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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 19 juillet 2020 -
L'ÉDITO D'ERNEST 

Essentiel été


Durant le confinement, le chef des armées nous avait appelés à nous recentrer sur l'essentiel. A faire abstraction de l'inutile pour revenir au fondamental. Nombre de Français, s'ils avaient été séduits par l'idée n'avaient pas pu suivre le conseil présidentiel. Ecole à la maison, télétravail, peur du lendemain... Forcément, cela n'est pas toujours propice à la glorification de l'essentiel.
Qu'à ce que cela ne tienne. L'été est là, et les vacances avec lui. Réinventons-les cette année. Réinventons-les en suivant peut-être cette injonction à l'essentiel. En oubliant de nous demander si le plat que nous mangerons dans cette sublime chambre d'hôte est instagrammable, en oubliant de se mettre en scène, en jugeant inutiles nos futiles plaisirs quotidiens. Jouons à l'essentiel cet été. Soyons comme ces enfants qui s’émerveillent d'une glace italienne à la vanille et à la fraise. Revenons à l'essence de l'été. Cet essence imaginée par les idéalistes du Front populaire qui en 1936 nous ont donné les premiers congés payés pour justement que nous puissions nous ressourcer.
Cet été soyons les ministres de notre temps libre. Envoyons paître les injonctions, les sollicitations non souhaitées, les contraintes imposées mais inutiles.
"O Paresse, mère des arts et des nobles vertus, sois le baume des angoisses humaines ", écrivait Paul Lafargue dans son "Droit à la paresse". Oui, cet été, peut-être plus que jamais, puisque nous avons été confinés et sollicités, nous avons le droit à cette paresse "baume de nos angoisses". Avec elle, avec le vide qu'elle engendre, nous serons les créateurs de nouveau.
Certainement qu'une fois encore cet été nous pourrions lire ou relire le sublime "l'été" d'Albert Camus. Toujours lui. Dans son court livre « l’été », il éctit des mots d’une justesse rare. Il invite à la rêverie douce, aux flâneries entre les vieilles pierres sèches de la ville d’Oran.



Ce livre est une invitation au bonheur. La chaleur brûlante du soleil, les odeurs du Sud, la réflexion d’un homme qui baguenaude en bord de mer, absorbé par ses pensées, sont des thèmes récurrents chez l’auteur.
Plus qu’il ne se lit, ce livre se déguste. Certains d’entre nous prennent une semaine de vacances pour marcher dans le désert et dans le silence en quête de rédemption ou d’eux-mêmes et en reviennent transformés. L’été de Camus est une approche initiatique qui préfigure ce que la solitude peut apporter à l’être humain, même si ce n’est pas une règle de vie quotidienne. Ce livre nous plonge dans une profonde réflexion très agréable et nous transporte dans le pourtour méditerranéen. Le soleil, la lumière, la vie, les vielles pierres, la mer… Il s’agit ici de se laisser donc transporter. Et emmagasiner en été la lumière dont nous aurons besoin l’hiver. Lumière réelle et lumière symbolique, évidemment.
A l'aube de cette année 2020 nous la souhaitions camusienne. Les circonstances furent particulière. Gageons que l'été lui sera d'une paresse créatrice.

Créateur Ernest, l'est. Cette semaine, retrouvez la "valise idéale des chroniqueurs/euses d'Ernest dès mardi, une chronique BD et littérature sur les passerelles entre les deux arts vendredi avec - cerise sur le gâteau - la chronique estivale de Jérémie Peltier. Cela nous accompagnera jusqu'à dimanche 26 juillet. Ernest prendra alors ces quartiers d'été. Avec des surprises. RESTEZ CONNECTE(E)S cette semaine !



Bon dimanche,

LE POÈME


J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq. A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi.


Arthur Rimbaud, Aube dans Illuminations

"LA LITTÉRATURE EST L'ART NUMÉRO 1"


Dans l'entretien qu'elle nous avait accordé, Eva Bester nous parlait du rapport entre l'été et les livres. Elle nous racontait aussi comment Flaubert pouvait nous consoler.

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CHALEUR ESTIVALE BIS
 

AVEC LE BON LIEN CETTE SEMAINE !
Virginie Bégaudeau a décidé de pimenter fortement votre été avec des conseils de littérature sensuelle. Ces choix sont brûlants et intenses. Et si on testait la littérature coquine cet été ?

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