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Néosanté hebdo
mercredi 17 août 2016

L’allaitement protège aussi de la dépression

portrait de Yves Rasir

Plus intelligents et plus équilibrés psychologiquement, moins sujets aux allergies, à l’obésité ou au diabète, en meilleure santé sur presque tous les plans : les bébés qui ont la chance d’être allaités par leur maman bénéficient incontestablement d’un départ idéal dans la vie. Il ne se passe pas un mois sans que la science découvre de  nouvelles vertus au lait maternel par rapport aux laits artificiels. Ceux-ci n’égaleront jamais, dans leur composition et dans la composante affective, la richesse nutritive procurée  par les sécrétions mammaires.  Depuis quelques années, on sait que l’allaitement protège également les nouveau-nés du stress émotionnel et de l’anxiété. Cependant, les études n’avaient pas encore évalué son incidence précise sur le risque de développer une dépression à l’âge adulte.  C’est désormais chose faite.

Conduite à l’Université de Pelotas sur près de 6 000 enfants nés en 1982 dans cette ville du Brésil, une étude de cohorte (*) a recueilli des informations sur leur mode d’allaitement et sur l’évolution de leur santé mentale trente ans plus tard. Cette évaluation psychiatrique a été réalisée grâce  à la grille SRQ-20 (Self-Reported Questionnaire)  et à la méthode MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview), deux outils reconnus mondialement pour le diagnostic des troubles anxieux et de la  dépression sévère. Résultat : les chercheurs ont constaté que le risque de présenter une symptomatologie dépressive sévère à 30 ans était réduit d’environ 30% chez les sujets ayant été allaités au sein pendant 6 mois ou davantage.  Si certaines limitations de l’étude (comme l’absence de données sur le contexte biographique dans l’enfance) ne permettent pas de confirmer de manière indubitable cette association, il est hautement vraisemblable que l’allaitement maternel  soit le facteur protecteur prépondérant. En donnant le sein pendant au moins 6 mois, les mères contribuent efficacement à diminuer le risque que leurs enfants souffrent plus tard de graves symptômes dépressifs !

Malheureusement, la  nette supériorité du sein par rapport au biberon  n’est pas encore suffisamment reconnue.  Début août, à l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a publié un rapport montrant que plus d’un enfant sur deux, soit 77 millions de bébés à travers le monde, n’est pas allaité par sa mère assez rapidement et qu’il ne  bénéficie pas ainsi de l’apport du colostrum, ce premier lait très riche en anticorps. Or ce véritable vaccin naturel pourrait faire merveille si sa valeur était universellement admise !  Selon  l’Unicef,  il a été prouvé que « plus la mise au sein est tardive, plus le risque de mortalité augmente lors du premier mois de vie, au moment où l’enfant est le plus vulnérable aux maladies ». En effet, le risque de mort précoce du nourrisson augmente de 41% lorsque sa première tétée intervient plus de 2 heures après sa naissance, et de 79 % lorsque la mise au sein est effectuée au bout de 24 heures. Très clairement donc, c’est  juste après l’accouchement que le bébé devrait toujours être allaité pour la première fois !  Et  il devrait l’être exclusivement pendant minimum 6 mois, comme le préconise l’OMS.

Malheureusement toujours, ce devoir élémentaire continue à être subordonné au sacrosaint « droit de choisir ». En témoigne encore les réactions provoquées  par un tweet posté le 2 août par la section française de l’Unicef à New York. « L’allaitement stimule la santé d’un enfant, son QI, ses performances scolaires et son revenu à l’âge adulte » disait ce message accompagné de l’image  d’une mère allaitant son enfant, tous deux enlacés dans les bras du père. Perçu comme une injonction à allaiter et  une atteinte au libre choix,ce condensé de quatre vérités scientifiquement établies a été violemment attaqué par de nombreux internautes, comme Anne-Cécile Mailfert, ancienne porte-parole d’Osez le féminisme et actuelle présidente de la Fondation des femmes. Celle-ci a dénoncé le tweet comme de la « propagande totalement culpabilisante pour celles qui ne peuvent ou ne veulent pas allaiter ». Comme c’est souvent le cas, les militantes de la cause féminine se trompent de combat et amalgament éhontément celles qui choisissent le biberon et celles qui s’y résignent par incapacité d’allaiter. Les secondes n’ont aucune raison de culpabiliser puisque, dans leur grande majorité,  elles échouent après avoir essayé. Et surtout, elles sont infiniment moins nombreuses que les premières. Certes, en France comme en Belgique, le taux d’échec est assez important, de l’ordre de 5 à 10%. Mais ça ne veut nullement dire que des dizaines de milliers de Françaises ou de Belges soient inaptes à nourrir leurs nourrissons ! La preuve, c’est que le taux d’allaitement à la  sortie de maternité est de 95% au Danemark,  98% en Suède et   99% en Norvège. Ça montre  bien que l’inaptitude physique est rare et que le contexte socioculturel, éducatif,  économique et politique, joue un rôle déterminant. Au lieu de fustiger l’encouragement à l’allaitement, les mouvements féministes feraient bien  de revendiquer des congés et des allocations aussi avantageuses qu’en Scandinavie !

 Car  il n’y a pas de quoi être fier.  En Belgique, le pourcentage de bébés allaités à la naissance atteint péniblement les 80%. En France, à peine 70%. Ce sont des chiffres bien meilleurs qu’il y a un demi-siècle,  en légère progression, mais qui traduisent quand même  une étrange exception francophone puisque des pays comme la Hongrie (98%) ou l’Allemagne (85%) sont également plus avancés. Avec seulement 40% d’enfants toujours allaités à 3 mois, et seulement 10% exclusivement,  la France et la Belgique se distinguent aussi par une durée très inférieure aux recommandations de l’OMS. Je trouve ça dramatique, car plus aucun couple ne devrait ignorer que la privation de lait maternel handicape gravement leurs enfants. Comme je l’ai déjà écrit, cette évidence scientifique atteint un tel degré de certitude qu’il arrivera un jour où les jeunes générations vont attaquer leurs parents en justice pour demander réparation du préjudice. Ou les autorités sanitaires pour avoir laissé faire. Car si l’on y réfléchit bien, pourquoi admettre l’obligation vaccinale et tolérer l’allaitement facultatif ? Je ne suis bien sûr pas favorable à l’allaitement obligatoire, ça doit rester une décision privée. Mais je suis très peiné que les chantres de la liberté contribuent à diluer la notion de responsabilité et servent ainsi les intérêts des multinationales du lait en poudre. Les millions de bébés non allaités, eux, n’ont pas le choix et sont contraints de se construire difficilement avec du lait de vache prétendument maternisé. Le fait qu’ils soient beaucoup plus exposés à la dépression et à de nombreuses autres maladies exige de faire le maximum pour minimiser leur nombre.

Yves Rasir

(*) Loret de Mola et coll. : Breastfeeding and mental health in adulthood. Journal of Affective Disorders, 2016 : 202.l

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