Copy
Voir ce mail dans votre navigateur

L'Agnus Letter du mois d'août, avec les horaires des messes.

Agnus Letter -  août 2020

15 août 2020 : Assomption, Dormition ?

La fête du 15 août a suscité une abondante iconographie, qui met habituellement l'accent sur l'entrée de Marie dans la gloire. Portée par des anges, pour souligner qu'elle ne monte pas au ciel par son mouvement propre mais en étant attirée par la gloire de Dieu, Marie est accueillie au sein de la Trinité.

En ce sens, l'Assomption n'est pas l'Ascension : Jésus, dans l'unité définitive de sa divinité et de son humanité, entre de lui-même dans le Royaume de Dieu, les anges ne font que l'accompagner et l'escorter, alors qu'il leur revient de soutenir la montée de Marie. C'est particulièrement visible dans un vitrail du 19e siècle, situé dans l'axe de la collégiale Notre-Dame de l'Assomption à Semur-en-Auxois. L'étroitesse exceptionnelle de la nef conduit à lever les yeux vers la lumière qui retombe sur l'édifice à partir de cette grande verrière.

vitrail du 19e siècle, collégiale Notre-Dame de l'Assomption, Semur-en-Auxois.
vitrail du 19e siècle, collégiale Notre-Dame de l'Assomption, Semur-en-Auxois.
Aux anges qui poussent Marie en bas correspondent ceux qui la tirent en haut, avec beaucoup de conviction mais plus ou moins d'élégance !
Il faut aussi remarquer un petit séraphin qui, aux pieds de la Vierge, forme le point d'appui de tout le mouvement : c'est par un acte d'amour suprême, brûlant comme l'ardent séraphin, que Marie se laisse emporter.
Détail du vitrail
On retrouve le même thème sur une peinture murale de l'église Saint-Michel, l'artiste a cru devoir souligner la gloire de Marie en insistant sur l'effort physique des anges qui la hissent vers les hauteurs.
Église Saint-Michel de Dijon, Assomption de la Vierge, peinture murale d'Eugène Nesle (1822-1871), cf. Jean-Pierre ROZE, Saint-Michel de Dijon, p. 170.
Église Saint-Michel de Dijon, Assomption de la Vierge, peinture murale d'Eugène Nesle (1822-1871),
cf. Jean-Pierre ROZE, Saint-Michel de Dijon, p. 170.
A côté de ces innombrables représentations de l'Assomption, la tradition occidentale garde aussi la trace d'un autre thème, davantage mis en valeur par l'Orient. La basilique de Beaune (de son vrai nom : "insigne collégiale Notre-Dame") conserve un cycle de tapisseries exceptionnelles, consacrées à la vie de la Vierge. L'avant-dernier panneau représente non pas une Assomption, mais une Dormition :
Tapisserie, Basilique de Beaune
Avant-dernier panneau des tapisseries de l'insigne collégiale Notre-Dame de Beaune

Agenouillé devant sa mère, le Christ, revêtu d'un vêtement vert translucide vient l'assister dans son passage : son regard plonge dans les yeux mi-clos de la Vierge. Les apôtres entourent Marie : Pierre esquisse un geste de bénédiction et tient un cierge allumé, un autre apôtre plonge dans son livre de prières. Seul saint Jean, juste au dessus de Jésus, contemple le Christ. La Bible de Marie est bien visible sur un tabouret : le livre est fermé, et usé, par contraste avec le livre flambant neuf, représenté grand ouvert, sur la scène de l'annonciation.

Si on parle du mystère de l'Assomption, on souligne alors que la Vierge immaculée va directement de la vie terrestre à la vie éternelle, sans passer par l'étape de la mort. Celle qui a été conçue sans péché ne peut connaître la conséquence du péché qu'est la mort, la disparition brutale de la conscience psychologique dans la séparation de l'âme et du corps. L'Assomption exprime ce qu'aurait pu être une création préservée du péché, sans aucun poids de mort et de violence.

Mais si on parle de Dormition, on souligne plutôt que la Mère de Dieu est assimilée à son Fils dans la totalité de ses mystères : elle traverse donc une mort réelle, à l'image de Jésus qui n'a pas refusé la mort du Calvaire. Certes, la Dormition est une sorte de mort d'amour, une mort non sanglante et sans agonie, mais d'une certaine manière elle nous rend Marie plus proche, nous qui avançons chaque jour inéluctablement vers le grand moment inconnu et parfois angoissant de notre disparition hors du monde.

Alors, que fêtons-nous exactement le 15 août ? Faut-il ne pas choisir, comme le grand tympan de Notre-Dame de Dijon semble le suggérer, en juxtaposant, d'après ce qui en reste, Assomption et Dormition ? On pourrait s'attendre à ce que la solennelle définition de l'Assomption (1er novembre 1950) tranche enfin cette question de la mort de Marie. Or les termes choisis par Pie XII, repris ensuite par le Concile de Vatican II, laissent soigneusement dans la pénombre cette question. Cela nous donne une formule magnifique, pleine de respect et de discrétion, s'arrêtant pudiquement devant le grand mystère : "ayant achevé le cours de sa vie terrestre, Marie est élevée corps et âme à la gloire céleste".

L'essentiel est donc de ne pas laisser courir l'imagination autour des derniers instants de Marie, et de rompre avec une curiosité indiscrète autour de la réalité de sa mort. Finalement, c'est le secret de Dieu, c'est ce qui se passe uniquement entre Dieu et Marie, comme nos derniers instants seront eux aussi un secret entre Dieu et nous. L'essentiel est de contempler Marie "achevant le cours de sa vie terrestre".

