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Tip & Shaft, la newsletter de la voile de compétition
Vendredi 22 mars 2019 
Numéro #152
Cette semaine dans Tip & Shaft :
  • CONNECT - Ce qu'il faut retenir de Tip & Shaft/Connect
  • BRÈVES - Si vous avez passé la semaine à célébrer l'arrivée du printemps
  • PHOTO - L'arrivée d'Istvan Kospar, 4e de la Golden Globe Race, par Christophe Favreau
  • INTERVIEW - Morgan Lagravière : "J'ai envie de ré-exister"
  • MERCATO - Une quinzaine d'offres d'emplois dans ce numéro !
  • REVUE DE PRESSE - Les 7 articles à lire cette semaine
  • ÉDITION INTERNATIONALE - Damian Foxall: "Courir en Figaro m'a donné des opportunités"
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Bonne lecture !
Tip & Shaft/Connect
© Jean-Marie Liot/Tip & Shaft/Connect

CE QU'IL FAUT RETENIR DE TIP & SHAFT/CONNECT

La quatrième édition de Tip & Shaft/Connect s’est tenue jeudi à Nantes en présence de 150 personnes venues écouter les interventions de 10 speakers et échanger avec eux autour de l’économie de la voile de compétition. De nombreux chiffres ont à l’occasion été dévoilés en avant-première, Tip & Shaft revient sur cette riche journée nantaise.
 
Premier à intervenir en visio-conférence, Johan Salén, récemment devenu officiellement co-propriétaire de The Ocean Race, nouvelle appellation de l’ex Volvo Ocean Race, a présenté le modèle économique de la course en équipage autour du monde, qui s’appuie sur plusieurs piliers : les partenaires et fournisseurs officiels, les villes-étapes et leurs partenaires, les équipes et leurs partenaires. Il a donné quelques chiffres de la dernière édition qui a attiré au total 2,5 millions de personnes, dont 100 000 invités corporate, pour un impact économique direct pour les villes-étapes de 96 millions d’euros. L’équivalent publicitaire (TV et digital) des retombées médias est quant à lui estimé à 654 millions d’euros.
Johan Salén a également évoqué le programme de développement durable mis en place sur cette édition 2017-2018 et l’avenir de la course, dont la nouvelle identité visuelle a été dévoilée jeudi soir en même temps qu’ont été annoncées les participations de deux équipes en VO65, l’une soutenue par The Mirpuri Foundation, partenaire de Turn the Tide on Plastic lors de la dernière édition, l’autre menée par la Néo-Zélandaise Bianca Cook. Selon lui, la fourchette des budgets pour monter une équipe sera de 4 à 25 millions d'euros, il en coûtera 15-16 millions pour une nouvelle équipe se faisant construire un bateau en vue de la course, tandis que le surcoût pour des équipes Imoca participant au prochain Vendée Globe et souhaitant disputer The Ocean Race dans la foulée est estimé entre 5 et 7 millions d’euros. Pour finir, le Suédois a annoncé que la course n'aurait sans doute pas de naming comme lors des éditions précédentes, mais pourrait accueillir un partenaire principal sous la forme de "The Ocean Race presented by..." Le ticket d’entrée pour cet éventuel partenaire étant de 20 millions d’euros.

Joseph Bizard, directeur sponsoring et développement d’OC Sport, a ensuite présenté le bilan économique des partenariats privés de la dernière Route du Rhum-Destination Guadeloupe, "course de tous les records", qui aura réuni 2,2 millions de personnes entre Saint-Malo et la Guadeloupe. Le succès médiatique a également été au rendez-vous, avec 2 millions de téléspectateurs pour suivre le départ, 13 millions de pages vues pour la seule cartographie, 230 000 joueurs sur Virtual Regatta et une valorisation média estimée à 114 millions d’euros (contre 49 en 2014). Joseph Bizard a également présenté l'évolution de la pyramide des partenaires : 40 sponsors  de 5 niveaux différents, 25 licenciés officiels et 35 membres du club entreprise, soit un total de 100 entreprises. Les revenus privés de cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe, que l’intéressé espère bien voir croître à l’avenir, se répartissent comme suit : 66% liés aux partenariats, 22% au village, 6% aux licences et 6% aux hospitalités.

