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Par le  AMR Think Do Tank

Juillet 2020

Dans cette édition du BRIEF sur AMR & COVID19 

Nous passons en revue cette PANDÉMIE (en essayant d’avoir une petite longueur d’avance) car elle est extraordinairement rapide, évoluant à la vitesse d’un million de cas supplémentaires (officiellement) par semaine, et qui s’accélère encore, et nous prenons NOTE que les chiffres officiellement publiés sont bien en dessous de la réalité, des États-Unis à la France ou au Japon.

Notre ’FLASH’ ce sont les 230 SCIENTIFIQUES avec leur formidable appel à reconnaître la transmission par VOIE AÉRIENNE, et nous avons proposé d’arrêter la climatisation (AC) or nos idées sont reprises par un spécialiste de Harvard ! Dossier complet dans le prochain BRIEF sur les modes de TRANSMISSIONS du SARS CoV 2 : aéroportée, fécale-orale ou par le sang.

Nous passons en revue et appelons à la surveillance des EAUX USÉES pour la COVID 19 comme outil unique pour prédire et visualiser l’arrivée et la montée des épidémies locales de COVID 19. Nous sommes également heureux d’annoncer que les experts américains et néerlandais accordent également une grande importance à la surveillance des eaux usées pour identifier la résistance aux antibiotiques.

Nous avons réalisé une interview exclusive sur la vie et l’expérience d’un médecin français, le Dr Jean-Pierre Bedos, chef de service d’une unité de soins intensifs durant la 1ʳᵉ vague de l’épidémie COVID 19.

Table des Matières:


 

Croquer les nombres et les digérer

UNE DEUXIÈME VAGUE ? Prendre de l’avance sur la PREMIÈRE vague, et de ne pas rester en dessous?
Les États-Unis, l’Inde, la majeure partie de l’Afrique, le Moyen-Orient… Et une deuxième vague ? Les pays où la première vague a reculé (Europe occidentale) sont enclins à penser qu’une deuxième vague ne se produira peut-être pas, juste parce que les entreprises le souhaitent, ou que les médecins des unités de soins intensifs l’éventualité insupportable, et le confinement est dur  ! Mais on commence à se rendre compte qu’elle frappera dès le mois d’août, sur pas mal de région.
Les chiffres officiels font état de plus de 13 millions de cas dans le monde (à la mi-juillet), augmentant d’environ 1 million de cas supplémentaires par semaine, pour autant que l’on compte les cas IDENTIFIÉS.
Mais la réalité pourrait même être bien pire :
  • En Inde, le prestigieux IMRI (Indian Medical Research Institute) a publiquement évalué que le nombre réel de cas en INDE pourrait être 20 fois supérieur aux chiffres officiels.
  • Les autorités sanitaires du BRÉSIL ont dû se battre contre la présidence pour continuer à publier des données, chiffres que beaucoup de gens signalent comme étant franchement fortement sous-estimés.
  • Du côté des États-Unis, où la situation est très difficile, les Centers for Disease Control (CDC) ont fait une estimation sur la base de tests sanguins effectués dans plusieurs États américains : ils rapportent que les TAUX RÉELS D’INFECTION pourraient être 11 fois plus élevés dans certains États, et même 20 fois plus élevés dans d’autres : ainsi il se pourrait que plus de 25 millions de personnes soient déjà infectées aujourd’hui rien qu’aux États-Unis !
 
Aux USA (et ailleurs), les taux de mortalité sont beaucoup plus élevés que ce qui a été rapporté. Au Texas : « Le nombre croissant de personnes qui meurent chez elles est le dernier indicateur d’une crise montante dans une région où sévit l’une des épidémies de coronavirus les plus graves et les plus rapides du pays », a déclaré le journal ProPublica. D’autres États rapportent la même chose de la part des unités de pompiers: une mortalité accrue, où le coronavirus n’est dépisté que parfois, à postériori.
 
Des foyers d’épidémies sont apparus en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse, entre autres, tandis que Barcelone en Espagne se re-confine.
La France a compté plusieurs centaines d’épidémies localisées (depuis le 11 mai, date de la levée du confinement, et maintenant 193 ont été identifiées par l’Agence de santé publique, dont la moitié étaient encore actives au 7 juillet, mais les autorités n’ont commencé à mettre en garde contre une « deuxième vague » que le 9 juillet. La ville de Marseille, qui a des liens étroits avec l’Afrique du Nord, voit maintenant le nombre de cas doubler tous les deux jours et les lits des unités de soins intensifs se remplissent.
Le professeur Eric Caumes (Hôpital de Paris Pitié-Salpétrière) n’est plus le seul à dire qu’une DEUXIÈME VAGUE se profile déjà en France et frappera dès cet été. Le gouvernement avait prévu 700 000 tests par semaine, or seulement un tiers de ce nombre est atteint, a déclaré le Pr Caumes. Cette situation indique l’urgence aussi d’une SURVEILLANCE DES EAUX USEES, ainsi qu’une meilleure information sur la transmission par VOIE AERIENNE.
L’Allemagne a un très grand foyer épidémique dans l’industrie de la viande. Voir notre prochain dossier sur la CRISE DE LA VIANDE, COVID‑19 a frappé Tönnies, l’un des plus grands producteurs mondiaux de porc en Allemagne, ainsi que des usines de viande aux États-Unis et ailleurs.
 
Pendant ce temps, comme de nombreux pays d’Europe occidentale, le Japon restreint l’accès aux tests et il y a des scènes de conflits entre les autorités gouvernementales et les organismes de santé.
 
Même la Chine, où les pratiques de confinement et de verrouillage sont très dures, est le théâtre de telles tensions - entre les intérêts commerciaux et la santé - et de tels conflits, comme le rapporte la presse chinoise centrale elle-même.
 
VILLES MORTES & CONFINEMENT, les débats erronés sur le confinement!
 
Très strict, style Chine / Modéré, en France) ou Laxiste, les USA et ses Etats du Sud notamment, ou l’Allemagne. Depuis des mois, la plupart des journalistes anglophones et francophones ne font pas la distinction entre ces trois grandes catégories d’enfermement-confinement très différentes. Pourtant, elles sont très dissemblables.
À Wuhan, toute la ville a été en quarantaine, interdisant aux gens de quitter leur domicile, de conduire, etc. Un membre de chaque foyer pouvait sortir pour chercher de la nourriture une fois par semaine, à moins qu’un membre de la task force spéciale ne vous apporte votre panier de nourriture.
Les personnels de santé devaient vivre dans des foyers spéciaux et ne pas rentrer chez eux.
À Pékin, il y a quelques jours à peine, un centre commercial entier a été fermé et les gens se sont plaints d’être enfermés pendant quelques heures quand UNE SEULE PERSONNE s’est mise à pleurer après avoir été informée de sa contamination par téléphone.
La Chine a organisé le dépistage obligatoire des plus de 10 millions d’habitants de Wuhan en une semaine (en le faisant par groupes de dix, et en refaisant le test pour chacune des dix personnes chaque fois que ce groupe était positif).
 
