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Tip & Shaft, la newsletter de la voile de compĂ©tition
Vendredi 23 novembre 2018 
Numéro #137
BanniĂšre podcast
Gabart parle au ponton
© Alexis Courcoux/Route du Rhum-Destination Guadeloupe
FRANÇOIS GABART : "BREST OCEANS AURA LIEU, TÔT OU TARD"

Une semaine aprĂšs le finish incroyable avec Francis Joyon autour de la Guadeloupe, François Gabart revient longuement pour Tip & Shaft sur cette Ă©dition 2018 de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe dont il a pris la deuxiĂšme place. Le skipper de Macif Ă©voque Ă©galement les nombreux autres projets qu’il mĂšne avec son Ă©curie de course au large, MerConcept. La version intĂ©grale de cet entretien est disponible sur tipandshaft.com.
 
Avec un peu de recul, ferais-tu des choses diffĂ©remment sur cette Route du Rhum ?
Non, je n’ai aucun regret sur ce que nous avons fait en amont pour prĂ©parer la course, ni sur les modifications effectuĂ©es sur le bateau, ni sur la façon dont j’ai naviguĂ©. J’ai attaquĂ© au dĂ©part, ensuite j’ai gĂ©rĂ© la premiĂšre nuit - ce qui ne m’a pas empĂȘchĂ© d’avoir des avaries trĂšs pĂ©nalisantes pour la suite – et, derriĂšre, je n’ai pas baissĂ© les bras, je me suis battu jusqu’au bout. AprĂšs, je ne dis pas que je n’ai pas commis d’erreurs, mais honnĂȘtement, je n’en ai pas fait beaucoup et je suis assez fier de ce que j’ai accompli du dĂ©but Ă  la fin, y compris autour de Guadeloupe.
 
Ce qui nous a frappĂ©s Ă  l’arrivĂ©e, c’est que malgrĂ© la dĂ©ception de ne pas gagner, tu as Ă©tĂ© trĂšs positif dans tes rĂ©actions : on a presque dĂ©couvert un nouveau François Gabart, celui qui ne gagne pas

C’est vrai que, mine de rien, c’est la premiĂšre fois que je ne gagne pas depuis quelques annĂ©es. Mais mon discours aurait Ă©tĂ© le mĂȘme si j’étais arrivĂ© cinq minutes avant Francis. Ça peut surprendre de l’extĂ©rieur, mais, moi, ça ne me surprend pas. J’ai l’impression d’ĂȘtre fidĂšle Ă  ce que je suis, Ă  ce que je pense ĂȘtre la beautĂ© de la compĂ©tition. Il y a cinq-six ans, je disais Ă  l’issue du VendĂ©e Globe que j’étais ravi, en tant que compĂ©titeur, d’avoir vĂ©cu mon duel avec Armel, que c’était un privilĂšge de vivre ça. LĂ , je pense toujours la mĂȘme chose, mĂȘme si je suis de l’autre cĂŽtĂ©.
 
Tu as enchaĂźnĂ© les avaries en dĂ©but de course, as-tu pensĂ© un moment Ă  abandonner ?
J’y ai pensĂ© tout le temps et en mĂȘme temps jamais plus de dix secondes. Quand le vĂ©rin de J3 casse, je me dis que ça ne change rien pour les prochaines heures de course et qu’il faut de toute façon aller au cap Finisterre. Ensuite, quand le foil tribord s’en va, je me dis ça ne m’empĂȘche pas de sortir de la dĂ©pression et de gagner dans le Sud. Pour le safran, je vois au bout de 5-10 minutes que le bateau est quand mĂȘme parfaitement manoeuvrable, mĂȘme si je ne peux pas aller Ă  certains degrĂ©s de gĂźte. A chaque fois, je me suis posĂ© la question et j’avais des plans de sortie, plein d’endroits - Cadix, MadĂšre - oĂč je pouvais m’arrĂȘter. Mais, finalement, je n’avais pas d’élĂ©ments incontestables pour me dire qu’il fallait m’arrĂȘter.
 
Etait-ce compliquĂ© de devoir garder le silence sur ces avaries ?
Oui, trĂšs compliquĂ©, d’autant que 90% de mon attention Ă©tait portĂ©e sur ces soucis : j’ai passĂ© une grande partie de ma course Ă  bricoler avec mon J3 et les lattes. Pour les lattes, j’ai Ă©tĂ© obligĂ© d’affaler ma grand-voile, j’y ai passĂ© 2-3 heures, et sur un classement, je perds 20-30 milles. Tu as forcĂ©ment envie d’expliquer, mais je ne pouvais pas. Franchement, je n’aime pas ça, mais tu ne peux pas te permettre de donner ces informations Ă  Francis.
 
