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Après un été de repos, HAHA fait sa rentrée. Au programme : le retour polémique d'un Dave Chappelle qui alterne la gêne et l'hilarité dans Sticks & Stones, le jeune humoriste le plus inventif et poétique de la télé américaine Julio Torres, une saillie anxieuse du Britannique Simon Amstell (dont on vous recommande le spectacle d'existentialiste flippé sur Netflix) et la BD d'humour noir monstrueux d'Olivier Texier, le Royaume du vide. Avec ça, un petit lifting graphique, avant quelques autres innovations à venir dans les prochaines semaines. Restez branchés.

Comme d'habitude, n'hésitez pas à envoyer vos recommandations et avis à revuehaha@gmail.com.   

Dave Chappelle : Sticks & Stones
Durée : 1h05. Diffusé le 26 août sur Netflix.

«Vous qui me regardez sur Netflix, souvenez-vous, vous avez choisi de cliquer sur ma tronche !» Dix minutes après le début de son spectacle, Dave Chappelle donne la clé de Sticks & Stones, son cinquième special pour Netflix: si ce que je dis vous offense, c'est de votre faute. Le vétéran de l'humour américain, 46 ans, mythifié par les sketchs du Chappelle's Show dans les années 2000, puis par un mystérieux hiatus de dix ans, concourt aux Jeux olympiques de la polémique.

Tout d'abord, il faut le dire même si c'est une banalité : Dave Chappelle est drôle. Pour son entrée sur scène, l'humoriste alterne quelques paroles de la chanson 1999 de Prince, et l'histoire mêlée d'un de ses amis d'enfance et du chef Anthony Bourdain, dans une réflexion sur le bonheur et le suicide, perfection de rythme et d'écriture. Avec ses airs de Bugs Bunny roublard, Chappelle a une aisance scénique sans pareil. C'est ensuite que ça se corse : apôtre (pour le rire ?) du victim-blaming, il s'amuse des accusations de pédophilie contre Michael Jackson, avant de défendre Louis CK («mort dans un tragique accident de masturbation») puis Kevin Hart, évincé des Oscars pour des tweets homophobes. «Plus de la moitié des gens dans cette salle ont été victimes d'abus sexuels. Mais c'était pas par le King of pop, non ?» D'une mal-pensance ébouriffante, les sketchs alternent entre moments très gênants et hilarants.

Surtout, dans sa recherche de l'offense, Chappelle touche le fond (son objectif) lors d'un long passage sur les LGBT. Comme dans ses deux specials sortis fin 2017, il s'amuse ainsi des personnes transgenres, un thème à la mode chez les comiques qui se veulent transgressifs (voir Ricky Gervais). Sans qu'on sache bien pourquoi, si ce n'est qu'avec cette question, l'économie de la provocation fonctionne à pleins tubes : si ça réagit quand je tape dessus, autant recommencer. La séquence accumule les blagues poncives et touche même à la monstruosité dans une imitation de Chinois évaluée à 6 sur l'échelle de Michel Leeb. Se voulant un Richard Pryor de son temps, l'humoriste campe surtout fermement sur ses convictions (et ses peurs) d'homme noir riche et célèbre. On peut le regretter : s'il a un jour parlé à toute l'Amérique, Dave Chappelle risque bien aujourd'hui d'être entendu par de moins en moins de monde.

Une sélection des meilleurs articles sur la comédie parus dernièrement.

90s. Pendant trois mois et six articles, The Ringer raconte le renouveau de la comédie hollywoodienne dans les années 90 : après le succès surprise de Wayne’s World, le deuxième épisode s’intéresse à l’année 1994 de Jim Carrey, qui l’aura vu enchaîner les succès Ace Ventura, The Mask et Dumb & Dumber. Rien que ça.

Hader. Impressionnante tête d'affiche de la série aussi drôle qu'angoissante Barry, Bill Hader raconte chez Sharp Magazine comment il s'est gentiment moqué d'un agent qui trouvait incroyable qu'il préfère un petit rôle dans Supergrave à un second rôle dans une comédie hollywoodienne bancale.

Mockumentaire. Peut-être le meilleur faux documentaire comique produit en France, la série Inside Jamel Comedy Club reste injustement méconnue. Fabrice Eboué et Blanche Gardin, deux des co-créateurs de la chose, reviennent sur sa genèse et son héritage chez Première.