De la Corée à la France, puis au Japon… Vous trouvez ce que vous cherchez.
 
Au vu des chiffres, les tests PCR ont été réalisés de manière très différente d’un pays à l’autre. Au cours de la première phase de la crise pandémique, la Corée du Sud avait réalisé 6148 tests PCR par million d’habitants, contre 559 tests pour la France, et 117 pour le Japon, le 20 mars, ce qui correspond aux 54-59 jours après que le premier cas ait été détecté dans ces pays. Ainsi, une différence de 52 fois entre le Japon et la Corée a été observée au début de la phase pandémique.
 
Six mois se sont écoulés depuis l’apparition des premiers cas dans ces pays, où en sommes-nous ? Eh bien, le 29 juin, le site web officiel du ministère japonais de la santé faisait état d’un total de 461 446 personnes testées dans tout le pays, soit environ 3662 personnes testées par million d’habitants. En comparaison, à la même date, la France a fait état de 38 000 personnes testées par million d’habitants, soit une différence dix fois supérieure à celle du Japon. La Corée du Sud, qui a réussi à réduire l’impact de la pandémie grâce à sa stratégie de tests de masse au cours de la première phase, avait testé 25 000 personnes par million d’habitants au cours de la même période. À ce jour, le Japon se classe 159e sur 194 pays en termes de tests par million d’habitants. Il n’est donc pas étonnant que le nombre de personnes infectées soit si faible au Japon, et cela nous amène certainement à nous interroger sur le nombre de décès liés au coronavirus.
 
Une version modérée du confinement a été expérimentée en France
 
Les transports publics sont restés ouverts même pendant le confinement de Paris. Les gens pouvaient (avec une seule feuille de papier stipulant pourquoi ils étaient dehors – à moins d’un km de chez eux), et vous pouviez réécrire ou imprimer) plusieurs de ces tests par jour : un pour promener le chien, un pour aller acheter du pain, un pour aller au supermarché, un pour faire une « promenade de santé ». Le verrouillage « modéré » a été quand même un succès.
 
Un fan français de Twitter a plaisanté lors du déconfinement : « La levée du confinement ne signifie pas que la pandémie est terminée, simplement, il y a maintenant de la place pour vous dans l’unité de soins intensifs ! »
 
De nombreux pays, régions, états, ont tardé ou ont été tout à fait réticents à l’idée d’aller en confinement. La partie sud des États-Unis paie cher son refus de fermer, tandis que des pays comme la France ont été poussés par les entreprises à rouvrir, mais les tests et la traçabilité ne sont pas suffisants pour contrôler les épidémies localisées.
Au Royaume-Uni, beaucoup de décès ont été causés par la pratique consistant à transférer les patients dans des maisons de retraite. De plus, le journal The Guardian a souligné la difficulté des « Aides à Domicile » (qui travaillent pour aider les handicapés, les personnes âgées ou les très jeunes enfants, car leur indemnité de maladie est inférieure à 99 livres par semaine) : « Les soignants atteints de coronavirus sont confrontés à un choix terrible : vivre dans la pauvreté ou risquer de tuer le patient. »
 
Tests, Suivi des Cas Contacts et Information-Transmission
 
Dans l’ensemble, le niveau de succès dans la lutte contre l’épidémie a été intimement lié aux facteurs interdépendants :
1- Capacités de TESTS, et moyens humains de TESTS et de SUIVI DES CONTACTS
2- Niveau de confinement et consentement de la population (les États-Unis et le Brésil se démarquent particulièrement avec les manifestations CONTRE tout confinement et contre les MASQUES !
3- Capacités globales des SYSTÈMES DE SANTÉ PUBLICS, y compris le nombre de lits de soins intensifs et d’hôpitaux en général pour 10 000 habitants, le nombre de personnels de santé, la couverture de la sécurité sociale et de la santé publique, ainsi que les capacités à construire des centres de soins de santé dans l’urgence.
4- Gestion des risques de transmission. En général, l’OMS et les autorités sanitaires sous-estiment toujours systématiquement les risques de TRANSMISSION. La réticence, voire la négation, du péril fécal, de la propagation par voie aérienne, de la transmission de cas « asymptomatiques », et les « experts » des gouvernements cafouillent beaucoup dans les « rapides » de cette maladie.

FLASH : LA COVID 19 SE PROPAGE PAR VOIE AÉRIENNE ! Coupez l’air conditionné et ouvrez les fenêtres!

Nous félicitons les 230 scientifiques qui ont fait preuve d’un réel leadership dans cette pandémie COVID 19 en attirant l’attention sur l’accumulation de preuves concernant la nature aéroportée de cette pandémie, et la nécessité d’une VENTILATION adéquate ! Nous sommes heureux de constater que la scientifique en chef de l’unité de ‘prévention et de contrôle des infections’ de l’OMS, la Dr Benedetta Allegranzi, a réagi correctement, bien qu’avec la prudence habituelle de l’OMS, à savoir que d’autres enquêtes seraient menées sur ce mode de propagation.

Pour nous au AMR-COVID 19 BRIEF, nous sommes totalement convaincus de la transmission par VOIE AÉRIENNE, et nous disons carrément : ARRÊTEZ LA CLIMATISATION, L’AIR CONDITIONNÉ (AC) PARTOUT, EN COMMENÇANT AUX USA, un pays très accro à l’AC!
La pétition des scientifiques dit : « Nous demandons à la communauté médicale et aux organismes nationaux et internationaux compétents de reconnaître le potentiel de propagation aérienne de la COVID 19. Il existe un potentiel important d’exposition aux virus par inhalation dans des gouttelettes respiratoires microscopiques (micro-gouttelettes) à courte ou moyenne distance (jusqu’à plusieurs mètres, ou à l’échelle d’une pièce), et nous préconisons l’utilisation de mesures préventives pour atténuer cette voie de transmission par voie aérienne. » Le groupe de plus de 230 scientifiques réunit un très large éventail d’experts issus du monde universitaire et des entreprises d’ingénierie.
Ils formulent trois recommandations :
« - Assurer une ventilation adéquate et réduire l’air recyclé dans les espaces fermés.
- Des mesures contre les infections aéroportées : aspiration locale, filtration à haute efficacité, lampes ultraviolettes
- Eviter la formation de foules compactes, notamment dans les transports publics.


