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Des nouvelles de delibere
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Florilège

29 mars 2017


Allez, allez, c’est le printemps, et comme l’écrivait André Rivoire, « tout fleurit, tout sourit, tout est parfum, tout est joie ». Nathalie Peyrebonne est même parvenue à dérider le marchand de chaussures de sa rue en lui lisant des extraits de Moi, candidat, petit texte opportunément republié par les éditions du Sonneur. L’auteur en campagne avance « à livre ouvert » : « Quand on sait d’un candidat, dès le départ, ce qu’il y a de pire, les tentatives de jeter le discrédit sur lui sont vouées à l’échec.. » Rien à craindre des coups bas quand on est son propre cabinet noir : « Je me recommande comme quelqu’un de sûr – quelqu’un qui, partant sur les bases d’une complète dépravation, s’engage à rester monstrueux jusqu’au bout. » Enfin un candidat qui assume son rapport à l’argent – “le principe fondamental de mon existence est d’en amasser” – et précise : « Je reconnais aussi que je ne suis pas l’ami des pauvres. » De quoi donner furieusement envie de voter pour… Mark Twain, qui écrivait ces lignes en 1879.

Mark Twain pourrait-il dérider François Fillon ?  Pas sûr, si l’on en croit la conversation surprise par Edouard Launet. Le candidat y évoque un départ à Guernesey au lendemain du premier tour : « Nicolas va remettre la main sur le parti, Macron va faire sombrer le pays, les chômeurs vont piller les magasins, les fonctionnaires vont pendre les bourgeois, la France sera en faillite, l’Europe à feu et à sang. Je choisis l’exil pour appeler à la résistance. »  Anne Méaux, sa conseillère en communication, est dubitative : « Tu vas te faire chier monstrueusement sur ton rocher. »

François Fillon a-t-il lu Wittgenstein ? Il connaissait sûrement la phrase de conclusion du Tractatus logico-philosophicus – « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » – mais sa mise en pratique lui aura coûté cher. Les élèves de philo de Gilles Pétel ne sont pour leur part pas convaincus de sa pertinence : « On a le droit de parler de tout, non ? ». Il en faut davantage pour désarçonner leur prof : « Cela vous est peut-être déjà arrivé, en sortant d’un concert par exemple, de n’avoir aucune envie de parler de ce que vous veniez d’entendre. Submergé par l’émotion en somme. Troublé par la beauté. Les mots dans ce contexte apparaissent bien plats, bien pauvres : ils semblent à côté de la plaque. »

Taire ce dont on ne peut parler, ce n’est pas le genre des Luthiers. Si vous n’aviez jamais entendu parler d’eux, ce sera une excellente occasion de découvrir ce groupe de comiques-musiciens argentins. Et Christilla Vasserot de poursuivre son exploration des méandres de la traduction. Cette semaine, tout est à l’oral, sous forme d’une vidéo où deux animateurs de radio argentins interviewent un groupe de musiciens londoniens. Une belle démonstration de traduction en direct, avec sous-titrage en français. « La fidélité à l’original n’est pas garantie… »

D’Argentine aussi, l’écrivain et journaliste Rodolfo Walsh tué il y a quarante ans par la junte militaire. Le romancier mexicain Paco Ignacio Taibo II rend hommage à l’inspirateur du nouveau journalisme latino-américain, auteur de Opération Massacre. Dans la première partie de ce portrait kaléidoscopique en 36 vignettes, et parmi les phrases de Walsh, celle-ci : « La littérature est entre autres choses un cheminement laborieux à travers notre propre bêtise. »

D’Argentine encore, mais beaucoup plus au sud :  cette semaine, dans notre Abécédaire à la lettre M, comme Magellan, et « un mystère… la masturbation du manchot ».

C’est le printemps, on l’a dit, et le moment rêvé pour faire un tour au jardin. Anne-Marie Fèvre nous invite à flâner dans la grande expo organisée sur ce thème au Grand Palais à Paris « comme dans un labyrinthe d’associations fertiles, de réminiscences parfumées ou littéraires, apaisantes… ». « Un grand collage », selon Laurent Le Bon, conservateur général du patrimoine, qui fait vivre « le jardin comme œuvre d’art totale, qui éveille tous les sens. »

Et n'oubliez pas le guide:
Deux garçons dans le vent à la Boule Noire. Au Lucernaire, c’est l’Enfer au Paradis. À Roubaix, on plonge dans le Grand Bain sans risque de couler. Le festival Étrange Cargo a jeté l’ancre à la Ménagerie de Verre et depuis 20 ans, lui non plus n’a jamais coulé. La Normandie devient terre de paroles. Avril part en vrille à Lyon. Le festival Concordan(s)e fait le lien entre la littérature et la danse. La Villette devient 100% Afrique et afropunk. Le luxe et le savoir-faire se donnent rendez-vous chez AD Collections. Les albums des jeunes architectes et paysagistes s’exposent à Paris. Les kids ont leur festival de danse. Et peut-être qu’un jour, tout sera réparé. Ce sont, cette semaine, les choix de délibéré

Bonne lecture!
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