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2 juin 2017

POLITIQUE DES DROGUES

Première saisie en France de Captagon, la « drogue du conflit syrien »

La douane a intercepté 135 kg de ce psychostimulant principalement consommé au Moyen-Orient, une saisie record d’une valeur de près de 1,5 million d’euros.
Environ 135 kg de Captagon ont été saisis en janvier et février à l’aéroport parisien de Roissy, une première en France, a annoncé la douane mardi 30 mai. "Récemment présenté comme “la drogue du conflit syrien, en raison des ravages qu’il cause dans ce pays, le Captagon est un psychostimulant créé à la fin des années 1950 et désormais principalement consommé au Moyen-Orient", rappelle l’institution dans son communiqué.
Le soupçon d’une production du Captagon en Syrie a été émis par l’UNODC dès 2009. Depuis le début du conflit syrien, en 2011, la production des petites pilules a également explosé au Liban voisin. Devenu célèbre depuis qu’il a été labellisé "drogue des djihadistes", le Captagon tire son nom d’un médicament commercialisé durant plusieurs décennies en Europe et aux Etats-Unis, pour le traitement de la narcolepsie. Ses composants n’ont qu’un rapport lointain avec l’ancien médicament. A base d’amphétamine, l’utilisation du Captagon par des combattants en Syrie, et plus particulièrement par des djihadistes, fait couler beaucoup d’encre sans être pour autant étayée par des preuves solides.

Source : "Première saisie en France de Captagon, la drogue du conflit syrien", Le Monde, 30 mai 2017
 

PHARMACOLOGIE

Le cannabis pourrait aider les usagers de crack à diminuer leur craving

Le cannabis avait été identifié comme un remplaçant potentiel pour les utilisateurs d'opioïdes légaux ou illicites. Une nouvelle étude réalisée à Vancouver montre qu’il pourrait également aider à faire baisser le craving des usagers de crack.
Les scientifiques du BC Center on Substance Use ont suivi 122 personnes consommatrices de crack pendant 3 ans et ont constaté qu'elles en consommaient moins fréquemment lorsqu'elles fumaient du cannabis. "Nous ne disons pas que ces résultats signifient que tous les usagers seront capables de baisser leur consommation de crack en fumant du cannabis", a déclaré M. J. Milloy, épidémiologiste spécialiste des maladies infectieuses et auteur principal de l'étude. "Ce que nos résultats suggèrent, c'est que les cannabinoïdes pourraient jouer un rôle dans la réduction des méfaits de l'utilisation de crack chez certaines personnes. ». La prochaine étape est : « Dans quelle mesure et pour qui ?"
Ces résultats, publiés dans Addictive Behaviors, font écho à une étude plus petite de 25 utilisateurs de crack au Brésil où plus des deux tiers avaient arrêté de consommer du crack lors de l'utilisation de cannabis.
Les consommateurs d’opiacés peuvent recourir à des substituts efficaces tels que la buprénorphine ou la méthadone, mais il n'existe pas de thérapie pharmaceutique pour les personnes dépendantes au crack a déclaré le Dr Milloy.

Source : Socías ME, Kerr T, Wood E, Dong H, Lake S, Hayashi K, DeBeck K, Jutras-Aswad D, Montaner J, Milloy MJ., "Intentional cannabis use to reduce crack cocaine use in a Canadian setting: A longitudinal analysis.", Addict Behav. 2017 Apr 4;72:138-143.
doi: 10.1016/j.addbeh.2017.04.006.

 

Un composant du cannabis réduit de 39% la fréquence des crises d'épilepsie sévère

