— Marc-Antoine : « Il faut voir Stonehenge au moins une fois dans sa vie hein papa? C'est des pierres placées en rond, des immenses pierres qui datent de l'époque du Néolithique. C'est l'époque après le Mésolithique. Au Mésolithique, l'homme était chasseur et cueilleur. Je le sais, je l'ai appris en Turquie. Après, l'homme devient sédentaire : éleveur et agriculteur à l'époque néolithique. On avait visité un village en Turquie qui datait aussi de cette époque. Tu te souviens? C'était quoi le nom déjà?
— Son père répond : C'était à Çatal Höyük près de Konya.
— Et le fils reprend de plus belle : Oh! Oui! Les maisons n'avaient pas de porte. Les scientifiques avaient trouvé des poteries. L'homme a commencé à utiliser les outils, et il a commencé à manger dans des assiettes de poterie au Néolithique. C'est il y a 11000 ans. C'est long cette période. Elle a fini il y a 5 000 ans... avec l'invention de l'écriture. C'est ces choses-là qu'on apprend quand on fait l'école en voyage! C'est cool l'école pas à l'école ».
— Pierre regarde la température et lui coupe la parole : « Oui, mais ce qui n'est pas cool, ce sont les gros nuages. Heureusement qu'on est dans la boutique! Tu as vu l'orage? » La conversation se termine en regardant courir les gens se mettre à l'abri.

Conversation entre Charles assis dans le camion et Michèle, dehors, à la porte du camion.
— Michèle : Tu viens visiter la cathédrale, Charles?
— Charles : Est-ce que je suis obligé? On en a vu plein des églises?
— Michèle : Mais, ce n'est pas une église.
— Charles regarde dehors : Ah non, et ça, c'est quoi?
— Michèle : C'est une cathédrale. Une cathédrale c'est plus qu'une église : un évêque est aumônier. Un évêque, c'est le chef des curés dans un territoire qu'on appelle diocèse. Une basilique, c'est aussi plus qu'une église : c'est le nom donné à une église qui a eu un évènement spécial comme un miracle, c'est un lieu de pèlerinage. C'est le pape qui décide où seront les basiliques. Et une église : c'est juste une église.
— Charles : Donc, ce sont toutes des églises! Oui, je descends.
— Michèle : Regarde Charles, la cathédrale de Salisbury possède le plus haut clocher. En fait, le vrai nom, c'est la flèche. C'est la plus haute flèche du Royaume-Uni : de l'Angleterre, du Pays de Galle, de l'Écosse et de l'Ireland. C'est aussi ici le plus grand cloître d'Angleterre. Le cloître, c'est...
— Charles : C'est OK!
— Michèle : Je n'ai pas fini... c'est le jardin intérieur de l'église.
— Charles : C'est une église où ce n’est pas une église?
Ah! Quelle logique! On les adore ces jeunes!

À Londres, nous prenons une visite guidée avec la compagnie Sight Seeing. Nous montons à bord d'un autobus rouge à doubles étages. Nous avons aussi fait une marche guidée (visite incluse dans le billet d'entrée du Sight Seeing) sur le thème de Jack l’Éventreur. Je ne le connaissais pas beaucoup avant. J’imaginais qu’il avait tué plein de personnes. Mais après tout, il en avait tué beaucoup moins que ce que je pensais! Beaucoup moins étant quand même beaucoup trop! Notre guide était vraiment intéressant. Il nous a apporté à tous les endroits où il y avait eu un meurtre. Il a gardé le suspense tout le long de la visite.

À Greenwich (prononcer Grinitch), passe le méridien 0. La limite entre l'est et l'ouest se trouve ici. On appelle ça le « méridien origine ». Ça sert de référence mondiale pour les GPS, pour les marins, pour les avions. C'est aussi ici l'horloge de référence mondiale. Tic, tac, tic, tac. Le temps passe, le temps court.

Nous avons vu un immense catamaran que l'on veut acheter. Mon père va rencontrer ceux qui l'ont fabriqué à île Wight. Jean-Cristoph rêve de devenir capitaine de voilier. Et moi, je dis que ce sera notre prochain voyage. Je serai le jeune mousse! Mais je ne veux pas laver le pont ni éplucher les patates. Je veux faire les petits déjeuners et pêcher les gros poissons. Mais, surtout, je veux faire le tour du monde en voilier!

Nous venons de quitter Londres. Nous roulons en direction de Canterbury, pour visiter sa Cathédrale, le siège de l'Église anglicane. Comme il se fait tard, à mi-chemin, nous sortons de l'autoroute pour nous trouver un endroit tranquille ou dormir. Nous nous approchons d'un village en retrait. Plusieurs maisons mobiles le composent. Nous y entrons. Nous roulons à peine une dizaine de km/h. La journée est encore chaude malgré le crépuscule qui tombe. Des jeunes jouent dans la rue. Ils nous crient : « D'où venez-vous? Que faites-vous ici? » Pierre leur répond que nous sommes canadiens. Quelques mètres plus loin, nous faisons demi-tour ne trouvant rien à notre gout pour y passer la nuit. Les jeunes nous bloquent le chemin. Ils ne veulent pas nous laisser passer. Bras croisés, ils nous défient et ne bougent pas. Ils nous crient des noms. Le plus vieux doit bien avoir à peine treize ans. Pierre accélère; ils ne bougent toujours pas. Il accélère encore plus et à la dernière minute, ils s'écartent. Tout se passe tellement vite. Puis, une pluie de cailloux arrivent sur nous. Les plus gros peuvent avoir la grosseur d'une orange. Un des projectiles entre dans le camion par la fenêtre, un autre m'atteint au bras. Pierre est en furie. Où sont les parents de ses jeunes chenapans? Il sort du camion et il veut donner une frousse à ses garnements. Ceux-ci courent se réfugier à l'intérieur de la maison. Ils en ressortent quelques instants plus tard, accompagnés des plus grands, dont leur mère. Elle arrive vers moi : « Que voulez-vous? Que faites-vous ici? Mes jeunes s'exerçaient tranquillement à la lutte et à la boxe. » Le ton monte; les uns crient, jurent, brandissent le poing, frappent le camion. Jean-Cristoph sort pour aller prêter main-forte à son père. Je sors pour aller calmer les esprits. Un attroupement se forme. Une vingtaine d'adultes arrivent à la rescousse, matraque à la main, agressivité aux visages, jurons en bouche. Ils nous bousculent; poing en l'air, ils nous crient après. Il vaut mieux déguerpir d'ici. Jean-Cristoph est poussé violemment sur le camion. Je monte dans le camion, mes deux hommes suivent de près. Le cœur en chamade, Pierre dit : « Les Anglais n'ont pas tous la même politesse, ces enfouarés-là. Il faut avoir parcouru une vingtaine de pays en Europe, l'Égypte, la Turquie, et c'est dans un pays dit civilisé qu'on se fait attaquer! » Nous roulons une vingtaine de kilomètres et trouvons le repos du guerrier dans un stationnement tranquille.

De l'Angleterre, nous reprenons le transbordeur à Douve. Nous partons en direction du Luxembourg. Un pays que nous ne connaissons que de nom. Nous avons tous très hâte de le découvrir.

Merci! Et à bientôt!