L'affaire Rozon:
Pourquoi l'autorisation de la poursuite collective est un « moment historique »
C'est le 22 mai dernier que nous apprenions que le recours collectif contre Gilbert Rozon avait été autorisé par le juge Donald Bisson. Le groupe de femmes intentant une poursuite contre Rozon est composé entre autre de l'actrice Patricia Tulasne, de la réalisatrice Lyne Charlebois et de l'animatrice Pénélope McQuade.
Le recours collectif attire beaucoup l'attention. Outre le fait que ce dossier concerne plusieurs personnalités publiques, «Les Courageuses» réalisent une première au Québec en intentant un recours collectif envers un individu, en lien avec des agressions sexuelles.
«La beauté d’un recours collectif, c’est de permettre à toutes ces victimes, qui n’auraient pas la possibilité d’aller en justice parce qu’elles étaient toutes seules, d’aller faire valoir leur cause», évoque Mme Tulasne.
Toutefois, il est important de mentionner qu'un tel recours pourrait avoir comme conséquence qu'une plainte au criminel pourrait être rejetée. Puisque les femmes du collectif se sont parlées entre elles de leurs agressions, il est probable que le cause ne soit pas retenue car la preuve aurait été contaminée. De plus, un verdict de culpabilité au civil ne donne aucun dossier criminel et aucune condamnation pénale. Dans l'optique que Rozon serait déclaré coupable, la seule conséquence qu'il aura suite à ce recours est de devoir verser un montant d'argent aux victimes.
Devant les nombreux dévoilements que l'automne 2017 a vu déferler avec le mouvement #MoiAussi, le recours collectif contre Rozon vient confirmer que les victimes n'ont pas dit leur dernier mot. Nous souhaitons que cette histoire donne espoir aux victimes d'agressions sexuelles et qu'elles continueront de briser le silence. Si vous souhaitez porter plainte contre votre agresseur, sachez que les CALACS peuvent vous accompagner dans cette démarche et vous informer sur vos droits et recours. Parfois, être accompagné dans une telle démarche facilite l'épreuve et aide à prendre des décisions justes et éclairées.
La problématique des agressions sexuelles provient de la discrimination et de la violence faite aux femmes – expression et manifestation des inégalités de pouvoir entre les hommes et les femmes et de l’oppression faite aux femmes. Un agresseur recherche une personne vulnérable afin d'en faire sa victime. Les cas de Rozon, Aubut, Weinstein, Cloutier et Cosby sont quelques exemples d'hommes au pouvoir faisant des dizaines de victimes. Parce que les agressions sexuelles, c'est une question de pouvoir. Pas de sexualité.
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