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L'Ernestine, la lettre d'Ernest !
- 15 décembre 2019 -
L'ÉDITO D'ERNEST 

Les dialogues du vagin

Ce n'est plus un signal faible comme aime à les repérer les chasseurs de tendances, les sondeurs et les sociologues. Ce n'est plus seulement un "monologue du vagin" en référence au titre de cette pièce de théâtre célèbre et initiatrice du mouvement. C'est une lame de fond. Or, il y a encore quelques années alors que l'on abordait dans une discussion la question du plaisir féminin et de la façon dont les femmes pouvaient ou non le conquérir de la même manière que les hommes, on récoltait soit un sourire condescendant du style "un sujet habillé du vernis intellectuel" mais au fond digne d'un obsédé. Ou alors on récoltait des sarcasmes, ou de l'indifférence. Bref, il était difficile voire impossible de faire de ce sujet une question sociétale, politique et normale de discussion. Pis, alors que l'on proposait à un éditeur une enquête journalistique fouillée sur tout cela, il nous riait au nez en soulignant qu'il n'éditait pas ce "genre de questions".
Ces temps sont révolus. Évidemment, #Metoo est passé par là, mais pas seulement. Ce qui a également changé c'est le fait que les femmes elles-mêmes abordent la question. Non pas dans de mauvais magazines féminins en mal d'audience, mais dans des livres, des essais, des romans et tout un tas d'autres formes artistiques. Tout se passe comme si, dans le sillage de des "monologues du vagin", les femmes avaient décidé de ne plus laisser les hommes écrire l'histoire de leur sexualité. Nous avions déjà fait état de ce mouvement ici. Et aussi avec notre interview d'Adeline Fleury, intitulée "jouir rend forte".

Clairement, cette nouvelle expression sur la conquête du plaisir, sur la façon de le vivre, sur les secrets de celui-ci, charrie avec elle un vrai changement de société et du paradigme de ce qu'est la perception de la sexualité ou plutôt des sexualités. Ce n'est pas la première fois dans l'histoire, évidemment. Déjà Masters & Johnsons et d'autres dans leur sillage avaient modifié la donne. Mais, dans le moment que nous vivons, nous sommes en train de passer un nouveau palier. S'il fallait encore s'en convaincre, il suffit de jeter un oeil aux parutions récentes ou à venir de livres passionnants dédiés à cette question.


Premier d'entre eux, "Jouir", de Sarah Barmark. Cette journaliste canadienne a passé une année entière à interroger des femmes, à les questionner sur leur plaisir et le lien à leur sexualité. Ce qu'il en ressort est passionnant et puissant, en ce sens, que les femmes ne sont plus du tout cantonnées au rôle que leur assignaient les hommes. Elles ne sont pas non plus dans une simple réaction, mais elles réinventent. C'est aussi dans cet esprit que Maïa Mazurette, laboureuse du sujet depuis des années publie un livre "Sortir du trou, lever la tête" pour tordre le cou aux derniers clichés et aux dernières injonctions au plaisir encore en cours.

Ce qui est nouveau dans les livres à paraître, c'est désormais que la fiction s'empare aussi du sujet. C'est notamment le cas du très beau roman (parution en janvier) d'Amandine Dhée "A mains nues" dans lequel la narratrice joue un miroir d'héroïnes entre la femme et la fille et l'adolescente en construction. Ce fut aussi le cas, des "chemins de désir" paru au Seuil cette année.

Il faut se réjouir de ces prises de parole, de ces créations artistiques et de plus largement de toute cette effervescence. Elles viennent confirmer que nous assistons à un changement salutaire dans les rapports hommes-femmes. Cet empowerment par les mots et les actes "libèrera la femme et l'homme" des constructions sociales qui grèvent nos sexualités à tous. Il est temps pour les hommes et pour les romanciers d'aborder également ces questions. Finalement, c'est la romancière Bélinda Canone qui avait raison dans sa tribune de janvier 2018 dans Le Monde lors de l'un des climax de #Metoo. Tout était très juste. Il faut la lire. Notamment ce passage : "Tout le monde gagnerait à une réelle égalité dans l'érotisme". 2020 année érotique et égalitaire ?

Bon dimanche.

 

LA SLOW DEMOCRATIE : VOUS CONNAISSEZ ?

Cette semaine, alors que l'on s'interroge toujours sur les nouvelles formes de mouvements et de citoyenneté, l'essai qu'a lu Frédéric Potier et signé de David Djaiz, apporte des pistes de réflexion, mais surtout déboulonne des totems bien ancrés. Un essai salutaire pour s'armer idéologiquement et pour mieux comprendre le monde. Le tout avec une plume alerte et enlevée. Frédéric Potier vous raconte.

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L'ENCHANTEMENT SENSUEL DE NOËL
Il fait froid, c'est la grève, Noël approche, voilà une bonne raison de s'interroger sur l'enchantement sensuel de Noël. Pour en savoir plus c'est là.

LIVRES EN GREVE


La grève continue. Voire elle s'amplifie. Il faut relire notre papier sur la grève comme source d'inspiration des romanciers. De Zola à Mordillat, la grève est romanesque. La preuve.


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LA BIBLIOTHEQUE CONTEMPORAINE IDEALE
Le but de cette nouvelle rubrique est de revenir sur des livres récents, parus dans les dix dernières années et qui - pour nous - sont des indispensables. Septième épisode. 
 
Le Système Victoria, Eric Reinhardt, Folio

Eric Reinhardt est l’un des écrivains français les plus intéressants aujourd’hui. Son dernier roman, paru en 2018, « La chambre des époux » est une plongée passionnante dans la vie d’un couple, mais aussi dans la création. Reinhardt est un écrivain passionnant,  tant sur la peinture qu’il fait du monde (Dans son livre Cendrillon) et aussi dans celui-ci que sur la peinture qu’il fait de nos passions, de nos emballements et de la chair. C’est justement  cette peinture qu’il fait dans le « Système Victoria ». Un roman d’une puissance rare. David est architecte. Un jour, dans une galerie marchande, il aborde Victoria – working girl de pouvoir – qui est totalement libre de ses désirs. Une histoire fougueuse et passionnante démarre. Le pitch est simple mais la réalisation de Reinhardt est réellement nouvelle. Réellement intéressante.

Attention, ce livre est un texte addictif au possible. De l’un de ces livres dont la musique mais aussi l’intrigue vous envoûte dès les premières lignes. « Le système Victoria » de Éric Reinhardt aux éditions Folio vous emmène aux confins du désir, de l’attirance physique et intellectuelle, et de la complexité des relations hommes /femmes. C’est dense, haletant et parfois dérangeant dans le miroir que le livre tend par moment au lecteur. Vous le relirez, c’est certain. En attendant, régalez-vous !
Cette année, Ernest vous propose des coffrets-box de Noël événement ! Dedans : trois livres grands formats, un livre surprise, des chocolats, un tote-bag, des marques-pages et des sous-bocks. Vous avez une chose à choisir : romans ou polars. On s'occupe du reste.
J'en profite !
Bonnes lectures et à la semaine prochaine !
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