Ma cathédrale intérieure

J'aime les églises. J'aime leurs murs épais qui confinent. J'aime le silence autorisé, un peu forcé des lieux de recueillement. Elevée dans la religion catholique avec investissement hebdomadaire obligatoire, j'avais des griefs contre les religions. Comment peut-on prendre pour argent comptant les histoires du grand livre ? Qu'est ce qui me prouve que Dieu existe ? Qu'est-ce que la foi ?

Ce n'est qu'à l'age de 30 ans que j'ai embrassé une autre vision du monde, que j'ai décelé les accords d'une mélodie divine. Je l'ai cachée, protégée de toute critique ou sarcasme en décrétant que la spiritualité était de l'ordre de l'intime et qu'elle ne concernait que moi.

J'avais peur de l'amalgame avec les intégristes et aucune envie de convaincre un athée puisque je n'ai aucune connaissance du caractère du mystère. Je constate seulement la force et la beauté de ce qui semble être un dialogue entre moi et tout ce qui m'entoure. J'ai soulagé mes méninges en ne cherchant pas à en comprendre le génie mais en étant disponible pour en savourer la joie. 

Le 7 janvier a fait craquer mes dernières résistances à me dévoiler. L'intégrisme religieux ou le dogme ne peuvent pas être l'expression d'une révérence face à l'amour immense que je ressens à l'évocation du mystère de la vie que certains appellent Dieu. Ma spiritualité est un des fondements de mon bonheur et même si elle n'est pas indispensable, je serais triste que ceux à qui elle pourrait donner du sens en soient privés sous prétexte qu'il faut faire taire les intégrismes.

L’obscurantisme, le fascisme, la barbarie sont plus liés à la peur, à la misère, à des systèmes d'exploitation qui nient la valeur humaine qu'à la spiritualité. Combien de guerres pour défendre la paix ? Nos raisons de nous écharper sont nombreuses : croyances religieuses, collectivisme, sources d'énergie... Nous nous évertuons à contrôler les manifestations de la violence quand ses racines sont en chacun de nous.

Pourquoi faut-il autant batailler pour découvrir que nous portons tous un trésor unique à offrir au monde ? Pourquoi autant de personnes rejetées dans notre société ne sauront jamais qu'elles méritent d'être aimées ?

C'est exigeant d'agir sur ce qui nous revient : NOUS. 

Comme je n'aimais pas aller à l'église entendre les sermons lus qui n'autorisaient pas le questionnement, je n'aime pas les dogmes de notre société qui sans cesse rejette la faute sur des vices qu'elle engendre elle-même.

Pourtant je ne cesse de me réjouir quotidiennement car là où la désespérance pourrait prendre le dessus, pleins d'hommes et de femmes créent et donnent. Partout des initiatives, des défiances citoyennes, de l'entraide. Et si ces millénaires de violence étaient l'humus idéal pour se réinventer, pour redonner ses lettres de noblesse à l'intelligence humaine !