Savez-vous ce qui s’est passĂ© ?
Pour le vĂ©rin de J3, c’est une tige qui a cassĂ© au niveau de son filetage, en dynamique. Les coefficients de sĂ©curitĂ© n’étaient probablement pas assez Ă©levĂ©s, j’assume qu’il y a une erreur en amont, mais je ne sais pas d’oĂč ça vient. Pour le foil, c’est trĂšs surprenant : a priori il est descendu, sans doute Ă  cause d’une fuite d’hydraulique, et, derriĂšre, ça a tapĂ© au vent, il est restĂ© dans l’eau et la commande de « up Â» a cassĂ©. Quant au safran je ne pense pas avoir tapĂ© quelque chose, mais ça reste possible. On est probablement dans la limite de ce qu’on fait au niveau mĂ©canique, il y a peut-ĂȘtre un petit choc qui vient rajouter du dynamique, mais je n’ai pas tapĂ© un container, ça c’est sĂ»r. On a une partie du safran, on va pouvoir regarder trĂšs prĂ©cisĂ©ment ce qui s’est passĂ©.
 
Ça veut dire chantier cet hiver, de combien de temps ?
Un foil, c’est une piĂšce qui coĂ»te cher et qui est longue Ă  construire ; on avait prĂ©vu une remise Ă  l’eau dĂ©but mars, ça ne sera pas avant le dĂ©but de l’étĂ©. Cela veut dire un programme forcĂ©ment bouleversĂ©, pas de Lorient-Les Bermudes-Lorient [la course a Ă©tĂ© reportĂ©e ce mercredi, NDLR], et pour Brest Oceans, comme je sais que tu vas me poser la question, il y a des discussions en cours pour trouver la meilleure solution : est-ce que c’est de la maintenir, est-ce que c’est de la dĂ©caler ? Je pense qu’il faut ĂȘtre intelligent. Quand on a des courses comme le Rhum qui ont pas mal de consĂ©quences sur la flotte, il faut dĂ©briefer ensemble, en tirer des enseignements pour Ă©viter que des casses survenues chez les uns touchent les autres. Et, Ă  la fin, on prendra la bonne dĂ©cision pour les annĂ©es qui viennent. Cette course aura lieu, tĂŽt ou tard, c’est presque inĂ©luctable. Elle sera belle, on fera tout pour que ce soit le cas.
 
Du coup, te vois-tu faire d’autres courses au premier semestre ? On sait que tu as achetĂ© un Figaro 3, pourrais-tu disputer la Solitaire ?
Non, je n’avais mĂȘme pas pensĂ© Ă  ça ! Par contre, je ferai sans doute plus de Figaro que je ne l’avais imaginĂ©, en entraĂźnement avec les deux bateaux Skipper Macif. S’il y a moyen de naviguer avec eux et que ça peut leur permettre de progresser, ce ne sera pas inintĂ©ressant. Mais faire la Solitaire, non, je n’y pense pas. Ça reste une course trĂšs spĂ©cifique qui demande un engagement trĂšs fort. Macif a certes plusieurs mois d’immobilisation forcĂ©e, mais il faut que je passe du temps au chantier et on a un autre trimaran en construction. J’essaie aussi d’ĂȘtre raisonnable car ce que je fais, je veux le faire bien, je ne veux pas trop me disperser. Par contre, j’irai peut-ĂȘtre naviguer sur des bateaux plus volants.
 
On t’a peu entendu parler du passage en Imoca de la Volvo Ocean Race, est-ce un sujet sur lequel tu pourrais te pencher ?
La Volvo a toujours Ă©tĂ© une course qui m’a fascinĂ© et attirĂ©, je pense que pour MerConcept, c’est clairement un sujet intĂ©ressant que nous regardons de trĂšs prĂšs, parce que c’est dans les mois qui viennent que ça se joue. Donc, si on peut participer Ă  cette course d’une maniĂšre ou d’une autre, je serais ravi. Je ne pense pas monter un projet autour de moi en tant que skipper, parce que, quelle que soit l’issue des discussions qu’il y a au sein de la classe Ultim, on a dĂ©jĂ  un bateau et un deuxiĂšme qui arrive, notre programme pour les cinq prochaines annĂ©es est trĂšs chargĂ©. Et moi, je serai le skipper du trimaran Macif ; en aucun cas, je n’ai envie de faire autre chose que ça. Je ne serai pas disponible pour porter l’ensemble d’un projet. Par contre, on a aujourd’hui une Ă©quipe avec un vrai savoir-faire, des compĂ©tences en Imoca qui peuvent servir pour ce type de projet. Je serais heureux que MerConcept puisse participer Ă  la prochaine Volvo d’une façon ou d’une autre.
 
