Rire pour fraterniser
"Coup de soleil à l'Olympia", c'est le titre du spectacle. Dedans trois humoristes : Michel Boujenah, Smain, et Guy Bedos. Nous sommes en 1991, la Guerre du Golfe bat son plein, le combat de SOS Racisme pour bâtir une société plus fraternelle est alors montré en exemple, et le Front national est déjà depuis 1984 bien implanté dans notre pays pour y déverser sa haine. C'est dans ce contexte que trois humoristes décident alors de créer un spectacle pour battre en brèche les préjugés et surtout montrer comment ce qui nous rassemble : la peur de la mort, les relations père fils, le besoin de reconnaissance etc... est bien plus grand que ce qui est censé nous diviser.
Parmi ces trois humoristes, l'un est arabe d'Algérie (Smaïn), l'autre est juif de Tunisie (Michel Boujenah), le dernier est pied noir chrétien d'Algérie (Guy Bedos). Tous les trois se revendiquent haut et fort Français avant tout. Républicain, même. Le spectacle joue d'ailleurs durant une heure et demie sur tout cela. Sur les clichés de l'immigré contraint de franciser son nom pour se sentir plus intégré, sur les accents des uns et des autres, et sur ceux qui tentent de profiter de cela pour exclure et mettre au ban de la société.
Dans les blagues et l'humour distillées tout au long de ce spectacle, au-delà de la croyance en un humanisme qui dépasse tous nos clivages, il y a aussi la croyance qui était d'ailleurs celle de Guy Bedos selon laquelle l'humour et le rire peuvent faire naître de la fraternité. C'était cela Guy Bedos. Un humour acéré et caustique. Dur parfois. Mais qui toujours dans les regards complices qu'il envoyait à la salle cherchait l'entrée en relation avec l'autre. Semblable ou différent.
|