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20 avril 2017

RECHERCHE FONDAMENTALE

Les boissons énergisantes masquent les effets de l'alcool et augmentent le risque de se blesser

Les chercheurs du Centre de recherche sur les toxicomanies de la Colombie-Britannique (CARBC) de l'Université de Victoria au Canada, ont réalisé une méta-analyse des articles publiés de 1981 à 2016. 10 études ont montré un lien entre l'utilisation d'alcool mélangé à des boissons énergétiques (AmED) et un risque accru de blessures par rapport à l'alcool seulement. Les auteurs ont classé les blessures comme involontaires (comme les chutes ou les accidents de véhicules à moteur) ou intentionnelles (comme des combats ou d'autres violences physiques). Les effets stimulants de la caféine masquent la fatigue liée à la consommation d’alcool, favorisent une sous-estimation de l’état d’ivresse et augmentent l’engagement dans des comportements à risque.

Source : Roemer, A., & Stockwell, T., "Alcohol Mixed With Energy Drinks and Risk of Injury: A Systematic Review", Journal of Studies on Alcohol and Drugs, doi:10.15288/jsad.2017.78.175

 

Comment le LSD affecte-t-il le cerveau ?

Les scientifiques de l'Université de Bâle ont montré que le LSD réduit l'activité dans la région du cerveau liée au traitement des émotions négatives comme la peur. Les résultats, publiés dans le journal scientifique Translational Psychiatry, pourraient influer sur le traitement des maladies mentales telles que la dépression ou l'anxiété.
Les hallucinogènes ont de nombreux effets différents sur le psychisme. Entre autres choses, ils modifient la perception, la pensée et l'expérience temporelle et émotionnelle. Après que le chimiste Albert Hofmann ait découvert l’acide lysergique diéthylamide (LSD) dans les années 1940, il y eu beaucoup d'intérêt pour la substance, en particulier en psychiatrie. Des études ont été menées pour mesurer son efficacité sur les maladies telles que la dépression ou la dépendance à l'alcool. Mais dans les années 1960 le LSD a été déclaré illégal dans le monde entier et la recherche médicale s'est arrêtée.
Au cours des dernières années, cependant, l'intérêt pour la rechercher sur l’utilisation d'hallucinogènes à des fins médicales a été relancé. Les substances psychoactives telles que le LSD, en particulier en association avec les psychothérapies, pourraient offrir une alternative aux médicaments conventionnels.
Les chercheurs de la Clinique psychiatrique universitaire (UPK) et du Département de pharmacologie et de toxicologie de l'hôpital universitaire de Bâle (USB) ont mené une étude sur l'effet aigu du LSD sur le cerveau en utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF) pour mesurer l'activité cérébrale de 20 personnes en bonne santé après avoir pris 100 microgrammes de LSD. Au cours de l'IRM, les participants ont visionné des images de visages qui représentaient différents états émotionnels tels que la colère, la joie ou la peur.
Le professeur Stefan Borgwardt et son équipe ont montré que la représentation de la peur sous LSD  entraîne un niveau d'activité nettement inférieur dans l'amygdale - une zone du cerveau considérée comme essentielle au traitement des émotions. Cette observation pourrait expliquer certains des changements dans l'expérience émotionnelle qui se produisent après avoir pris des hallucinogènes.
Dans une deuxième étape, les chercheurs, ainsi que les pharmacologues cliniciens de l'hôpital universitaire de Bâle, ont examiné si l'expérience subjective altérée par le LSD était associée à l'amygdale. Cela semble être le cas : plus l'activité de l’amygdale induite par le LSD d'un sujet est faible, plus l'effet subjectif de la drogue est élevé. « Cet effet « effrayant » pourrait être un facteur important pour obtenir des effets thérapeutiques positifs », explique le docteur Felix Müller, auteur principal de l'étude. Les chercheurs présument que les hallucinogènes peuvent entraîner de nombreux autres changements dans l'activité cérébrale. D'autres études seront donc nécessaires.

