Le CPIE des Collines normandes est opérateur du site Natura 2000 Vallée de l'Orne et ses affluents. Au sein de ce site existe un ancien tunnel ferroviaire long de 1.8 km sur lequel repose de très for tenjeux de conservation pour les chiroptères, notamment durant la période d'hibernation. Ce site fait l'objet d'un suivi scientifique depuis 20 ans. Jusqu'à 12 espèces hibernent dans ce tunnel pour un maximum connu de 304 individus correspondant aux derniers comptages 2019/2020. Ce tunnel, propriété de SNCF réseau, est fermé par des grilles n'empêchant cependant pas efficacement  les intrusions humaines.
Au cours du mois de novembre 2019, le CPIE a constaté la publication d'une vidéo sur la chaîne YouTube (64 000 suiveurs) d'un explorateur urbain dont le contenu est axé sur la thématique historique. Réalisée au sein du tunnel, une scène de cette vidéo montrait le dérangement d'un essaim d'environ 100 Grands rhinolophes provoquant l'envol de plusieurs individus. Au regard des nombreux commentaires laissés par les internautes, l'engouement créé par cette expédition laissait présager de futures visites du site.
Le CPIE a donc pris l'initiative de contacter ces Youtubeurs. Ce premier échange visait à faire retirer la vidéo en question, à leur rappeler les peines auxquelles ils s'exposaient en pénétrant dans un site privé fermé et en dérangeant des espèces protégées (l'article L415-3 du code de l'environnement prévoit une peine pouvant aller jusqu'à 3 ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende). Considérant qu'il était préférable de sensibiliser plutôt que de sanctionner, le CPIE leur a ensuite proposé de réaliser une nouvelle vidéo à but pédagogique afin d'expliquer en quoi l'exploration de sites hypogés en période hivernale pouvait porter préjudice à la conservation des chiroptères. Plus largement, l'objectif était aussi de porter à la connaissance des internautes, des éléments sur la biologie et l'écologie de ces espèces. Les youtubeurs ont accepté cette proposition, la vidéo a été tournée le lendemain même de la prise de contact puis mise en ligne le dimanche suivant. L'expérience fut d'abord payante puisque le court-métrage fut visionné plus de 5 000 fois.
Pourtant, deux semaines plus tard, les propriétaires de la chaîne YouTube décident de mettre fin au jeu de conciliation en retirant leur vidéo, sans explication. Ils justifièrent plus tard leur acte par de la perte d'abonnés à leur chaîne ainsi que par la dégradation de leur image publique auprès de ces derniers. Ils ajoutèrent, suite à leur rencontre avec un avocat, qu'ils s'estimaient juridiquement inattaquables. Par conséquent et à leur initiative, la discussion était close.

Cette expérience locale fait écho à de nombreux autres actes de ce type recensés plus largement dans le grand ouest. Les explorateurs urbex pratiquent leur activité avec un certain sentiment d'impunité et les actions pédagogiques entreprises à leurs égards semblent peu efficaces au regard du manque d'intérêt des protagonistes pour le sujet. Quelle est donc la conduite à tenir dans ce genre de situation ? Trouver un autre moyen de sensibilisation de ce type de public ? Prévenir systématiquement l'OFB ? Il apparaît en tout cas nécessaire de se pencher sur la question à l'heure où les interactions urbex/conservation des chiroptères deviennent de plus en plus fréquentes.

Le site Natura 2000 Ancienne champignonnière des Petites Hayes est un site d'hibernation d'intérêt national. Après une première sécurisation provisoire en 1999, l'aménagement était devenu insuffisant depuis de nombreuses années, les pluies ayant lessivé les remblais. Ainsi, un contrat Natura 2000 déposé en 2019 a permis de financer la remise en état de la descenderie, le renfort de la voûte de l'entrée du site et la sécurisation de l'entrée d'origine. Les travaux ont débuté courant août et ont permis de rétablir l'accès historique du site, tout en sécurisant l'entrée. La prochaine étape serait de pouvoir recréer une ambiance boisée autour de l'entrée pour améliorer les fonctionnalités écologiques du site.

L'utilisation du site comme terrain de chasse a commencé à être étudié (quatre points échantillonnés en 2016 et 2017 grâce à un enregistrement passif). 

L'année 2019 fut un excellent cru avec un record de 30 nouveaux propriétaires signataires de l'opération Refuge pour les chauves-souris. Au total, 68 propriétaires (privés, collectivités, établissement public, association) sont investis à nos côtés pour la préservation de nos petites chauves-souris. Un grand merci à eux pour leur engagement !

Tous les deux ans, les Rencontres nationales de Bourges rassemblent les passionnés de chauves-souris du territoire français et des pays francophones. 

Le programme et les inscriptions sont accessibles sous le lien suivant :