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4 avril 2018

ALCOOL

Troubles de la consommation d’alcool et démence précoce en France

 
Une étude de cohorte rétrospective parue dans le Lancet met en évidence l’impact des troubles de la consommation d’alcool sur la survenue des démences en France à partir des données d’admission à l’hôpital, entre 2008 et 2013. Parmi les 31 624 156 adultes de retour à leur domicile entre 2008 and 2013, 1 109 343 avaient reçu un diagnostic de démence. Parmi les 57 353 (5,2%) cas de démence précoce, la plupart était corrélée  à des troubles liés à la consommation d’alcool par définition (alcohol-related by definition)  (22 338 [38,9%]) ou diagnostiquée au même moment comme des cas de démence concomitants chez des patients présentant des troubles liés à la consommation d’alcool (10 115 [17,6%]). Les troubles liés à l’usage d’alcool constituaient le plus puissant facteur de risque modifiable dans la survenue d’une démence précoce  avec un risque relatif ajusté de 3,34 (95% IC 3,28–3,41) pour les femmes et de 3,36 (3,31–3,41) pour les hommes. Ces résultats justifient selon les auteurs la systématisation, en routine, du repérage des consommations d’alcool à risque en population générale, associé à une prise en charge, le cas échéant.

 
Source : Michaël Schwarzinger, Bruce G Pollock, Omer S M Hasan, Carole Dufouil , Prof Jürgen Rehm, QalyDays Study Group
, "Contribution of alcohol use disorders to the burden of dementia in France 2008–13: a nationwide retrospective cohort study"
 

Alcool, vieillissement et intégrité cérébrale


Une étude longitudinale a évalué les données d’imagerie cérébrale (826 images analysées) d’une population de 222 individus présentant une dépendance à l’alcool et de 199 individus contrôle sur une période de 14 ans. Quelles sont les caractéristiques de la perte de volume cortical associée à l’alcoolo-dépendance ? S’agit-il d’un phénomène qui tend à s’accentuer avec le vieillissement ? Les comorbidités liées au VHC ou la dépendance aux autres drogues qui entrent dans l’étiologie de l’atrophie corticale, en expliquent-elles à elles-seules l’accélération ? D’après les données recueillies dans cette étude, s’il s’agit bien de facteurs de risque avérés, le VHC et la dépendance aux autres drogues n’expliquent pas à eux seuls la perte de volume cortical, notamment au niveau du lobe frontal. L’atrophie corticale serait liée ici aux effets cumulés de l’âge et de la dépendance à l’alcool. Une dépendance à l’alcool, même tardive, constituerait ainsi un facteur de risque d’atrophie corticale chez la personne vieillissante.

Source : JAMA Psychiatry, doi:10.1001/jamapsychiatry.2018.0021, 14 mars 2018, ″The role of aging, drug dependence, and hepatitis C comorbidity in alcoholism cortical compromise″

Lire également une étude sur le risque de surmortalité observé chez les usagers de drogues vieillissant sous méthadone. Déjà observé en Ecosse, ce risque  accru de mortalité très significatif au-delà de 45 ans, corrélé au vieillissement, doit inciter au renforcement du suivi des patients, avec des EEG réguliers, le port d’un kit de naloxone et une sensibilisation de leur entourage à l’éventualité d’une overdose.  
International journal of drug policy , "Ageing opioid users’ increased risk of methadone-specific death in the UK", Matthias Pierce, Tim Millar, J. Roy Robertson, Sheila M. Bird


 

Rendre le RPIB systématique dans les services d’urgence réduit significativement les symptômes de sevrage

