS) ; en Allemagne, le Centre de recherche de Gotha de l’Université d’Erfurt ; en Éthiopie, le Centre français des études éthiopiennes à Addis Abeba et l’Université de Mekelle. Eloi Ficquet (EHESS, CéSor, France) et Wolbert Smidt (Université de Mekelle, Éthiopie ; Université d’Erfurt, Allemagne) en sont les porteurs.

Dans un premier temps, les recherches vont principalement porter sur Gotha et sur le fonds cartographique Justus Perthes, d’une richesse exceptionnelle, accessible depuis son acquisition par le Länd de Thuringe en 2003. Si cette maison d’édition est connue pour avoir publié, de 1785 à 1944, le fameux Almanach de Gotha qui répertoriait les familles régnantes et princières d’Europe, elle a aussi fondé sa réputation sur la production des meilleures cartes géographiques de l’époque, notamment par la publication périodique des Petermanns Geographische Mitteilungen. Alors que les archives de l’Almanach de Gotha ont été détruites en 1945 par l’armée soviétique, les archives Justus Perthes ont conservé un fonds très important de cartes et de données couvrant toute la période d’essor des sciences géographiques avant que n’adviennent les technologies de l’information. L’étude des collections cartographiques de Gotha relatives à l’Éthiopie, sera complétée et comparée par des enquêtes sur d’autres fonds en France, en Italie et au Royaume-Uni. Sur la base d’une sélection des cartes qui illustrent soit des avancées scientifiques, soit des tournants politiques, il s’agira d’effectuer une analyse critique et une indexation, en répertoriant chaque item, en comparant leurs occurrences et leurs transcriptions d’une carte à l’autre et en les référant, autant que possible, aux connaissances hétérogènes (relevés de positions, informations orales, sources officielles) qu’ils transcrivent. Dans le cas particulier de l’Éthiopie, pays qui est arrivé à s’opposer à plusieurs tentatives d’assujettissement colonial, il sera possible d’observer comment les cartes ont été importées comme technologie de pouvoir en étant lues, utilisées et produites par les souverains et leurs officiers militaires ou civils. À partir d’une nouvelle compréhension des territoires, envisagés par les cartes de façon synthétique et surplombante, des réformes ont redessiné les contours des pouvoirs locaux et redéfini leur nature.

Les Débats du CéSor

 

 

jeudi 17 mars 2016, 17h30 - 19h30

 

Débat consacré à l’ouvrage d’Eloi Ficquet (CéSor-EHESS) et Gérard Prunier (CNRS, IMAF) en présence des auteurs 


10 rue Monsieur le Prince, 75006 Paris
(Salle Alphonse Dupront, Rez-de-chaussée)
 
 

Discutants :

Shiferaw Bekele, Professeur à Addis Abeba University

Alain Gascon, Professeur émérite-Paris 8, Président de l'ARESÆ

Ayda Bouanga, CéSor-EHESS

Anna Poujeau, CéSor-EHESS

Débat en collaboration avec l'Association française pour le développement de la recherche scientifique en Afrique de l'est

 


 

Rencontres

Le Dieu partagé : aux origines des monothéismes

Mercredi 23 mars 2016, de 16h30 à 18h00 - Librairie Canopé, 13 rue du Four, 75006 Paris

Peut-on parler du ou des monothéismes ? Quelles origines le judaïsme, le christianisme et l’islam ont-ils en commun ? Comment chacune des religions définit-elle ensuite son propre rapport à la divinité ?

Au cours d'une rencontre à deux voix proposée par la Librairie Canopé, Jean Lambert et Pascal Buresi porteront un regard croisé sur l’émergence à six siècles d’écart des trois monothéismes abrahamiques, les ruptures qu’ils représentent mais aussi et surtout les prolongements entre ces trois religions.

Les intervenants :

  • Jean Lambert, philosophe et anthropologue au Centre d’études en sciences sociales du religieux (CéSor)
  • Pascal Buresi, historien, directeur de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISMM)

L’échange se poursuivra à l’issue de la présentation autour d’un verre en présence des intervenants.

Cette rencontre est associée à la parution du n°1101 de la revue TDC, édité par Réseau Canopé, intitulé :
"Le Dieu partagé, aux origines des monothéismes".

De passage au CéSor

 

Hedwig Röckelein 

Hedwig Röckelein, professeure à la Georg-August-Universität de Göttingen (RFA) séjournera au CéSor en mars/avril 2016 au titre de directrice invitée de l’EHESS. Bien connue à la fois des spécialistes d’histoire du monachisme, de l’Église et du genre au Moyen Âge et à l’époque moderne, H. Röckelein est par ailleurs engagée depuis deux ans dans la création d’un Institut de sciences sociales des religions, une initiative fédérale dont elle doit prendre la direction dans un avenir proche. Son séjour à Paris s’inscrit ainsi dans la dynamique européenne nécessaire au développement du réseau Comue PSL religieux auquel le CéSor et l’EHESS travaillent actuellement.

