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Le Mozambique est mis à sac par la France et son appétit pour le gaz.  

Au Mozambique : le gaz, le carbone et le sang

Soutenu par la France, le développement du gaz au Mozambique a endetté le pays comme jamais, accru les conflits locaux, déplacé des populations, et promet d'aggraver la crise climatique.

C'est ce que dénonce l'ONG les Amis de la Terre dans un rapport au lance-flamme baptisé De l'eldorado gazier au chaos, quand la France pousse le Mozambique dans le piège du gaz, publié lundi 15 juin. 

Retour en arrière. Au début des années 2010, de colossaux gisements de gaz sont découverts au Mozambique, pays côtier du sud-est de l'Afrique. Le gouvernement mozambicain va chercher des milliards d'euros d'investissements pour exploiter le filon. 

En 2013, le Mozambique passe un contrat douteux avec les Constructions Mécaniques de Normandie (CMN) pour l'achat de bateaux de pêche. En réalité, dénoncent les Amis de la Terre, ce deal va servir au Mozambique à s'endetter lourdement pour financer un programme de défense censé lui permettre de sécuriser la zone où se trouvent les gisements. Et d'attirer les investisseurs étrangers. Une folle histoire racontée par Bastamag. Entre 2014 et 2016, la dette publique du pays passe de 55 à 140%. 

Petit paradis, la province de Cabo Delgado est menacée par trois projets gaziers. Ici, la baie de Pemba © F Mira

En parallèle, la France multiplie les manœuvres pour faire avancer les intérêts de ses entreprises. En 2019, Total devient l'opérateur majoritaire de Mozambique LNG, l'un des trois principaux projets gaziers. L'Etat français a également soutenu financièrement un autre projet en accordant une garantie à l’exportation de plus d’un demi milliard d’euros. Projet financé par les banques françaises : BNP Paribas, Crédit agricole, Natixis et Société générale. 

Depuis octobre 2017, une insurrection née de tensions sociales, religieuses et politiques, « exacerbée par l’explosion des inégalités et les violations des droits humains liées aux projets gaziers », a fait des centaines de morts dans la province de Cabo Delgado, rappelle le rapport. Plus de 500 familles y ont été déplacées pour permettre la construction des installations gazières. 

Au sang s'ajoute le carbone : d'après les calculs de l'ONG, en trente ans d'exploitation, les trois futurs sites produiraient l'équivalent de sept années d'émissions de CO2 de la France. Les Amis de la Terre « appellent le gouvernement français à mettre un point d’arrêt à la diplomatie du chaos, au service des industriels des énergies fossiles et de l’armement […]. Au vu de la gravité des violations des droits humains, des risques environnementaux et climatiques », l'ONG somme les entreprises françaises de se retirer des projets gaziers au Mozambique. A lire sur le site des Amis de la Terre

Un projet de centrale au fioul en Guyane

Nous sommes en 2020 et EDF prévoit de construire une centrale au fioul à Matoury, en Guyane

Le projet de centrale du Larivot a initialement été décidé par la préfecture de Guyane et la collectivité territoriale de Guyane, avant d'être accepté par Nicolas Hulot, alors ministre de la transition énergétique. D'un montant de 500 millions d'euros, celle-ci doit remplacer une centrale vétuste qui sera débranchée en 2023.

L'enquête publique s'est achevée lundi 15 juin, mais l'Autorité environnementale (AE) a déjà désapprouvé le projet en 2019. Comme le rappelle l'AFP, cette dernière avait dit craindre que cette nouvelle centrale n'entraîne « un risque élevé de non-respect de la loi » sur la transition énergétique de 2015, qui prévoit l'autonomie énergétique des outremers d'ici 2030. En effet, la centrale serait alimentée par du pétrole acheminé par bateau depuis l'Europe, puis à travers un oléoduc. 

« Par ce projet, nous rendons notre modèle de production et de consommation dépendant des énergies fossiles importées à grands frais et peu résilient face aux crises », a déploré Guyane nature environnement. Selon l'AE le projet « risque de rendre dissuasif économiquement l’appel à des moyens alternatifs de production à partir d’énergies renouvelables ». Mais, rapporte encore l'AFP, EDF a promis d'« éviter, réduire et compenser » les impacts environnementaux néfastes de la centrale. Défense de rire. A lire dans 20 Minutes (AFP). 