Tu ne veux pas trop te disperser, mais en tant que marin passĂ© par la filiĂšre olympique, n’es-tu pas titillĂ© par l’introduction de la course au large au programme des Jeux de 2024 ?
Je pense, en tout cas, que c’est une trĂšs bonne nouvelle pour la course au large, j’espĂšre que ça va ĂȘtre bien fait pour croiser les univers, qu’ils vont choisir un bon bateau. C’est une super opportunitĂ© pour la France, mais je ne vais pas lancer aujourd’hui une prĂ©paration olympique pour six ans ! AprĂšs, je vais avoir un peu le mĂȘme discours : si chez MerConcept, on peut jouer un rĂŽle dans ces Jeux, participer Ă  de la dĂ©tection
 On a aujourd’hui un projet de dĂ©tection en Figaro avec Macif, les jeunes que nous sĂ©lectionnerons dans les prochaines annĂ©es seront forcĂ©ment compĂ©titifs pour porter les couleurs de l’équipe de France dans une Ă©preuve de course au large aux Jeux olympiques. Si notre expertise sportive et technique peut servir, j’en serai ravi, donc on va regarder ça sĂ©rieusement, car ce sont quand mĂȘme les Jeux Ă  Paris, ça va ĂȘtre trĂšs fort.
 
Lisez l’intĂ©gralitĂ© de l’entretien avec François Gabart sur tipandshaft.com.
 
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[SI VOUS AVEZ PASSÉ LA SEMAINE À RÉFLÉCHIR À LA COULEUR DE VOTRE GILET...]

[C'EST FAIT]
  • D24. L'Ă©quipage de TrĂ©sors de Tahiti (Teva Plichart) a remportĂ© le Grand Prix Pacifique des Jeux, troisiĂšme et derniĂšre Ă©preuve (aprĂšs Sailing Arabia The Tour et le Tour Voile) du premier championnat du monde de Diam 24. Le titre sur la saison revient Ă  Oman Sail (Thierry Douillard).
  • RC44. Les MonĂ©gasques de Charisma (Nico Poons) se sont imposĂ©s sur la RC44 Cascais Cup, derniĂšre Ă©preuve de la saison du RC44 Tour, remportĂ© par les Russes de Team Nika (Vladimir Prosikhin).
  • SAINT-BARTH CATA CUP. Les Belges Patrick Demesmaeker et Olivier Gagliani (Les Perles de St Barth) ont remportĂ© pour la deuxiĂšme fois la Saint-Barth Cata Cup, Ă©preuve courue en F18
  • MATCH-RACING. Simon Bertheau est devenu champion de France Espoir de match-racing Ă  Pornichet (voir ci-dessous).
  • CLASSE A. Glenn Ashby a remportĂ© - pour la dixiĂšme fois ! - les championnats du monde de Classe A Ă  Hervey Bay, en Australie, devant Mischa Heemskerk et Peter Burling. Emmanuel DodĂ©, premier français, se classe 19e.
[C'EST MAINTENANT]
  • GOLDEN GLOBE RACE. Toujours en tĂȘte de la GGR, Jean-Luc Van den Heede est sur le point de franchir le cap Horn aprĂšs 145 jours de mer.
  • FOILS. L'Ă©dition 2018 de la Martinique Flying Regatta, dĂ©diĂ©e aux supports Ă  foils (GC32, Easy To Fly, Flying Phantom, Moth, One Fly...), se dĂ©roule jusqu'Ă  samedi Ă  Fort-de-France.
  • MATCH-RACING. Le championnat de France fĂ©minin de match-racing se dispute ce week-end Ă  Antibes.
[C'EST BIENTÔT]
  • RORC. Le dĂ©part de la RORC Transatlantic Race entre Lanzarote (Canaries) et Grenade est donnĂ© samedi.
  • STAR. Les finales de la Star Sailors League auront lieu du 4 au 8 dĂ©cembre Ă  Nassau, 50 marins y participent dont trois Français, Xavier Rohart et Pierre-Alexis Ponsot, associĂ©s, et Kevin Peponnet, qui fera Ă©quipe avec l'AmĂ©ricain Mark Strube.

