Depuis 2005, le 17 mai, c'est la Journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOT) : une occasion, pour nos luttes, de se faire une place sur le devant de la scène médiatique ! Contrairement aux éditions précédentes, faute de pouvoir nous rassembler, nous nous résignons à commémorer l’IDAHOT derrière nos écrans grâce, notamment, au travail des associations.

Alors que la vie reprend peu à peu, et que nous réalisons l’ampleur des coûts humains et des répercussions économiques du Covid-19, la pandémie a plus que tout révélé, creusé aussi, les disparités sociales partout dans le monde. Vulnérables, les minorités sont comme toujours les premières affectées. 

Inégalités, persécutions, discriminations…D’un continent à l’autre, la menace pèse double sur la communauté LGBTI. Une situation alarmante que beaucoup de médias à l’étranger ont relayée ; pour cela, l’AJL salue leurs efforts. 

En ce jour emblématique, notre newsletter s’est voulue internationale et solidaire. Prenons quelques minutes pour promener notre regard par-delà nos frontières : 

À Séoul, la presse blâme un jeune homme gay pour la hausse soudaine du nombre d’infections de Covid-19. En réaction, une “forte vague d’homophobie” se répand dans la société sud-coréenne. Pendant ce temps-là, en Inde, l’annonce subite du confinement a privé les hijra, communauté trans et intersexe, de leurs sources de revenus. En Colombie, au Panama et au Pérou, les mesures prises pour limiter la circulation des piétons exposent les personnes trans au harcèlement. Aux États-Unis, les trans peinent à trouver du travail ou à garder leurs jobs et passent au second-plan dans les hôpitaux.

Ce n’est pas tout.
Au Royaume-Uni, des ados et des parents vivent un calvaire confiné•e•s avec leurs proches LGBTIphobes. En Italie, une campagne de désinformation a pris par tempête les réseaux sociaux, prétendant qu’une fête gay locale aurait précipité la propagation du Covid-19. Une fake news démentie par l’AFP Fact Check : le post viral représente, en réalité, un carnaval qui a eu lieu en 2018 au Brésil. De son côté, le Parlement hongrois profite de la crise pour examiner un projet de loi qui mettrait fin à la reconnaissance des personnes trans. Et l’oppression s’exacerbe en Turquie suite à un sermon de la Présidence des affaires religieuses qui impute la maladie infectieuse à l’homosexualité. 

Les LGBTIphobes n’ont cependant pas attendu le coronavirus pour sévir en tout temps et tout lieu. Tandis qu’au Kenya, 300 réfugié•e•s sont victimes de violences homophobes et transphobes, en Russie le danger guette même dans les petits villages reculés. Au Maghreb aussi, comme au Maroc, où une cyber-campagne de haine a été menée à l’encontre des homosexuels. Ou au Moyen-Orient, tel qu’au Liban, où les LGBTI dénoncent dans la rue la corruption de l’État et les LGBTIphobies (en arabe ici et en anglais là). En France, évidemment, tout n'est pas rose non plus : à cause, entre autre, d'une hausse des LGBTIphobies et d'un manque de volonté politique (refus d'interdire les mutilations génitales sur les personnes intersexes ou encore d'ouvrir le droit à la PMA pour les personnes trans, par exemple), l'Hexagone dégringole à la 13ème place du classement des pays européens les plus favorables aux personnes LGBTI publié annuellement par l'ONG ILGA-Europe.

En dépit de tout cela, nous avons remporté quelques victoires. Comme au Brésil, où le don du sang par les hommes gays et bisexuels est désormais légal (en anglais et en espagnol), la loi anti-homophobie approuvée en Suisse ou, encore, l’interdiction des thérapies de conversion pour les mineur•e•s en Allemagne. 
 

Dans un futur proche, nous célébrerons notre fierté dans l'espace public, même si c'est à bonne distance. Et, quoiqu'il arrive, nous trouverons toujours le moyen de nous serrer les coudes !
 

Gaydar. NEON décortique les facettes homophobes, binaires et normatives du gaydar, cette façon d'essayer de deviner l'orientation sexuelle de quelqu'un en se basant sur son apparence. On regrette qu’aucune femme n'ait été interrogée.

Retour à Dammarie. Sexisme, grossophobie ou encore homophobie décomplexée... Elle a regardé les premiers primes de la Star Ac', diffusés il y a 19 ans et dressé ce constat : c’était problématique !

Tribune. Le Monde publie une tribune de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) qui demande davantage de mesures de protection des LGBTI pendant et après le confinement.

Chemsex. En interrogeant à la fois des professionnel•le•s de santé, des associations et des personnes concernées, Komitid met en lumière, de façon nuancée et sans jugement, les problématiques liées au chemsex en période de confinement.

Tespassolo. Têtu donne la parole au créateur d’un compte Instagram lancé début avril, en plein confinement. Le but : créer un espace de parole pour les jeunes LGBTI isolé•e•s.

Genre, identité, ça veut dire quoi ? Grâce à des témoignages ainsi qu’à des interviews, un glossaire et une petite bibliographie, le numéro 452 du Monde des ados propose un dossier assez complet et pédagogique sur les questions de genre et de sexualité. Cependant, l’utilisation de l’expression “changer de sexe” est à proscrire. 

