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Fast & Furious s'il vous please...

S01E14 : Le cinéma uberisé

Cette semaine, dans le nouvel épisode de la juteuse saga Fast and Furious, Hollywood s'inquiète de l'ubérisation de la société.

Hollywood et la Silicon Valley entretiennent depuis longtemps une relation d'amour / haine. Si la complémentarité et l'interdépendance de ces deux gigantesques industries californiennes est évidente, les rapports qu'elles entretiennent ne sont pas sans animosité. Tandis que les blockbusters envisagent presque exclusivement l'avenir de manière dystopique, les leaders de la Valley, échaudés par SOPA, passaient en 2012 à l'offensive.

En permettant aux vidéastes d'entrer directement en contact avec leur public, Youtube avait d'ailleurs déjà, d'une certaine manière, uberisé l'entertainment audiovisuel. Le succès de la franchise Fast & Furious, qu'on pouvait croire enterré avec son troisième épisode en 2006, incarne la réponse des studios à ce phénomène ; une course en avant animée par la surenchère : toujours plus fort, toujours plus gros, toujours plus furieux.

Dans cet épisode 8 – qui nous embarque sur les terres d'un communisme défait, à Cuba d'abord, puis en Russie – l'enjeu est de rappeler que ce qui importe n'est pas sous le capot, mais bien au volant. Ainsi, c'est l'étape suivante de l'ubérisation que le film met en évidence dans une impressionnante séquence poussant notamment un chauffeur de taxi à sauter de son véhicule en marche. Bardées d'électroniques, les bagnoles d'aujourd'hui ne sont plus très loin de se conduire toutes seules et, du point de vue de Vin Diesel et ses potes, c'est forcément une catastrophe. Pendant ce temps là, Netflix entame tranquilou «l'uberisation du sous-titrage». Les films seront-ils un jour écrits par des robots ?

On n'en est pas là, mais on rigolera moins quand nos enfants iront en Tesla™ dans un drive-in Five Guys™ pour voir un remake algorithmé de La La Land en VR.
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Le film de la semaine

Chaque semaine, notre avis, un peu détaillé sur un nouveau film à l'affiche...

L'Homme aux milles visages, d'Alberto Rodriguez - 2h03 • Un ex agent secret espagnol va trouver l'opportunité de se venger du gouvernement qui l'a trahi en manigançant une arnaque aussi complexe que grandiose. L'histoire vraie, comme le souligne le marketing du film, d'un homme qui a trompé tout un pays. Une histoire vraie aussi qui, comme le rappelle l'introduction, ne manque pas de mensonges. Alberto Rodriguez fait longtemps porter son récit méandreux par une voix off qui pourrait rappeler les films de gangsters de Scorsese si elle était plus exaltée et le montage plus dynamique. Mais le projet est différent car le narrateur est lui-même trompé par l'histoire qu'il raconte. On se rapproche dès lors d'édifices narratifs plus déroutants que captivants comme La Taupe de Tomas Alfredson ou Il Divo de Paolo Sorrentino. Pour autant, dans le déroulement de l'intrigue elle-même, L'Homme aux mille visages révèle de réelles qualités de mise en scène. Un film qui gagnera d'ailleurs peut-être à être revu, une fois démêlé.

Le reste en bref

Le reste des sorties de la semaine avec nos résumés approximatifs...


🎥 Boule & Bill 2, de Pascal Bourdiaux - 1h20 • Depuis le 1, le papa (Dubosc) a changé de lunettes ET de femme. Sinon Bill va bien.

🎥 C’est beau la vie quand on y pense, de Gérard Jugnot - 1h33 • C'est long une carrière quand on y réfléchit...

🎥 Un Profil pour deux, de Stéphane Robelin - 1h40 • Profitons-en, on vit sans doute les dernières années avec des comédies de vieux qui comprennent rien à Internet.

🎥 The Young Lady, de William Oldroyd - 1h29 • Rassurez-vous, il ne s’agit pas d'un prequel de The Lady de Luc Besson.

🎥 Bienvenue au Gondwana, de Mamane - 1h40 • Le Botswanga avait Frank de Lapersonne, le Gondwana accueille Antoine Duléry, chacun sa merde.

🎥 La jeune fille et son aigle, d’Otto Bell - 1h24 • C’est l’incroyable histoire d’un postier qui vole une Kangoo pour rejoindre sa fiancée à Besançon... non en fait c’est l’histoire d’une jeune fille avec un aigle.

🎥 À voix haute, de Stéphane de Freitas et Ladj Ly - 1h39 • Un docu sympa où des jeunes du 93 apprennent le métier de François Fillon et Patrick Balkany.

Un plan parfait

Préparez vos mouchoirsde Bertrand Blier • 1978

Il dit qu'il voit pas le rapport

Et pourtant il y a un lien (et même plusieurs). Le meilleur de l'Internet cinéphile à portée de clic :


- Une compagnie d'assurance britannique a estimé le coût des dégâts des 7 premiers épisodes de Fast & Furious s'ils étaient réels. Il y en aurait pour un demi-milliard d'euros.

