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                  Cyberlettre NéoDev #7 - novembre 2017

Synthèse de l'actu Business RSE

Bienvenue dans la lettre #7.
Entreprise d'origine protestante & Capitalisme 2/3

Après une brève histoire des apports du protestantisme au capitalisme -valeur rédemptrice prêtée au travail et révélée par la valeur de la monnaie, utilité sociale du profit- et annoncé sa perte d'influence pour des raisons démographiques, voici trois cas d'entreprises bien (ou mois bien)  connues d'origine protestante . Ces cas ne révèlent pas a priori de différence notable dans l'approche des affaires par rapport à d'autres entreprises parfois plus en pointe qu'elles sur la responsabilité sociétale dans leur secteur. Elles ont pourtant un point commun : elles communiquent peu.
Ce chapître ouvrira la voie à un  troisième volet qui tentera d'éclairer les approches entre protestantisme, catholicisme et Responsabilité Sociale.
1/ JP Morgan: naissance du capitalisme WASP

On relève souvent les origines juives de Goldman Sachs, moins souvent celles, protestantes, de son grand rival JP Morgan.
Fondé par le « père » du capitalisme américain, John Pierpont Morgan, un descendant d'immigrés gallois, celui-ci est pourtant l'incarnation même de la culture Wasp (« White Anglo-Saxon Protestant »). Si toutes les banques de Wall Street revendiquent aujourd'hui un brassage cosmopolite, les origines religieuses de leurs fondateurs sont encore parfois mises en avant pour les différencier : JP Morgan et Morgan Stanley (issu d'une scission de jp Morgan en 1935) sont identifiées historiquement comme des banques protestantes, Merrill Lynch comme une maison aux origines catholiques et Goldman Sachs et Lehman Brothers comme des banques juives. Une distinction héritée de la ségrégation pratiquée à l'encontre des juifs et des catholiques, longtemps exclus de certains pans de la finance et de l'industrie.
Présente en France, JP Morgan Asset Management propose notamment le fonds ISR Global Socially Responsible Fund, fonds actions de droit luxembourgeois...libellé en $.  Signataire des Principes pour l'Investissement Responsable (PRI) et du Carbon Disclosure Project (CDP), elle se retire du charbon.Sur son site internet, aucun élément n'est présenté concernant l'exercice du vote en assemblée générale. Il n'est pas non plus fait mention de dialogue avec les entreprises autour d'enjeux ESG.
2/ Hermès: liberté de création, responsabilité individuelle

Le sellier, dont les origines remontent à 1837, n'a jamais créé de service Marketing. Une absence inhabituelle dans le luxe, où il est généralement le coeur de la machine. Axel Dumas, son gérant issu de la sixième génération familiale, voit dans cette spécificité un héritage de la culture protestante du groupe. Au lieu de répondre « aux envies de ses clients », Hermès encourage « la liberté de création » de ses équipes.

Ce qui donne lieu à une offre foisonnante, avec plus de 50.000 références. Des produits fabriqués par des artisans (46 % de l'effectif), chacun responsable de l'objet créé. Chaque sac est signé, ce qui est un moyen de valoriser le travail individuel.  La culture de la simplicité est un autre indice. La mode chez Hermès ne tolère ni logo ni motifs extravagants. « C'est l'idée que de la fonctionnalité naît une esthétique », selon Axel Dumas.
L'entreprise communique ses données environnementales dans son dernier rapport publié (2015) et illustre ses impacts par métiers à travers les sujets "eau" "climat" "sols" "énergie" et "matières premières": Hermes réutilise les chutes de cuir ou de soie de ses créations pour fabriquer de petits accessoires comme des porte-clés et en cinq ans, Hermes a diminué de 37 % la consommation d’eau nécessaire à la teinte de ses foulards.
Cependant on est encore loin du rapport intégré qui traduirait en enjeux stratégiques les sujets de l'accès aux matières premières et de l'ancrage local (l'accès aux savoir faire ancestraux).
A suivre !

3/ Schlumberger : priorité au travail et à l'épargne
 

Originaires de Guebwiller, en Alsace, les Schlumberger, alors tanneurs (décidément !), se sont convertis au protestantisme dès le XVIe siècle. La famille fait d'abord fortune au début du XIXe siècle avec ses filatures de coton. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Conrad et Marcel, deux frères, tous deux ingénieurs, fondent une petite société spécialisée dans les mesures du sous-sol. Cette initiative assure la prospérité de leur entreprise dans les décennies suivantes avec l'avènement de l'exploration pétrolière. L'entreprise Schlumberger déménage au Texas, en 1940, pour échapper à l'occupation allemande. C'est aujourd'hui un géant des services parapétroliers.

« En bons protestants, et contrairement aux pratiques en usage dans la grande aristocratie, les Schlumberger n'investissent guère dans les mondanités ou les signes extérieurs de richesse, se contentant d'un train de vie plutôt modeste », écrit  l'historien d'entreprises Tristan Gaston-Breton . La priorité est donnée « au travail et à l'épargne ». La fortune foncière est délaissée : « L'argent gagné dans l'industrie retourne à l'industrie. »

L'entreprise ne communique pas sur sa politique CSR dans son rapport 2016, mais Jean-Pascal Arnaud, un de ses anciens collaborateurs RH a contribué à une étude pour les Echos sur le thème "Piloter une stratégie RH au service de l'entreprise responsable".

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