Au AMR-COVID 19 BRIEF, nous avons suspecté – et il existe des données scientifiques -- que l’AC pourrait être responsable d’un certain nombre de foyers bien identifiés dont le mode propagation n’a pas été bien déterminé : du navire de guerre nucléaire français Le Charles de Gaulle, aux bateaux de croisière, aux chorales et aux rassemblements d’église, aux épidémies dans les restaurants et les hôtels. La propagation par l’air du SARS CoV 2 les expliquent. C’est notre avis scientifique éclairé.
Certains ont dit, à tort, que le temps estival calmerait la pandémie, confondant chaleur et vie en plein air ! Mais les pauvres vivent dans des logements surpeuplés, et aux États-Unis, ils disposent de vieux climatiseurs.
EN COUPANT L’AIR CONDITIONNÉ, notamment dans tous les restaurants et lieux fermés, ON POURRAIT SAUVER DE NOMBREUSES VIES !
Nous devons également penser aux bâtiments dont les fenêtres ne s’ouvrent pas !
Nous publierons un long briefing dans le prochain AMR-COVID19 BRIEF sur les modes de propagation des infections par voie aérienne, orale-fécale ou par le sang. Il est vraiment important que les décideurs et ‘experts’ en politique de santé mondiale / globale, maîtrisent les besoins en termes de PRÉVENTION et mettent un terme à des années de négligences de la sécurité des patients, notamment dans les pays et régions à faibles ressources.

Addendum: Au moment de finir ce BRIEF, nous notons que le Pr Edward Nardell de HARVARD, estime que l’AC est un facteur de propagation probable du virus SARS CoV 2 aux USA et il recommande d’ARRÊTER L’AIR CONDITIONNÉ!
Mythes: les Vieux Versus La Génération du Millénaire
Le mythe selon lequel la maladie COVID‑19 ne tue ‘que’ les personnes âgées, et que les jeunes restent principalement ‘asymptomatiques’ et ne souffrent pas des conséquences, ni même ne transmettent le virus, est une croyance très risquée.
Non, la COVID‑19 n’épargnera pas l’Afrique parce que « le continent a un climat chaud et que sa population est jeune », un mythe courant entendu de l’industrie, des ONG, des gouvernements et même parfois de l’OMS, non le confinement, n’a pas « sacrifié des jeunes pour des vieux » comme si on mettait dans la balance l’emploi (des jeunes) et la santé (des vieux) ! Aussi a-t-on oublié l’Arabie Saoudite et l’Iran avec de grosses épidémies COVID‑19 et des températures de plus de 40 degrés Celsius (+104 F)
 
  1. La COVID‑19 affecte aujourd’hui de plus en plus la génération du millénaire (The Millennials), de jeunes adolescents et de jeunes adultes.
    La Dr Deborah Birx, chef du groupe de travail américain sur la COVID‑19, l’a noté avec anxiété. Les rapports de Floride et du Texas font état de nombreux nouveaux cas chez les moins de 50 ans. Les autorités sanitaires de Californie rapportent : 40 % des nouveaux cas sont âgés de moins de 34 ans depuis dix jours. Les experts commencent à s’inquiéter du fait que l’épidémie rajeunit ! Il existe des rapports scientifiques sur les décès/maladies de jeunes enfants. Et de plus en plus de cas de femmes enceintes atteinte de COVID‑19 font surface, ce ne sont PAS des personnes âgées par définition !
 
  1. La COVID‑19 a déjà fait payer un fort lourd tribut aux jeunes et travailleurs adultes de la communauté hispanique et noire des États-Unis.
    La revue The Nation a documenté les terribles effets sur les Noirs, le Washington Post (WaPo) a régulièrement rapporté cette actualité.
 
  1. La COVID‑19 touche de plus en plus de femmes enceintes avec, parfois, des conséquences dangereuses, par définition celle-ci ne peuvent pas être âgées !
    La revue Pro-Publica, écrit sur la négligence de l’impact sur les femmes enceintes.
 
  1. La COVID‑19 touche massivement les détenus de tous âges (rapporté aux US) ainsi que les jeunes travailleurs migrants travaillant dans l’industrie alimentaire : abattoirs et usines de conditionnement de la viande, travailleurs agricoles des fruits et légumes, foyers de migrants. Les données américaines font état, dans certains cas, d’un taux de COVID‑19 extrêmement élevé dans les prisons de longue durée. Les rapports des journalistes européens et américains sur les foyers et les grandes épidémies dans l’industrie de la viande (fermes d’élevage, visons) sont présentés dans notre dossier sur ce sujet.
 
  1. Être infecté par le SARS‑CoV‑2 et être ‘asymptomatique’ – c’est-à-dire sans ‘symptômes’ visibles ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’effets sérieux dans une proportion de cas. Des études scientifiques, par exemple, rapportent des scanners pulmonaires montrant des cas d’opacités vitreuses chez des personnes asymptomatiques pas conscientes de problèmes respiratoires. Les conséquences de cette pandémie n’ont pas encore été identifiées. Les données scientifiques arrivent.
 
  1. La COVID‑19 a tué des milliers de DOCTEURS, d’INFIRMIERS, de membres du personnel de santé et de soins à la personne dans le monde entier. Il ne s’agit PAS de personnes âgées, la majorité d’entre elles ont moins de 65 ans.
    On signale des décès et des maladies en sur-nombre dans le monde entier, certaines identifiées comme COVID‑19 seulement post-mortem.
Au Royaume-Uni, les travailleurs dans le soin à domicile qui tombent malades de la COVID‑19 ont le choix entre prendre un congé-maladie avec une compensation établie à seulement 98 Livres Sterling par semaine et ne pas pouvoir nourrir leur propre famille ou bien risquer de contaminer voir tuer leurs patients (bébés, handicapés, personnes âgées) selon The Guardian. En France, une initiative de 2 parlementaires, opposition et majorité, les députés LFI François Ruffin et LREM Bruno Bonnell ont déposé un projet de loi sur ‘les Métiers du Lien’ qui, de façon générale, risquent leur vie (jeunes et adultes, non-agés) et celles des autres faute de protection sociale, économique et sanitaire.
 
  1. La COVID‑19 est une maladie très compliquée : oculaire, vasculaire, cardiaque, rénale, diabétique, neurologique, et une maladie immunologique. Il semble qu’un jeune adulte soit parfois plus susceptible d’avoir une crise cardiaque, de développer une insuffisance rénale soudaine, de développer soudainement un diabète, que de souffrir de graves difficultés respiratoires. Lors des vagues importantes de COVID‑19, tous les pays ont connu une augmentation (actuellement en hausse) de la mortalité ‘autre’. Lorsque les moyens ne sont pas au rendez-vous, ces cas ne sont pas comptabilisés, pas souvent testés en hôpital ou en morgue.

    Les médias qui disent que le danger est ‘uniquement pour les personnes âgées’ oublient que le premier LANCEUR D’ALERTE de la COVID‑19, le pauvre MÉDECIN CHINOIS, un ophtalmologiste, qui a d’abord essayé d’alerter les autorités médicales de Wuhan sur l’émergence d’une pneumonie dévastatrice, est mort à 34 ans !
 