Après des organisateurs de course, place aux sponsors, avec la double intervention de Jean-Bernard Le Boucher, directeur des activités mer de Macif, et Rosane Le Roux, directrice de la marque et de la communication externe du groupe. Le premier a retracé la longue histoire entre la voile et Macif, des premiers contrats d’assurance pour les plaisanciers en 1972 au record du tour du monde en solitaire de François Gabart fin 2017, montrant comment cet engagement a servi l’image de marque. La seconde a donné des chiffres : 17 millions de retombées médias pour le Vendée Globe 2012 victorieux, 21 millions pour le record du tour du monde, 19 millions sur l’année 2018 (programmes Figaro et trimaran compris). Le groupe mutualiste, qui, selon Jean-Bernard Le Boucher dépense dans la course au large 1 euro par sociétaire (5,4 millions) et par an, ne compte pas s’arrêter là avec un nouvel Ultim en 2020 pour François Gabart et le lancement d’un Imoca en 2019 pour Charlie Dalin sous les couleurs d’une de ses filiales, Apivia Mutuelle. "C’est une marque jeune et peu connue du grand public, nous misons sur la course au large pour développer sa notoriété et son business", a conclu Rosane Le Roux.

Sponsor toujours avec un premier retour d’expérience pour une entreprise récemment arrivée dans la course au large, Leyton, partenaire-titre depuis l’année dernière d’Arthur Le Vaillant en Class40 (ce dernier courra en plus en Figaro 3 en 2019). Responsable innovation Grand Ouest de cette société de conseil créée en 1997 (135 millions de chiffre d’affaires), Etienne Tertrais a expliqué pourquoi Leyton avait décidé d’investir dans la voile (passion du fondateur, rayonnement de la marque, rencontre avec le skipper) et comment il avait fallu vaincre certaines réticences en interne (empreinte carbone, montant de l’investissement...). Visiblement, la Route du Rhum du Rochelais, 4e, a fait tomber ces réticences, d’autant que d’après Etienne Tertrais, le fait d’avoir pu accueillir des clients sur le village du départ à Saint-Malo, s’est avéré "clairement très rentable en termes de business". Du coup, l’entreprise souhaite aller plus loin en 2020, avec un projet en réflexion qui pourrait passer par un Multi50.

La matinée s’est conclue par une intervention de Marjorie Tritschler Carchon, avocate associée au cabinet Fidal, sur le mécénat, un sujet qui intéresse nombre de marins et de partenaires, parce qu’il permet de s’associer à des causes valorisantes en termes d’image, mobilise en interne, donne du sens à l’engagement d’un partenaire, mais offre aussi des déductions fiscales importantes (60% sur l’impôt sur les sociétés). Reste que le mécénat est strictement encadré par le code général des impôts, avec des critères que l'avocate a présentés. Cette dernière a ensuite évoqué les différentes formes juridiques du mécénat, dont une particulièrement intéressante, le fonds de dotation, "très facile à mettre en place".

L’après-midi s’est ouvert avec une intervention de Sébastien Rogues, skipper passé notamment par la classe Mini et la Class40, qui, confronté à des difficultés pour trouver de l’argent pour un projet de Multi50 (700 000 à 800 000 euros de budget annuel), a imaginé un dispositif original de sponsoring sportif, le Yacht Club des Entrepreneurs, qui permettrait, à côté d’un éventuel partenaire-titre, de faire entrer des TPE ou PME, moyennant un ticket de 2 000 euros, ces dernières bénéficiant en retour de certains avantages, dont l'accès au service Dynabuy, société négociant des tarifs pour les TPE/PME auprès des centrales d’achat. "Pour une boîte de 5 personnes qui investit 2 000 euros, ce partenariat ne coûterait rien, il lui ferait même gagner de l’argent", a expliqué l’ancien skipper d’Engie. Pour gérer ces partenaires, il lance une application mobile proposant un parcours 100% digital : pas de contrat mais des conditions générales de vente, paiement par abonnement mensuel, gestion des invitations à bord du bateau, annuaire… Sébastien Rogues estime que si ce dispositif parvient à décoller et à faire boule de neige, il pourrait éventuellement lui permettre - à terme - de se passer d’un partenaire-titre.

