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Chers collègues,

La fin de l’année académique approche à grands pas et voici déjà le moment de vous envoyer la dernière newsletter Cité avant la rentrée. Une rentrée qui s’annonce sous les meilleurs auspices pour Cité puisque nous accueillerons un(e) logisticien(ne) de recherche Cité dès le 1er septembre. Le nom du ou de la candidat(e) retenu(e) sera annoncé à la fin de ce mois. 

Au menu de ce numéro, une interview de notre collègue Marco Rocca autour d’une question qui peut sembler basique : « Qu’est-ce que l’uberisation ? ». En réalité, il suffit de creuser pour se rendre compte que la problématique a des ramifications multiples et couvre des réalités bien plus vastes que ce que laissent généralement entendre les médias. 

Je vous souhaite une bonne lecture de ce numéro et vous donne rendez-vous à la rentrée !

Pierre Delvenne, directeur Cité.

Règlement général sur la protection des données

 
Vous n’êtes pas sans savoir qu’une nouvelle réglementation européenne en matière de protection des données personnelles (RGPD) est entrée en vigueur ce 25 mai 2018. 

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Uberisation : retour vers le futur ?


Les médias l’évoquent à tout bout de champ. Il s’invite dans les débats, les séminaires d’entreprise, les manifestations…

Le terme « uberisation » est accommodé à toutes les sauces. Mais quelle réalité couvre-t-il vraiment ? Tentative de réponse avec Marco Rocca, chargé de cours à l’Uliège et membre de l’Unité de Recherche Cité.  

Lire l’interview ci-dessous

Agenda Cité

Des événements à communiquer dans l’Agenda Cité ? Envoyez un e-mail à directeur.cite@uliege.be
 
  • La Commission européenne a publié le 17 avril dernier sa proposition en matière de « e-evidence », une proposition fort attendue qui touche à la cybercriminalité sans y être limité. Dans ce cadre, notre collègue Vanessa Franssen participe notamment à des tables rondes au Parlement européen. La prochaine aura lieu le 6 juin à Bruxelles. Nous ne manquerons pas de vous en reparler. 

     
  • Nous vous l’annoncions dans notre précédente newsletter, Sheila Jasanoff, lauréate des insignes de Docteur Honoris Causa de notre Faculté, sera à Liège du 5 au 9 octobre prochain. Elle vient d’ailleurs d'être distinguée par le prestigieux Social Science Research Council, qui lui a remis le Albert O. Hirschmann Prize, sa plus haute distinction.
Newsletter éditée par l’Unité de Recherche Cité de l’ULiège. Éditeur responsable : Pierre Delvenne.

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Uberisation : retour vers le futur ?


Les médias l’évoquent à tout bout de champ. Il s’invite dans les débats, les séminaires d’entreprise, les manifestations… Le terme « uberisation » est accommodé à toutes les sauces. Mais quelle réalité couvre-t-il vraiment ? Tentative de réponse avec Marco Rocca, chargé de cours à l’Uliège et membre de l’Unité de Recherche Cité.  
Les partisans de l’« uberisation » considèrent volontiers ce phénomène comme un pas en avant vers le monde du travail de demain... Un monde où chacun serait libre de décider où et quand travailler. Un monde où les entreprises se distingueraient par leur capacité à innover et se transformer, en s’appuyant sur les nouvelles technologies. 

Pourtant, quand on gratte un peu et que l’on examine le phénomène sous l’angle du droit du travail, difficile de ne pas voir dans l’uberisation un retour en arrière, plutôt qu’un bond en avant. C’est en tout cas l’avis de Marco Rocca, chargé de cours à l’Uliège, spécialiste du droit du travail et membre de l’Unité de Recherche Cité.

Nous lui avons posé quelques questions sur sa perception de l’uberisation.
La plupart des définitions du terme « uberisation » évoquent l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs qui exploitent les nouvelles technologies et perturbent l’équilibre existant. Cette définition est-elle pertinente à vos yeux ?

Même si cette définition est celle qui est le plus souvent médiatisée, je ne la trouve pas forcément pertinente. De tout temps, les nouvelles technologies ont déplacé les anciennes. C’est le propre de l’économie capitaliste.

Dans une perspective de droit du travail, ce qui fait la particularité de l’uberisation, c’est plutôt la manière dont elle transforme les relations de travail et permet la subdivision de tâches en micro-tâches qui peuvent être achetées et vendues au travers de plateformes. 