Repérer de façon systématique les modes de consommation d’alcool des personnes admises aux urgences et sensibiliser les équipes à l’éventualité qu’elles présentent une dépendance à l’alcool, optimise sensiblement le diagnostic et la prise en charge des symptômes de sevrage alcoolique type pré-délirium tremens (anxiété, agitation, tremblements…).
Une expérimentation menée en Australie, en deux temps, pré et post-intervention, a permis en effet de constater qu’un dispositif de repérage associé à des comportements de suivi adaptés permet une prise en charge significativement optimisée (X²= 17,9 ; P<0,01), des comportements à risques liés à l’alcool et des consommations d’alcool mieux documentés (X² = 13,9 ; P<0,01) et une réduction significative des symptômes de sevrage (X² = 6,56 ; P=0,01)

Source : Emergency medicine Australasia, 12 mars 2018, "Routine screening and related interventions significantly improve the effectiveness of emergency department detection and management of alcohol withdrawal syndrome."

OPIOIDES

« I am an addict and spite of being on Suboxone and in therapy, every day ain’t a good day for me »


Le journal en ligne de la radio NPR livre un témoignage bouleversant sur la crise sanitaire américaine liée aux overdoses d’opioïdes au sein des communautés noires américaines surexposées au fentanyl et au carfentanyl. En effet, ce ne sont pas les antalgiques opioïdes sur prescription qui sont en cause ici. Le mythe (infondé) selon lequel les noirs américains présenteraient une meilleure tolérance à la douleur les a « protégés » de ce facteur de risque. NPR donne la parole au responsable de la clinique méthadone du district de Washington. 40 ans de pratique de la médecine, 12 ans au sein de cette clinique et toujours le même défi, quotidien, de rappeler que la dépendance est une maladie chronique et non une faute morale, de défendre une prise en charge de la santé globale des patients dépendants et pas seulement de leurs comportement addictifs, de mettre en évidence les effets de la prison sur les addictions et la façon dont elle les entretient. A 71 ans, il ne peut imaginer se retirer, tant l’épidémie s’installe et s’intensifie. Entre 2014 et 2017, le taux d’overdose parmi les hommes noirs de 40 à 69 ans, habitant à Washington DC, a augmenté de 245 %.

Source : NPR, "The opioid crisis is surging in black, urban communities", 8 mars 2018

A lire également, un article sur le mésusage et le trafic de Tramadol en Afrique. Une situation complexe puisque le Tramadol constitue un antalgique non réglementé à l’international et donc plus accessible pour les pays en en développement, notamment, accessibilité que pourrait compromettre sa régulation.
Quartz Media, 16 mars 2018, ″There’s an opioid abuse problem unfolding in African cities and it’s not getting the attention it needs″

VU D'AILLEURS

Un statut paradoxal pour le cannabis aux Pays-Bas

Que la culture de cannabis soit interdite au-delà de 5 pieds n’est pas un moindre paradoxe aux Pays-Bas. Les coffee shops sont ainsi autorisés à vendre légalement de petites quantités de cannabis aux usagers de plus de 18 ans mais n’ont d’autre choix que de s’approvisionner auprès du marché noir. Le New York Times évoque les mesures annoncées par le gouvernement hollandais pour lever ce paradoxe, dont un programme pilote d’évaluation des effets de la légalisation, de la standardisation, et de la taxation des exploitations de cannabis aujourd’hui illégales et traquées comme telles. Tandis que ce paradoxe législatif et ses incohérences tendent à alimenter le trafic de cannabis, ce programme dont les termes seront votés l’été prochain devrait autoriser 6 à 10 villes à produire et à vendre légalement du cannabis.
 
Sources : ″Solving the dutch pot paradox: legal to buy, but not to grow″, The New York Times, 25 mars 2018

Découvrir également, un article paru dans The Economist qui attire l’attention sur la régulation du cannabis médical en Grande-Bretagne, pourtant grande exportatrice de cannabis thérapeutique. En effet, le dispositif législatif actuel est si peu incitatif selon les laboratoires pharmaceutiques qu’ils y voient plus d’obstacles que d’opportunités d’investissement tandis que la demande des patients va grandissante.
The Economist "Britain’s stringent rules on medical cannabis harm patients", 17 mars 2018

 


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