Joseph Gilet est décédé en 2005 et la parcelle de 30 ares qu'il avait plantée en 1992 derrière chez lui à Basse-Wavre, de 600 pieds de cépages interspécifiques resta abandonnée.
En avril 2016, lorsque nous avons réalisé que ce vignoble avait existé, nous l'avons cherché, trouvé sous dix années de ronces, et défriché. Au bout d'une semaine de travail pour dégager les allées et tout débroussailler, nous avons recensé 150 ceps survivants. Nous avions le projet de tenter de préserver ces pieds, et peut-être même replanter les rangs des 450 manquants, mais l'actuel propriétaire nous avait informé que même s'il nous permettait d'y travailler à notre guise, il n'était pas en mesure de nous garantir que cela puisse se poursuivre à moyen terme.
Et nous avons décidé d'abandonner à nouveau la parcelle.
Lorsque nous sommes passé la voir vers la fin de ce mois d'août 2018, quelle ne fut pas notre surprise de voir que cette vigne, revenue à l'état sauvage, avait manifestement bien profité de cet entretien, et refaisait du raisin, malgré l'été caniculaire.
Des vendanges au taille-haie et en scaphandre pour enlever 150 kilos de raisins sauvages, dans un écosystème qu'elle se partagent en toute équité avec notamment des ronces, des fruitiers spontanés et des grenouilles bouffeuses de limaces...
Voilà donc le fruit d'un vignoble oublié, d'une légende presque, qui donnera un poignée de bouteilles d'un vin qui n'aurait jamais existé sans notre envie très forte qu'il existe:
"L'IMPOSSIBLE CUVÉE DU JOSEPH 2018".
Curieux de goûter le vin de ces vignes sur lesquelles nulle intention de rentabilité ou même seulement de productivité n'a été projetée depuis plus de 10 ans. A part sans doute celle des oiseaux...
Au passage, aucune trace de maladie détectée.
Comme quoi, la vigne n'attend pas qu'on la taille, qu'on la (mal)traite ou qu'on la désherbe pour faire des raisins sucrés, denses et juteux.
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