Quelles sont les conséquences de cette transformation des relations de travail ?

Elles sont multiples ! La question se pose tout d’abord au niveau du statut des travailleurs de plateformes : ces derniers semblent parfois tomber dans une zone grise entre travailleur salarié et travailleur indépendant. Or, au niveau belge en tout cas, le droit du travail est basé sur cette dichotomie. Pour simplifier, il y a d’un côté les travailleurs subordonnés à un employeur – les employés – et de l’autre les travailleurs qui gèrent leur travail en toute autonomie – les indépendants.

Les plateformes voudraient faire passer leurs travailleurs pour des indépendants. Leur argument, c’est que ces derniers décident de se rendre disponibles en se connectant à leur plateforme. Mais on le voit avec Uber : une fois la mission acceptée, le chauffeur doit se plier à une série de règles et ses moindres mouvements sont contrôlés. On ne peut pas dire qu’il soit autonome ! Où classer ces travailleurs qui ne se retrouvent dans aucune case ? Le débat fait rage ! Créer une troisième boîte est une option défendue par certains mais elle signerait probablement un recul des droits du travail acquis pour les travailleurs…
Et l’uberisation ne touche pas seulement cet aspect du droit…

En effet ! Des questions se posent également à d’autres niveaux : la protection de la vie privée et des données personnelles, les chauffeurs Uber et livreurs Deliveroo étant systématiquement suivis, la sécurité sociale, les aspects fiscaux…

Pour certains, cette évolution du travail va de pair avec l’émergence de l’économie collaborative, d’une autre façon d’envisager le travail…

Dans le cas d’Uber, il est difficile de voir une quelconque « collaboration ». Uber est une entreprise qui survit grâce à des injections énormes de capital d’investissement. Ici, l’idée n’est clairement pas de partager un trajet mais de vendre des services pour en tirer un profit. Même chose pour Deliveroo, Uber Eats et consorts… Ce n’est pas négatif en soi mais il faut être clairvoyant face à ces nouveaux acteurs et ce qu’ils sont.

L’uberisation est-elle l’avenir du travail ?

Je fais partie de la jeune génération de juristes et de chercheurs. Je pense que nous avons tendance à approcher ces plateformes dans une vision d’avenir. 

Pourtant, si on les approche en tenant compte d’une perspective historique, cela ressemble plutôt à un retour un arrière. Le droit du travail a émergé d’une situation où tout le monde était indépendant : les travailleurs se rendaient quotidiennement sur « la Place de Grève », cette place où les patrons venaient recruter la main d’œuvre à la journée.

Sous le couvert des innovations technologiques, l’uberisation n’est pas si différente de cette situation historique. Et on constate un vrai récul au niveau de la relation de travail qu’entretiennent ces plateformes avec leurs travailleurs.

Le pourcentage de travailleurs qui décident de travailler via ces plateformes est finalement très faible (1% de la population active). Pourquoi une telle attention ? N’en fait-on pas trop ?

 
Je ne le pense pas. De par sa puissance médiatique, ce phénomène d’uberisation impacte d’ores et déjà les relations de travail à l’échelle globale. Ainsi, le système d’évaluation cher aux plateformes commence à se répandre dans d’autres entreprises : la chaîne El Corte Inglès a récemment introduit un système d’évaluation de ses caissières. Les clients peuvent évaluer leur interaction à l’aide de smileys. 

Et ce spillover, cet effet de propagation, pourrait se poursuivre. Qui sait, un jour, je serai peut-être amené à me rendre sur une plateforme qui mettra en relation université et chargés de cours. Mes étudiants m’attribueront des étoiles qui influeront sur mes opportunités de missions… Ce n’est pas impossible vu l’évolution actuelle des choses. 
Pour aller plus loin

Aloisi, De Stefano, Silberman, A Manifesto to Reform the Gig Economy, http://www.pagina99.it/2017/05/29/a-manifesto-to-reform-the-gig-economy/ 

Casilli, Le travail et le paradigme des plateformes numériques : entre intelligence collective et digital labor, http://www.obsdesrse.com/articles/le-travail-et-le-paradigme-des-plateformes-numeriques-entre-intelligence-collective-et-digital-labor-antonio-a-casilli-4680/

De Stefano, “Negotiating the algorithm”: Technology, digital(-ized) work, and labour protection ‘reloaded’, http://regulatingforglobalization.com/2017/12/07/negotiating-algorithm-technology-digital-ized-work-labour-protection-reloaded/

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