La coupe (rase) est pleine !

On continue le concours Lépine des pratiques climaticides. Désastreux pour l'environnement, le recours aux coupes rases est voué à se développer en France

Des machines titanesques qui arrachent et scient les arbres pour que ne subsiste de la forêt qu'un billard : la coupe rase permet aux industriels du bois de faire place nette à leurs plantations de sapins bien rangés. 

Coupe rase dans les Landes de Gascogne © Larrousiney

Une pratique en expansion alors que le recours au bois-énergie est vanté par la France comme un moyen d'alléger son bilan carbone. Comme l'a relevé Reporterre, le dernier projet de Stratégie nationale bas-carbone - feuille de route gouvernementale pour réduire nos émissions - prévoit d’augmenter les coupes de 70 % d’ici 2050. La quantité de bois récolté passerait de 48 mégamètres (millions de mètres) cubes 2015 à 83 en 2050. 

Pourtant, cette pratique constitue une vraie catastrophe écologique : elle entraîne le relâchement de quantités folles de CO2 dans l'atmosphère, l'érosion des sols, la destruction de refuges pour la biodiversité et de la vie sous-terraine.

Les associations Canopées et SOS forêts ont lancé plusieurs actions début juin pour dénoncer cette pratique. Selon Reporterre, une proposition de loi devrait être déposée dans les prochains jours par la France insoumise pour interdire les coupes rases supérieures à 0,5 hectare. Un vaste sujet à lire dans Reporterre

S'élever contre la réintoxication du monde 

Elles et ils sont nombreux à avoir goûté le silence et l'air pur nés du confinement. De nombreuses associations et groupes militants locaux appellent à une foule d'actions pour « lutter contre la réintoxication du monde », mercredi 17 juin.

« Le déconfinement doit être un élan historique de reprise en main sur nos territoires, sur ce qui est construit et produit sur notre planète. Il doit permettre de dessiner ce qui est désirable pour nos existences et ce dont nous avons réellement besoin », écrivent les nombreuses organisations signataires de l'appel, publié dans Reporterre. Parmi celles-ci, des groupes engagés dans des luttes locales contre des grands projets inutiles, des antennes locales de Youth for climate et Extinction Rebellion, les vidéastes de Partager c'est sympa, l'Union syndicale solidaire, Sud rail, etc. 

« Cela signifie construire de nouvelles manières d’habiter le monde, chacun de nos territoires, mais aussi accepter de rentrer en conflit direct avec ce qui les empoisonne », écrivent encore les auteur•rice•s de cet « Appel du 17 juin ». Elles et ils exhortent « les habitant•e•s des villes et campagnes à déterminer localement les secteurs qui leur semblent le plus évidemment toxiques — cimenteries, usines de pesticides ou productions de gaz et grenades de la police, industrie aéronautique, publicitaire », et à dresser des cartes de ce qui ne doit pas redémarrer à l'issue du confinement. 

Toutes et tous sont également invité•e•s à rejoindre l'une des dizaines d'actions - blocages, rassemblements, occupations - prévues pour le 17 juin à travers la France. Une carte recense tous les événements, annoncés par ailleurs sur la page Facebook Agir17juin

140 ans de fonte des glaciers en une image

Le réchauffement climatique, phénomène au long cours, est parfois difficile à concevoir. Visualiser la crise en une photo : voilà la tâche à laquelle s'est attelé Fabian Oefner. Cet artiste suisse a mis en images la fonte de glaciers (ceux du Rhône et de Trift) en retraçant le retrait progressif de la neige depuis 1880 au moyen de drones équipés de LED.

"Timelines", par Fabian Oefner. Cliquez sur l'image pour accéder à l'expérience interactive.

Baptisée Timelines, cette expérience interactive repérée par Heidi.news est à expérimenter depuis son navigateur. Toutes les explications en vidéos sont disponibles (en anglais) en cliquant sur le bouton « Discover ». 

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