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[LA PHOTO DE LA SEMAINE PAR ERIC BELLANDE ]
Il aura fallu cinq manches pour dĂ©partager les Ă©quipages de Simon Bertheau, vice-Champion de France Elite de match-racing, et d'AurĂ©lien Pierroz, Champion d'Europe Jeune de la discipline, lors du Championnat de France Espoirs qui s'est dĂ©roulĂ© le week-end dernier Ă  Pornichet. Et c'est finalement Simon Bertheau, finaliste les deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes et sociĂ©taire de l'APCC Nantes, qui dĂ©croche le titre dans ses eaux.
DĂ©part en volant

En partenariat avec  Pub Pantaenius
Pub Madintec
CE QU'IL FAUT RETENIR DE LA TROISIÈME SEMAINE DE LA ROUTE DU RHUM

Les six classes de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe ont dĂ©signĂ© leurs vainqueurs, mĂȘme s'il reste encore un grand nombre de marins en course. Tip &Shaft fait le point sur la troisiĂšme semaine de course.
 
MEILHAT À LA RÉGULIÈRE
Vendredi dernier, Tip & Shaft est sorti entre l'arrivĂ©e d'Alex Thomson et celle de Paul Meilhat ; du coup, Ă©chaudĂ©s par les rebondissements de derniĂšre minute, on n'avait Ă  peine osĂ© Ă©voquer la victoire annoncĂ©e du skipper de SMA. C'est pourtant bien lui qui remporte en Imoca cette mĂ©morable Ă©dition de la Route du Rhum, et ça fait plaisir Ă  tout le monde - ou presque. "Si l’on ne devait regarder que les performances, ce bateau lĂ  ne mĂ©riterait que la 7e ou 8e place, nous avait confiĂ© Paul Meilhat avant le dĂ©part. Mais le Rhum est une transatlantique en solitaire et c’est lĂ  que je peux faire la diffĂ©rence, mĂȘme sans foils." On ne saurait ĂȘtre plus visionnaire !
Un mantra que Christian Le Pape, directeur du PĂŽle FinistĂšre Course au large rĂ©sume Ă  sa façon : "La fiabilitĂ© et la justesse de navigation font aussi la performance. C’est une rĂ©ussite du facteur humain, c’est un retour Ă  une forme d’humilitĂ© et c’est trĂšs bien." Et le patron de Portlaf' de souligner la vitesse d'Alex Thomson, dont il juge que "sur le papier, c’est aussi celui qui avait le plus fort potentiel homme-machine" : "Il s’est montrĂ© d’une incroyable facilitĂ© au vent arriĂšre !". Avant de rappeler qu'il n'y a pas que la vitesse qui compte : "A priori quand on va plus vite, on reste au contact : c’est notre logique de gagne-petit que nous ne changerons pas. Avec sa vitesse, quand Paul et Alex se croisent dans leur sĂ©rie d’empannages, ce n’est pas 10 milles d’avance qu’Alex devrait avoir mais 50. C’est donc que la trajectoire de Paul est bonne."

Le facteur humain, c'est aussi ce qui explique la brillante sixiĂšme place de Damien Seguin pour sa premiĂšre Route du Rhum en Imoca. Le triple mĂ©daillĂ© paralympique, nĂ© sans main gauche, se classe deuxiĂšme bateau Ă  dĂ©rives droites aprĂšs Paul Meilhat, qui est allĂ© chaleureusement le fĂ©liciter. "Je ne le voyais pas forcĂ©ment Ă  ce niveau-lĂ , se rĂ©jouit Christian Le Pape. C’est un bateau [l’ancien DCNS, plan Finot-Conq de 2008, NDLR] qu’il a trĂšs peu modifiĂ©. Preuve s’il en est que le facteur humain est dĂ©terminant. On se demande toujours quelle est la part du bonhomme, quelle est la part du bateau ? Quand je vois la suprĂ©matie de Yoann Richomme en Class40, quand je sais qu’il a gagnĂ© la Solitaire du Figaro en 2016, il n’y a pas ambiguĂŻtĂ©. Comme Alex et Paul. C’est une harmonie."
 