Source : Felix Mueller, Claudia Lenz, Patrick Dolder, Samuel Harder, Yasmin Schmid, Undine Lang, Matthias Liechti, Stefan Borgwardt, "Acute effects of LSD on amygdala activity during processing of fearful stimuli in healthy subjects", Translational Psychiatry, doi: 10.1038/tp.2017.54

 

PHARMACOLOGIE

Un médicament contre la perte de poids comme traitement de la dépendance aux opioïdes

Une nouvelle étude menée sur des rats suggère que le lorcaserin aurait un potentiel comme traitement de la dépendance aux opioïdes en réduisant non seulement l'auto-administration de l'oxycodone mais aussi la réaction aux stimuli environnementaux : dans leur nouvelle recherche, qui prend la forme d'une étude préclinique, l'équipe montre que la prescription de lorcaserin a réduit non seulement l'utilisation, mais aussi l'envie d'oxycodone chez les rats. La lorcaserin, prescrit pour favoriser la perte de poids, agit sur le système sérotoninergique : il s'agit d'un agoniste des récepteurs sérotoninergiques de type 5HT-2c.

Source : Harshini Neelakantan, Erica D. Holliday, Robert G. Fox, Sonja J. Stutz, Sandra D. Comer, Margaret Haney, Noelle C. Anastasio, F. Gerard Moeller, Kathryn A. Cunningham. "Lorcaserin Suppresses Oxycodone Self-Administration and Relapse Vulnerability in Rats.", ACS Chemical Neuroscience, 2017; DOI: 10.1021/acschemneuro.6b00413

 

PRISE EN CHARGE

Une nouvelle approche thérapeutique dans l’aide à l’arrêt du tabagisme

Le tabagisme demeure la principale cause de décès évitable à l'échelle mondiale et les médicaments d’aide à l’arrêt ont une efficacité limitée. Ainsi, il existe un besoin évident de recherche sur l'identification de nouvelles pharmacothérapies dans le cadre de la dépendance à la nicotine. Des études ont démontré que l'administration aiguë d'un inhibiteur de l'acétylcholinestérase (AChEI) atténue la prise et la recherche de la nicotine chez les rats et suggère que les AChEI pourraient être utilisés dans le cadre de l’aide à l’arrêt. Cette étude indique que l'administration répétée d'AChEI réduit le renforcement de la nicotine chez les rats et le comportement du tabagisme chez l'homme à des doses non associées à la tolérance et / ou aux effets indésirables.

Source : R L Ashare, B A Kimmey, L E Rupprecht, M E Bowers, M R Hayes and H D Schmidt, "Repeated administration of an acetylcholinesterase inhibitor attenuates nicotine taking in rats and smoking behavior in human smokers", Translational Psychiatry (2016) 6, e713; doi:10.1038/tp.2015.209; published online 19 January 2016

 

L’American College of Physicians émet des recommandations pour prévenir et traiter les pratiques addictives

L'American College of Physicians (ACP) a publié ses recommandations de politiques publiques pour la prévention et le traitement des troubles liés à la consommation de drogues illicites et des médicaments sur ordonnance.
Les décès liés aux surdoses, notamment d’opioïdes tels que les analgésiques prescrits et l'héroïne, constituent une épidémie croissante. L'ACP affirme que les troubles de la consommation de substances sont des conditions médicales chroniques pouvant être traitées, comme le diabète et l'hypertension, et qui devraient être abordées grâce à la diffusion d'initiatives de santé publique fondées sur les preuves.
Pour lutter contre l'épidémie d'abus de médicaments sur ordonnance, l'ACP recommande :
•    Aux médecins de se familiariser avec les recommandations de bonnes pratiques cliniques sur la gestion de la douleur,
•    L’extension de l'accès à la naloxone aux utilisateurs d'opioïdes,
•    L’extension de l'accès aux traitements de la dépendance aux opioïdes,
•    L’amélioration de la formation dans le traitement des troubles de l'utilisation de substances, y compris le traitement à base de buprénorphine;
•    La mise en place d'un programme national de surveillance des médicaments sur ordonnance et l'amélioration des programmes de surveillance existants.
D'autres recommandations de l’ACP incluent :
•    La prévention et le traitement des troubles liés à la consommation de substances par des interventions de santé publiques et individuelles plutôt que par un recourt excessive à la criminalisation et à l’incarcération ;
•    La mise en place d’une assurance maladie pour couvrir les troubles de la santé mentale,
•    L’intégration de la formation dans le traitement des troubles liés à la consommation de substances dans tout le continuum des études médicales ;
•    L’augmentation du nombre de professionnels formés ;
•    Élargir la main-d'œuvre des professionnels qualifiés pour traiter les troubles de l'utilisation de substances ;
•    L’évaluation des interventions de santé publique pour lutter contre les troubles de l'utilisation de substances et les problèmes de santé associés.