Le Cannabidiol ou CBD est l'un des 60 composés trouvés dans le cannabis. Il représente la plus grande concentration, mais n'a pas de propriétés psychoactives. Il réduirait de 39% la fréquence des crises d'épilepsie dans leur forme la plus sévère selon les résultats d'un vaste essai clinique.
"Le cannabidiol ne devrait pas être vu comme une panacée pour traiter l'épilepsie, mais pour des patients souffrant des formes les plus sévères qui ne répondent pas aux nombreux traitements, les résultats de cet essai clinique suscitent l'espoir que nous pourrions bientôt disposer d'une autre option", explique le Dr Orrin Devinsky, professeur de neurologie et de psychiatrie au Centre médical Langone de l'Université de New York et principal auteur de l’étude publiée dans le New England Journal of Medicine. "Nous devons encore effectuer des recherches, mais ce dernier essai clinique démontre, à un degré sans précédent, l'efficacité du cannabidiol pour traiter cette forme d'épilepsie", connue sous le nom de syndrome de Dravet, souligne-t-il.
Pour cet essai clinique, les chercheurs ont recruté 120 enfants et adolescents de deux à dix-huit ans souffrant du syndrome de Dravet. L'étude a été menée dans 23 sites répartis aux États-Unis et en Europe. Une partie des participants choisis au hasard a été traitée avec 20 milligrammes de CBD par kilo ou un placebo qui a été ajouté au traitement déjà suivi et ce pendant quatorze semaines. Le taux des crises dans le groupe traité avec le CBD a diminué de 39%. Chez trois des patients, les crises ont complètement disparu. Dans la cohorte des malades ayant pris un placebo, la réduction de la fréquence des crises n'a été que de 13%. Les effets secondaires signalés - vomissement, fatigue et fièvre - par 93,4% des patients ont été généralement légers ou modérément sévères.

Source : Orrin Devinsky, M.D., J. Helen Cross, Ph.D., F.R.C.P.C.H., Linda Laux, M.D., Eric Marsh, M.D., Ian Miller, M.D., Rima Nabbout, M.D., Ingrid E. Scheffer, M.B., B.S., Ph.D., Elizabeth A. Thiele, M.D., Ph.D., and Stephen Wright, M.D., for the Cannabidiol in Dravet Syndrome Study Group, "Trial of Cannabidiol for Drug-Resistant Seizures in the Dravet Syndrome", N Engl J Med 2017; 376:2011-2020May 25, 2017DOI: 10.1056/NEJMoa1611618
 

EPIDEMIOLOGIE

Les travailleuses sexuelles qui utilisent des drogues psychédéliques ont un risque suicidaire plus faible

Les travailleuses sexuelles qui utilisent des drogues psychédéliques comme le LSD et les champignons hallucinogènes sont associés à un risque nettement réduit de suicide. C'est la conclusion d'une étude menée par l'Initiative sur la santé sexuelle au B.C. Centre d'excellence en matière de VIH / sida qui a étudié si ces drogues pouvaient avoir un "effet protecteur" sur les travailleuses du sexe, qui courent un plus grand risque de pensées et de tentatives suicidaires que la population générale. Or, parmi les travailleuses du sexe, l'utilisation de drogues psychédéliques est associée à un risque réduit de tendance suicidaire de 60%. L’équipe met en évidence le besoin urgent de faire progresser la recherche sur l'utilité thérapeutique des psychédéliques.
"Les femmes marginalisées, telles que les professionnelles du sexe, sont confrontées à des risques suicidaires socio-structurels importants qui découlent de la criminalisation et des expériences de violence et de traumatismes passés. Il est nécessaire de commencer à proposer des interventions plus innovantes et plus fondées sur des preuves adaptées aux femmes marginalisées".
Les chercheurs ont recueilli des données longitudinales depuis janvier 2010 jusqu'en août 2014 auprès des travailleuses du sexe de Vancouver, recrutées par le biais d'activités de sensibilisation communautaires. L'analyse était limitée à celles qui n'avaient jamais eu de tentatives ou de pensées suicidaires avant l'étude - un total de 290 travailleuses du sexe, soit environ la moitié des participants.
D'autres chercheurs ont émis l'hypothèse que les psychédéliques pourraient être protecteurs en régulant les récepteurs de la sérotonine liés à la dépression majeure et au suicide. 
"Dans un langage plus clair, les psychédéliques augmentent la perméabilité entre l'esprit conscient et inconscient et contribuent à rappeler les souvenirs autobiographiques. Ils peuvent donc faciliter un retraitement plus positif des expériences traumatiques".
Et, en 2015, une analyse publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne a souligné plusieurs petites études qui ont révélé que les psychédéliques pourraient être efficaces pour traiter les patients atteints de dépendance, de stress post-traumatique et d'anxiété, mais que les "idées reçues populaires" gênaient les efforts de recherche.
"La recherche qui a été faite à ce jour en utilisant ces approches dans le traitement de la dépendance au tabac et à l'alcool a été prometteuse", a déclaré le Dr Kerr dans un communiqué publié le mois dernier. "Compte tenu du nombre limité d'outils utilisés pour aider à soutenir le traitement de la toxicomanie, nous devons absolument continuer à comprendre comment ces substances peuvent aider à guérir les traumatismes sous-jacents qui peuvent constituer un obstacle au rétablissement".

