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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 15 septembre 2019 -
L'ÉDITO D'ERNEST 

Hugo, Stendhal, la France et nous

Un écrivain, par sa personnalité et par son œuvre peut-il incarner un pays ? Faut-il choisir Hugo ou Stendhal ? Gary ou Camus ? Ou Sagan ou Sand ? C’est à ce questionnement que se livre dans son dernier essai vibrionnant et plein d’allant, Régis Debray. Répondant à une consultation par le président de la République de la société des gens de lettres pour savoir quel écrivain devrait incarner la France lors de l’exposition universelle de 2020, le philosophe, médiologue Debray en profite pour interroger la notion de « Génie Français » récemment mis en avant par Emmanuel Macron. Et Debray de s'interroger sur le choix par la noble assemblée de la SGDL de Stendhal. Plutôt que de s’interroger il s’insurge, même. Comment Stendhal a-t-il pu détrôner Hugo ?  
Il avance une réponse qui est en fait une réflexion sur notre époque. Si Stendhal est devenu un symbole, c’est qu’il l’incarne à merveille. A Waterloo, Fabrice Del Dongo vit un moment historique, mais ce qui intéresse l’intrigue et le lecteur n’est pas cet instant historique, mais bel et bien les tracasseries  personnelles et individuelles du héros Stendhalien. Loin de Notre-Dame de Paris, des Misérables ou de Quatre-vingt-treize qui immergent complètement des personnages dans la grande Histoire. Au fond, note Debray, chez Stendhal la petite histoire prévaut sur la grande (celle-ci n’étant là que pour assurer le décor) tandis que chez Hugo les deux s’imbriquent et se nourrissent. Voilà donc le changement de paradigme. Si Stendhal est devenu l’idole des lettres, et  du président de la République qui a laissé un exemplaire de l’auteur du Rouge et du Noir sur la photo officielle de la présidence c’est, nous dit Debray, parce que l’époque a oublié le collectif.



Elle a oublié l’imbrication nécessaire et souhaitable des inspirations individuelles et des aspirations collectives. Ainsi, cet essai se veut finalement une alerte. Pour signaler la disparition d’un monde, mais aussi se demander (c’est là toute la puissance intellectuelle de Debray que de pouvoir se tendre son propre miroir) si la vénération hugolienne peut toujours exister dans le monde actuel. Hugo ou Stendhal, chacun fera son choix. Celui de Debray est clair. Il est hugolien. De cet Hugo qui aime les gens et qui cultive la fraternité avant de cultiver son moi. Même si cela peut paraître désuet, Debray affirme avec fougue qu’il est important d’y croire encore. Pour demain. Quand Hugo sera à nouveau célébré.

Tout l’intérêt de la lecture de cet ouvrage est qu’il résonne grandement avec notre actualité. Cette actualité du spectacle permanent, de la selfisation du monde et de l’insignifiance qui est la règle pour sortir du lot. Plus tu seras insignifiant, plus tu seras promu. Drôle d’époque. Et une interrogation qui émerge : dans 100 ans, quand il s’agira de choisir une icône pour nommer le pavillon français de l’exposition universelle de 2120 quels écrivains d’aujourd’hui seront en lice ? Pis, les nominés potentiels seront-ils écrivains ?

Voilà une question ouverte pour passer un bon dimanche. N'hésitez pas à partager le fruit de vos réflexions.

VADE RETRO LES COMPLOTS  !

Comment faire face à un complotiste ? Le laisser parler ou au contraire combattre ? Le livre de Rudy Reichstadt « l’Opium des imbéciles » chez Grasset est un outil précieux dans ce « sport de combat » contre l’obscurantisme de la pensée. Frédéric Potier nous en parle.

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LA MAGIE DI FULVIO, ep.4 

Chez Ernest, nous fûmes ici ou ailleurs, des ardents défenseurs de Luca di Fulvio dès le début. Aussi, ce nouveau livre est un ravissement. Il est virevoltant et montre une nouvelle fois les talents de conteurs de l'auteur italien. 

OUI, IL FAUT LIRE K.TUIL  

 

« Littérature BFM » ou au contraire verve des grands romans américains ? « Les choses humaines », le dernier roman de Karine Tuil (Gallimard) fait débat. Notre journaliste Laurent-David Samama fait le point et salue l’ambition immense de la romancière.

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ET SI ON SORTAIT DES SENTIERS BATTUS ?
Et si l’on sortait des autoroutes balisées de la rentrée littéraire pour aller prendre des chemins de traverses ? Pour se tourner, par exemple, vers un roman savoureux et d’une rare originalité. Cela tombe bien, les éditions Gallimard ont réédité récemment un roman de René Daumal qui aiguise notre esprit par son espièglerie de pensée. Ernest est le seul à vous en parler.
Et si vous vous offriez de la lecture tout au long de l'année ?
J'en profite !
Bonnes lectures et à la semaine prochaine !
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Ernest SAS · 28 rue de la Révolution · Montreuil 93100 · France