La venue d’H. Röckelein est d’abord envisagée comme la contribution nécessaire d’un excellent chercheur allemand dans le cadre du chantier collectif parallèle au Dictionnaire dynamique des faits religieux : le projet d’élaboration d’un Vocabulaire trilingue des indispensables en sciences sociales des religions (français, anglais, allemand), dont elle assumera, avec d’autres collègues (Philippe Büttgen, Eva Patzelt, Monika Salzbrunn), la partie allemande dans le cadre de deux mercredis du CéSor (16 et 30 mars 2016, 15h00-19h00, salle Dupront). Ses deux autres prestations donneront lieu à des interventions en séminaires :
1. séminaire de Patrick Henriet (ÉPHE) et Dominique Iogna-Prat, « l’Église en question(s) », le 24 mars (15h00-19h00, EHESS, 190 avenue de France 75013 Paris, salle 124), « Inclusion-exclusion, féminin-masculin. La clôture monastique vue par les sociologues et les sources médiévales » ;
2. séminaire de Patrick Henriet, le 29 mars (9h-11h, EHESS, 190 avenue de France 75013 Paris, salle 122), « Voiler et cacher, stratégies de sacralisation et mystification des reliques de saints au Moyen Âge ».

 

 

Yoichi Mine


Yoichi Mine, professeur à la Graduate School of Global Studies, de l’Université de Doshisha à Kyoto, est directeur d’études invité au CéSor, accueilli par Eloi Ficquet, dans le cadre de l’accord entre l’EHESS et l’Université de Doshisha à Kyoto. Les travaux de Yoichi Mine portent sur les questions de résolution de conflits et sur le développement économique en Afrique, particulièrement en Afrique australe. Il proposera les interventions suivantes :
 
- Le 3 mars, 13h00-15h00, EHESS, 105 bld Raspail 75006 Paris, salle 7.
« The End of Development ? Discourse of Endogeneity in Japanese History »
Dans le cadre du séminaire collectif du CCJ-CRJ (Centre de Recherches sur le Japon), animé par Guillaume Carré (EHESS, CRJ).
 
- Le 4 mars, 15h00 -17h00, EHESS, 190 avenue de France 75013 Paris, salle 638
« Dreaming Afrasia : Afro-Asian Relationship in the 21st Century »
avec la participation de Kadidia Gazibo (Université de Tahoua, Niger) comme discutante. Cette séance est co-organisée avec la Fondation France Japon de l’EHESS, dans le cadre du programme PSL « Nouvelles territorialités entre Afrique et Asie ».
 
- Le 8 mars, 15h00-17h 00, EHESS 96 bld Raspail 75006 Paris, salle de l’IMAF.
« The Choice of Electoral System and Conflict Prevention in Africa »
Dans le cadre du séminaire de Rémy Bazenguissa (EHESS, IMAF)

 

Shiferaw Bekele


Shiferaw Bekele, professeur en histoire à l’Université d’Addis Abeba, est directeur d’études invité au CéSor, accueilli par Eloi Ficquet. Spécialiste des sources modernes et contemporaines de l’histoire éthiopienne, Shiferaw Bekele a étudié les fondements et les dynamiques d’évolution de l’État, notamment à travers les politiques de développement économique et les réformes foncières. Il a contribué à l’édition de nombreuses biographies et auto-biographies de dignitaires du royaume éthiopien du temps de Ménélik (r. 1889-1913) et de Haile Sellassié (r. 1930-1974). Par son implication dans l’Académie éthiopienne de langue et de culture, il a aussi pris part à l’élargissement et la modernisation de la recherche universitaire en Éthiopie.
 
- Le 8 mars, 14h00-16h00, IMAF-Aix, à la MMSH d’Aix-en-Provence, 5, rue du château de l'horloge, 13094 Aix-en-Provence, 
« The Past as a battleground in contemporary Ethiopia »
Dans le cadre du séminaire de Christelle Rabier, « Historien/nes dans le monde aujourd'hui : perspectives sociologiques » en partenariat avec l’Institut des Mondes Africains (IMAF) d’Aix-en-Provence.
 
- Le 17 mars, 18h00-20h00, EHESS, 10 rue Monsieur le Prince 75006 Paris, salle Alphonse Dupront
« Understanding Christian Orthodoxy in Contemporary Ethiopia »
Dans le cadre des débats du CéSor, animés par Anna Poujeau, autour du livre Understanding Contemporary Ethiopia, codirigé par Gérard Prunier et Eloi Ficquet (Hurst, Londres, 2015).
 
- Le 25 mars, 11h00-13h00, EHESS, 105 bld Raspail 75006 Paris, salle 5
« Royauté sacrée et sainteté royale en Éthiopie aux 19e et 20e siècles »
Dialogue avec Eloi Ficquet dans le cadre du séminaire « Figures chrétiennes et islamiques de la sainteté en Éthiopie »
 
- Le 1er  avril, 11h00-13h00, EHESS, 105 bld Raspail 75006 Paris, salle 5
« Figures contemporaines de sainteté et procédures de canonisation dans l’Eglise orthodoxe Tewahedo d’Éthiopie »
Dialogue avec Eloi Ficquet dans le cadre du séminaire « Figures chrétiennes et islamiques de la sainteté en Éthiopie »

L'activité des doctorants

Le séminaire des doctorants

 
lundi 29 février de 17h30 à 19h00, salle Alphonse Dupront
(10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris)                
Intervenants :

Fernande Pierrette Nguemo Yamen,  doctorante au CéSor-EHESS : 
« Le social en Eglise : ethnographie de l’aide internationale en milieu chrétien.
Le cas du Diocèse d’Obala (Centre Cameroun) ».

- Raoul Zimmerman, pré-doctorant au CéSor-EHESS : 
  « L’étude d’un paganisme contemporain en Islande et aux Etats-Unis ou comment (re) construire des pratiques religieuses ? ». 

La discussion sera assurée par Nathalie Luca, directrice de recherche au CNRS-CéSor



CéSor | 10, rue Monsieur le Prince 75006 Paris

EHESS - CNRS UMR 8216