  1. La COVID‑19 ne peut pas être caractérisée comme une maladie généralement bénigne par rapport à d’autres maladies bien connues. On estime simplement qu’en général, peut-être 10 à 20 % des gens infectés par le SARS‑CoV‑2 peuvent devenir symptomatiques et que moins de 1 % en meurent.
    Si nous appliquons ce préjugé aux maladies les plus courantes en général (le VIH-SIDA étant une exception), nous pouvons tout aussi bien mettre un terme à tous les soins hospitaliers, il est évident de dire que les personnes âgées ont un risque de décès plus élevé ! Et que pour des maladies infantiles comme la polio (que j’ai eu sévère) ce sont les bébés les plus à risques de paralysie ! La grande majorité des gens infectés feront une petite grippette !
    Ensuite, l’Allemagne comme la Chine ont une population plus âgée que la France ou la Californie, mais les taux de mortalité ont été beaucoup plus faibles, car elles ont beaucoup de capacités de lits d’hôpitaux, beaucoup d’unités de soins intensifs, beaucoup plus de systèmes publics de santé et de personnels.
 
La France, l’Italie ou le Royaume-Uni ont connu 20 ans de réduction de leurs capacités en matière de santé publique et d’hôpitaux, et ont moins du tiers de l’Allemagne. Les USA sont très faibles en termes de systèmes publics de santé.
Les capacités à tester, à prendre en charge les malades à un stade précoce, dépendent des capacités du secteur public de la santé et des systèmes de sécurité sociale.

Sélection de sources (anglophones pour la plupart):

1) Rajeunissement
2) Blacks and Hispanics, USA 3) Grossesses & COVID‑19
 
4) Prisons / Industries agro-alimentaires
 
5)  Même si “Asymptomatique”, ce Coronavirus peut faire des domages.
7) Une maladie aux multiples facettes. Le BRIEF y revienda au prochain numéro 8) Les réseaux sociaux et les médecins.
La Surveillance du SARS CoV 2 par les eaux usées est une question d’urgence ! Et la surveillance de la résistance aux antimicrobiens (AMR) aussi!
La présence du coronavirus dans les selles et les eaux usées permet de:
  • Voir venir les épidémies locales de COVID‑19, ce qui est essentiel pour la planification de la réponse par l’État et la préparation des services de soins intensifs des hôpitaux !
  • Entrevoir la possibilité d’une transmission fécale-orale du SARS‑CoV‑2.
  • L’eau, les surfaces et les endroits avec vecteurs peuvent être des voies de transmission.
Ainsi donc le nécessaire serait:
  1. La surveillance des eaux usées, car la quantité de coronavirus qu’elles contiennent permet de PRÉDIRE l’arrivée d’épidémies dans la communauté concernée. Des études menées en Australie, en France (Institut Pasteur, Eau de Paris), aux Pays-Bas, en Finlande, en Espagne, en Italie et dans certains États américains le confirment.

    Un excellent article dans la publication STAT fait écho à nos propres convictions. Pour ce qui concerne la Résistance aux Antimicrobiens (AMR), comme CIDRAP nous considérons que la surveillance des eaux usées est plus efficace que la surveillance traditionnelle de l’AMR par le système GLASS (lancé par l’Organisation mondiale de la Santé)
     
  2. L’accès à l’eau et les infrastructures (à rénover: canalisations, etc.) doivent être considérés comme prioritaires en tant qu’investissements dans les pays et communautés riches (négligence typique de New York à Flint, et du Royaume-Uni à la France), tandis que les pays mal équipés ont besoin d’investissements internationaux massifs.
  3. Il est urgent de fournir des informations importantes au public, au personnel soignant et aux patients, tant dans les pays riches que dans les pays en développement.
  4. Enfin, les ONG du secteur de l’eau devraient participer à l’effort, et bénéficier de financements à cet effet.
Toutes les mesures ci-dessus seront très utiles pour contrôler la propagation des infections résistantes aux antimicrobiens et pour améliorer les services de santé et la santé générale des populations.
 
Actualité: eaux usées et COVID-19:
 
Dans un remarquable article de la revue STAT de Boston, les auteurs proposent : « Il est temps de lancer un programme national (étasunien) d’analyse des eaux usées pour la COVID‑19 »
Il est évident que leur proposition, que nous partageons pleinement, s’applique aussi au reste du monde.
 
En France, la société ‘Eau de Paris’ a également préconisé la surveillance des eaux usées et réalisé des études scientifiques. De même, l’Institut Pasteur.
D’ailleurs, cette analyse est aussi très pertinente face à la résistance aux antibiotiques, avec notamment une analyse régulière des eaux usées des systèmes de santé, surveillance qui pourrait être plus exacte que le système GLASS actuel de l’OMS, lequel a ses mérites et en même temps des faiblesses.
 
Cet automne le AMR Think-Do-Tank produira un dossier avec les meilleurs experts mondiaux sur le thème «  AMR & the ENVIRONNMENT’ a Global Health Security Issue », un projet lancé à (la conférence) EDAR 2019 in Hongkong et qui fut prémonitoire puisque nous y avions inclus le thème de la SÉCURITÉ SANITAIRE MONDIALE bien avant l’apparition du SARS‑CoV‑2. Ainsi, tout naturellement nous y inclurons la COVID‑19 dans les eaux usées.
 
Les auteurs dans STAT écrivent:
 
« Alors que la pandémie de COVID‑19 se propage à travers l’Amérique du Nord, causant un nombre record de cas, presque toutes les solutions pour contrôler la maladie incluent davantage de tests, surtout lorsque les villes et les États tentent de rouvrir. Mais comme les États atteignent leurs limites en matière de tests, nous avons besoin de nouveaux outils pour comprendre la transmission de la COVID‑19. Un programme national de surveillance des eaux usées offre une approche rentable pour suivre la COVID‑19 dans la majorité de la population américaine et fournir des alertes précoces en cas de résurgence »
 
(…) « Les personnes infectées par le SARS‑CoV‑2 répandent le virus dans leurs selles avant même de présenter les symptômes de COVID‑19. L’analyse des eaux usées pour détecter le virus, en utilisant des méthodes comme celles utilisées pour tester les individus, peut prédire le niveau d’infection de la communauté une à deux semaines avant les diagnostics cliniques, et montrer des niveaux croissants et décroissants d’infection et de transmission du coronavirus. L’analyse des eaux usées d’une maison de retraite, d’une prison ou d’un dortoir pourrait éventuellement donner un signal précoce qu’un ou plusieurs résidents sont infectés et, par conséquent, entraîner l’analyse de chaque résident »
 
STAT rapporte que « La surveillance nationale des eaux usées exigerait des tests au moins hebdomadaires dans les stations d’épuration et les égouts. Bien que certains États, tels que le Colorado, l’Ohio et New York, aient pris des mesures pour mettre en œuvre des efforts de surveillance des eaux usées, les États-Unis n’ont pas de programme national COVID‑19 pour cela » (…)
 
Les auteurs citent ensuite quelques pays : Australie « le projet Collaboration pour la Surveillance du SARS‑CoV‑2 dans les Eaux Usées » En Finlande, l’Institut finlandais de la santé et du bien-être supervise l’échantillonnage dans 28 stations d’épuration des eaux usées dans le cadre d’un programme de surveillance qui couvre 60 % de la population finlandaise. Les Pays-Bas ont mis en place des tests hebdomadaires dans 29 usines qui couvrent environ 25 % de la population néerlandaise. (…)
« Le Pakistan a mis en place un programme qui s’appuie sur le réseau de surveillance environnementale de la polio existant pour surveiller le SARS‑CoV‑2 dans 78 stations d’épuration des eaux usées à travers le pays »
Les auteurs de l’article STAT qui inclut la direction du Harvard Global Health Institute, expliquent ensuite en détail comment planifier une telle initiative. Ce sont : Anna Mehrotra, senior wastewater engineer, CDM Smith Inc., Prof David A. Larsen Syracuse University in New York, et Prof Ashish Jha, Harvard T.H. Chan School of Public Health qui est directeur du Harvard Global Health Institute.
 
