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La newsletter qui prend le rire au sérieux

Le stand-up  

Une reco d'un spectacle visible en ce moment.
Humoristes du monde (Netflix)
Durée : 47x30 minutes. Sorti le 1er janvier. 

Dans son ambition de s'assurer le monopole mondial de la diffusion de stand-up, Netflix s'est surpassé le 1er janvier en lâchant cet Humoristes du monde : 47 spectacles de stand-up de 30 minutes à chaque fois, avec des humoristes de 13 régions différentes de la planète. L'ambition semble être, plutôt que de mettre en avant les comédiens incontournables qui mettront tout le monde d'accord, d'en donner à chacun pour son argent. On imagine mal le spectateur lambda de Netflix essayer de trouver dans les humoristes mexicains ou indiens un divertissement à son goût : on a donc courageusement plongé dans cette masse de vannes multilingues pour essayer d'en tirer quelques bonnes surprises.

On passe notre tour sur les spectacles des quatre humoristes français, assez navrants par leur manque de vannes, d'originalité ou même simplement de rythme. En revanche, côté francophone, se démarquent l'inquiétant François Bellefeuille ou le plaisant Adib Alkhalidey chez les Québécois (à regarder avec les sous-titres tout de même). Malgré une intro sur Donald Trump (c'est interdit en 2019), le toujours impeccable Neal Brennan fait le taf, contrairement à ses trois compatriotes américains (Chris D'Elia, Nicole Byer, Nick Swardson), une sélection bien pauvre.

Autre visage déjà assez connu, le Britannique Nish Kumar, animateur sur la BBC, délivre un excellent set, abordant l'histoire du Monopoly ou le fait d'assister à des concerts en solo. Impressionnant, le Sud-Africain Loyiso Madinga fait, lui, dans la performance physique et vocal. Enfin, le Canadien Ivan Decker a tout d'un humoriste des années 1950, tandis que l'Australien Joel Creasey raconte des histoires de stalking flippantes et hilarantes. Mais s'il ne fallait garder qu'un seul de ces 47 spectacles, ce serait celui de la Britannique Mae Martin, storytelling tenu jusqu'au bout autour de sa personnalité obsessionnelle.

La revue de presse 

Une sélection des meilleurs articles sur la comédie parus ces deux dernières semaines.

Histoire orale. Dans le Première de janvier, outre une filmo commentée du grand Bernard Ménez, on retrouve une passionnante histoire orale des Trois Frères. Bourdon, Campan et Légitimus reviennent notamment sur le rôle du fils qui aurait pu échouer à l'enfant-star de l'époque, Jordy, ou sur leur envie de remonter prochainement à trois sur les planches.

Louis CK. Encore et toujours Louis CK : cette fois, la polémique est repartie de plus belle après le leak de son spectacle en rodage où il se moque notamment des survivants de fusillades dans les lycées. Vulture a demandé à 17 propriétaires de comedy clubs ou organisateurs de festivals s'ils programmeraient Louis CK, tandis que le New Yorker a une discussion intéressante sur le sujet avec l'humoriste Jena Friedman.

Censure. On avait vanté ici les mérites du très offensif programme de Netflix Patriot Act with Hasan Minhaj. Trop offensif pour l'Arabie Saoudite apparemment, qui a demandé à la plateforme de censurer l'épisode où Minhaj revenait sur le meurtre du journaliste Jamaal Khashoggi. Netflix s'est exécuté.

Portrait. Dans le Guardian, un portrait de l'humoriste Retta, qui s'est faite connaître dans le second rôle de Donna dans Parks & Recreation, un personnage inespéré la faisant passer de simple figurante à tête d'affiche, désormais, de la série Good Girls.

Cakedonald's. Une moitié d'idée débile qui finit en sketch hilarant : chez Jimmy Fallon, Andy Samberg est un spectateur qui commente toutes les paroles du tube soft rock des années 1980 Escape (The Piña Colada Song).

