Il m’arrive parfois d’avoir une épiphanie. Le voile qui m’entourait et dont je n’avais pas conscience commence à se lever et le jour se fait sur une situation qui était auparavant des plus nébuleuses.  D’un seul coup, la voie à suivre commence à prendre tout son sens… spontanément!
 
J’ai eu une pareille révélation lorsqu’une leader chevronnée me parlait des obstacles persistants et contrariants qui l’empêchaient d’avancer dans son domaine de prédilection. Malgré sa grande expérience, ses capacités intellectuelles sans pareilles, son grand sens politique, son éthique de travail irréprochable et d’excellentes aptitudes en matière de gestion, sa carrière n’avait pas avancé depuis plusieurs années. Puisque j’avais suivi son cheminement de carrière pendant quelques-uns des projets qui m’avaient été confiés, son évaluation me semblait tout à fait juste. Elle était avantagée à tous les égards. Que se passait-il donc?
 
Je lui ai d’abord posé quelques questions ouvertes, chacune suivie d’une pause prolongée : « Que trouves-tu d’important dans ton travail? », « Pourquoi est-ce important pour toi? », «Que fais-tu pour t’épanouir dans d’autres aspects de la vie? » et « Qu’est-ce qui te rend heureuse? ».  Pendant qu’elle formulait ses propos, elle et moi avons commencé à remarquer l’écart flagrant entre ce qu’elle disait et sa disposition. Elle disait les bons mots, ceux qu’elle devait dire, mais son langage corporel indiquait autre chose: l’expression neutre de son visage et l’affaissement des épaules en disaient long sur ce qu’elle ressentait au fond d’elle. La voix décisive qui est sa marque de commerce a commencé à flancher quelque peu. Nous avons poursuivi notre entretien, en silence, en laissant cette  impression s’installer peu à peu.
 
Cette révélation que j’avais eue me faisait réaliser que cette trajectoire bien humaine était répétée maintes et maintes fois: qu’importe l’effort que nous y mettons, la réussite nous échappera si nous suivons la formule qui ne nous convient pas.  L’évidence même…. mais quand même…
 
J’admets être  têtue comme personne à l’occasion, et m’évertuer à trouver la quadrature du cercle. Mais au fil de mon cheminement, lorsque je suis confrontée à une dissonance agaçante entre les « bons » mots à dire et ce que je ressens vraiment, j’ai appris à me poser une seule question des plus raides: « Es-tu heureuse? » Oh là là! La réponse est « oui » ou « non » et est donc évidente, n’est-ce pas?  La meilleure politique est de répondre honnêtement. Il faut du cran pour répondre « non », si c’est la vérité. Toute réponse malhonnête vous entraînera dans les affres du statu quo. Une réponse honnête ne laisse pas seulement place à un soulagement tant souhaité, mais m’incite à examiner de nouveau la situation et évaluer ce que je peux changer.
 
Si vous faites du sur-place dans votre carrière malgré vos efforts, je vous invite à vous poser en toute délicatesse une des questions ou toutes les questions figurant ci-dessus (je les énumérerai ici):

• « Que trouves-tu d’important dans ton travail? »
• « Pourquoi est-ce important pour toi? »
• « Que fais-tu pour t’épanouir dans d’autres aspects de la vie? »
• « Qu’est-ce qui te procure de la joie? »

Ce sont là des questions difficiles. Pourquoi? Parce qu’elles sont simples. Elles vous obligent à répondre avec votre cœur et non pas avec votre cerveau. Un coach ou un mentor coopératif peut donner un bon son de cloche et peut aussi servir d’oreille attentive. 
 
Faire la lumière sur ce qui est difficile à accepter est une première étape essentielle pour découvrir ce que sera la prochaine étape. Il ne s’agit pas de demander: « Quelle devrait-être ma prochaine étape? » En fait, évitez cette question à tout prix! Pour l’instant, contentez-vous de dire la vérité, faites en sorte qu’elle devienne évidente et laissez les choses se décanter quelque temps. Vous serez soulagé(e) de l’avoir fait.