Après les TPE et PME, Tip & Shaft/Connect est passé aux entreprises cotées en bourse avec l'intervention remarquée de Nathalie Quéré, ex directrice de la marque AkzoNobel, qui a d’abord présenté les bonnes pratiques à suivre lorsqu’on veut présenter un projet de sponsoring sportif à des groupes de cette envergure. Selon elle, il faut avant tout montrer "comment le projet peut permettre à l’entreprise de réaliser ses objectifs", mais aussi s‘attacher à "trouver des champions en interne : plus il y a d’appuis, mieux c’est".
Elle a ensuite évoqué le cas pratique de Team AkzoNobel sur la dernière Volvo Ocean Race, un projet qui aura mis six ans à se concrétiser, connaissant de nombreux soubresauts, dont le fameux épisode du renvoi, finalement avorté, du skipper Simeon Tienpont avant le départ de la première étape. A l’arrivée, cette campagne, qui a coûté 20 millions d’euros à l’entreprise néerlandaise (15 millions d'euros de budget technique + 5 millions d'activation, essentiellement menée en interne), a abouti à "des résultats business au-delà de toute espérance", ainsi qu'une valorisation média de 74 millions d’euros. Une mesure de retombées que Nathalie Quéré estime cependant "old fashioned", préférant mettre en avant le niveau d’engagement sur les médias sociaux (12 milliards d’engagement cumulé). Interrogée sur l’avenir, celle qui travaille désormais au sein de sa propre structure avec le skipper australien Chris Nicholson pour monter un nouveau projet sur The Ocean Race a répondu que AkzoNobel réfléchissait à la suite à donner à ce partenariat, n’excluant pas une nouvelle campagne.

Nouveau changement de dimension : Christophe Aillet, directeur général de La Boulangère, a succédé à Nathalie Quéré, pour, au cours d’une allocution qui aura provoqué de nombreuses réactions dans l’assistance, présenter les raisons de l’investissement de la société vendéenne dans la voile, cette dernière étant partenaire titre de la Mini Transat et d’une équipe 100% féminine engagée en Diam 24. Investissement qu’il n’a pas souhaité dévoiler, mais équivalent dans les deux cas, selon lui, "à celui d'un projet Figaro". La stratégie de sponsoring de La Boulangère est avant tout tournée vers les femmes, d’où certaines activations originales, notamment des vidéos qui ont rencontré beaucoup de succès sur les réseaux sociaux. S’il semble satisfait de cet engagement, Christophe Aillet, à l'inverse des précédents intervenants, considère que pour l’instant, "les ROI (retours sur investissement) ne pas bons". Ce qui ne l'inquiète pas outre mesure : "Je suis un entrepreneur", a-t-il conclu.

Comme lors des précédents Tip & Shaft/Connect, la journée s’est terminée par une mise en perspective avec un intervenant issu d’une autre discipline, en l’occurrence le Vannetais Gilles Dufeigneux, ancien diplomate, préfet et conseiller ministériel, aujourd’hui directeur général du Grand Prix de France de Formule 1, dont il a présenté le modèle économique. Un modèle très dépendant de Formula One Management, société appartenant au groupe américain Liberty Media, qui détient les droits de la Formule 1, puisque pour avoir le droit d’organiser un Grand Prix, il faut verser à cette dernière des "feesentre 20 et 50 millions de dollars (de 17,7 à 44,2 millions d’euros), la FOM collectant en outre les droits marketing, droit télévisuels et d’hospitalités "premium".
Le budget de l’épreuve, revenue en France l’année dernière sur le circuit Paul-Ricard de Castellet (pour cinq ans, les négociations étant bien avancées pour un nouvel engagement de cinq ans), est de 35 millions d’euros, 14 provenant des collectivités publiques (Région Sud, départements du Var et des Bouches-du-Rhône, métropoles d’Aix-Marseille, Toulon et Nice), 17 de la billetterie (l’édition 2018 a fait le plein avec 165 000 spectateurs), 3 des hospitalités secondaires, 1 de redevances diverses. Les études menées sur les retombées pour les territoires font apparaître un ratio de six euros gagnés pour un euro investi, "un vrai effet multiplicateur pour le tourisme", selon Gilles Dufeigneux qui évoque "une première édition équilibrée financièrement" en 2018. L’objectif est de faire mieux dans les années à venir, le Grand Prix de France cherchant un partenaire titre (by…) pour 2020, moyennant un ticket de 6 millions de dollars (5,31 millions d’euros).
Excess Challenge
[SI VOUS AVEZ PASSÉ LA SEMAINE À CÉLÉBRER L'ARRIVÉE DU PRINTEMPS]
 
