Copy
Partisan motorisé de la rétrospection (D.R.)

Auditeurs sachant auditer, peau-de-casteurs, pot-de-casteuses, 

commençons par les informations pratiques :

- Notre émission en public à l’école alsacienne aura lieu le 12 janvier, on s’inscrit ici.
- Elle sera suivie le lendemain, lundi 13 janvier, de notre premier enregistrement hors-série sur Paris. L’excellent accueil que vous réservez à nos émissions en public et le besoin d’une réflexion sur l’avenir de la capitale qui transcende les batailles partisanes tout en ayant l’ambition de les éclairer …et le peu de disponibilité des salles parisiennes nous ont poussé à faire ce pari de deux enregistrements en 24 heures. Celui de l’hors-série Paris aura lieu au Théâtre Michel, dans le 9ème arrondissement et on s’inscrit ici.
- Pour mémoire, la thématique du 29 a pour invité Dominique Moïsi, auteur de La Géopolitique des séries (éditions Stock). Avec lui, nous décrypterons la fascination pour le chaos (Game of Thrones),  la peur de la fin de la démocratie  (House of Cards), la crainte du terrorisme (Homeland), celle de la menace russe (Occupied) et la peur d’un monde qui disparaît (Downton Abbey). L’émission a été enregistrée en public (Dominique Moïsi a fait un tabac) et elle sera suivie d’un Bada, diffusé au milieu de la semaine prochaine.
- C’est jusqu’au 31 décembre que vous pouvez profiter d’une défiscalisation de 66% en cliquant ici. Disons-le, la période de Noël a été une période faste grâce à vos dons et nous fait espérer le meilleur avant le passage à 2020.


     Notre conversation avec Julian Jackson, auteur d’une richissime biographie du général De Gaulle aux éditions du Seuil réunissait, outre Michaela Wiegel et Nicolas Baverez, l’un des plus jeunes membres du cabinet du Général, notre ami François Bujon de l’Estang. C’est lui qui assure le bloc-notes de cette troisième lettre. Major de l’ENA (promotion Montesquieu), FBE choisit les Affaires Étrangères, et non, comme ses prédécesseurs et ses successeurs pendant un demi-siècle l’un des « grands corps », inspection des finances, conseil d’État ou cour des comptes. (Il ne fut imité qu’en 2016 par la première au classement de sortie de la promotion George Orwell et douzième femme major de l’École, Océane Thiériot). L’essentiel de sa carrière diplomatique s’est déroulé en Amérique du nord : à Washington, où il a été premier secrétaire pendant quatre ans avant de devenir ambassadeur au Canada puis aux États-Unis de 1995 à 2002, (sous les administrations Clinton et Bush jr).
     Comme dans les mariages à l’ancienne, nous nous fréquentâmes pendant quelques années avant de décider que nous pouvions passer à une relation plus régulière. FBE, fut d’abord, en 2009 l’invité d’une thématique sur la Turquie à la suite d’un article publié par la Revue des deux-mondes, puis, trois ans plus tard, d’une autre thématique d’été sur les deux Corées. Il arriva ensuite ce qui devait arriver dans une émission qui a toujours montré un intérêt soutenu pour les questions de politique étrangère … et une gourmandise pour les voix.
     Nos auditeurs assidus ont déjà eu l’occasion d’entendre François Bujon de l’Estang exprimer son amour de la musique, et ce sont ses dernières découvertes au pays du jazz que notre ambassadeur de France vous propose de partager.

     ​​Enfin, si vous pensez que, parmi vos amis, il en est qui aimeraient recevoir cette lettre d’informations faites- leur suivre cette lettre et dîtes-leur qu’ils peuvent s’y abonner (gratuitement) ici​​.

 

​​​Cordialement,

 

​​​​Ph. M​​​​

QUELQUES BRÈVES DE L’ANNÉE 2019

Philippe Meyer


La ligue du LOL

Ceux qui à la naissance des réseaux sociaux les ont utilisés pour harceler hommes et femmes, s’en prendre à leur physique, ridiculiser leur travail en substituant l’injure à l’argument. Ceux qui les calomniaient, ceux qui arrivaient à truquer des photos pour les mettre dans des situations qui n’étaient pas extrêmement sexuellement flatteuses et tout autre chose du même genre que cela ont été à leur tour dénoncé, mis à pieds, licenciés et vilipendés sur Twitter et sur Facebook. Celui qui blessera par le réseau social sera blessé par le réseau social. Je crois qu’il n’y a rien à dire là-dessus et que peu de comportements sont aussi antipathiques que ceux de ces meutes. Les uns après les autres, les harceleurs se frappent la poitrine mais leurs employeurs - et je pense notamment à ces deux confrères que sont Libé et les Inrocks - ont été très rapides, très prompts à les licencier mais je me demande aussi si ces derniers n’auraient pas à réfléchir eux-mêmes à ce qui dans leur propre comportement institutionnel d’entreprise ne relevait pas de l’arrogance et de l’absence de respect d’autrui. J’ai en mémoire quelques articles : un article sur une actrice italienne, Ornella Muti qui était traitée de loukoum, un article sur Alain Resnais qui était traité de crétin… C’est peut être en se remémorant et en parcourant leurs propres archives que, à leur tour, les employeurs de ces harceleurs pourraient se rendre compte de ce qu’a été et de ce qu’est encore leur comportement.