Dans un numéro précédent de STAT, un article au titre provocateur « How the world can avoid screwing up the response to COVID‑19 again » (Comment le monde peut éviter de cafouiller dans sa réponse face à la maladie COVID‑19, le 5 juin) avait questionné 11 experts mondiaux et retenue en premier la surveillance des eaux usées !
 
Ci-dessous des résumés sur des études conduites à Paris en FRANCE, en ITALIE, ESPAGNE et en CHINE sur la surveillance
 
FRANCE, PARIS
En France, ‘Eau de Paris’ a également plaidé en faveur de la surveillance des eaux usées et a réalisé des études scientifiques.
« Évaluation de l’impact du confinement sur la dynamique du SARS‑CoV‑2 par la quantification du génome viral dans les eaux usées de Paris ». Laurent Moulin et al. « Dans le présent travail, nous avons supposé que la quantification des génomes du SARS‑CoV‑2 dans les eaux usées devrait être en corrélation avec le nombre de porteurs symptomatiques ou non symptomatiques. Pour tester cette hypothèse, nous avons effectué une analyse quantitative du CoV-2 du SARS par RT-qPCR dans des échantillons d’eaux usées brutes prélevés dans plusieurs grandes stations d’épuration de la région parisienne. L’étude a été menée du 5 mars au 23 avril 2020, incluant donc la période de confinement en France (depuis le 17 mars 2020). Nous avons confirmé que l’augmentation des unités du génome dans les eaux usées brutes a suivi avec précision l’augmentation des cas de COVID‑19 humains observée au niveau régional. Il est à noter que les génomes viraux ont pu être détectés avant le début de la croissance exponentielle de l’épidémie. Tout aussi important, une diminution marquée des quantités d’unités de génomes a été observée en même temps que la réduction du nombre de nouveaux cas de COVID‑19, qui était une conséquence attendue du confinement. En conclusion, ce travail suggère qu’une surveillance quantitative des génomes du SARS‑CoV‑2 dans les eaux usées devrait apporter des informations importantes et complémentaires pour une meilleure étude de la circulation du SARS‑CoV‑2 à l’échelle locale ou régionale.

CHINE
Présence prolongée de l’ARN viral du SARS‑CoV‑2 dans les échantillons de matières fécales, Xi Huang, Université Sun Yat-Sen
The Lancet Gastroenterology and Hepatology

ITALIE
L’Institut Supérieur de la Santé de l’Italie (Istituto Superiore di Sanita ; ISS) signale que les eaux usées de Milan et de Turin contenaient déjà des séquences d’ARN viral COVID‑19 le 18 décembre 2019, soit plus de 2 semaines avant que la Chine ait signalé ses 1ers cas et 6 semaines avant que les 1ers cas italiens ne soient détectés, le 31 janvier 2020.
 
ESPAGNE
« L’ARN du SARS‑CoV‑2 dans les eaux usées a anticipé l’apparition de la COVID‑19 dans une zone à faible prévalence. Gloria Sanchez et autres. Institut d’agrochimie et de technologie alimentaire, IATA-CSIC.
L’excrétion fécale de l’ARN du SARS‑CoV‑2 chez les patients atteints de COVID‑19 a été largement signalée. C’est pourquoi nous avons étudié l’occurrence de l’ARN du SARS‑CoV‑2 dans six stations d’épuration des eaux usées (SEEU) desservant les principales municipalités de la région de Murcie (Espagne), la zone où la prévalence de COVID‑19 est la plus faible de la péninsule ibérique (...)
Ces données de surveillance environnementale ont été comparées aux cas COVID‑19 déclarés au niveau des municipalités, révélant que les membres de la communauté excrétaient l’ARN du SARS‑CoV‑2 dans leurs selles avant même que les premiers cas ne soient signalés par les autorités locales ou nationales dans de nombreuses villes où les eaux usées ont été échantillonnées. La détection du SARS‑CoV‑2 dans les eaux usées aux premiers stades de la propagation de la COVID‑19 souligne la pertinence de cette stratégie en tant qu’indicateur précoce de l’infection au sein d’une population spécifique. »

Les études italiennes et espagnoles susmentionnées ont conduit à des spéculations selon lesquelles le SARS‑CoV‑2 aurait pu exister dans le monde entier AVANT son apparition à Wuhan, en Chine, et c’est un journal conservateur britannique, The Telegraph, qui met l’accent sur cette histoire : « Exclusif : Selon un expert de l’université d’Oxford, le COVID‑19 n’est peut-être pas originaire de Chine. Le Dr Tom Jefferson, tuteur principal du CEBM (Centre for Evidence-Based Medicine, Oxford), estime que de nombreux virus sont en sommeil dans le monde entier et émergent lorsque les conditions sont favorables (…) »
The Telegraph.
 
 
FINLANDE
Institut finlandais de la santé et du bien-être
« Coronavirus trouvé dans les eaux usées à Helsinki et Turku mais pas dans d’autres sites contrôlés chaque semaine.
« La collecte d’échantillons a commencé en avril dans 28 stations d’épuration des eaux usées au total. Pour l’instant, des échantillons sont collectés chaque semaine dans les stations d’épuration d’Helsinki, Turku, Tampere, Kuopio et Oulu. En outre, des échantillons seront collectés chaque mois… (liste d’une vingtaine de localités) (...)
« La collecte d’échantillons a bien démarré et les stations d’épuration ont accueilli l’étude avec satisfaction. »

 Parmi les MOYENS TECHNIQUES pour la surveillance: 
 
Développement d’un outil d’analytique à base de papier électrochimique pour détecter des particules virales.
(Development of an Electrochemical Paper-Based Analytical Device for Trace Detection of Virus Particles)
Les auteurs soulignent l’intérêt pour les pays pauvres, car les méthodes actuelles sont insuffisantes et lentes, et celle proposée serait peu chère et fort pratique, et ils démontrent l’efficacité de leur outil pour détecter des virus du Nil occidental. « Ce motif de détection est nettement moins cher (∼$1 par test) et plus rapide (∼30 minutes) que les méthodes actuelles, tout en permettant d’obtenir la sélectivité et la sensibilité souhaitées. Ce motif de détection représente une plate-forme générale pour la détection de traces d’un large éventail d’agents pathogènes biologiques. »
Par Charles S Henry, Dep. of Chemistry & Chemical & Biological Engineering, Colorado State University, USA, et all. Anal. Chem. May 23, 2018

ET LA SURVEILLANCE DES EAUX USÉES EST ÉGALEMENT LA CLÉ CONTRE L’AMR!

