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L'Agnus Letter, pour rester unis en temps de confinement...

Deux points avant de proposer une méditation sur l’Évangile de Lazare.

- Les sacrements qui nous manquent en ces jours agissent à travers la souffrance de leur privation. Et nous ressentirons davantage encore cette absence pour la Semaine Sainte. En temps normal, les sacrements agissent visiblement, comme signes efficaces et publics de l'amour de Dieu. Mais en ces temps, ils agissent très fortement à travers la privation que nous ressentons chacun personnellement : ne plus pouvoir nous rassembler visiblement, ne pas pouvoir faire notre confession pascale, sans savoir quand nous pourrons enfin nous confesser sacramentellement. Laissons cette privation agir en nous, car elle est un signe particulièrement efficace et fécond pour la grâce. Soyons donc très en paix, pour nous, pour nos défunts, même s'ils n'ont pas pu être visiblement accompagnés : l'amour de Dieu est toujours à l'œuvre pour nous sauver de multiples manières.

- Plusieurs d'entre nous s'inquiètent, à juste titre, de ne plus pouvoir soutenir financièrement la paroisse à l'occasion des quêtes dominicales. Une  plate-forme temporaire d’offrande de quête en ligne vient d'être ouverte. Les montants versés sur cette plateforme nationale, rapide et sécurisée, seront intégralement reversés aux diocèses qui, eux-mêmes, les reverseront aux paroisses : www.diocese-dijon.com/quete.

Résurrection de Lazare - Guillaume de Digulleville - vers 1400

"Lazare, sors dehors !"

Après la Samaritaine et l'aveugle-né, c'est Lazare qui nous est proposé par la liturgie en ce dimanche de Carême qui nous prépare directement à la Semaine Sainte.

A première vue, Lazare semble le personnage-clé de cet Évangile qui permet à Jésus d'affirmer qu'il est la Résurrection et la Vie. Mais plusieurs détails surprennent. Tout d'abord, au cœur d'un long récit, très détaillé, l'extrême sobriété du signe lui-même. Visiblement, Jean n'a pas voulu attirer l'attention sur l'aspect miraculeux, spectaculaire. A peine trois mots : "Celui qui avait été mort sortit". Ce n'est pas beaucoup pour faire la Une d'un journal télévisé ou alimenter une émission de téléréalité ! Vraiment, on aurait aimé en savoir plus : est-ce que cela s'est fait progressivement ou d'un seul coup ? Qu'a ressenti le principal intéressé ?  Lazare était-il satisfait de revenir à la vie en sachant qu'il devrait à nouveau connaître la mort ? Qu'a-t-il appris lors de cette expérience inédite ? Or, ce qui intéresse visiblement davantage le quatrième Évangile, c'est une obscure histoire de bandelettes et de suaire.

Tout s'éclaire en mettant en regard ce qui s'est passé pour Lazare et ce qui va se passer pour Jésus. Au matin de Pâques, souligne le même Évangile, c'est en voyant le suaire et les bandelettes que les deux disciples Pierre et Jean vont commencer petit à petit à croire à la Résurrection.

Lazare "sort dehors", à l'extérieur : cette extériorité est amplifiée par son emprisonnement dans des bandelettes et un suaire qui l'enserrent au point que Jésus devra explicitement donner  l'ordre de l'en délivrer de l'extérieur. Cela en dit long sur la sidération des spectateurs qui ne pensent même pas à les retirer ! Lazare est passif, il se contente d'aller dehors, de reprendre vaille que vaille une place provisoire dans le monde des vivants, et l’Évangile mentionne plus loin qu'il devra affronter à  nouveau la mort (Jn 12,10).

Résurrection de Lazare - Psautier du XIIIe siècle

Lazare nous adresse ainsi un solennel avertissement. Son retour provisoire à la vie terrestre, après son confinement dans le tombeau, est pour nous un message central : lorsque, enfin, nous quitterons notre propre confinement, lorsque nous reviendrons à une vie sociale plus normale, lorsque nous ferons mémoire ce ceux que le virus aura conduit au tombeau, il faudra aussi surmonter la peur. Peur de nouvelles épidémies que la mondialisation et le primat de l'argent vont rendre inévitables, et même de plus en plus fréquentes si nous reprenons telles quelles nos mauvaises habitudes et nos insouciances. Peur de constater à quel point nous sommes plus fragiles que nous le pensons. Il nous faudra beaucoup de temps pour retisser des liens fraternels après ces semaines où chacun est devenu un danger pour l'autre, après ce temps durant lequel a été profondément ébranlée la confiance collective.

Les bandelettes de Lazare deviennent alors, paradoxalement, par contraste, un grand signe d'espérance. Dans le blême matin de Pâques, les disciples découvrent que le tombeau de Jésus est vide, mais c'est en voyant les bandelettes et le suaire qu'ils commencent à croire. Le tombeau n'est pas vide parce que le corps de Jésus aurait été déplacé, il est vide parce que Jésus, de l'intérieur, est entré dans le monde de la Résurrection. Jésus n'est pas sorti vers l'extérieur pour quitter le confinement du tombeau et revenir à la vie provisoire du monde. Il est entré dans l'intériorité absolue d'un monde définitif. De cette intériorité, le signe nous est donné à travers les bandelettes affaissées sur elles-mêmes, à travers le suaire resté sereinement là où il était, sans que personne n'ait eu à le retirer en le déplaçant. C'est l'intériorité d'une vie arrachée pour toujours au confinement de la mort. Nous découvrons alors en creux qui a, en secret, délivré Jésus des bandelettes et du suaire. La Résurrection est l'œuvre paternelle du Père, l'œuvre où le Père, de tout lui-même, fait ce qu'il est : il est le Père qui donne vie. En ressuscitant Jésus, le Père nous dévoile définitivement qui il est, ce qu'il est se donne à travers ce qu'il fait. Cette œuvre du Père, elle commence en nous, jusqu'au jour où, de l'intérieur de notre mort, nous entrerons dans la vie du Christ "sur qui la mort n'a plus aucun pouvoir" (Rm 6,9).

P. Didier Gonneaud

Reliquaire byzantin, présentant Lazare mort à gauche du Christ, et Lazare revivifié à droite
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