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4 octobre 2017

VU D'AILLEURS

Comment gagner la guerre contre la drogue ?

Un article très documenté, publié dans le New York Times, décrit la politique des drogues développée par le Portugal comparée à la politique menée jusqu’ici par les Etats-Unis et en tire les leçons qui s’imposent. Décriminaliser l’usage de drogues et déployer simultanément un plan de santé publique ont permis au Portugal de stopper une crise sanitaire sans précédent, avec une diminution progressive des décès liés aux overdoses, au sida et aux hépatites avec une amélioration de la prise en charge des usagers et une évolution de l’image des drogues dans l’opinion. Concernant l’évolution de la prévalence des usages dans le pays, dont on aurait pu craindre qu’elle augmente avec la décriminalisation, d’après les données du Ministère de la santé portugais, au moment de la mise en place de cette politique de santé publique, on dénombrait 100 000 usagers d’héroïne, contre 25 000 aujourd’hui. Par ailleurs, la mortalité attribuable à l’usage de drogue y est la plus faible d’Europe de l’ouest. Elle est dix fois moins importante qu’en Allemagne ou au Danemark et quinze fois moins importante qu’aux Etats-Unis, où 64 000 décès par overdoses ont été enregistrés en 2016, soit autant de morts qu’en ont faits, à elles toutes, la guerre du Vietnam, la guerre en Iraq et la guerre en Afghanistan. A titre indicatif, précise l’auteur de l’article, atteindre, aux Etats-Unis, le même taux de mortalité lié aux drogues que celui du Portugal reviendrait à sauver une vie toutes les dix minutes. 

Source : ″How to win a war on drugs?″, New York Times, 22 septembre 2017

 

PREVENTION

De l’efficacité perçue des avertissements sanitaires

A quoi les fumeurs sont-ils le plus sensibles quand on leur apprend de quoi leur cigarette est faite ? C’est la question que s’est posée une équipe de chercheurs américains à propos de l’impact des informations relatives à la composition des cigarettes sur les consommateurs de tabac. 1148 individus de 18 ans et plus ont été interrogés sur l’efficacité subjective des messages qu’ils recevaient dès lors qu’ils contenaient une indication sur les composants des cigarettes et/ou leur toxicité et/ou leurs effets sanitaires. D’après les résultats de cette enquête, les fumeurs percevaient les messages contenant une information sur la présence d’arsenic, de formaldéhyde, d’uranium, d’ammoniac plus efficaces que ceux mentionnant la présence de nitrosamines, moins connus du grand public. En outre si les composants mieux connus étaient plusieurs à être cités dans un même message et si ces informations étaient accompagnées d’indications relatives à leur toxicité et à leurs effets sanitaires, le message était perçu comme encore plus efficace : autant d’éléments pertinents pour optimiser l’élaboration des messages de santé publique.

Source : Seth M.Noar, Dannielle E.Kelley Marcella H.Boynton Jennifer C.Morgan Marissa G.Hall Jennifer R.Mendel Kurt M.Ribisl Noel T.Brewer, ″Identifying principles for effective messages about chemicals in cigarette smoke″, Preventive Medicine, 8 septembre 2017

 

PHARMACOLOGIE

Mise au point sur les effets thérapeutiques du LSD

Une revue de la littérature décrit quelques-uns des effets du LSD à travers un examen des études publiées ces 25 dernières années dans la presse scientifique. Parmi les plus récentes, 5 ont été menées auprès de sujets sains et une étude auprès de patients psychiatriques. Dans le cadre d’une administration contrôlée de LSD, les effets rapportés par les sujets comprenaient : sensation de bonheur, synesthésie visio-auditive, altération des perceptions et du sens de celles-ci, déréalisation, dépersonnalisation, expériences mystiques. La prise de LSD avait entraîné une augmentation des niveaux d’ocytocine, de cortisol et de prolactine dans le sang. Les études d’imagerie avaient signalé quant à elles une diminution de l’intégrité de la connectivité fonctionnelle du réseau cérébral, phénomène associé à une augmentation de la connectivité de réseaux dissociés en temps normal. Par ailleurs, chez des patients atteints d’anxiété associée à une maladie grave, une réduction des symptômes d’anxiété pendant une période de deux mois après l’administration de deux doses de LSD avait pu être observée. Enfin, aucune complication grave liée au traitement n’avait été rapportée.