RICHOMME ET SON LIFT, IMPÉRIAUX
Pour sa premiĂšre participation, Yoann Richomme, skipper de Veedol-AIC, aura marquĂ© cette Ă©dition 2018 de la Route du Rhum par l’ampleur de sa victoire en 16 jours 03 heures 22 minutes et 44 secondes (nouveau record). Soit prĂšs de 8 heures d'avance sur Aymeric Chappellier et presque 10 heures sur Phil Sharp, deux trĂšs gros clients. "Yoann fait clairement la diffĂ©rence au dĂ©but, il appuie tout en rĂ©ussissant Ă  prĂ©server son bateau", admire ainsi son prĂ©parateur Donatien Carme. Il fait une trace parfaite, c’est un cas d’école." "Il y a eu du trĂšs, trĂšs haut niveau et malgrĂ© tout, un niveau assez homogĂšne, car il y a eu de la bagarre, souligne Halvard Mabire, prĂ©sident de la Class40 et compĂ©titeur malheureux lors de cette Ă©dition. MĂȘme si Yoann Richomme a franchement dominĂ©, derriĂšre ça ne dormait pas".

Les performances du plan Lombard de Yoann Richomme (et de Louis Duc) ont marquĂ© les esprits, quand la rĂ©fĂ©rence Ă©tait jusqu'ici le Mach 40 de Sam Manuard. D'autant qu'il connaissait peu sa machine, ne l’ayant prise en mains qu’en juin, avant de gagner dans la foulĂ©e la Drheam Cup, fin juillet, avant de... dĂ©mĂąter. "Le bateau, nous savions qu’il marchait bien sans l’avoir Ă©prouvĂ© dans toutes les conditions. LĂ , elles Ă©taient assez exceptionnelles !" admet Donatien Carme. "La grosse inquiĂ©tude Ă©tait de savoir s’il passerait le train de dĂ©pressions du dĂ©part. Pour moi, le couple bateau-skipper Ă©tait nettement supĂ©rieur."

LE ONE-MAN SHOW D’ANTOINE
Il n’aura mis que 15 jours 01 heure 15 minutes et 5 secondes pour l'emporter dans la classe RhumMulti. A 57 ans, Pierre Antoine (Olmix) a attendu plus de 2 jours ses partenaires de podium Jean-François Lilti (Ecole diagonale pour citoyens du monde) et Etienne HochedĂ© (PIR2). GĂ©ologue de formation et skipper chevronnĂ©, Pierre Antoine, qui avait clairement affichĂ© l’ambition de briller, inscrit son nom au palmarĂšs de la Route du Rhum Ă  sa troisiĂšme tentative. "Je m’attendais Ă  plus de match avec d’autres skippers, assure son routeur, Dominic Vittet (qui avait Ă©galement conseillĂ© une dizaine de Class40 et trois Imoca).

Une bonne partie de la course s'est jouĂ©e dĂšs les premiers jours. "Il fallait ĂȘtre prĂȘt au dĂ©part Ă  faire du bĂąbord dans 45 nƓuds de vent ; Pierre l'Ă©tait lĂ  oĂč d’autres se sont arrĂȘtĂ©s, confie-t-il. Ce discours prĂ©paratoire psychologique est trĂšs important ! Il y avait une sorte de psychose au dĂ©part. Ce n’était pas insurmontable et ce discours trouvait Ă©cho chez des gens qui avaient une expĂ©rience de mer. Le dĂ©but de course a Ă©tĂ© dur mais ce n’était pas les conditions de l’édition de 2002 ou celles de 1986. Pierre avait ce mĂ©tier-lĂ ." Mais lĂ  oĂč le skipper d'Olmix a construit sa victoire, c’est "sur une petite dorsale qui s’est prĂ©sentĂ©e entre les Açores et MadĂšre. Il devait faire un peu plus d’ouest au prĂšs quand Pierre pensait dĂ©jĂ  Ă  gagner le soleil en tribord amure !" 

L’ancien CrĂȘpe Whaou, qui a remportĂ© par deux fois la Route du Rhum aux mains de Franck-Yves Escoffier, est  un bateau en bois, datant de 1991. C’est un bateau de prĂšs, assez lourd. "Il lui fallait au moins 20 nƓuds au portant pour qu’il s’exprime. Je l’ai fait descendre assez sud pour qu’il gagne en vent, comme Yoann Richomme, en  fait." A mi-parcours, les autres concurrents pointaient Ă  quelque 300 milles, dans un autre systĂšme mĂ©tĂ©o. "Il fallait qu’il bonifie sa victoire : il pointait alors en douziĂšme position sur 123 bateaux au dĂ©part ! Je lui ai donc proposĂ© comme dernier challenge de battre tous les Class40
" Mission accomplie, Pierre Antoine arrivant quelque six heures avant Yoann Richomme.