Mais si elle nous réjouit profondément en pensant à Marie, cette affirmation peut aussi laisser un goût amer dans les temps difficiles que nous traversons. Une fois de plus, et, sans doute, avec une ampleur nouvelle et universelle dans sa longue histoire, l'humanité est affrontée à un danger mondial insidieux, durable, aux effets pervers et incalculables. Un virus aussi violent que minuscule est venu remettre en cause notre manière de vivre, nos projets, nos insouciances parfois irresponsables, et semble boucher brutalement notre avenir commun.

Que peut-bien alors signifier actuellement "achever le cours de sa vie terrestre" ? Lors de la première crise de cette épidémie, nos sociétés ont visiblement et silencieusement décidé qu'à partir d'un certain âge, la question n'a plus trop d'importance. Une limite a même été fixée pour que les seniors veuillent bien reconnaître prudemment leur fragilité et accepter courageusement un certain destin : finalement il y a un âge où quelques années de plus ou de moins ne changent pas grand-chose et où le triage ne pose pas de problème éthique insurmontable. Je pense alors avec serrement de cœurs aux 25 personnes dont j'ai célébré les obsèques dans des conditions qu'aucune civilisation connue n'avait connues jusqu'ici à une telle échelle. Et il faut maintenant accompagner celles qui ont perdu le goût de vivre et se laissent glisser sans bruit après des semaines de solitude.

Il est possible que ces interrogations deviennent lancinantes maintenant qu'une nouvelle étape est franchie et que de nombreux jeunes vont être à leur tour victimes de leur inconscience collective ou des imprudences de leurs aînés. Fêter Marie va être cette année une redoutable épreuve de foi. Oui, nous nous réjouirons pour Marie, et nous ne pourrons pas oublier les liens particuliers que l'Assomption signifie entre elle et notre nation, mais qu'en est-il de ceux qui n'achèveront pas normalement le cours de leur vie terrestre ? Faut-il croire à un destin implacable, accuser les innombrables erreurs qui ont conduit à cette situation ? Faut-il relativiser les choses dans la confiance qu'un vaccin, qui réveillera sans doute les nationalismes les plus sauvages, fasse enfin revenir "au monde d'avant" ?

L'épreuve de la foi est exactement là : contempler Marie non pas pour rêver ou se consoler artificiellement, en imaginant que l'Évangile peut promettre la sérénité d'une longue vie "rassasiée de jours et d'années", pour reprendre l'expression biblique. Telle est bien en effet la perspective initiale de l'Écriture, mais la Révélation ne s'est pas contentée d'une sagesse ne se distinguant guère sur ce point de l'idéal païen du sage mourant comme Socrate, sans regret et sans amertume au terme d'une vie bien remplie.

Celle qui passe, dans une absolue douceur, de ce monde à l'autre, celle qui signifie la réussite de la création en entrant corps et âme dans la gloire de Dieu, c'est aussi celle qui porte la marque indélébile du Calvaire. Avec Jésus et pour Jésus, Marie a connu le cri lancinant du Psaume 101 : "Seigneur, ne me prends pas au milieu de mes jours". A vue humaine, Jésus est loin d'avoir achevé le compte de ses années, et c'est sans doute l'aspect de sa Passion qui nous le rend particulièrement proche, surtout en ce moment. Comme Jésus éprouvant dans sa mort une sorte d'abandon (Mc 15,34, citant le Psaume 21), Marie voit ce cri rester dans le vide, tomber dans le silence de Dieu : "ne me prends pas au milieu de mes jours".

La joie discrète de Pâques, l'exultation débordante de Pentecôte ne font pas disparaître ce silence inscrit au cœur de Marie et qu'elle emporte dans la gloire de son Assomption au jour où s'achève pour elle "le cours de sa vie terrestre". A l'heure où l'humanité s'interroge douloureusement sur la brièveté et la fragilité de l'existence, où sont trop nombreux ceux qui n'achèvent pas le cours de leur vie, cette fête du 15 août permettra à Notre-Dame de rejoindre ceux pour qui elle brille "comme un signe assuré d'espérance et de consolation devant le Peuple de Dieu en marche" (Concile Vatican II, Lumen Gentium § 68).

Eglise Saint-Michel de Dijon, Assomption, terre cuite de Guillaume Dubois (1654-1738), cf. Jean-Pierre ROZE, idem p. 157.
Eglise Saint-Michel de Dijon, Assomption, terre cuite de Guillaume Dubois (1654-1738),
cf. Jean-Pierre ROZE, idem p. 157.

Horaires des messes

Vendredi 14 août : messe anticipée à 16h30 (pas de messe à 18h30)
samedi 15 août :
- Messe de l'Assomption à 10h00

- Messe anticipée du dimanche à 16h30 (pas de messe à 20h00)
Dimanche 16 août :
- Messe à 10h00 
- Messe de l'archevêque à 20h00

Vous connaissez quelqu'un qui serait intéressé par l'Agnus Letter ?
N'hésitez pas à lui transférer ce mél ! Pour s'inscrire, il suffit d'entrer son adresse mél sur cette page.
Il faudra ensuite cliquer sur le lien du mél de confirmation qui sera envoyé.
Page facebook de la paroisse
Site internet de la paroisse
Copyright © 2020 Paroisse Saint-Bénigne, Tous droits réservés.


Voulez-vous changer la forme sous laquelle les mails vous sont envoyés ?
Vous pouvez modifier vos préférences ou vous désinscrire de la liste d'envoi.

Email Marketing Powered by Mailchimp