BIO EXPRESS
1994 : stage d’été à La Montagne à Brive-La-Gaillarde, puis pigiste
1997 - 2001 : rédactrice détachée dans le Cantal pour La Montagne
2001 : cheffe d’agence La Montagne à Issoire
2008-2011 : directrice des éditions de l’Allier de La Montagne
2011-2014 : directrice des éditions du Puy-de-Dôme et de l’Auvergne de La Montagne
2014-2016 : co-responsable du plan de transformation numérique de La Montagne
2016-2018 : directrice de la mutation éditoriale de La Montagne
2018 : rédactrice en chef de La Montagne
2019 : directrice des rédactions du groupe Centre-France
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Un mot pour définir le confinement sur le plan professionnel ?
Difficile de résumer en un mot car quand on est journaliste professionnel et qu’on a la « chance » d’être témoin d’une telle actualité, on vit une expérience humaine et professionnelle incroyable. À La Montagne, on s’est retrouvé du jour au lendemain sans rien. Pour moi, tout s’est déclenché le dimanche 15 mars, le jour du premier tour des municipales sur lequel on s’était préparés comme des fous dans les rédactions du groupe. On en avait fait notre « coupe du monde », on l’attendait depuis 6 ans et puis finalement on l’a traitée comme une cantonale partielle à cause de l’accélération de la crise sanitaire qui a pris toute la place. Ça a été une vraie frustration. Au lieu d’être dans l'euphorie d’une soirée électorale, on s’est réuni avec la direction générale pendant une moitié de la journée pour tenter d'organiser la fabrication des journaux à distance. Il fallait être opérationnel pour le lendemain, lundi 16 mars.
Justement, comment dirige-t-on un groupe de presse à distance ? Est-ce que cela s’apprend ?
Je ne sais pas si ça s’apprend, ou alors peut-être sur le tas. On ne peut pas être préparé à une telle crise. Mon premier réflexe avec la direction a été de réfléchir au contenu du journal qui allait être bouleversé. Les pages culture, sport, les articles couvrant des rassemblements n’allaient plus pouvoir exister. On a voulu très vite, en même pas 24 heures, s’adapter à nos lecteurs qui allaient être bloqués chez eux, avec leurs enfants et en télétravail. Bref, il fallait inventer un nouveau journal et penser en même temps à la sécurité de nos salariés. Par exemple, il a fallu mettre en place une équipe B pour notre imprimerie si jamais des gens tombaient malades du COVID dans une équipe A, pour quand même continuer à pouvoir fabriquer et livrer un journal frais tous les jours.
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Le contenu de votre journal s’est tout de suite transformé…
Oui, très vite, nous sommes passés en « mono-édition » sur le papier pour nos 8 titres, de L’Echo Républicain à La Montagne en passant par Le Journal du Centre. En quelques heures, nous avons cassé le chemin de fer traditionnel pour mettre en place une entrée de journal sur le COVID sur 4-5 pages. On a augmenté le nombre de pages « informations générales », tout en réduisant la couverture des sports de 12 à 2 pages… Nous avons aussi dû faire face à un autre type de problème : le fait d’avoir beaucoup - sans doute trop - de contenu anxiogène à traiter. Nous avons donc mis en place ce qu’on a appelé une « fenêtre sur l’ailleurs » pour véritablement tenir ce rôle de « journal-service » et se rendre utile. Dès le deuxième jour du confinement, nous avons donc publié tous les jours l’attestation de déplacement dérogatoire dans nos pages. Nous sommes le premier groupe de presse à l’avoir fait. Nos standards téléphoniques ont tout de suite explosé, on a reçu énormément de remerciements, on avait vraiment le sentiment du devoir accompli car c’est aussi ça le rôle de la PQR, être au plus proche des gens qui nous lisent. Le même jour, toujours dans cette optique d’offrir une « fenêtre sur l’ailleurs », nous avons installé un supplément quotidien de 8 pages : « Et si on se changeait les idées » avec des jeux, des recettes de cuisine, le programme TV et des recommandations culturelles sur des séries TV par exemple. Bref, si je devais résumer, je dirais que l’on s’est adapté pour essayer de garder un semblant de normalité dans une situation qui ne l’était pas du tout.
Comment avez-vous aussi réussi à transformer votre offre
numérique ?
Nous avons voulu très vite profiter de notre dynamisme sur l’édition papier pour tenter aussi de nouvelles productions - toujours servicielles - sur nos sites web. En plus des recommandations de musiques, films ou séries on s’est aussi mis à produire des newsletters localisées sur la situation du virus dans nos territoires. Tous les soirs, nous avions un taux d’ouverture record sur ces newsletters à 60% voire même parfois 65%, ce qui prouve qu’il y avait une véritable attente. Notre cellule enquête a également été mobilisée pour répondre aux questions sur des sujets clivants comme l’utilisation de la chloroquine par exemple.
Cela s’est-il traduit dans vos audiences ?
Oui, si on prend seulement l’exemple de La Montagne, en janvier 2020, nous étions à 24 millions de visiteurs sur notre site et en mars-avril on est passés à 41 millions. Parallèlement, au plus fort de la crise, on gagnait aussi 200 nouveaux abonnés numériques par jour sur les sites du groupe Centre France.
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Comment expliquez-vous votre grande réactivité si l’on compare à d’autres titres de PQR ? Avez-vous été vous-même surprise par vos équipes ?
Oui, j’ai été surtout hyper fière de mes équipes, et je le suis toujours. Quand je repense au dimanche 15 mars où j’étais accablée par l’annonce d’un confinement généralisé, je me dis qu’on a vraiment fait du chemin et qu’on a surtout, et c’est le plus important, honoré nos missions de service, d’accompagnement et de proximité. Au début, je me disais qu’on n’allait jamais y arriver : le fait de déployer tous les métiers du groupe à distance alors que certains n’étaient même pas formés aux logiciels de visio-conférence par exemple, ça me semblait très compliqué. On se le dit souvent avec mes équipes : si on avait voulu transformer nos méthodes de travail en profondeur, on aurait jamais pu le faire aussi rapidement que pendant la crise. Ça nous aurait pris un an, là nous avons tout fait en 24 heures. J’ai donc vraiment été bluffée par la solidarité, l’implication et la capacité d’adaptation des gens avec qui je travaille.
Quel profil de jeune journaliste pourrait vous taper dans l’oeil, dans cette période post-COVID ?
Pendant toute la période de la crise sanitaire, nous avons vraiment joué un rôle serviciel pour notre lectorat de proximité mais nous avons aussi été très suivis sur le terrain du debunkage de fake news locales. Je n’aurais donc pas dit non pour recruter des journalistes spécialistes de ce type d’exercice, capable de décoder, détecter et de décortiquer une fausse information, notamment locale, qui se diffuse toujours plus rapidement sur les réseaux sociaux via les groupes Facebook par exemple.
Propos recueillis par Harold GRAND
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C'était la « Média'Tech summer » #2 !
Et maintenant, it's gif o'clock.
Vous connaissez la chanson : on vous donne rendez-vous lundi prochain. Ce sera avec Charles-Henry Groult, chef du service vidéo du Monde. Ça va être bien. Ça va être très bien, même.
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