La lettre de délibéré 

14 décembre 2016

Plus que quelques heures pour vous inscrire à la primaire de la Belle Alliance populaire, si votre cœur vous porte de ce côté-là et qu’une résidence de cinq ans à l’Elysée est susceptible de vous intéresser. Aucune limite par contre pour vous plonger dans délibéré, dont la parution est désormais hebdomadaire et qui, tel le vieux barbu en habit rouge coincé dans la cheminée, distribue cette semaine les cadeaux en veux-tu en voilà : meubles, lettres anonymes, cours express sur la sémiophysique, ballons de foot, et l’on en passe.

Anne-Marie Fèvre est allée visiter l’expo sur le Bauhaus au Musée des Arts Décoratifs où il y en a beaucoup, des meubles, et où l’on apprend entre autres que l’école du Bauhaus a trouvé une partie de son inspiration dans le délicieux mouvement britannique Arts & Crafts qui mêlait inspiration médiévale et Art nouveau, entre autres. William Morris en fut un des maîtres mais, soit dit en passant, ce n’est pas à lui que l’on doit les fameuses colonnes parisiennes mais à Gabriel Morris, un imprimeur spécialisé dans la promotion des spectacles.
 
Vous n’êtes peut-être pas familier avec la sémiophysique, un schéma proposé par le mathématicien René Thom pour analyser tant les interactions physiques que le langage. Eh bien Nicolas Witkowski vous expliquera tout cela en deux coups de cuiller à pot, dans sa nouvelle Chronique avéryenne, à l’aide de quelques cartoons. Notez que l’autre chose qu’ont en commun Tex Avery et le grand mathématicien français, c’est la théorie des catastrophes…
 
Le plus beau cadeau, parfois, c’est le silence, et c’est de cela que Marie-Christine Vernay vous entretiendra en évoquant un événement autour de ce thème imaginé par le chorégraphe Dominique Dupuy en liaison avec le Collège international de philosophie. Danser en silence, quoi de plus beau ? “L’image la plus forte que nous avons du silence, c’est celle du silence de mort, c’est aussi la plus commune. Peut-être faut-il chercher ce qui serait un silence de vie, des silences de vie.”
 
Mais le silence n’est pas toujours bon conseiller. Dans Diogène en banlieue, Gilles Pétel rappelle cette règle d’or du métier de professeur : la règle de “non-confidentialité”. À savoir ne jamais garder pour soi les problèmes rencontrés avec une classe ou un élève en particulier, les difficultés en tous genres, en particulier les lettres anonymes. Et à propos de courriers anonymes, le professeur philosophe nous en ouvre un particulièrement gratiné. Mais tout est mal qui finit bien.
 
Un à qui on fera pas de cadeau, c’est François Fillon car il est soupçonné d’avoir violé la sépulture de Victor Hugo (qu’il cite à tort et à travers dans ses discours). Le vainqueur de la primaire de la droite se retrouve aux prises avec deux enquêteurs pas commodes, prêts à tout pour lui faire avouer son forfait. C’est du moins ce qu’imagine Edouard Launet dans sa chronique hugolienne 2017, Année terrible.
 
Dans L’Échange, le nouveau roman de l’Argentine Eugenia Almeida, il n’est pas question de cadeaux, mais d’un pays qui n’en finit pas de payer le prix des dictatures. Cela se passe dans le chaos, les brumes et les portes fermées d’une ville marquée par les non-dits. C’est aussi glaçant que magnifique, raconte Lionel Besnier dans sa chronique Le genre idéal.

Les origines du football sont rurales, nous rappellera enfin Sébastien Rutès dans Footbologies. Il vient de là, il vient de la soule. La soule française et le hurling over country anglais mettaient aux prises des villages entiers rivalisant pour porter une balle dans des camps distants de plusieurs kilomètres. Les joueurs rentraient chez eux le visage ensanglanté et les os brisés. Aujourd’hui ils rentrent chez eux plein de pognon, au moins pour les plus chanceux.

Le père Noël n'a oublié personne ?

Bonne lecture sur www.delibere.fr

Des critiques

Des chroniques

• Ordonnances littéraires, par Nathalie Peyrebonne et ses invité.e.s, ou le pari de soigner par la littérature. 
• Le nombre imaginaire, par Yannick Cras : les mathématiques comme espace de liberté, terrain de jeu où l’imagination seule fixe les limites. 
• Diogène en banlieue: les heurs et malheurs d'un prof de philo aux confins du système scolaire, par Gilles Pétel
• Footbologies, par Sébastien Rutés : les mythes et les représentations propres à un championnat de football analysés journée après journée de Ligue 1.
• Chroniques avéryennes, par Nicolas Witkowski : une chronique consacrée à Tex Avery, plus présent que jamais sur les fronts de l’impertinence et de la transgression. 
• L’Amérique de…, par Hélène Quanquin : une chronique éphémère sur des Américain.e.s qui font ou ont fait l’histoire des États-Unis. 
• 2017, Année terrible, par Édouard Launet : chaque semaine, une petite phrase de la campagne des présidentielles passe sous l’hugoscope. Car en France, lorsqu’il n’y a plus rien, il reste Victor Hugo.
• Le genre idéal, par Lionel Besnier : noir comme un polar, un thriller, une enquête judiciaire, un roman naturaliste ou une tragédie grecque. 
• Caméras suggestives, par Thomas Gayrard : SF, horreur, thriller, polar, comédies régressives ou burlesques, films de super héros… une chronique des “mauvais genres” au cinéma.
• Chanson de gestes, par Marie-Christine Vernay : gestes oubliés, mis au rebut, injurieux, réprimés, automatiques, de séduction… Lexique muet qui dit nos nouvelles manies, nos censures corporelles, nos abandons, nos égarements.
• Vu par Clo’e : le regard de la dessinatrice Clo’e sur l’actualité des arts et de la culture, en lien avec les articles publiés dans délibéré.
• Et ce n'est pas tout... 

Des histoires

• Sept histoires de la mémoire par Paco Ignacio Taibo II
• Sur les traces des camisards : le carnet de bord de Thomas Gayrard parti dans les Cévennes tourner un documentaire la guérilla de ces paysans ou artisans animés d’une foi mystique et menés par des prophètes-guerriers charismatiques.
• Trotsky, photos inédites, par Gilles Walusinski et René Solis : l’histoire de dix-huit photos prises lors du séjour de Trotsky au Mexique, dont les négatifs furent conservés pendant plus de quarante ans pour être enfin dévoilés dans les pages de délibéré.