Source : Ryan Crowley, BSJ; Neil Kirschner, PhD; Andrew S. Dunn, MD; Sue S. Bornstein, MD; for the Health and Public Policy Committee of the American College of Physicians, "Health and Public Policy to Facilitate Effective Prevention and Treatment of Substance Use Disorders Involving Illicit and Prescription Drugs: An American College of Physicians Position Paper", Annals of Internal Medicine, doi: 10.7326/M16-2953.

 

TABAC

Les risques liés à la radiothérapie sont beaucoup plus élevés chez les fumeurs

Les fumeuses traitées pour cancer du sein ont des risques beaucoup plus élevés que les non-fumeuses de développer un cancer du poumon ou d’avoir des complications cardiaques suite à une radiothérapie - selon une nouvelle étude publiée dans Journal of Clinical Oncology.
L'étude montre que pour les non-fumeuses, le risque à long terme de décès par cancer du poumon ou par arrêt cardiaque - causé par des rayonnements - n'est que de 0,5 pour cent. Mais pour les fumeuses, le risque augmente à environ 5 pour cent. Ces résultats sont basés sur une étude mondiale regroupant 40 781 femmes atteintes de cancer du sein dans 75 essais randomisés de radiothérapie.
Arrêter de fumer au moment de la radiothérapie doit systématiquement être proposé. La radiothérapie reste un traitement important pour le cancer du sein et réduit la probabilité de mourir de la maladie. Pour la plupart des non-fumeuses ou des ex-fumeuses, les avantages de la radiothérapie l'emportent sur tous les risques. Cette recherche souligne que les patientes atteintes de cancer du sein qui fument doivent recevoir de l'aide et du soutien dans le but de stopper leur tabagisme et de minimiser les risques liés à leur traitement.

Source : Taylor, C., et al., "Estimating the Risks of Breast Cancer Radiotherapy: Evidence From Modern Radiation Doses to the Lungs and Heart and From Previous Randomized Trials", Journal of Clinical Oncology

 

Guerre contre le tabac : les dernières estimations montrent qu'il faut des efforts « renouvelés et soutenus » sur les politiques de contrôle

