La lettre de délibéré
29 novembre 2016
2017 sera l’année du Coyote, nous informe une source chinoise généralement bien informée, selon laquelle ces douze mois stupéfiants verront ressurgir des pensées oubliées dans une atmosphère parfois déconcertante, à la fois rigide et carnavalesque.
Cette semaine, délibéré lève un coin du voile et du calendrier grâce à Nicolas Witkowski et ses Chroniques avéryennes qui exposent une “Théorie du coyote suspendu”, où il est question de chute libre. Tout cela finit chez Galilée bien entendu, car il eût été étonnant que, sur ce thème, l’on débouchât au Prisunic, enseigne défunte.
Le football lui-même se dirige vers un horizon indéchiffrable puisque, comme Sébastien Rutés l’annonce dans Footbologies, ce sport résiste à la littérature, à ses devins et à ses discours. Le récit de football serait-il nécessairement behaviouriste? se demande le chroniqueur un tantinet perplexe. En tout cas, il note immédiatement après que décrire intégralement un huis-clos à vingt-cinq personnages (en comptant les arbitres) –déroulant des milliers de mouvements et de gestes d’apparence anodins dont il n’est pas possible de dire (encore moins de prédire) lesquels sont importants– serait une tâche proprement herculéenne.
La logique nous aidera-t-elle à y voir plus clair? Oui et non, à bien lire Yannick Cras. Dans son nouveau chapitre du Nombre imaginaire, l’auteur livre en logicien une réflexion susceptible d’aider certains d’entre nous à affronter cet avenir si incertain: “Si Socrate était immortel, alors Trump serait un moine trappiste (on aimerait bien) mais il serait aussi président élu des États-Unis (on aime moins). Si les démagogues volaient, Trump serait chef d’escadrille: ce n’est pas (seulement) mon opinion, c’est un fait avéré que tout logicien se doit d’admettre, uniquement dans la mesure où l’on peut affirmer sans ambiguïté que les démagogues ne volent ni ne voleront jamais, du moins en ce sens”. Voyez là une manière d’oracle.
Si 2017 reste indéchiffrable, une nouvelle année scolaire ne l’est pas moins. Dans le sixième épisode de son Diogène en banlieue, Gilles Pétel nous raconte l’angoisse du TZR (Titulaire sur Zone de Remplacement) lors de sa prise de contact avec une nouvelle classe. “Passés les premiers instants où les élèves vous ont jugé en bien ou en mal commence une seconde période où ils attendent de voir. On joue presque entièrement son année sur la première heure de cours”. Et si tout 2017 se jouait dès janvier?
D’ici là, Victor Hugo se sera décidé à présenter ou non sa candidature à la présidentielle, nous annonce Edouard Launet dans 2017, l’Année terrible. Le poète hésite encore, malgré les encouragements de René Cassin, son voisin de crypte au Panthéon et père de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Hugo hésite mais le risque est grand que la droitisation galopante de la France fasse rendre l’âme au programme du Conseil national de la Résistance. Or, s’il n’en reste qu’un....
Que lira-t-on en 2017? Vous, je ne sais pas, mais le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, lui, va sans doute se ruer sur Longtemps je me suis couché de bonne heure pour raisons de sécurité, de Thomas Baumgartner (Le Monte-en-l’air, 2015) puisque Christophe Giudicelli, dans une nouvelle Ordonnance littéraire, le lui conseille fortement. Vous verrez pourquoi.
On sait que Proust, couche-tôt en sa jeunesse, a fini par se coucher très tard, au son du coq. Car 2017 sera aussi l’année du Coq: cela, on vous le donne pour certain.
Bonne lecture sur www.delibere.fr
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