« Un article présente les avantages d’une surveillance mondiale de l’AMR basée sur les eaux usées »
La newsletter CIDRAP écrit cela en février en citant le magazine SCIENCE : « La mise en place d’un système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les eaux usées, basé sur le séquençage métagénomique, pourrait apporter des avantages substantiels et rapides et être mis en œuvre rapidement et à moindre coût, selon un article paru aujourd’hui dans la revue Science. »
Ce document, rédigé par des experts de l’AMR de l’Université technique du Danemark et de l’Université d’Édimbourg, affirme que les systèmes internationaux actuels de surveillance de la RAM, tels que le GLASS (Global Antimicrobial Surveillance System, de l’OMS) se concentrent sur la surveillance des isolats cliniques de patients hospitalisés et sur la résistance aux antibiotiques de dernier recours, ce qui fait qu’ils ne couvrent qu’une partie de la situation mondiale sur l’AMR. En outre, ce type de surveillance est basé sur de petits échantillons et est difficile à mettre en œuvre dans les milieux pauvres en ressources ».
« L’accent mis sur les milieux cliniques rend difficile la détermination de la propagation mondiale de la résistance aux médicaments de première ligne dans la communauté au sens large, ce qui représente une grande partie du fardeau mondial de l’AMR », écrivent les auteurs. CIDRAP: Center for Infectious Disease Research and Policy, Office of the Vice President for Research, University of Minnesota, Minneapolis, MN

Commentant sur Science: Utilisation des eaux usées pour la surveillance de la résistance aux antimicrobiens
Frank M. Aarestrup, Mark E. J. Woolhouse, Science 07 Feb 2020 :
Vol. 367, numéro 6478, p. 630-632

Création d’un « Consortium Public-Privé Néerlandais sur Antibiotiques et Eau »

L’Association néerlandaise des Médicaments Innovants (VIG), l’Association néerlandaise des Médicaments génériques et biosimilaires (BOGIN), l’European Water Stewardship (EWS) et AMR Insights ont pris l’initiative de créer un consortium public-privé néerlandais dans le but de soutenir les solutions technologiques et la capacité d’innovation pour réduire les émissions des flux de déchets antibiotiques. Le consortium cible les hôpitaux, les usines de traitement des eaux usées et les usines de fabrication à l’intérieur et à l’extérieur de l’Union européenne, y compris des pays tels que la Chine, l’Inde et d’autres pays à faible et moyen revenu.
À court terme, le consortium orienté vers l’action aura accès aux technologies existantes et les fournira. À plus long terme, le consortium mettra à disposition des solutions très innovantes et plus abordables résultant des travaux de recherche et de développement en cours et nouvellement lancés.
Le consortium se connectera et s’intégrera dans les structures mondiales existantes de premier plan. L’objectif du consortium est de réduire les émissions d’antibiotiques dans le but principal de contribuer à la réduction globale de la résistance aux antimicrobiens (AMR).
COVID‑19 est un ouragan, mais « l’AMR est un lent Tsunami »
Dans un contexte de pandémie mondiale, de surconsommation ou d’utilisation irrationnelle des médicaments, la pharmaco-résistance aux antimicrobiens (AMR) est presque inévitable, en raison de nombreux facteurs. Comme la pandémie de COVID‑19 signifie une utilisation accrue des antibiotiques dans le monde entier, des microbes plus résistants aux médicaments ’vont forcément revenir nous mordre’, a déclaré le Dr Tedros lors d’une conférence de presse de l’OMS. Les répercussions sur le traitement des maladies et les décès seront graves, étant donné que le monde est à court de moyens efficaces pour traiter la résistance aux antimicrobiens (AMR). « COVID‑19 a conduit à une utilisation accrue des antibiotiques, ce qui entraînera à terme des taux de résistance bactérienne plus élevés qui auront un impact sur la charge de morbidité et de mortalité pendant la pandémie et au-delà », a déclaré le Dr Tedros. Il faisait référence au fait que les patients gravement atteints du virus SARS‑CoV‑2 reçoivent souvent des antibiotiques pour prévenir les infections bactériennes secondaires.
« L’AMR est un lent tsunami qui menace plus d’un siècle de recherche scientifique », a déclaré le Dr Tedros lors d’une réunion de IFPMA (la Fédération internationale des industriels de la pharmacie) sur l’AMR en juin dernier.
 
La pandémie de COVID‑19 souligne la nécessité de comprendre les liens complexes entre infections bactériennes et virales. Il est important de considérer que les patients des pays qui ont utilisé des niveaux élevés d’antibiotiques peuvent aussi maintenant être confrontés à des complications supplémentaires lors de la co-infection par des bactéries résistantes aux antibiotiques. Dans la situation actuelle, des tests systématiques des patients COVID‑19 présentant une co-infection bactérienne peuvent être effectués afin de choisir le bon antibiotique pour augmenter la survie des patients et limiter la propagation de l’AMR. Le recours à des diagnostics rapides devrait être utilisé dans la mesure du possible.
La pandémie de COVID‑19 a eu un impact sur la compréhension par le public de la prévention et du contrôle des infections. Partout dans le monde, les gens pratiquent de meilleures techniques de lavage des mains et de distanciation sociale, ainsi que d’autres mesures pour prévenir l’infection. Des interventions améliorées dans les systèmes de santé ont été mises en œuvre dans le monde entier. Les implications de ces interventions pourraient-elles avoir un impact sur les niveaux d’autres agents infectieux et sur l’AMR ? Espérons que oui. Mostafa El Yamany.
 
« C’est un truc incroyable ce virus ! » Revivre la 1ʳᵉ vague dans un hôpital de France avec un médecin chef de réanimation
Interview Docteur Jean-Pierre Bedos,
Chef de Service Réanimation – Chef du Pôle CANDEUR
CH Versailles, Site Mignot


The Brief: Pouvez-vous nous dire votre expérience face à la vague COVID‑19 en tant que chef de service?
 
Dr Bedos: « Pour réussir, il ne suffit pas de prévoir, il faut aussi improviser », en trois semaines, du 4 mars au 30 mars, nous sommes passés de 20 lits de réanimation à 51 sur l’hôpital, en « armant » les salles de réveil, notre unité de surveillance continue, les unités de soins intensifs de cardiologie (USIC). Ce fut extrêmement difficile, passionnant, épuisant, mais tout le monde a fait preuve d’une grande solidarité et solidité… les médecins, les infirmières, car on a dû reformer des infirmières d’autres services, aller chercher les anciennes infirmières de réanimation, des aides soignantes, car au début de cette crise sanitaire, nous étions en déficit d’infirmières  ! De même sur un plan médical, des médecins juniors et seniors, anciens du service, sont revenus pour faire face à la charge de travail énorme, à l’augmentation des lignes de gardes quotidiennes.
 