GAVIGNET, L'ADIEU AUX ARMES
Chez les RhumMono, le match n'a pas eu lieu, pliĂ© en quelques jours par un Sidney Gavignet dominateur sur CafĂ© Joyeux, l'ancien monotype de 52 pieds sur plan Finot-Conq destinĂ© Ă  un tour du monde promu par Yvan Griboval, sur lequel l'organisateur du TrophĂ©e Clairefontaine a effectuĂ© un tour du monde en solitaire en 2017. Pour autant, l'arrivĂ©e de l'ancien skipper d'Oman Sail n'a pas Ă©tĂ© exempte d'Ă©motions, car, aprĂšs trois dĂ©cennies passĂ©es Ă  arpenter les ocĂ©ans, depuis la prĂ©paration olympique jusqu'Ă  de nombreuses Volvo Ocean Race, Gavignet raccroche. Et ses mots, recueillis Ă  l'arrivĂ©e par notre consoeur du TĂ©lĂ©gramme Aline Merret, disent bien la chose : "Je pensais que j’allais chialer comme une madeleine et je ne l’ai pas fait parce que j’étais occupĂ© par le tour de la Guadeloupe. C’est un long parcours qui s’arrĂȘte (silence)
 qui coĂ»te. C’est une vie. Je n’ai fait que ça : ĂȘtre coureur professionnel. Donc on change de vie. Ce n’est pas anodin, c’est Ă©mouvant. Il faut le faire. Je suis fier de moi, de le faire. Je suis trĂšs enthousiaste pour la suite. Je suis content de finir sur une belle note. Inattendue parce qu’il y a quelques mois, ce n’était pas couru d’avance."
[MERCATO : LES MOUVEMENTS DE LA COURSE AU LARGE]

