La scène est classique : en déplacement à l'étranger, je m'adresse à une audience composée de commentateurs, investisseurs, hauts responsables qui se délectent dans un exercice bien maîtrisé : le « french bashing ».
À les entendre, notre pays serait engoncé dans un passé poussiéreux, figé dans une rigidité qui le plombe, étouffé par le conservatisme et la défense de ses privilèges corporatistes. J'écoute... Taxe à 75 %. Dailymotion. Uber... Puis je démonte, argument après argument, cette vision paresseuse. Non pas pour défendre notre France, mais pour la promouvoir ! En illustrant par des exemples, car l'approche plaît aux Anglo-Saxons habitués au « storytelling », « Vous connaissez Autolib', copié partout dans le monde ? Du 100 % français, pas cher, avec borne wi-fi intégrée, déclinée sur un modèle d'accessibilité pour tous. Venez voir, et pas seulement en vacances ! »

Après de nombreuses années passées à l'étranger, j'ai fait le choix de revenir en France. Je veux participer à la formidable dynamique de projection dans la modernité et dans l'économie monde qui s'est emparée du pays et que le gouvernement accompagne.
Ce que je vois au quotidien, ce sont des citoyens optimistes et des entrepreneurs empreints d'audace, amoureux de leur pays, qui assument la prise de risques.
Ce que j'observe, c'est une jeunesse qui rend jaloux nos voisins tant elle est dynamique et sachante, engagée et remplie d'idéal.
Ce que je constate, c'est la fierté de nos territoires qui s'appuient sur leurs traditions ancestrales et leur diversité inégalée pour inventer de nouvelles formes d'agir au plus près des besoins des usagers.
Ce que je soutiens, ce sont des services publics performants, conscients de l'impératif d'efficacité, atouts indéniables dans la compétition internationale.
La France, première de la classe en Europe pour l'e-gouvernement, le saviez-vous ? Des salariés français bien formés, loyaux, rigoureux, productifs et enthousiastes, l'avez-vous vu ? À l'heure des contenus et des usages numériques, une langue en partage qui sera l'outil de locution le plus utilisé dans trente ans, l'entendez-vous ?

La France que je vois, elle a la gnaque. Elle conquiert le monde en bande organisée, sans lui donner de leçons, en l'embrassant comme elle sait si bien le faire. Mais elle reste fidèle, toujours, à son modèle républicain, fondé sur un seul logiciel : « e-liberT, e-égaliT, e-fraterniT ».

Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat en charge du Numérique, dans Les Echos du 8/12/2014

Source : www.lesechos.fr/journal20141208/lec1_idees_et_debats/0203992727792-la-france-republiquenumerique-1072459.php

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