Mais tout cela fut bien géré, avec un grand professionnalisme de tous. Au quotidien, la gestion de la « raréfaction » de tout était gérée avec toutes les directions fonctionnelles de l’hôpital : masques, surblouses, gants, lunettes, pousses seringues électriques, ventilateurs, médicaments pour sédation – curarisation, etc. Compte tenu du risque de transmission inter-personnelle, très rapidement, dès fin février, tous les personnels devaient porter des masques dans le service, les familles et visiteurs aussi. Ainsi, très peu de personnels de la réanimation ont été malades, alors qu’il y a une centaine de personnels paramédicaux, 25 médecins seniors et juniors.
 
The Brief: Vous aviez aussi renforcé le contrôle infectieux?
 
Dr Bedos: Le contrôle infectieux était draconien, nous étions habillés comme des cosmonautes  ! Pour presque un patient sur deux, il y a eu des cas d’infections pulmonaires nosocomiales, ainsi que beaucoup de bactériémies, plus de 20 % avec des bactéries un peu inhabituelles, ce qui nous a un peu surpris. En particulier, Staphylocoques à coagulase négative. En revanche, très peu de BMR (Bactéries Multi-Résistantes).
Toutes les mesures d’hygiène et de protection étaient particulièrement respectées.
 
The Brief: Combien de malades?
 
Dr Bedos: 101 malades entre salle de réa, salles de réveil, USC et USIC ont été pris en charges, ainsi que 780 patients sur notre hôpital à Versailles, le 1er malade était arrivé le 4 mars.
On en a encore un à 61 jours  ! 50 jours de réanimation, et qui est en train d’être doucement sevré de la ventilation, qui a été trachéotomisé et qui est en train de progresser. La durée de ventilation est très longue, il faut être patient, 18 jours en moyenne, mais beaucoup finissent par guérir, la majorité de nos patients ont été ventilés mécaniquement, 85 % avec intubation sous sédation et curarisation avec de nombreuses séances de décubitus ventral pour améliorer l’oxygénation, quelques-uns avec de l’Opti-flow – l’oxygène à haut débit, par voie nasale avec un succès très partiel.
Donc curarisation très longue, sans jamais de pénuries, mais à flux tendu au jour le jour en permanence, avec des pharmaciens ayant parfaitement anticipé les stocks.
Nous n’avons également pas eu de ruptures de stock pour tout ce qui est surblouses à manches longues, lunettes, masques toujours ric-rac, on a été aidé par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique), beaucoup d’aide de sociétés privées, mais on n’a jamais manqué, même si on a beaucoup changé de marques -- par exemple les manches courtes c’était pas possible.
Chaque médecin avait de la responsabilité dans son domaine, pousse seringues, éthique, décisions, et un médecin coordinateur qui a géré le tout, et nous avions des réunions d’équipes de une heure ou une heure et demie avec les infirmières qui étaient référentes, les cadres, pour faire le point de tout ce qu’il fallait car pour ‘armer’ comme on dit, des lits de réa un peu partout dans l’hôpital, il a fallu pas mal de matériel supplémentaire qu’on n’avait pas : en particulier, plus de ventilateurs (respirateurs), de pousses-seringues, mais on a toujours été bien organisés surtout quand l’argent ne compte plus : tout ce qu’on voulait on l’avait !
 
Nous sommes un CHG (Centre Hospitalier Général), on est un peu considérés comme CHU, mais on est hôpital général, il y a les mêmes restrictions, même T2A (système de tarifications à l’acte), mêmes déficits. Nous on a 4,5 millions de déficit sur 280 millions d’euros de budget à peu près. Mais là les vannes ont été ouvertes. Tous ce qui nous manquait on a pu le demander. Points journaliers faits avec l’ARS.
 
The Brief: Vous seriez prêts pour une 2e vague?
 
Dr Bedos: Matériellement et organisationnellement on est prêts. Mais moralement, psychologiquement, on ne pourrait pas revivre deux fois ce qu’on a vécu, je pense. Ou alors ce serait très difficile. Il y aura probablement une 2e vague mais pas au niveau de celle vécue.
Car il y a toute une organisation alors qu’il n’y avait rien au début, pendant des semaines, et des retards au déclenchement.
 
The Brief: Vous pouvez nous dire quelque chose de votre expérience personnelle en termes de santé?
 
Dr Bedos: Cette période de travail intense dans une société à l’arrêt et une ville « morte » m’a beaucoup touché psychologiquement. J’ai même fini cette période avec un accident cardiaque. L’impression vers la fin mars que l’on allait être saturé par l’afflux de patients a été très désagréable. Heureusement, le 1er avril, l’ARS a décidé de transférer 9 malades de nos soins critiques par TGV, et SMUR, en province, dans la même journée, et cela nous a redonné une capacité d’accueil.
La mortalité globale a été plus faible que celle attendue et a été de 26 %. Les gens de plus de 80 ans sont tous décédés, et il y a eu 36 % de décès sur les 70-79 (25 malades). Chez les moins de 40 ans, pas de décès.
 
The Brief: Maladie entraînant des micro-thromboses?
 
Dr Bedos: C’est vrai que les malades étaient très inflammatoires comme on dit, avec des marqueurs biologiques inflammatoires élevés, mais on a pas eu d’embolie pulmonaire (EP).
On a fait du préventif à double doses avec les anticoagulants chez tous les malades.
 
The Brief: Est-ce que les autres centres hospitaliers ont fait de même?
 
Dr Bedos : Oui petit à petit, car des hôpitaux ont eu des embolies pulmonaires mortelles et on a tous remarqué l’élévation des D-Dimères, des marqueurs biologiques inflammatoires.
 
The Brief: Il est très difficile en France d’utiliser un traitement compassionnel, on voit cela avec les bactériophages (on en a discuté à l’EMA). Est-ce que si un produit est agréé par le CCP, un patient peut le demander?
 