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[DÉPARTS & NOMINATIONS]
  • La FFVOILE a dĂ©voilĂ© les nommĂ©s pour le titre de Marin de l'AnnĂ©e qui sera connu le 8 dĂ©cembre au Nautic de Paris : Antoine AlbeauCharles Caudrelier et son Ă©quipage de Dongfeng Race TeamDelphine CousinFrançois GabartFrancis JoyonPaul MeilhatNicolas Parlier et le duo Kevin Peponnet/JĂ©rĂ©mie Mion. Ont Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©s les nommĂ©s pour le meilleur espoir de l'annĂ©e.
  • NOËL RACINE (Foggy Dew) s'est vu remettre le Cowland Trophy et le Stradivarius Trophy du RORC pour sa 1Ăšre place en IRC 4 et son statut de Best Overseas Yacht du championnat anglais.
  • JAPAN SAILGP TEAM, l'Ă©quipe nippone du circuit promu par Russell Coutts et Larry Ellison, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e cette semaine : elle sera emmenĂ©e par l'Australien Nathan Outteridge, avec les marins japonais Yugo YoshidaYuki Kasatani et Leo Takahashi, ainsi que les Australiens Iain Jensen et Luke Parkinson.
  • BERNARD RUBINSTEIN, ex rĂ©dacteur en chef de Voile Magazine - entre autres - a Ă©tĂ© nommĂ© chevalier de l'Ordre du mĂ©rite maritime.
  • OCEAN RESPECT RACING engagera le premier Ă©quipage professionnel entiĂšrement fĂ©minin dans la prochaine Sydney-Hobart, Ă  bord de Wild Oats X. SkippĂ© par Stacey Jackson avec Carolijn Brouwer Ă  la barre, il est soutenu par 11th Hour Racing.
  • ALAIN DAOULAS, figure du monde de la voile bretonne et co-crĂ©ateur du Grand Prix de l'Ecole Navale, a pris sa retraite de la Marine nationale.
[JOBS]
  • MULTIPLAST propose plusieurs postes : un-e responsable de projet, un-e chef-fe d’équipe, un-e peintre et 5 technicien-ne-s en matĂ©riaux composites ; postes en CDI (pour le premier) et en CDD pouvant Ă©voluer en CDI,  basĂ©s Ă  Vannes.
  • YACHTING EQUIPEMENT by Uship, shipchandler de 600 mĂštres carrĂ©s au Crouesty, renforce son Ă©quipe en recrutant un-e technicien-ne en maintenance et prĂ©paration de bateaux (voile et moteur), dotĂ© de solides connaissances en grĂ©ement, accastillage, peinture, stratification, Ă©lectronique, Ă©lectricitĂ© et confort Ă  bord ; poste en CDI.
  • GIANCARLO PEDOTE recherche un boat-captain expĂ©rimentĂ© pour son projet Imoca ; poste basĂ© Ă  Lorient Ă  pourvoir au plus vite.
  • La LIGUE DE VOILE OCCITANIE recrute un-e chargĂ©-e de dĂ©veloppement et de communication ; poste en CDI basĂ© Ă  PĂ©rols (HĂ©rault). 
  • VIRTUAL REGATTA recrute un-e Ambassadeur-rice eSailing pour le Nautic de Paris.
  • PLASTIMO recrute un-e assitant-e commercial-e ; poste en CDI basĂ© Ă  Lorient.
[STAGES] [FORMATIONS]
[ANNONCES & PARTENARIATS]
  • INTO THE WIND, le podcast de Tip & Shaft, reçoit Yves Le BlĂ©vec pour son deuxiĂšme Ă©pisode. Le premier, avec Charles Caudrelier, approche les 8 000 Ă©coutes. Into The Wind est diffusĂ© sur les principales plateformes de podcast : iTunes, SoundClound, Deezer, Spotify.
  • EFFETS MER a remportĂ© l’appel d’offre de la communication 360° du projet voile Arkea Paprec dont l'agence assurera la coordination et le dĂ©ploiement avec un collectif composĂ© de Yann Riou, Eloi Stichelbaut et Martin Viezzer pour la partie photo et vidĂ©o, de Guillaume Verdon pour le webdesign et de la sociĂ©tĂ© Addviso pour le dĂ©veloppement web.
  • SAILING ORGANISATION GUILLEMOT, la structure de Marc Guillemot, lance le Duo Mixte pour la Solitaire du Figaro : la sĂ©lection de deux jeunes de 18 Ă  30 ans (un homme et une femme) Ă  qui seront confiĂ©s les deux Figaros 3 acquis par SOG, qui les accompagnera pendant deux saisons. Le duo sera choisi le 30 novembre parmi six candidats dĂ©jĂ  retenus. Parmi les partenaires : Wellness Training et le cabinet VPLP qui a confiĂ© la gestion d'un troisiĂšme Figaro 3 Ă  SOG, qui annoncera le nom du skipper - expĂ©rimentĂ© - en dĂ©cembre.
  • L'UNCL a procĂ©dĂ© Ă  la refonte de son site internet.
  • BEPEHO, Ă©diteur de logiciels videos pour la course au large, s'associe avec Twin Solutions pour dĂ©velopper un algorithme exploitant les informations enregistrĂ©es par Bepeho pour dĂ©tecter les Ă©vĂ©nements atypiques en navigation. Les premiers rĂ©sultats de cette collaboration seront prĂ©sentĂ©s au Nautic de Paris.
  • Le J/99, le nouveau 32 pieds de la gamme Sport de J Composites et J/Boats, destinĂ© aux rĂ©gates en Ă©quipage rĂ©duit, sera prĂ©sentĂ© au Nautic de Paris.
  • NEWPORT (Etats-Unis) accueillera le Championnat du Monde des 12 mĂštres du 8 au 13 juillet 2019 ; une participation record de 24 bateaux est attendue.
  • LORIENT GRAND LARGE, organisateur de Lorient-Les Bermudes-Lorient, a annoncĂ© cette semaine le report de la course en raison d'un plateau insuffisant suite aux avaries qui ont touchĂ© les trimarans Ultim sur la Route du Rhum.
  • Le FIGARO 3 a remportĂ© le titre de Best Boat 2019 de la revue amĂ©ricaine Sail Magazine dans la catĂ©gorie Best Performance Boat over 30ft.
  • SPINLOCK a remportĂ© un DAME Award au Mets d'Amsterdam pour son capteur de voile SailSense, qui mesure l'utilisation et l'usure des voiles.
  • MUMM devient le champagne officiel de tous les Ă©vĂšnements liĂ©s Ă  la 36e Coupe de l'America.
  • SÉBASTIEN SIMON, skipper de l'Imoca Arkea-Paprec (mis Ă  l'eau cet Ă©tĂ©), a annoncĂ© son programme 2019, qui passe notamment par trois transats cet hiver sur l'ex PRB de Vincent Riou mis aux couleurs de ses sponsors.
[VENTES & ACQUISITIONS]

En partenariat avec  Pub AltaĂŻde
Pub Workshop
 [TIP & SHAFT A REPÉRÉ DERNIÈREMENT]
 
VOILES ET VOILIRES/DIDIER RAVON
H.-P. Schipman, papa du Class40 victorieux, se confie
L'architecte du Lift 40 de Yoann Richomme - vainqueur de la Route du Rhum en Class40 - membre du cabinet de Marc Lombard, dĂ©crypte le design d'une machine qui s'est avĂ©rĂ©e extrĂȘmement rapide.

