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Filmer à la frontière : Migrer vers l'Europe aujourd'hui
du 30 janvier au 22 mai 2017

 

Une série de films organisée par CGC Paris et la Maison Française de Columbia University.
Commissaire : Nora Philippe, auteure, réalisatrice, et productrice.

30 janvier, 19h : Brûle la mer
 
Projection suivie d'une conversation avec les réalisateurs Nathalie Nambot et Maki Berchache. 2014. 75 min. Genre : documentaire. Production française. Langues : anglais, français, arabe, espagnole, portugais, sous-titré en français.


Dans l’élan de la révolution tunisienne, après la chute de Ben Ali, 25 000 jeunes Tunisiens ont pris la mer vers l’Europe, via Lampedusa. Maki Berchache est l’un d’eux. En arrivant à Paris, il rencontra Nathalie Nambot et le laboratoire argentique L’Abominable.  Tourné en 8mm et 16mm, « Brûle la mer » est une tentative d’écrire  l’histoire de Maki mais aussi celle des harragas. À partir de son voyage,  de fragments d’images, de récits, avec ses amis d’exil ou rencontrés en France, Brûle la mer déploie une réflexion poétique sur cette aspiration à la liberté et la violence d’une hospitalité refusée par le Nord. Comment le pays quitté devient le pays rêvé.


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6 février, 19h : Les Messagers
 
Projection suivie d'une coversation aves les réalisatrices Hélène Crouzillat et Laetitia Tura.  2014, 70 min.  Genre : documentaire.
Production: France. Filmé au Maroc, en Tunisie, en Espagne. Langues: français, arabe, espagnol, pulaar. Sous-titré en anglais.

Du Sahara à Melilla, des témoins, qui sont autant de survivants, racontent la façon dont ils ont frôlé la mort en tentant de migrer vers l’Europe. Leurs compagnons de route, eux, ont disparu, littéralement et symboliquement engloutis dans la frontière.
 « Ils sont où tous les gens partis et jamais arrivés ? »  Les Messagers se poste sur la frêle limite qui sépare les migrants vivants des migrants morts et offre un tombeau à ceux qui n’ont pas de nom. Réalisé par un duo composé d’une réalisatrice et d’une photographe, Les Messagers est le premier film documentaire sur le sujet de la disparition proprement dite des migrants; il a été réalisé au travers d’une enquête de quatre années, et brille par sa sobriété, rendant éclatant le scandale politique et métaphysique que constituent ces morts. Le film est sorti en salles en 2015 après une très longue tournée en festivals. « Ils sont où tous les gens partis et jamais arrivés ? »


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Autres films dans la série : Mbëkk Mi, Fuocoammare, La Cour de Babel, Kelly
 

Séances à venir

20 février
6 mars
20 mars
10 avril
22 mai

À propos de la série
 
La nuit descend sur l’océan
Et les noyés nous guident
Combien êtes-vous morts pour
Avoir rêvé d’une autre rive
D’une autre aube
D’une autre justice ?
Rachida Madani



 

Le monde depuis 1945 n’avait jamais compté autant de personnes déplacées qu’aujourd’hui et l’Europe connaît l’arrivée de migrants la plus importante depuis la guerre. Alors que la majeure partie des politiques, en Europe comme aux Etats-Unis, suivis souvent des médias de masse, décrivent le phénomène comme une « crise » et comme une menace, des réalisateur.rices ont signé récemment des films proposant des perspectives radicalement autres. Cette série exceptionnelle propose sept films de production française sur le sujet, et des rencontres avec leurs auteurs.
 
 
Nous connaissons les chiffres : en 2015, un million de migrants, venant pour la plupart du Moyen-Orient et d’Afrique, ont atteint l’Europe, et 1.3 million de demandes d’asile ont été enregistrées. Nous connaissons les chiffres : depuis 2000, on estime à 25.000 les migrants morts dans la mer Méditerranée – et son l’ONU, 5.000 en 2016 - alors que ces hommes, femmes et enfants fuient les guerres, la persécution, la perte de leurs droits fondamentaux, des désastres environnementaux ou économiques. Une majorité provenait auparavant d’Afghanistan, désormais ce sont surtout la Syrie, l’Iraq, le Kosovo, l’Albanie, le Pakistan, l’Erythrée, le Nigéria, et l’Iran qu’ils quittent. La réponse de l’Europe et de la France a été de fermer les frontières, de construire de nouveaux murs, et de s’affranchir des obligations d’accueil. Cette fortification s’accompagne de surveillance accrue, de la création de camps, de processus de détention, et même d’expulsions.
 
Ces dernières années, des réalisateur.rices européens, ayant parfois migré eux-mêmes, ont abordé le sujet de manière récurrente à travers des longs-métrages de fiction, des documentaires, des essais, des courts-métrages nombreux et pluriels dans leurs approches. Outre leur succès dans les festivals internationaux ou lors de leur sortie en salles, leur dénominateur commun pour cette série est leur attache à la France ou à la francophonie : la naissance de ces films sur le territoire français et européen, dans un contexte politique et policier très tendu, n’est évidemment pas un hasard ; elle s’ancre dans un geste de protestation. Contrairement aux médias de masse donc, qui n’ont de cesse de représenter les « migrants » comme une invasion sans fin et sans visage, ou, au contraire, sous les traits allégoriques et simplistes de la victime, tour à tour statistique ou radicalement Autre, ces films travaillent donc à faire basculer les paradigmes, saisissant l’humanité, la singularité et l’universalité des personnes migrantes comme autant de parts de nous, Européens, jusqu’à rendre caduque la catégorie du « migrant » ou du « réfugié ». La précarisation et de la dépossession (de droits, de biens, de terre, de la valeur de sa vie, selon les termes de Judith Butler et Athena Athanasiou) se trouvent ainsi au cœur de ces films, expérience à laquelle les réalisateurs ont tenté de répondre par un engagement qui est lui aussi un dépouillement ou une prise de risque : casser les récits plébiscités; tourner en dix langues différentes ; imposer de nouveaux héros ; travailler avec des non-professionnels ; enquêter pendant des années sur ce que personne ne veut entendre ; recueillir les témoignages les plus difficiles. Ces films donnent voix aux espoirs, aux pertes et aux rêves, avec leurs corps et leurs mots, ils explorent l’expérience de l’exil comme la tentative de l’émancipation et de l’intégration. Filmés dans les zones de frontières, du Sahara à Melilla, de Calais à Lampedusa, ils touchent aussi du doigt combien la migration côtoie plus que jamais la mort physique et l’invisibilisation.

Il s’agit au final, pour ces auteurs, de déconstruire le point de vue eurocentriste tout en réélaborant l’idée de l’Europe, et inviter les spectateurs à réinvestir l’espace politique.
 
La série se déroulera en sept séances durant le semestre de printemps, de janvier à mai. Les films seront accompagnés de leurs auteurs-réalisateurs ou des membres de l’équipe, et donneront lieu à une discussion avec la programmatrice et réalisatrice Nora Philippe, et avec le public.

Ce programme de films est né à la Maison française de Columbia University (New York) en octobre 2017 et a depuis voyagé, dans des dimensions variables, à Yale University, Princeton University et Virginia University. La reprise à Reid Hall est la première en Europe.


 

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