Come-back. Avant un come-back dans une comédie pour Netflix à la rentrée, Eddie Murphy s'est entretenu avec Jerry Seinfeld dans une vidéo de 40 minutes à voir sur YouTube. Les deux discutent notamment des humoristes qu'ils placeraient dans leur Mont Rushmore de la comédie.

Vacances. Il y a vingt ans, Bruno Podalydès tournait la comédie de vacances tour à tour spleenesque et hystérique Liberté-Oléron. Le Monde est allé le retrouver sur l'île.

Nollywood. Qui sont ces enfants nigérians aux dégaines d'adultes qu'on retrouve dans tous les memes ? Vulture a mené l'enquête

Julio Torres : My Favorite Shapes
Durée : 57 mn. Diffusé le 10 août sur HBO.

«Certains d'entre vous ont déjà vu un carré avant. Pour ceux qui ne savent pas, un carré a à peu près la forme d'une porte. Mais pas exactement. C'est un peu plus compliqué que ça.» Avec sa teinture blonde, ses paillettes et ses vêtements argentés, Julio Torres joue à fond le rôle de l'alien. Il n'est pas loin d'en être un, puisque, ayant immigré aux Etats-Unis depuis le Salvador, il a obtenu récemment ses papiers grâce à son activité d'humoriste : un visa d'«alien of extraordinary ability», soit un «étranger aux aptitudes remarquables». «Est-ce que je suis en train de faire un de ces boulots volé aux bons travailleurs américains ?», se demande-t-il ainsi sur un ton monocorde, tout en racontant les histoires cachées d'objets qui défilent devant lui, que ce soit un Ferrero Rocher, un cactus ou un jouet Happy Meal.

Ça ne ressemble à rien de vu jusqu'ici, ou alors à du stand-up d'enfant inventant des vies à ses peluches dans sa salle de jeu. Récemment, certains ont comparé Julio Torres aux comiques des années 1970, entre Andy Kaufman, Steve Martin et Robin Williams : il partage avec ces humoristes libres un sens magique de l'absurde et du surréalisme. Ces derniers mois, on l'a vu partout, entre son travail d'auteur au Saturday Night Live (on lui doit notamment le sketch culte du logo d'Avatar avec Ryan Gosling), sa série latino fantastique Los Espookys et ce special sur HBO. Partout, sauf en France : on espère qu'OCS, qui distribue HBO ici, aura la bonne idée de remédier à cela.

Une vanne, une seule.
Simon Amstell : Set Free
Durée : 51 mn. Diffusé le 22 août sur Netflix.
Olivier Texier : Le Royaume du vide
Editions Cornélius, collection Delphine. Sorti le 23 août.

Des légumes vivants, une cantine en enfer ou des faux flics naturistes : dans le Royaume du vide, tout a un non-sens. Compilation de strips du Nantais Olivier Texier, notamment auteur de l'album apocalyptico-pervers Héroïque Fantaisie (Les Requins Marteaux, 2018), la BD accumule les protagonistes  monstrueux qui se révèlent mignons, et vice-versa. «Quel désastre la guerre ! Tous ces morts ! Heureusement, il y a quand même quelques blessés», se rassure ainsi un de ses personnages. Un humour noir qui donne des vertiges.

The Last Laugh (The Daily Beast). 6 août.
Brett Gelman Disgusts Himself.
Le beau-frère odieux de Fleabag est l'invité de ce podcast sur l'humour. Gelman révèle notamment comment il a obtenu le rôle dans la série de Phoebe Waller-Bridge quatre jours avant le tournage, et pourquoi il est attiré par les personnages exécrables. 
Durée : 1h09. Podcast en anglais.

Le Meilleur Podcast. 15 août.
Le Meilleur Humoriste.
Jerry Seinfeld, Jean-Marie Bigard ou Gad Elmaleh ? Shirley Souagnon (qui venait de se faire renverser par un camion) et Yacine Belhousse sont les invités de Cyrus North et Tom Aguilar pour tenter de définir qui est le meilleur humoriste de tous les temps. 
Durée : 1h05.

En sol majeur (RFI). 20 juillet.
Kader Aoun, de Chaplin à Jamel Debbouze en passant par l’Algérie.
Le très rare et donc assez mystérieux Kader Aoun, producteur de l'ombre (HBurger Quiz, le Jamel Comedy Club et désormais patron du Paname Art Café) se dévoile (un peu) dans cette émission qui a pour thème le métissage.
Durée : 48 mn. 
HAHA
Une newsletter rédigée par Adrien Franque.
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