Source : Matthias E Liechti, ″Modern Clinical Research on LSD″, Neuropsychopharmacology (2017) 42, 2114–2127

 

Insuline intranasale : une aide à l’arrêt du tabac ?

Après avoir défini, dans des recherches antérieures, certains modulateurs génétiques de la persistance à fumer et le rôle de plusieurs neuropeptides dans la réinstallation dans l’usage de drogues, une étude randomisée contrôlée transversale met en évidence l’efficacité d’un dispositif d’administration intranasale d’insuline (AII) en contexte de sevrage tabagique. Lors d’un premier essai clinique, 19 fumeurs sains ont été mis en condition d’abstinence au tabac pendant 36 heures et, dans un second essai destiné à évaluer l’impact de l’AII sur le stress lors d’un sevrage tabagique, 37 fumeurs se sont abstenus de fumer pendant une nuit. Dans les deux essais, les sujets ont été soumis à une AII ou un placébo. Les principaux résultats enregistrés dans le cadre de ces deux essais convergeaient vers une efficacité comparée de l’AII. En effet, les fumeurs abstinents ont déclaré ressentir moins fortement le manque de nicotine avec l’AII VS placébo. Par ailleurs, les mesures objectives réalisées ont permis d’observer une normalisation concomitante de la réponse subjective et hormonale au stress chez les fumeurs AII. 

Source : A Hamidovic, M Khafaja, V Brandon, J Anderson, G Ray, A M Allan, M R Burge, ″Reduction of smoking urges with intranasal insulin: a randomized, crossover, placebo-controlled clinical trial″, Molecular Psychiatry (2017) 22, 1413–1421; doi:10.1038/mp.2016.234

 

GENETIQUE

Nouvelles données génétiques sur la consommation d’alcool

Une nouvelle étude de génomes a découvert huit loci associés à la consommation d’alcool dont au moins trois à n’avoir jamais été identifiés encore. Une majorité des gènes isolés dans cette étude sont des gènes exprimés dans le foie, ce qui suggère que le métabolisme de l’alcool est un vecteur important de différenciations dans les modes de consommation. Réalisée à partir des déclarations de consommations d’alcool de 112 117 individus britanniques caucasiens issus d’un échantillon de la bio banque UK Biobank, cette étude se distingue comme la première étude d’une telle ampleur venant caractériser les bases génétiques de la consommation d’alcool. 

Source : T-K Clarke, MJ Adams, G Davies, DM Howard, LS Hall, S Padmanabhan, AD Murray , BH Smith, A Campbell, C Hayward, DJ Porteous, IJ Deary, AM McIntosh, ″Genome-wide association study of alcohol consumption and genetic overlap with other health-related traits in UK Biobank (N =112 117)″, Molecular Psychiatry (2017) 22, 1376–1384

 

INSOLITE

A vos copies 

Un filament de cannabis comestible pour l’impression en 3D, c’est une idée originale déjà brevetée de la start up Potent Rope. La revue UP dédiée à l’innovation sociale présente ce dispositif, en apparence bien singulier, mais qui se résume en définitive en un matériau thermoplastique présent dans la bière notamment ou encore dans les dentifrices. L’idée n’en reste pas moins ingénieuse et attendue puisqu’elle répond à un besoin des consommateurs de cannabis : celui de pouvoir mieux doser les quantités de cannabis désirées dans les préparations culinaires notamment. Par ailleurs, dans la mouvance DIY, le choix de la variété de cannabis, la posologie, l’épaisseur du filament, seront entièrement personnalisables.

Source : Alexandre Aget, "Marijuana : un petit pétard en impression 3D ?", UP Magazine, 21 septembre 2017

 


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