EN SAVOIR PLUS

Béatrice Giblin


Géopolitique de l’Iran

Compte tenu de la situation en ce moment en mer d’Oman dans le détroit d’Ormuz, je recommande un livre de Bernard Hourcade : « Géopolitique de l’Iran ». Pour comprendre ce qu’est le sentiment national en Iran, pour en retrouver la profondeur historique, pour comprendre la complexité de cette société et lever un certain nombre d’images fausses sur ce grand pays qu’est l’Iran. Il est temps de se former maintenant.

EN SAVOIR PLUS

Jean-Louis Bourlanges

Comment gouverner un peuple-roi ? Traité nouveau d’art politique
 

Je voudrais recommander ce livre du philosophe Pierre-Henri Tavoillot, au titre oxymorique : Comment gouverner un peuple-roi ? Traité nouveau d’art politique. Ce livre est très utile, bien documenté, bien écrit et très élégant. D’autre part, après ces torrents d’irresponsabilités que nous avons évoqué, c’est un livre qui aborde la politique telle qu’elle est. Monsieur Tavoillot est le Racine et non pas le Corneille de la politique. Il nous présente la politique telle qu’elle est et non telle qu’elle devrait être. Ce qui nous montre, à travers une réflexion intéressante sur le peuple, c’est que la politique est un art de gérer l’imparfait. Imparfait évidemment car c’est la gestion des choses floues, c’est la gestion de l’écart entre nos désirs et la réalité, entre le temps présent et le temps lointain de l’espérance. Monsieur Tavoillot rappelle que c’est un art et non pas un science : l’art de gouverner, l’art de se faire élire, l’art de prendre une bonne décision, l’art d’être contrôlé. Alors en ces temps de pataphysique générale sur le plan politique, saluons l’artiste.

 

EN SAVOIR PLUS

Nicolas Baverez
 

L’Inde de Modi

Christophe Jaffrelot a publié l’Inde de Modi. Il est vrai que l’on s’intéresse trop peu à l’Asie en France. Il se trouve que le 11 avril 2019 commenceront les élections qui dureront jusqu’au 19 mai. Il y aura 900 millions d’électeurs; ce qui n’a pas d’équivalent dans le monde. C’est une sorte de référendum envers Narendra Modi. C’est un national-populiste qui a utilisé la haine contre les musulmans pour modifier le système des castes. Jaffrelot montre cela très bien.

EN SAVOIR PLUS

 

Michaela Wiegel

 

La Neustadt de Strasbourg : un laboratoire urbain (1871-1930)

A l’heure où la présidente de la CDU en Allemagne a encore remis en question le siège du parlement européen à Strasbourg, je voulais recommander un très beau livre «La Neustadt de Strasbourg : Un laboratoire urbain (1871-1930) ». Cela montre à quel point Strasbourg est une ville franco-allemande. C’est une redécouverte de l’héritage allemand et de l’esprit d’ouverture de la ville. Français comme Allemands devraient lire ce livre.

EN SAVOIR PLUS

Marc-Olivier Padis


Enquête : RT, la chaîne russe qui bouscule les médias français 
 

Je voudrais recommander à nos auditeurs de se rendre sur le site internet de Vanity Fair même si cela vous surprend. Ce magazine propose des longs articles politiques, des enquêtes intéressantes. Cette semaine, une enquête très développée sur la chaine de télévision russe : Russia Today et la manière dont elle est organisée en France. C’est très impressionnant puisque Russia Today est la chaine la plus relayée dans les groupes sociaux des gilets jaunes. Ils ont eu une manière de couvrir les manifestations qui donnait une image apocalyptique de la manifestation. Ce décryptage de la ligne éditoriale de Russia today, est aussi une description de l’ambiance interne dans les bureaux, et c’est tout à fait impressionnant.

 

EN SAVOIR PLUS

Lucile Schmid
 

Perdre la terre

Je voulais recommander cet essai d’un romancier américain, Nathaniel Rich. Il s’intitule « Perdre la Terre » aux éditions du Seuil. Il est d’abord issu d’un article du New York Times qui avait été publié en 2018. Ce qui est passionnant c’est que c’est un récit du moment où les Etats-Unis auraient pu être à la tête de la lutte contre le réchauffement climatique et par le jeu de quelques acteurs, c’est le scénario inverse qui s’est produit. On suit une sorte de perte de mémoire organisée de la société américaine dont je voudrais rappeler qu’elle a été dans les années 60 et 70 la société où les scientifiques disaient le plus que le réchauffement climatique allait arriver, qui avait les lanceurs d’alerte les plus puissants. C’est très romanesque et palpitant.

