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#50 - Le talon d’Achille
 

J’animais un groupe de professionnels hautement qualifiés qui vivaient difficilement une grande transformation organisationnelle qui touchait chacun d’entre eux.   Toutes les frustrations refoulées de l’année précédente remontaient à la surface.  Ils avaient perdu la position de force qu’ils occupaient dans l’organisation et couraient le risque d’être «dépassés».  Comment cela se pouvait-il?  On avait grandement besoin de leurs compétences!  Est-ce que personne ne pouvait voir à quel point ils avaient contribué au succès de l’entreprise?

La réponse n’était pas celle qu’ils espéraient.  Les autres secteurs de l’organisation continuaient le remaniement sans eux. D’autres groupes se réjouissaient même de la perte de leur statut.  Ils se trouvaient à présent perdus et isolés.  Certains étaient prêts à quitter le navire. D’autres subissaient les effets du stress aigu.  Un petit groupe allait de l’avant et assumait de nouvelles responsabilités avec un certain succès dans ce monde nouveau.

Ce scénario semble se répéter depuis l’Antiquité.  Un groupe fort, et même invincible en apparence,  s’effondre et perd de son importance.  Un petit nombre survit et prospère, le reste lutte vaillamment puis s’écroule, lourdement.

 

Bien sûr, les choses auraient pu suivre un autre cours s’il y avait eu focalisation sur l’aspect humain du changement dans la planification de la transformation. On aurait pu tenir compte des répercussions possibles sur les gens et sur les processus;  impliquer des équipes pluridisciplinaires dans le développement de nouveaux modèles de travail; offrir du coaching et de la formation permettant aux gens d’acquérir de nouvelles compétences tout en les invitant à transmettre leurs propres aptitudes clés aux autres; soutenir les gens qui ont besoin de faire appel aux services de transition de carrière.  

L’organisation en est venue à cette prise de conscience -- à la dernière heure -- et a fourni les ressources nécessaires en vue de soutenir les personnes et les groupes touchés.

Mais que dire de la responsabilité individuelle dans la débâcle?

Pourquoi bon nombre d’entre nous ne se rendent pas à l’évidence? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous adapter ou nous en aller avant de devoir subir des contraintes excessives? Comment se fait-il que plus le poste que l’on occupe dans l’ancien monde est important, plus cela prend de temps pour s’adapter à un monde nouveau? Pourquoi un tel aveuglement de la part de gens aussi brillants?

C’est là où j’ai commencé à penser au talon d’Achille. Ce grand guerrier invincible terrassé par une blessure d’une petite partie vulnérable de son anatomie. Est-ce que notre entreprise, notre groupe, ou chacun de nous avons notre talon d’Achille? Oui, fort probablement.  Que pouvons-nous faire à ce propos? S’il était visible, en serions-nous plus conscients, ou non?

J’en ai conclu que, quelles que soient les compétences que nous ayons, ces mêmes compétences, surutilisées dans un nouveau contexte - peuvent entraîner notre perte. Notre réussite est tributaire du contexte où nous sommes, et  nous l’oublions à nos risques et périls.  Ce que vous et moi avons fait de grand dans un environnement, peut devenir une entrave dans un autre.

Quel est le moment opportun pour partir ou pour changer?  Il y a certains signes que j’ai pu observer chez moi et chez d’autres:
  • Je prêche de plus en plus … dans le désert.  Mes idées tombent à plat. Pas de réaction.  Beaucoup d’efforts pour peu de résultats.
  • Je commence à manquer de perspective et mon attention porte sur ce qui manque, sur ce qui ne va pas… avec les autres.
  • Je passe de plus en plus de temps avec un petit groupe  d’opposants.  Le pessimisme est contagieux. Nous nous lamentons ensemble autour d’un café, en nous renforçant dans l’idée que nous ne sommes pas reconnus à notre juste valeur, que nous sommes des victimes.
  • J’ai raison, je suis dogmatique.  La voie que j’indique est la voie à suivre.  Personne ne peut faire aussi bien que ce que je fais ou ce que nous faisons.  Les autres sont critiqués parce qu’ils ignorent ce que nous savons ou ne comprennent pas, à tort, ce que nous nous évertuons pourtant à leur expliquer clairement.
  • Je suis malheureuse, je me sens prise au piège, je perds  mon inspiration.
Ce que nous pouvons préférer:
  • Un travail qui me donne envie de faire démarrer l’ordinateur le matin
  • Un travail  qui m’incite à faire preuve de créativité, à reformuler, à modifier, à refaire ce que je pensais savoir avec certitude
  • Passer du temps avec des gens qui adorent leur travail, ont des objectifs précis et veulent apporter leur contribution
  • Mettre l’accent sur ce qui fonctionne, sur ce que je ou nous pouvons mettre à profit
  • Travailler plus intelligemment, mener les projets à terme, utiliser mes meilleures aptitudes…tout en sachant que j’aurai toujours besoin de développer d’autres aptitudes pour le reste de ma vie
La prochaine fois, souvenons-nous du talon d’Achille, analysons les signaux et décidons de tirer notre révérence, ou acceptons de relever le défi  du changement.
 
~ Dominique

 
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