[C'EST FAIT]
  • DIAM 24. Cheminées Poujoulat (Robin Follin) a remporté le week-end dernier le Grand Prix de La Grande Motte, première épreuve des Tour Voile Series.
  • RECORD. Sébastien Simon et Vincent Riou se sont élancés dimanche sur Arkéa Paprec à l'assaut du record en monocoque de la Route de la Découverte (Cadix-San Salvador, aux Bahamas), propriété depuis février 2012 du VO70 Maserati (Giovanni Soldini) en 10 jours 23 heures 9 minutes et 39 secondes.
  • IRC. L'équipage de Dione (Joël Seckler) a remporté le trophée combiné (voile-ski-art) du 42e Festival Armen, la victoire en voile seule revient à Expresso 2 (Guy Claeys).
  • IRC/OSIRIS. L'édition 2018-2019 du Challenge d'hiver Florence Arthaud, organisé par le CNTL, s'est achevée le week-end dernier à Marseille, couronnant Godzilla 2 (Loïc Bègue) en IRC, Solenn (Ludovic Gérard) en IRC double, Poussières d'étoiles (Marc Sanjuan) en Osiris A, Fantôme (Frédéric Breysse) en Osiris B.
  • J/70/MELGES 20. Les 6e Monaco Sportboat Winter Series se sont terminés le week-end dernier avec les victoires respectives en J/70 et Melges 20 des équipages de Junda Banca del Sempiene (Ludovico Fassitelli) et d'Alex Team (Alexander Mikhaylik).
  • ULTIM. Retardée pour cause de mauvais temps la semaine dernière en Bretagne, la mise à l'eau du nouveau Sodebo a eu lieu lundi dernier à Vannes.
[C'EST MAINTENANT]
  • MATCH-RACE. La finale du championnat de France open a débuté jeudi à Pornichet, elle s'achève dimanche.
  • BUCKET REGATTA. L'édition 2019 de la St Barths Bucket Regatta se tient de jeudi à dimanche.
  • MINI 6.50. Le départ de l'Arcipelago 650 (220 milles en double) a été donné jeudi de Livourne.
  • M32. Le warm-up des M32 European Series a lieu de vendredi à dimanche à Sanremo.
[C'EST BIENTÔT]
  • CLASS40. 12 bateaux prennent samedi le départ à Pointe-à-Pitre de la première étape du Défi Atlantique à destination de Horta (Açores), la course se court en double ou en équipage.
  • IRC. La 10e édition des 900 Milles de Saint-Tropez, comptant pour le championnat Méditerranée Offshore IRC, s'élance samedi, avec un parcours de 900 milles pour les équipages, de 400 pour les duos et solitaires.  
  • FIGARO. 34 tandems sont officiellement inscrits à la Sardinha Cup, première course du Figaro Bénéteau 3 et du championnat de France Elite de course au large 2019, dont la première des trois étapes s'élancera le 30 mars de Saint-Gilles Croix-de-Vie.
  • CONFÉRENCE. Les Assises nationales du nautisme et de la plaisance se tiendront les 2 et 3 avril aux Sables d'Olonne.
  • IMOCA. 18 solitaires participeront à la deuxième édition de la Bermudes 1000 Race, boucle de 2 000 milles entre Douarnenez et Brest, au programme des Imoca Globe Series, qui s'élancera le 8 mai. Par ailleurs, 27 bateaux de la classe sont inscrits à la Rolex Fastnet Race (départ le 3 août).
  • AVENTURE. Après un report pour casse matérielle, l'Autrichien Norbert Sedlacek s'élancera le 21 juillet des Sables d'Olonne pour un périple de 34 000 milles, entre Grand Nord et tour de l'Antarctique, sur l'Open 60 Ant Arctic Lab, qui sera remis à l'eau mardi prochain.