Plus d’un décès sur 10 dans le monde (équivalent à 6,4 millions de décès) est causé par le tabagisme et la moitié de ceux-ci se produisent dans seulement quatre pays : la Chine, l'Inde, les États-Unis et la Russie, selon les dernières estimations de l'étude Global Burden of Disease publiée dans The Lancet. Les nouvelles estimations sont basées sur le tabagisme dans 195 pays et territoires entre 1990 et 2015 et illustrent que le tabagisme demeure un facteur de risque majeur de décès et de handicap.
Depuis la mise en œuvre de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac en 2005, de nombreux pays ont appliqué des politiques de lutte contre le tabagisme, ce qui a entraîné une réduction de la prévalence du tabagisme, mais les auteurs de l'étude ont mis en évidence que la guerre contre le tabac est loin d'être gagnée.
Dans le monde, entre 1990 et 2015, la prévalence du tabagisme a diminué de près d'un tiers (29,4%). Aujourd'hui, une personne sur quatre (25%) dans le monde fume, tout comme une femme sur 20 (5,4%). Malgré ces améliorations, la croissance de la population a entraîné une augmentation du nombre total de fumeurs, passant de 870,4 millions en 1990 à 933,1 millions en 2015.
Les décès attribuables au tabagisme ont augmenté de 4,7% en 2015 par rapport à 2005 et le tabagisme a été considéré comme un fardeau plus important pour la santé - passer de la troisième à la deuxième cause d'invalidité.
"Malgré plus d'un demi-siècle de preuves sans équivoque des effets nocifs du tabac sur la santé, aujourd'hui, un homme sur quatre dans le monde est fumeur quotidien", a déclaré l'auteur principal, le Dr Emmanuela Gakidou, l'Institut de mesure et d'évaluation de la santé au Université de Washington, États-Unis. "Le tabagisme reste le deuxième facteur de risque majeur de décès précoce et d'incapacité, et afin de réduire davantage son impact, nous devons intensifier la lutte antitabac afin de réduire davantage la prévalence du tabagisme et de son fardeau".
Les 10 pays ayant le plus grand nombre de fumeurs en 2015 étaient la Chine, l'Inde, l'Indonésie, les États-Unis, la Russie, le Bangladesh, le Japon, le Brésil, l'Allemagne et les Philippines, qui représentaient ensemble près des deux tiers des fumeurs du monde (63,6%).
Des niveaux de prévalence élevés de tabac et les tendances inquiétantes persistent. Par exemple, l'Indonésie, le Bangladesh et les Philippines n'ont vu aucune réduction significative de la prévalence du tabagisme chez les hommes entre 1990 et 2015 (les taux de tabagisme de 2015 étaient de 46,7%, 38,0% et 34,5% respectivement) et en Russie, la prévalence du tabagisme a augmenté (de 7,9 % En 1990 à 12,3% en 2015).
En revanche, le Brésil, leader dans la lutte contre le tabagisme, a affiché une des plus fortes réductions de la prévalence du tabagisme chez les hommes et les femmes entre 1990 et 2015, passant de 28,9% à 12,6% chez les hommes et de 18,6% à 8,2% chez les femmes.
Les auteurs notent que si la convention de l'OMS sur le tabac est nécessaire pour créer une politique, chaque pays doit veiller à ce que le contrôle du tabagisme soit adapté à son propre contexte et à ses besoins et que la conformité et l'application de la loi fonctionnent ensemble.
"Il y a eu des réussites, mais le tabagisme demeure la principale cause de décès et d'invalidité dans 100 pays en 2015", a déclaré le Dr Gakidou. Son prix restera substantiel sans plus d'initiatives politiques concertées, la conformité et l'application des politiques et une volonté politique soutenue pour compenser les intérêts commerciaux. Malgré les progrès réalisés dans certains milieux, la guerre contre le tabac est loin d'être gagnée, en particulier dans les pays où le nombre de fumeurs est le plus élevé.

Source : GBD 2015 Tobacco Collaborators, "Smoking prevalence and attributable disease burden in 195 countries and territories, 1990-2015: a systematic analysis from the Global Burden of Disease Study 2015", The Lancet, doi: 10.1016/S0140-6736(17)30819-X.

 

Les mains des enfants contaminées par la nicotine

Les enfants peuvent présenter des niveaux significatifs de nicotine sur leurs mains en entrant en contact avec des objets ou des surfaces contaminés par des résidus de fumée de tabac, même si personne ne fume autour d'eux au même moment. Ces résultats soulignent que la seule façon sûre de protéger les enfants contre l'exposition à la fumée est d'arrêter de fumer et d'interdire de fumer à l’intérieur des logements. Des études antérieures avaient déjà montré que les résidus persistants de la fumée secondaire s'accumulaient dans la poussière, sur les surfaces domestiques, sur les vêtements portés par les fumeurs et sur différents objets ménagers comme les jouets, etc. La fumée et la fumée passive contribuent donc chacune à l'exposition globale au tabac chez les enfants.

Source : E Melinda Mahabee-Gittens, Ashley L Merianos, Georg E Matt, "Preliminary evidence that high levels of nicotine on children's hands may contribute to overall tobacco smoke exposure", Tobacco Control, doi: 10.1136/tobaccocontrol-2016-053602

 


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