- Un chouette projet de documentaire sur les cascades de Jean-Paul Belmondo a besoin d'argent, et le demande gentiment sur Kiss Kiss Bank Bank...

- La bande-annonce du remake de Ça a plutôt bien été accueilli par les internautes, mais pas par les clowns professionnels, qui trouvent que ça commence à bien faire.

- On apprend sur Nova (aux alentours de la 32ème minute) que Christophe Honoré a détesté Moonlight, grosso modo parce que s'il abordait un sujet similaire il ne ferait pas comme ça. Ah et tiens, justement, il dit travailler sur un sujet similaire.

- Rarement une pub aura fait un tel four : le dernier spot Pepsi, mettant en scène Kendal Jenner, a été retiré par la marque de soda en moins de 24h. Si ce détournement ridicule de l'imagerie contestataire a énervé pas mal de monde, il en a aussi inspiré certains. Rien de tel que les lunettes d'Invasion Los Angeles de John Carpenter pour y voir plus clair.

- Slate est tombé sur une étude de dermatologues sur les problèmes de peau des méchants de cinéma.

- Un bel article de France Culture qui remonte, avec ce qu'il faut d'illustrations, aux origines des effets spéciaux.

- Sinon, apparemment, Hulk est fan de Philippe Poutou.

L'inconnu(e) de la semaine

Chaque semaine, la bio d'une personnalité méconnue dégotée dans les tréfonds de Wikipédia.

Après des études à l’école d’art dramatique de Bochum, Frank Giering fait ses classes dans une poignée de séries télévisées allemandes. Il est repéré par Michael Haneke qui lui offre un rôle dans le téléfilm Le Château, puis dans Funny Games où il incarne Peter, l’un des deux tueurs psychopathes. Giering crève l’écran mais sa performance ne fait pas spécialement décoller sa carrière qui se poursuit principalement à la télévision. Ses apparitions publiques révèlent une tendance à la dépression et à l’alcoolisme. Il déclare notamment se considérer comme «inadapté de la vie moderne». Le 23 juin 2010, il est retrouvé mort dans son appartement, les causes du décès n’ont pas été rendues publiques.

That's what they said

Ils en disent des choses les gens du cinéma...

« Idiocracy de Mike Judge, que beaucoup ont qualifié de prémonitoire en 2006, était très drôle. Mais personne ne pensait qu’il suffirait d’une décennie pour que le scénario devienne réalité. Ce film se regarde désormais comme un documentaire déprimant. Remarquez, Network : Main basse sur la télévision de Sidney Lumet faisait aussi l’effet d’un docu visionnaire quand on le revoyait en pleine ère Reagan, dix ans après sa sortie. Plus loin encore, Un homme dans la foule d’Elia Kazan avait aussi compris ce que les médias, et la télé en premier lieu, allaient faire de l’Amérique dans les années 1960. Ce qui me frappe, c’est la rapidité affolante avec laquelle on voit ces idées prendre corps dans le réel. La Seconde Guerre de Sécession, que j’ai tourné pour la télé en 1997, a trouvé un écho dans les récentes affaires d’immigration et de fracturation de la société américaine. Pourtant, je n’entendais pas du tout prédire l’avenir. En fin de compte, le mieux, si vous cherchez à faire du cinéma divinatoire, ce n’est pas d’extrapoler une situation présente jusqu’à la caricature, mais plutôt d’imaginer les bouleversements les plus grotesques et les plus improbables dans l’immédiat. Cinq ou dix ans après, vous verrez que vous avez tapé dans le mille. »
– Joe Dante, Carbone - Avril 2017

Chabada-bada

Le meilleur de la musique entendue au cinéma compilé dans une playlist Spotify...


🎶 Un profil pour deux • 45 ans (!) après son mythique thème pour Le Grand blond avec une chaussure noire, Vladimir Cosma illustre cette semaine les nouvelles pérégrinations de Pierre Richard. Et comme d’habitude, c’est parfait.

🎶 L’Homme aux mille visages • Pour la musique de son nouveau thriller d’espionnage, Alberto Rodriguez a fait appel à son compositeur attitré, Julio de la Rosa, pour un résultat "reznoresque" à souhait.

🎶 Fast & Furious 8 • Fidèle à la politique musicale de la franchise, la bande originale de ce huitième opus est composée de moult tracks de rap bien bourrin. Ça fait du bien de temps en temps.
 

Le rébus énervant

On vous quitte avec ça, réponse dans une semaine...

Solution de la semaine précédente : Gérard Oury (Geai rare, ou riz)
– il s'agissait en effet d'un geai azuré, classé "quasi menacé" par l'UICN

A jeudi prochain, si vous le voulez bien...
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