Au moment de lancer ce premier special en anglais de Gad Elmaleh pour Netflix, autant dire qu’on n’était pas forcément très enthousiaste. Reprenant pas mal du matériau de base pas top de Gad part en live, sorti sur la même plateforme mais en VF l’an dernier, American Dream est l’occasion de voir Elmaleh se frotter enfin complètement au stand-up traditionnel, à l’américaine, son ambition autoproclamée ces dernières années.
Au départ, on est plutôt agréablement surpris : le passage à la langue anglaise a épuré un peu son style. Les amateurs de stand-up US étant plus réceptifs à des vannes bien construites qu’à des gesticulations burlesques, soit le principal fond de commerce d'Elmaleh, l’humoriste a dû bosser ses punchlines. Son comique d’observation, qui rappelle forcément Seinfeld, se concentre pendant la première demi-heure sur le décalage culturel entre France et USA.
Règles grammaticales, accent tonique, vision idyllique de Paris par les Américains : certaines vannes font tout de même mouche. C’est la partie la plus American Dream du show : la fameuse histoire du gars qui est arrivé aux USA avec un dollar en poche et qui a fait fortune. “Moi je suis arrivé ici avec une fortune!", lance le comique avec un air volontairement niais. "Si je me plante, je retourne à Paris avec un dollar en poche.”
On attend la suite, en se disant que cette évolution vers un stand-up plus traditionnel va enfin nous révéler des pensées intimes, une vision, quelque chose. On restera sur notre faim : ses expériences de dating ou ses observations sur les hipsters restent basiques et d’une autodérision plutôt sage. Surtout, l’accumulation de grimaces et de gesticulations ponctuant les vannes nous a rappelé au bon souvenir de Courtemanche, alors que cet atout pourrait rafraîchir l’exercice s’il était utilisé moins lourdement. Bref, on en reste au showman venu divertir l'assemblée, et on n’en saura pas vraiment plus sur qui est Gad Elmaleh : on espère que ce sera pour la prochaine fois.
A voir aussi : à l’aise chez Conan, où il s’amuse de son mauvais anglais en chantant en yaourt.
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