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[LA PHOTO DE LA SEMAINE PAR  CHRISTOPHE FAVREAU]
Après 263 jours de mer, soit 41 de plus que le vainqueur, Jean-Luc Van den Heede, l'Américain Istvan Kopar est arrivé jeudi après-midi sous le soleil aux Sables d'Olonne, bouclant la Golen Globe Race à la 4e place. Ne reste désormais plus qu'un marin en mer, le Finlandais Tapio Lehtinen, qui n'est pas attendu avant mi-mai, soit après la remise des prix prévue le 22 avril.
JJ Giltinan

En partenariat avec  Pub Pantaenius
Bannière Oconnection
MORGAN MAGRAVIÈRE : "J'AI ENVIE DE RÉ-EXISTER"
 
Après avoir en vain tenté de monter un projet Vendée Globe avec Roland Jourdain et l'équipe de Kaïros, Morgan Lagravière passera plus de temps sur l'eau en 2019 : en plus de naviguer en double en Figaro 3 avec Gildas Mahé sur la Sardinha Cup et le Tour de Bretagne, il participera à la Solitaire URGO Le Figaro. Il basculera ensuite en Imoca, en tant que co-skipper d'Isabelle Joschke sur MACSF pour la Transat Jacques Vabre.

Commençons par un retour en arrière : est-ce que cela a été dur pour toi de devoir renoncer à t’aligner sur le Rhum faute de partenaires ?
Oui, carrément. Nous avions beaucoup d’espoir de pouvoir faire la Route du Rhum, à tel point qu’on s’était inscrits à l’épreuve, et puis les mois ont passé et on s’est retrouvés devant le fait accompli : nous n'allions pas pouvoir boucler le budget, donc la solution la plus sage a été de renoncer. Quand tu as espéré pendant des mois pouvoir te battre avec les autres sur un bateau performant et fiabilisé, c’est forcément dur. Mentalement, ça n’a pas été drôle à vivre.
 
Dans la foulée, Kaïros a dû vendre le bateau, cela a-t-il été un crève-cœur pour toi ?
Forcément, parce qu’il y avait un historique avec le bateau et que je suis quelqu’un d’assez émotif qui accorde beaucoup d’importance à la matière, au bateau, cela a été un déchirement. Après, la phase de collaboration avec Kaïros a duré 20 mois, pendant lesquels on a essayé de trouver des partenaires, le bilan est que nous n’avons pas été capables de le faire, donc à un moment donné, il faut aussi être lucide et se dire que la solution est peut-être dans un fonctionnement différent. Et ce bateau devenait un poids que Kaïros ne pouvait pas supporter beaucoup plus longtemps, donc la décision de le vendre et de mettre fin à notre collaboration était logique.
 
Le Vendée Globe 2020 te paraît-il encore envisageable ?
C’est toujours réalisable, mais j’ai perdu un peu espoir d’y arriver, parce que nous avons été proactifs pendant 20 mois et qu’on n’a pas réussi, alors que nous avions une équipe, un bateau, un fonctionnement cohérent, ce serait peut-être plus sensé de se projeter sur le prochain. Aujourd’hui, je suis dans une démarche un peu différente : je l’ai encore dans un coin de ma tête, mais ça ne fait plus partie de mes priorités, je veux être dans le présent, dans l’action, ma priorité est de retourner sur l’eau, parce que je pense être capable de me valoriser dans un cadre de confrontation. Cela a été une frustration ces derniers mois de ne pas avoir suffisamment navigué, je tourne cette page et j’en ouvre une autre qui va me permettre, je l’espère, d’être sur l’eau au maximum.
 
Comment expliques-tu que tu n’aies pas réussi à convaincre des partenaires pour ton projet Vendée Globe ?
Je ne sais pas vraiment. Ce qui est étonnant, c’est que les retours que nous avions étaient plutôt positifs, mais ça n’a pas abouti. C’est difficile d’analyser ça, mais je pense que nous n’avions pas un gros carnet d’adresses, pas un gros réseau, après je n’ai pas l’impression qu’il y ait de règles pour qu’un partenariat aboutisse, il existe beaucoup de manières différentes d'y arriver.
 