Source : Elena Argento, "Psychedelic Use Predicts Reduced Suicidality: Findings From a Longitudinal Study of Women Sex Workers in Vancouver, Canada.", avril 2017
 

TABAC

L’étude lausannoise qui fait tousser Philip Morris

Les scientifiques affirment que, contrairement à ce qu’assure le géant américain du tabac, son IQOS émettrait bien de la fumée.
L’année où Philip Morris International (PMI) espère ouvrir au Flon à Lausanne le premier magasin au monde dédié à son nouveau produit IQOS, la nouvelle tombe mal. Des chercheurs de l’Institut de Santé au Travail (IST) et de la Policlinique médicale universitaire (PMU) de Lausanne publient ce lundi une communication dans la revue scientifique américaine JAMA-Internal Medicine. Il s’agit des résultats d’une étude indépendante sur l’IQOS (pour I Quit Ordinary Smoking), l’appareil présenté par le géant américain du tabac comme une alternative "moins nocive" à la cigarette. Selon les scientifiques, et contrairement à ce qu’affirment PMI, l’IQOS émettrait bel et bien de la fumée. Il relâcherait aussi des composés toxiques présents également dans la fumée d’une cigarette conventionnelle.
"Ne cherchez pas un organisme de prévention de la santé ou un groupement anti-tabac derrière notre étude : nous l’avons initiée nous-même. Des questions se posaient sur l’IQOS et nous avons voulu y répondre", prévient le professeur Reto Auer (PMU). Des questions relatives à la nocivité du produit, un porte-cigarettes qui chauffe à 330°C une mini-cigarette de tabac. Pour Philip Morris International, l’innovation réside dans le fait qu’il n’y a pas de combustion à l’intérieur de l’IQOS, donc qu’il ne génère pas de fumée ni de cendres mais seulement de la vapeur de tabac.
Un appareil à fumer. Les chercheurs lausannois ont donc comparé le contenu de la fumée de l’IQOS avec ceux d’une cigarette conventionnelle. Ils ont utilisé un appareil à fumer conçu et testé dans le laboratoire de l’IST. "Comme annoncé par le producteur, la température de l’IQOS était plus basse (330°C) que la cigarette conventionnelle (684°C). Par contre, des composés organiques volatils – des hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérigènes et du monoxyde de carbone – étaient présents dans la fumée de l’IQOS", constatent les scientifiques. Bien que la concentration de la plupart des composés toxiques soit moins élevée que dans la fumée de la cigarette conventionnelle, les chercheurs auraient également trouvé la présence importante d’autres substances nocives.
"Par comparaison avec la cigarette conventionnelle, la concentration monte jusqu’à 82% pour l’acroléine et dépasse même 175% pour l’acénaphtène, deux substances irritantes majeures de la fumée de tabac. La fumée IQOS contenait même 84% de la nicotine présente dans la fumée des cigarettes conventionnelles", avancent les chercheurs. L’IQOS reste-il malgré tout moins nocif que la cigarette ? "Probablement, mais la réalisation d’autres études indépendantes est nécessaire pour être en mesure d’évaluer les effets sur la santé suite à l’usage de l’IQOS", concède le professeur Reto Auer.

Source : Reto Auer, MD; Nicolas Concha-Lozano, PhD; Isabelle Jacot-Sadowski, MD; et al Jacques Cornuz, MD, MPH; Aurélie Berthet, PhD, "Heat-Not-Burn Tobacco Cigarettes Smoke by Any Other Name", JAMA Intern Med. Published online May 22, 2017. doi:10.1001/jamainternmed.2017.1419
 


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