Dr Bedos: Au début 10 patients ont été mis sous Kaletra, mais avec beaucoup d’insuffisance rénale, alors on a arrêté.
Mais ensuite les corticoïdes ont été utilisés sur les cas les plus graves.
Nous avions discuté des transporteurs d’oxygène (basés sur les recherches du Dr Franck Zal, Hemarina, voir AMR-Think-do-Tank news- NDLR)), comme je vous avais dit mon intérêt pour ce produit intéressant issu des vers marins.
J’avais lu le protocole qui a failli être testé à l’APHP. Difficile, car encore un produit jamais testé en IV chez l’homme. Le protocole se proposait de tester sur des malades en échec grave et placés en ECMO (Oxygénation extra-corporelle), or nous n’avons eu que 6 malades en ECMO. Il y a eu 3 décès, trois survies. Donc trouver le groupe de patients « cibles » était très difficile.
Mais cette molécule, il est possible qu’elle soit très intéressante, avant, bien avant ces stades de sévérité ultime ! Étant donné qu’on a eu des malades intubés sous ventilation pendant des jours et des jours, sur le principe on aurait bien aimé pouvoir tester cette molécule. Peut-être essayer sur des SDRA très sévères ?
A New York on a eu 88 % de mortalité sous ventilation, vous me disiez.
Nous c’est 25 % mais faut pas limiter les soins à 15 jours, il faut garder les malades très très longtemps.
On a eu un monsieur, 78 ans, ventilé pendant 60 jours, il est allé en soins de suite, il marchait, il était cohérent ! Avec une sédation très lourde pendant des semaines ! Il est vrai que des mois après des malades sont revenus avec des problèmes respiratoires, comme des rechutes moins graves…
 
The Brief: Pourquoi peu de recherche fondamentale sur la maladie ? Les réseaux de diabétologues ont maintenant démontré que le SARS‑CoV‑2 peut entraîner un diabète chez des gens sains, ce coronavirus peut donner des maladies cardiaques, vasculaires, rénales, affecter le système nerveux central, et bien entendu pulmonaire. En Californie aujourd’hui, presque la moitié des cas affecte des jeunes adultes!
 
Dr Bedos: C’est vrai que c’est arrivé tout d’un coup et même un petit pourcentage de cas graves par million, ça fait beaucoup. Il semblerait que le virus mute aux USA où on voit un net rajeunissement des malades.
Le Pr Raoult a pris le problème à l’envers, à l’opposé de la norme des essais cliniques, sans groupe contrôle. Donc entre une recherche académique trop lente inadaptée à cette situation unique.… et beaucoup d’études mal faites ou ouvertes, je ne sais toujours pas si l’azithromycine associée à l’hydroxychloroquine, ça marche ou pas ? Mais c’est pas plus dangereux qu’un autre médicament.
Une étude récente sur les corticoïdes chez les patients les plus graves : 25 % de décès dans le groupe avec, versus 40 % de décès dans le groupe sans, si on lit les détails. Ainsi, les corticoïdes en cas d’inflammation importante peuvent être utiles, sans plus.
Concernant les traitements à visée anti-virale, je pense que l’on peut à ce jour parler de naufrage des études. Rien n’a démontré une réelle efficacité.
Mondialement, on a rien compris, encore, de la COVID‑19, on est dans l’observationnel pour le moment.

C’est un truc incroyable ce virus!

 
THE BRIEF...Pourquoi une lettre d’information sur AMR & COVID-19? 
Les interactions sont évidentes:

1) La mise en place d’un Contrôle infectieux (CI) rigoureux pour protéger les patients et les professionnels de la santé contre la COVID-19 sera d'un grand intérêt pour diminuer le risque de transmission des infections nosocomiales pharmaco-résistantes.

 2) L’hygiène générale – lavage régulier des surfaces et des mains, masques, et aussi toilettes publiques propres, écoles et centres commerciaux plus propres – réduira également la propagation des infections AMR.

 3) Le développement de systèmes de santé publique est essentiel, comme même le reconnaissent les CDC aux USA ! Suivre les engagements nationaux et internationaux pour aider les régions moins développées en Afrique, en Inde et ailleurs, à déployer plus d’efforts dans l’équipement des structures de soins de santé, dans la formation et l’embauche des millions de travailleurs de la santé nécessaires. Une main-d'œuvre bien formée est importante.

 4) Pour de valables raisons, il y a une augmentation dangereuse de l'utilisation des antibiotiques (infections opportunistes, traitements provisoires), et nous voyons déjà les problèmes avec l'azithromycine ! Cette surconsommation est également un fait pour des raisons moins bonnes, voir très mauvaises… aveuglément. Il y a beaucoup de tirs ‘pour voir’.
      
5) La COVID-19 va augmenter de façon irrationnelle ou compréhensible (en l'absence de médecin) l’achat de médicaments sans ordonnance, voir à des vendeurs de rue, notamment des antibiotiques. C’est aussi un des effets secondaires de l'impossibilité d'accéder aux soins quand saturés par les cas COVID-19.
      
 6) La crise COVID-19 a accéléré et approfondi les ruptures déjà existantes dans les chaînes d’approvisionnement en antibiotiques. Mais c’est l'occasion de réorganiser et de moderniser les chaînes du médicament, et d'examiner ce qui est nécessaire pour l’autosuffisance et l’accès.
      
7) L’analyse des eaux usées pour la surveillance de la COVID-19, est reconnue, en France, aux Pays-Bas et ailleurs. Et nous savions déjà que la surveillance des eaux usées était la clé de l'AMR. Il s’agit là d’une initiative clef.

8) Ce coronavirus est nouveau et tout reste à inventer sur le terrain, comme globalement. Il nous faut de la recherche fondamentale et d’implémentation. Des initiatives communautaires, voire féminines, aussi bien que des inventions des PME et industriels du domaine public ou privé.
DANS LE PROCHAIN BRIEF
 
  • Un rapport spécial, mi-août en exclusivité sur « Les Ruptures dans les Chaînes d'approvisionnement des médicaments avant et après COVID-19 », la réponse apportée par l'Organisation mondiale de la Santé,  l'impact des ruptures sur la résistance aux antibiotiques?
     
  • Un approfondissement sur les questions concernant la transmission (aéroportée, oral fécale, ou par le sang), le contrôle infectieux et les initiatives des communautés dans les pays.
     
  • Et nous aborderons d’autres sujets : L'élaboration des politiques sur l'impact social et économique de COVID-19 dans le monde : quelle est l'ampleur de la dépression économique ? Réponses effectives ou proposées par des États et des acteurs non étatiques (ONG, Think Tanks).
     
  • COVID‑19, élevages, viande et Changement Climatique.
     
  • Où en sommes-nous en matière de vaccins et de recherche fondamentale ?
     
  • Sécurité Sanitaire Mondiale, AMR, COVID‑19 et armes biologiques : l'avertissement du Secrétaire général de l'ONU.
AMR & COVID‑19 BRIEF
Ce BRIEF est publié par le Think Tank AMR Think-Do-Tank, la Genève Internationale
Clause de non-responsabilité: Les auteurs et éditeurs cités sont seuls responsables des opinions exprimées dans cette publication.
Contact: editor@amr-covid19.info
Le comité de rédaction:
- Garance F. Upham, rédactrice en chef: editor@amr-covid19.info *
- Arno Germond, PhD, Chercheur, co-rédacteur, AMR Think-Do-Tank, la Genève Internationale
- Mostafa El Yamany, rédacteur (Égypte et Pays-Bas), pharmacien et doctorant AMR
- Nora Mahfouf, PhD, Assistante rédactrice, édition française, (Algérie & Dubaï, EAU)
- Dr Aye Mandibo, PhD, MD, Assistante, (Afrique de l’Ouest)
- Jean-Jacques Monot, Ingénieur informaticien (France), base de données et édition

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