#51 - La patience est une vertu 
 

J’entends souvent mes clients dire: «Y a-t-il moyen de faire cesser les plaintes et les ressentiments qui semblent consommer autant d’énergie lors des réunions de groupe? Ne pourrait-on pas passer à autre chose?»

Je comprends l’état de frustration qu’éprouvent les leaders face à leurs employés en période de changement.  En tant que coach, je sais aussi que les gens doivent passer obligatoirement par ce stade de «jérémiades». Remplacer le mot «jérémiades» qui est péjoratif, par tristesse, ressentiment, colère, peur, anxiété faisant suite à un changement important dans une vie professionnelle ou personnelle, surtout lorsqu’il est instauré par quelqu’un d’autre.  En effet, chaque être humain a sa façon bien distincte d’évoluer, et toute interruption dans cette évolution sera contestée.

Ce dont je suis consciente c’est que bon nombre d’êtres humains ressentent le besoin impérieux d’«en parler» avec quelqu’un dans le cadre du processus de guérison succédant à un deuil et à une perte. Il peut arriver que certaines personnes ruminent intérieurement et se renferment dans leur coquille. Ce sont ces personnes-là dont nous devrions nous préoccuper. Ce repliement sur soi peut être un appel à l’aide et le signal de quelqu’un dont la santé mentale est en danger.

Trop souvent, nous nous focalisons sur ceux qui déchargent bruyamment leurs frustrations et formulent leurs objections.  Ces gens-là sont étiquetés comme des «esprits rebelles», «des personnes difficiles» voire des «fauteurs de troubles». Mais le sont-ils vraiment? Et s’ils ne faisaient tout simplement qu’exprimer leur malaise? Que faire si le fait d’ignorer leurs questions et leurs problèmes entraînait une plus grande rébellion de leur part, chose que nous cherchons par-dessus tout à éviter?

La Patience peut être la plus grande vertu qu’un leader doit développer en période de changement ou de transformation. Cultiver cette vertu et ouvrir grand les oreilles  pour être en mesure d’écouter les «disques rayés» de perte et de peur.
 
Permettez-moi de vous préciser de quelle manière je suis parvenue à m’armer de patience – et continue à m’armer – envers moi et envers les autres pour me remettre d’une perte:

• P pour processus. Toute la documentation liée au changement met en lumière les phases très prévisibles de la transition humaine. Les plaintes, les objections, les cris et les larmes font assurément partie du processus. Acceptons-en patiemment l’augure.
• A pour attention. Ignorer l’expression de la perte ne la fera pas disparaître.  «Et voilà que Cynthia et Pierre recommencent leur litanie (nous levons les yeux au ciel), faisons semblant de ne pas les entendre ou demandons-leur de passer à autre chose.» C’est le plus sûr moyen de nous aliéner non seulement Cynthia et Pierre  mais également tous ceux qui sont à portée de voix. Concentrons notre attention sur ces personnes plutôt que de les fuir.
• T pour timing ou synchronisation. Tenir une séance de constitution d’équipe en mettant l’accent sur un avenir radieux et en demandant à tout un chacun d’afficher une mine réjouie - alors que la plupart des gens sont encore en période deuil - mènera droit au désastre. Tout est question de timing.  Savoir reconnaître le malaise avant tout.
• I pour individuel. Il n’y a pas de modèle unique. Chaque personne réagira différemment, même face à un changement identique. Un leader devra se concentrer sur chaque membre de son équipe.  
• E pour expression. Les gens ont besoin de «parler», de se décharger pour surmonter leurs émotions. Un leader souhaitera offrir à ses employés l’occasion de le faire et, à un moment opportun, fera avancer les choses: Étant donné la situation (acceptation), que proposons-nous maintenant (exploration des possibilités futures)?
• N pour nouer. Réagir négativement face à la critique peut isoler le leader ou l’éloigner de ses gens. Si vous avez foi dans le futur, si vous êtes convaincu(e) que votre équipe peut aller de l’avant, vous devez au contraire (re)nouer des liens et vous montrer très présent. Votre énergie sortira par tous les pores de votre peau et aura des effets positifs. Accrochez-vous!
• C pour confiance. Vous êtes convaincu(e) que cela va passer. C’est une phase non un état. La plupart d’entre nous arrivent au but. Nous finissons par en avoir assez de vivre dans la vallée des larmes et nous nous dirigeons naturellement vers la lumière. Nous sommes par nature résistants. Soyez persuadé(e) que votre équipe est sur la bonne voie.
• E pour épilogue. La patience doit aboutir à quelque chose. Lorsque vous avez fait tout votre possible pour faciliter le processus et permettre aux gens de voir le bout du tunnel, quand nombre de personnes sont prêtes à relever de nouveaux défis,  il est temps de mettre un point final et de prendre un nouveau départ.

La Patience demeure une immense vertu, envers soi et envers les autres!