OUEST-FRANCE/JACQUES GUYADER
Yoann Richomme : "Je ne me prends pas un centime de salaire..."
Le vainqueur du Rhum revient sur sa course, son bateau, sa préparation, sa performance, son budget et son avenir.

LES ÉCHOS/CHRISTOPHE PALIERSE
Voile : un nouvel Ă©lan pour la classe IMOCA
Le quotidien Ă©conomique s'intĂ©resse Ă  l'Imoca, portĂ©e par l'horizon du VendĂ©e Globe 2020 et de l’ex Volvo Ocean Race en 2021. Et rĂ©vĂšle qu'un championnat parallĂšle aux Imoca Globe Series, constituĂ© de courses en Ă©quipage, est en rĂ©flexion pour la pĂ©riode 2021-2026.
 
LE TÉLÉGRAMME/ALINE MERRET
Un café, un Rhum et l'addition
Sidney Gavignet fait ses adieux Ă  trois dĂ©cennies de carriĂšre dans la voile de compĂ©tition en remportant la Route du Rhum dans catĂ©gorie RhumMono. Non sans Ă©motions...

VOILES ET VOILIERS/CHRIUSTIAN DUMARD
Route du Rhum : la stratĂ©gie gagnante de Francis Joyon
Routeur mĂ©tĂ©o du laurĂ©at de la Route du Rhum, Christian Dumard revient sur les diffĂ©rents points-clĂ©s qui ont amenĂ© Ă  la victoire finale de Francis Joyon.  

IMOCA.ORG/OLIVIER BOURBON
Paul Meilhat refait le match des Imoca !
Le vainqueur de la Route du Rhum, qui perd son sponsor SMA, revient en longueur sur les grands faits d’une course riche en rebondissements.

LE FIGARO/GUILLAUME LOISY-MARTIN COUTURIÉ
Yann ÉliĂšs : "La gagne, c’est aussi ce qui fait vibrer les gens"
Le second de la Route du Rhum en Imoca Ă©voque sans langue de bois ce que la course a modifiĂ© dans sa façon de naviguer et sa recherche d’un nouveau partenaire.

OUEST-FRANCE/ROMAIN BÉAL [ABONNÉS]
Un Rennais champion du monde d’eSailing
Elouan Le Coq, 43 ans, est le premier champion du monde de régate inshore virtuelle, couronné lors lors de l'épreuve officielle organisée à Sarasota par World Sailing.

YACHTRACING.LIFE/JUSTIN CHISHOLM
Rumoured around the world race teams
Qui participera Ă  l’ex Volvo Ocean Race, qui doit se courir en 2021 sur des Imoca ? Les rumeurs vont bon train alors que les engagements dĂ©marrent officiellement le 11 dĂ©cembre prochain. Petit tour d’horizon.

SAIL-WORLD/RICHARD GLADWELL
2024 Olympic Events selection – Vote and Hope ?
Comment, de mai Ă  novembre de cette annĂ©e, la fĂ©dĂ©ration internationale de voile a revu sa copie et dĂ©cidĂ© de faire entrer la course au large en double mixte aux Jeux olympiques de 2024. Une enquĂȘte fouillĂ©e d'un des meilleurs connaisseurs de Wolrd Sailing.

SAIL-WORLD/MARK JARDINE
The Logistics Genie : we speak to JT of GAC Pindar
Jeremy Troughton, manager gĂ©nĂ©ral de la sociĂ©tĂ© de transport international de marchandises, revient sur le dĂ©fi logistique que reprĂ©sente une Volvo Ocean Race.

SAILING WORLD/BOB FISHER
Think tanks of the America's Cup
Les trois challengers pour la prochaine Coupe de l'America dĂ©veloppent trois stratĂ©gies diffĂ©rentes pour leurs campagnes de prĂ©paration, tandis que le defender kiwi ne construira pas de bateau-test, comme lors de la prĂ©cĂ©dente Ă©dition, ainsi que l'explique Dan Bernasconi au New Zealand Herald.

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Editeur : Pierre-Yves Lautrou - RĂ©dacteur en chef : Axel Capron

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