Penses-tu que ton Vendée Globe 2016 mitigé, avec ton abandon et tes déclarations qui ont été diversement commentées, t’a desservi ?
C’est une phase qui m’a fait souffrir, parce qu’il y a eu un écho médiatique important d’un article polémique qui m’a fait du mal, à titre personnel mais aussi en termes d’image. Après, j’ai toujours été transparent dans ma manière de vivre et de raconter les choses, c’était déjà le cas en Figaro, sauf que c’était vu plus positivement parce qu’il y avait des performances sportives au bout. Là, il y a eu des aléas dans ce projet Imoca, notamment matériels, qui ont impacté la dimension sportive, mais ce qui est sûr, c’est que j’ai essayé de faire les choses au maximum, je me suis saigné dans ce projet, c’est pour ça que j’ai trouvé douloureux de subir ces critiques. Maintenant, je ne suis pas mort, je fais en sorte d’utiliser cette expérience de manière constructive pour éviter de reproduire ce genre de schéma, mais pour autant, je n’ai pas envie d’être différent. Avec du recul, j’ai vraiment le sentiment d’avoir plus été au mauvais endroit au mauvais moment avec des propos un peu trop transparents, plutôt que d’avoir fait une erreur. Ce que j’ai raconté, on l’a tous vécu de la même manière, ces premières semaines ont été dures à vivre pour tout le monde.
 
Tu as donc tourné une page en acceptant la proposition de Gildas Mahé de l’accompagner en Figaro 3, comment cela se passe-t-il entre vous ?
Gildas m’avait accompagné au tout début du projet Vendée Globe en 2011, on avait fait le Tour de Bretagne ensemble, cela avait une année très riche humainement et sportivement, il était aussi venu naviguer sur l’Imoca. Il m’a contacté fin 2018 pour me demander de naviguer en double avec lui sur la Sardinha Cup et le Tour de Bretagne. Ça fait maintenant deux-trois mois qu’on se côtoie, c’est un vrai plaisir, avec une dimension humaine très différente de ce que j’ai pu vivre dans d’autres projets. Gildas est quelqu’un de très professionnel tout en étant très détendu, on bosse beaucoup, mais on s’amuse, c’est un cadre très sympathique.
 
Un attelage Mahé-Lagravière sur la Sardinha Cup, c’est pour aller jouer la victoire ?
C’est compliqué de répondre à cette question, parce quand on regarde le plateau, il y a quasiment 25 duos capables de jouer la victoire sur les 34 inscrits. Il y a en plus tellement de nouveauté sur cette course que la porte est ouverte à tout le monde. Nous, on sait que nous avons fait de belles choses dans le passé, nous nous connaissons très bien, nous avons bien travaillé en avant-saison et nous sommes motivés tous les deux, autant d’ingrédients qui nous confortent dans une optique de performance immédiate, mais aussi pour la suite de la saison.
 
Cela veut-il dire que tu continueras en Figaro ?
Oui, je suis en train de mettre en place un projet pour faire la Solitaire du Figaro, que j’ai initié sur mes fonds propres, parce que je n’ai pas de partenaires, mais j’espère en trouver d’ici le départ. Comme je l’ai expliqué, j’ai besoin de retourner sur l’eau en solitaire et de rebondir, c’est pour ça que je prends ce risque de m’endetter. Aujourd’hui, si tu veux exister dans le milieu de la course au large, il faut naviguer, essayer d’être performant, ce n’est pas en restant chez toi que tu maximises les chances d’y arriver. Je me dis qu’au pire des cas si je ne trouve pas de partenaires, ce sera un investissement pour la suite, même s’il est risqué à titre personnel.
 
C’est combien ?
Juste pour la Solitaire, en essayant de faire les choses au minimum, c’est entre 50 000 et 70 000 euros, j’en suis même à réfléchir à dormir dans le bateau, à l’ancienne quoi ! Mais d’un autre côté, je le vis comme une expérience potentielle si ça doit se passer dans ce cadre. Et le fait d’avoir moins navigué ces dernières années m’a redonné la fougue : je ne prendrais pas ce risque si je n’avais pas cette grosse envie.
 
Sur quel bateau vas-tu courir ?
J’ai loué le bateau de Jules Delpech, un ami d’enfance de La Réunion qui était mon préparateur historique sur la Solitaire du Figaro et m’avait suivi sur l’Imoca, il n’a pas réussi à monter son projet et va encore m’accompagner, c’est un super soutien, une arme redoutable pour la préparation du bateau.
 
Que penses-tu de ce Figaro 3 ?
Franchement, je me régale à chaque navigation. Il y a effectivement ces histoires de fragilité de barreau de barres de flèches qu’on connaît actuellement, mais ça fait partie du développement du bateau et tous les acteurs jouent le jeu pour résoudre ces problèmes le plus rapidement possible. Les choses ont peut-être été un peu trop précipitées d’un point de vue programme sportif pour une première saison, mais on fait avec. D’un point de vue technique, ce bateau donne du plaisir : il est sensitif, très fin à la barre et demande beaucoup d’investissement, franchement ça m’éclate, c’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de faire la Solitaire. On s’éloigne un peu de la caravane qu’était le Figaro 2, on est plus sur un hybride entre dériveur et bateau plus lourd.  
 