Houellebecq. «Il regarde très sérieusement le réel, rempli d'une émotion profondément authentique ; mais, en même temps, il rit de lui-même, avec un sens de l'autodérision qu'il offre aussi en partage à son public» : le rire chez Houellebecq, analysé par Alain Vaillant, auteur de la Civilisation du rire, à lire dans le 1 de cette semaine.

Le spectacle  

Une reco de spectacle à voir en ce moment.
Marina Rollman dans Un spectacle drôle
Durée : 1h. Du 2 janvier au 28 mars à la Nouvelle Ève (Paris).
Vu fin décembre au Théâtre du Marais, on est sorti enthousiasmé par le spectacle de la trentenaire franco-suisse, clairement inspiré du meilleur du stand-up américain finement écrit, type John Mulaney ou Jerry Seinfeld. Dans un premier quart d'heure bien ficelé mais qui pêche un peu niveau vannes et profondeur, elle revient sur ses rêves de gloire et son passé de babysitter de Natalie Portman. Puis, elle semble plus à l'aise en dissertant sur le couple, la dépression ou le véganisme : les thèmes sont très «trentenaire parisien», mais elle en joue avec autodérision - en même temps, c'est un spectacle de chroniqueuse de France inter dans une salle du Marais. Un recul bienvenu qui en fait une des commentatrices les plus pertinentes des névroses bobo. 

Le one-liner 

Une vanne, une seule.
Ron Funches - Giggle Fit (Comedy Central)
Spectacle diffusé le 4 janvier

L'émission 

Une reco de comédie en rapport avec l'actu, sortie récemment ou pas.
Conan without borders (Netflix)
Durée : 6x40 minutes. Disponible depuis le 31 décembre.
Débarqués comme ça, sans prévenir, sur Netflix fin décembre, six épisodes de Conan without borders, les émissions spéciales de l'animateur de late night Conan O'Brien en goguette à l'étranger, diffusés entre 2015 et 2018 sur TBS. C'est une sorte de «J'irai déconner chez vous» : la formule est simple, l'émission est une visite guidée de différents pays, de Cuba à l'Italie en passant par la Corée du sud, sans trop de sketchs préparés mais avec beaucoup d'improvisation. Et l'animateur excelle dans cette discipline. On regrettera simplement le choix d'avoir gardé les rires enregistrés.

Les podcasts 

Best-of de l'humour en baladodiffusion de ces dernières semaines.  
Répliques (France Culture). 5 janvier.
Rire et faire rire.
Alain Finkielkraut reçoit le sociologue David Le Breton, auteur de Rire, une anthropologie du rieur et l'humoriste François Rolin pour une émission consacrée à l'humour. Quelques passages pertinents, mais le plus involontairement comique restent les saillies réac de Finkielkraut, qui semble avoir décidé du thème de l'émission dans l'unique but d'étriller ses collègues humoristes de Radio France, Vanhoenacker, Meurice & co, jugés trop idéologues à son goût.
Durée : 52 minutes.

The A24 Podcast. 8 janvier. 
Don't Be A Stranger with Jonah Hill & Michael Cera.
Dans cet épisode produit par la société de distribution et de production de films A24, Jonah Hill et Michael Cera se remémorent leur étrange tournée européenne de promotion de SuperGrave et leur passage de parfaits inconnus en superstars du jour au lendemain.
Durée : 48 minutes.

WTF with Marc Maron. 7 janvier.
Episode 983 - Steve Coogan.
Conversation enjouée entre Marc Maron et le Britannique Steve Coogan autour de son interprétation de Stan Laurel dans Stan & Ollie et de sa carrière télévisée à succès, notamment avec son personnage d'Alan Partridge. Avec, forcément, des imitations de Sean Connery, Roger Moore ou Michael Caine. 
Durée : 1h30. 
Cette newsletter est une œuvre originale d'Adrien Franque.
Logo et illustration : Pierre Thyss.
Web designer : Thomas Devos.


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