UNE FEMME TOURNÉE VERS LE XXème SIÈCLE
Marie Adèle MORET est restée dans les mémoires en tant que compagne puis épouse de Jean Baptiste André GODIN, le fondateur du Familistère de Guise mais ce fut aussi et surtout la directrice des Services de l’enfance de ce lieu, celle qui permit la mise en pratique de théories avancées sur l’éducation.
Son père, Jacques Moret, maître serrurier et forgeron, fit son tour de France de compagnonnage avec son cousin qui n’est autre que Jean-Baptiste André Godin. Cet homme éclairé s’est très tôt préoccupé de l’éducation à donner aux enfants, de l’importance des devoirs de famille et partagea par la suite ces principes avec son épouse Marie Jeanne Philippe. Le couple eut trois enfants dont Marie née en 1840. Celle-ci, bonne élève, supporte mal de devoir arrêter ses études pour devenir lingère...Le déménagement de toute la famille de Brie-Comte-Robert vers le Familistère de Guise en 1856 sera pour elle une véritable aubaine. Son père accepte en effet la proposition de son cousin et vient à Guise diriger les ateliers de l’usine. Monsieur Godin remarquera très vite les qualités de Marie qui put reprendre avec l’appui de celui-ci des études à Bruxelles, où existait une succursale de l’entreprise.
De son retour à Guise en 1860 jusqu’à sa mort, elle n’aura de cesse de seconder J.B. André Godin. Elle organise les services de l’enfance (pouponnat, écoles), fait appliquer des procédés d’instruction plus attrayants et ira même un peu plus tard jusqu’à créer une méthode pour aider à l’enseignement des règles de calcul. Elle faisait alterner leçons instructives et récréatives, jouait sur l’émulation et les récompenses.
Ce fut-elle également qui élabora en 1870 un projet de statuts pour fonder une branche de l'assurance spéciale aux dames : travailleuses de l'usine, employées des services ou simplement habitantes du Familistère. Ce règlement remarquable reçut l'approbation générale et fut mis en application immédiatement.
Elle quitta quelques temps le Familistère pour accompagner Mr Godin dans ses déplacements alors qu’il était député à l’Assemblée Nationale, elle fut une secrétaire dévouée qui continuait par ailleurs à s’instruire inlassablement, très attirée dans cette période par tout ce qui avait trait au spiritualisme sans pour autant jamais cesser de s’occuper, même de loin de l’éducation des enfants.
En 1885, enfin elle peut s’unir à Jean-Baptiste André Godin, devenu veuf. Le mariage est célébré le 14 juillet sous le régime de la séparation de biens. Mais le couple profitera peu de cette union puisque Mr Godin décède en 1888.
Marie Godin acceptera, juste le temps nécessaire pour que tout soit en ordre, de prendre la gérance du Familistère.
Elle recevra les Palmes académiques pour son œuvre dans le monde éducatif et s’appliquera à populariser l’œuvre du Familistère : ouvrages, photographies, conférences avec l’aide de sa nièce Melle Dallet.
Lorsqu’elle s’éteint le 14.4.1908, de très touchantes funérailles sont organisées par l’administration du Familistère et sa population. Elle rejoint son époux dans le mausolée du jardin de l’Association.
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