EN SAVOIR PLUS

 

BLOC-NOTES
par François Bujon de l’Estang

​​​​Le jazz est une musique jeune qui va bientôt avoir cent ans. Il doit donc se réinventer constamment pour se prouver à lui-même sa jeunesse. Mais celle-ci ne réside pas toujours, comme par magie, dans la nouveauté. Depuis qu’il a dû faire marche arrière pour s’extraire du cul-de-sac du " free " dans lequel il s’était enfoncé à la fin des années 1960, le jazz ne cesse d’hésiter sur les nouvelles voies dans lesquelles s’engager pour trouver un nouveau souffle. D’une part, il cultive son patrimoine, se laisse tenter, sous la conduite du conservateur en chef Wynton Marsalis, par un registre de répertoire qui  vise à lui conférer un statut de musique classique, s’efforce de revenir aux sources, flirte parfois avec l’académisme. Mais d’autre part il explore, expérimente, musarde, s'est imprégné de rock dès les années 1970, à l’initiative de Miles Davis et d'Herbie Hancock, importe des sonorités exotiques étrangères à ses origines américaines, venues d’Afrique, d’Amérique latine, depuis peu du Proche-Orient (Ibrahim Maalouf), ou des instruments nouveaux étrangers à sa tradition propre (l’accordéon astorpiazzolesque de Richard Galliano). Dans l’Amérique urbaine d’aujourd’hui il emprunte au rap, au hip-hop, au blues éternel des origines, à la soul music dont il tire beaucoup  sa sève. Il méandre, hésite, se colore, se métisse à l’envi. Mais ce faisant il n’innove souvent qu’en surface et dans l’instant, sans se fixer sur une direction claire et résolue. Il est très souvent rattrapé par sa propre tradition. Les meilleures de ses réalisations contemporaines (prenons l’exemple du disque en duo de Stéphane Belmondo et Sylvain Luc, « 2.0 », paru cet automne) éveillent ainsi des échos de réalisations plus anciennes de plusieurs décennies (en l’occurrence Art Farmer et Jim Hall).

    Le passé reste omniprésent et continue de donner le La. Quelques vaillants octo (Sonny Rollins) ou nonagénaires  (Ahmad Jamal) continuent à dominer la scène : le second vient de nous offrir un disque en solo admirable, « Ballades ». Mais derrière eux  ce sont des voix d’outre-tombe qui nous restituent un jazz bouillonnant de vie, tonique, immortel. Quelques découvertes récentes de trésors dormant dans on ne sait quelle cave oubliée viennent ainsi de nous rendre le grand frisson qui accompagna jadis l’apparition de cette musique inspirée. Deux enregistrements de John Coltrane et de son célèbre quartet (McCoy Tyner, Jimmy Garrison, Elvin Jones), datant respectivement de 1963 et 1964, ont ainsi été publiés au printemps de 2018 et à l’automne de 2019, tous deux chez Impulse. Le premier (« Both Directions at Once - The Lost Album ») a été retrouvé miraculeusement dans les affaires de la première épouse de Coltrane, Naïma, après sa mort. Il est d’une vigueur et d’une invention incroyables. Le second (« Blue World ») , enregistré entre les classiques « Crescent » et « A Love Supreme », était destiné à la bande sonore d’un film oublié, « Le Chat dans le Sac », de Gilles Groux - un ami de Garrison, qui sut persuader Coltrane de sacrifier au devoir d’amitié. Il est moins abouti mais reste d’une grande verdeur, et nous offre - c’était presque un dû - deux belles interprétations de la ballade « Naïma », que Coltrane écrivit en hommage à sa femme, peu avant de s’en séparer. L’année précédente nous avait gratifiés de façon similaire d’un chef-d’œuvre jusqu’alors inédit de Thelonious Monk : l’ensemble des enregistrements réalisés à Paris, en 1960, lorsqu’il grava la bande sonore du fim de Roger Vadim « Les Liaisons Dangereuses ».  Monk n’a jamais mieux joué qu’à cette occasion.

    La leçon de ces découvertes est claire. Ces enregistrements sont indémodables, intemporels, immortels. Ils ont la profondeur, la fraîcheur, l’évidence des grands classiques. Les grands musiciens peuvent disparaître, mais leur musique ne meurt jamais.

Copyright © 2019 Le Nouvel Esprit Public, Tous droits réservés.


Si vous voulez nous écrire :
contact.lenouvelespritpublic@gmail.com

Vous souhaitez vous désinscrire ?
Desinscription.nep@gmail.com
 






This email was sent to <<Adresse email>>
why did I get this?    unsubscribe from this list    update subscription preferences
Le Nouvel Esprit Public · 4 rue de la Vrillière · Paris 75001 · France