Tu vas aussi naviguer en Imoca cette saison, puisque tu seras le co-skipper d’Isabelle Joschke sur MACSF pour la prochaine Jacques Vabre, comment les choses se sont-elles faites ?
C’est une super nouvelle. Alain Gautier était venu me voir pendant le Nautic pour en discuter, ensuite, ils ont réfléchi par rapport à leur liste de skippers et j’ai eu l’accord d’Isabelle juste avant les fêtes de fin d’année, quasiment en même temps que la proposition de Gildas en Figaro. Les choses se sont super bien combinées avec deux programmes complémentaires. Le planning va être assez chargé, je me suis ajouté la naissance de mon deuxième enfant, mais j’ai une grosse énergie pour assumer tout ça ! En plus, MACSF est un bateau que je retrouve et que j’apprécie beaucoup, puisque c’est l’ancien Safran sur lequel j’avais navigué avant d’avoir le foiler, j’ai fait deux transats qui s’étaient super bien passées, il a été très bien construit. J’ai de gros espoirs de performance dessus, parce que c’est une carène qui est encore au niveau et est assez confortable en comportement maritime au large.
 
Le bateau va être doté de foils, que pouvez-vous viser sur la Jacques Vabre ?
L’idée sera forcément d’essayer de faire du mieux possible, mais aussi de s’inscrire dans une démarche de plus long terme qui est de préparer le Vendée Globe d’Isabelle. On va découvrir un bateau avec un nouveau mât, une nouvelle configuration de voiles, des foils, on va avoir beaucoup de choses à apprendre. Il faudra donc essayer de ne pas brûler les étapes et prendre le temps de comprendre toutes ces choses pour que le bateau soit abouti en 2020. Après, même si c’est difficile aujourd’hui de le situer par rapport aux autres Imoca, je pense qu’on aura un très bel outil.
 
Pour résumer, 2019 est vraiment l’année de la relance pour toi ?
Oui, voilà, l’année de la relance sportive, j’ai envie de ré-exister, de prendre du plaisir sportif pour ensuite capitaliser sur des choses positives.
 
Le Vendée Globe reste-t-il à terme ta priorité absolue ?
Je suis hyper ouvert. Pour avoir été obnubilé par ça pendant des mois, je change un peu de fusil d’épaule et je prends les choses comme elles viennent. Aujourd’hui, ma visibilité est sur 2019, je vais essayer de performer du mieux possible, si ça se passe bien, ça maximisera les chances que des opportunités s’ouvrent à moi.
Pub Musto
[MERCATO : LES MOUVEMENTS DE LA COURSE AU LARGE]

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La première parution est gratuite. Les trois suivantes coûtent 60 € HT.

[DÉPARTS & NOMINATIONS]
  • CHRISTOPHER PRATT sera le co-skipper de Jérémie Beyou à bord de Charal sur la prochaine Transat Jacques Vabre Yannick Bestaven a, quant à lui, fait appel à ROLAND JOURDAIN pour l'épauler sur Maître CoQ ; Alan Roura sera accompagné de SÉBASTIEN AUDIGANE sur La Fabrique, tandis que JOAN MULLOY épaulera Alexia Barrier (4myplanet).
  • ALEX PELLA remplace Jacques Caraës, blessé, comme co-skipper de Kito de Pavant sur le Class40 Made in Midi pour le Défi Atlantique qui s'élance samedi.
  • AMÉLIE GRASSI sera la co-skipper de Loïck Peyron sur le Figaro 3 Action Enfance sur la Sardinha Cup (26 mars-3 avril).
  • RÉGINE ERMEL, organisatrice du Spi Ouest-France en qualité de directrice des relations publiques d'Ouest-France, prend sa retraite et est remplacée à la tête du rendez-vous pascal par PHILIPPE JOUBIN, ancien journaliste de L'Equipe et de Voiles & Voiliers, responsable du pôle évènements d'Ouest-France depuis mai dernier.
  • ROMAIN STEFANI vient de rejoindre OC Sport en tant que business developer, en charge notamment du développement du Hub by OC Sport.
  • TIPHAINE TURLUCHE, administratrice de France SailGP Team, a rejoint le comité directeur de The Magenta Project.