Documenter nos luttes. Historien des émeutes de Stonewall, David Carter est décédé au début du mois de mai. Komitid retrace les grandes lignes de sa carrière.

Banalisation. Franceinfo donne la parole à des couples qui n’ont pas pu se marier à cause de la pandémie, dont un couple de femmes. Slate.fr fait la même démarche en parlant de PMA. Konbini s’inquiète du confinement des couples. Et BFM calcule le poids économique de l’achat régulier de masques de protection, et simule un couple d’hommes.

À l’étranger

Nos travaux

• “Quand ça commence à nous péter à la gueule, les lesbiennes sont là ”. Dans une interview accordée à Marion Lefèvre pour l’AJL deux militantes serbes, Milena Marković et Dragana Todorović, présentent la situation des lesbiennes dans leur pays et dans la région des Balkans. Un entretien à lire en français ou en anglais.
• « Un océan de maltraitance pour les vieux ». Toujours pour l'AJL, Camille Lingre a interviewé Francis Carrier, le fondateur de l’association GreyPRIDE, pour parler visibilité et respect des seniors dans la société, notamment pendant la pandémie de coronavirus. En résumé : il y a du travail !

Nos adhérent•e•s ont du talent

• Lobby. Louise Guibert et Colin Gruel ont continué, avec leurs camarades, à animer l’émission Le Lobby sur Radio Campus. Au programme des deux émissions « spéciales confinement » : des sujets sur la transidentité, les réfugiés, le travail du sexe ou, encore, Code Lyoko. Dans le deuxième numéro, Léo Lefrançois a consacré un édito à l’association Intérieur et Justice LGBT+ FLAG ! et à son application censée lutter contre les actes homophobes. Un billet qui a déclenché une vague de harcèlement à l’encontre de notre adhérent. Nous rejoignons l’émission qui a rappelé sur ses réseaux : « Il est normal et légitime que les critiques qu’il adresse à Flag Asso fassent débat. En revanche, les menaces anonymes dont il est la cible sont absolument inacceptables ».

• Troisième Reich. Notre camarade Clémence Allezard continue d’inscrire dans la mémoire les vies passées des lesbiennes, connues ou inconnues. Dans cet article pour Komitid, elle réalise un portrait collectif des lesbiennes pendant la Seconde Guerre mondiale et des persécutions qu’elles ont subies.
• Lesbiennes, femmes de génie. Dans un article publié dans “L”, la newsletter féminisme et sexualités de Libé, Alice Coffin revient sur ce qu’est le génie lesbien. Notre consoeur est également intervenue lors d’une conférence, organisée par l’EurocentralAsian Lesbian Community (EL*C), à l’usage des médiactivistes dans le militantisme LGBTI.
• Mois des fiertés. Pour Les Inrocks, Maëlle Le Corre interroge les associations LGBT+ afin de connaître leurs projets pour pallier l'annulation des prides en juin prochain.
• Sur les planches. Rozenn Le Carboulec a rencontré Pomme, Blaise et Sohan qui ont monté Pirates, une compagnie théâtrale en non-mixité trans.
• “Je me sens sereine”. Qu’est ce que “l’euphorie de genre” ? Floréane Marinier donne la parole à cinq personnes concernées pour expliquer cette notion inventée par et pour les personnes trans.
• Loisirs queers. C’est Hanneli Victoire qui est derrière le compte Instagram Pia Pia Asso/Média. Récemment, deux semaines ont été dédiées aux thématiques cuisine et sport pour les personnes queer avec, notamment, un article sur les liens entre luttes queer et antispécistes ou, encore, sur la nécessité de créer des espaces en non-mixité.
• Lieux de cul. Ils sont importants pour maintenir un lien social et, pourtant, ils sont en grand danger. Fred Colby signe une lettre d’amour aux saunas et bars à cul gays.
• Prix littéraire. Le 6 juin, sera décerné le 46ème prix du Livre Inter. Parmi les romans en lice, on retrouve Avant que j’oublie de notre consœur Anne Pauly. 
• Harvey wins ! Romain Vallet est revenu sur la mort de John Briggs, élu de Californie qui, en 1978, a voulu interdire aux gays et aux lesbiennes d’enseigner. Une loi combattue, avec succès, par Harvey Milk.
• Sperme. Aline Mayard part “à la recherche du sperme parfait” dans un podcast produit par Binge Audio, dans lequel elle explore toutes les façons d’obtenir les gamètes idéaux pour faire une PMA. Elle donne aussi la parole, dans Komitid, à des mères sociales éloignées de leurs enfants pendant le confinement.
• L’urgence. Marion Lefèvre s'intéresse aux stratégies mises en place par les organisations LGBT+ au Moyen-Orient et dans les pays du Maghreb pour faire face à la pandémie de Covid-19. Si la situation diffère d'un pays à l'autre, la crise frappe sévèrement la communauté à travers toute la région, jusqu'à faire craindre un réel désastre humanitaire à certain•e•s activistes.