[JOBS]

[STAGES]
[FORMATIONS]
[OFFRES DE SERVICES]
  • La section handivalide du CENTRE NAUTIQUE DE LORIENT propose des prestations d’animations (découverte, mini régate, affichage flottant mobile…) avec sa flotte de mini bateaux (minijis et Hansa) pour tous les événements nautiques en Atlantique et en Manche.
  • ARIELLE SALMON (ex Dongfeng Race Team, ex Artemis Offshore Academy) est disponible pour des missions support de projets de course au large : logistique, administration, finances, avitaillement (technique, sécurité, repas), RP, etc...

[ANNONCES & PARTENARIATS]
  • THE OCEAN RACE a dévoilé jeudi sa nouvelle identité visuelle, les participations de deux équipes en VO65 à l'édition 2021-22 ont été annoncées, l’une soutenue par The Mirpuri Foundation, l’autre menée par la Néo-Zélandaise Bianca Cook.
  • MIRANDA MERRON a confirmé (voir notre article) le lancement d'un projet pour le prochain Vendée Globe sous les couleurs de Campagne de France sur l'ancien Great American IV de Rich Wilson, plan Owen-Clarke de 2006.
  • LEGRIS INDUSTRIES rejoint Sébastien Simon en tant que partenaire de son Imoca Arkéa Paprec en vue du prochain Vendée Globe. 
  • KLAXOON s'est engagé en tant que partenaire-titre cette saison des deux Figaro 3 de Cassandre Blandin et Matthieu Damerval, le projet est mené par Marc Guillemot.
  • EDENRED s'est engagé pour une année de plus comme partenaire-titre en Class40 de Manu Le Roch.
  • Les nouveaux propriétaires du WORLD MATCH RACING TOUR ont annoncé que pour clore la saison 2018, qui n'avait pas pu aller à son terme, un Championnat du monde 2018-2019 aurait lieu à Marstrand (Suède) du 3 au 7 juillet.
  • CODERUS, déjà aux côtés de l'équipe britannique lors de la précédente campagne, a renouvelé son partenariat avec Ineos Team UK en vue de la 36e Coupe de l'America.
  • SPINLOCK est le nouveau fournisseur officiel de brassières de sécurité de la Clipper Round The World Yacht Race pour les deux prochaines éditions.
  • SEVENSTAR sera le partenaire officiel logistique de la prochaine Transpac 2019.
  • La liste des 11 skippers de la prochaine CLIPPER ROUND THE WORLD YACHT RACE a été dévoilée.

[LANCEMENTS]
  • La 3e édition du MIRABAUD SAILING AWARD VIDEO est lancée : les candidats ont jusqu'au 23 octobre pour envoyer leurs vidéos, le lauréat 2019 sera connu lors du Yacht Racing Forum le 25 novembre à Bilbao.
  • SWAN lance en 2019 un nouveau circuit, la Nations Trophy Mediterranean League, qui comprendra quatre événements d'avril à août (via EuroSail News).

[ACHATS, LOCATIONS & VENTES]
  • L'IMOCA GALILEO, avec lequel Conrad Colman a terminé 16e du dernier Vendée Globe, sera vendu aux enchères le 15 avril, mise à prix 50 000 euros TTC.
  • Les FLOTTEURS et le MÂT de l'ex 60 pieds Orma SODEBO, stockés en plein air à Saint-Malo, sont disponibles. Faire offre.

[CARNET]
  • DOMINIQUE PRESLES, architecte naval, qui a notamment dessiné Grand Louis, 3e de la première Whitbread en 1973-74, est décédé la semaine dernière dans sa 80e année.

En partenariat avec  Pub Altaïde
Bannière Beyou
 [TIP & SHAFT A REPÉRÉ DERNIÈREMENT]

L'ÉQUIPE/STÉFAN L'HERMITTE & PASCAL SIDOINE 
Samantha Davies : "Je peux gagner le Vendée Globe"
Interview de la skipper d'Initiatives Coeur qui évoque ses ambitions et son statut de femme que les médias mettent selon elle trop en avant au détriment du sportif. "J'aime bien Paris Match mais j'ai dit non", confie-t-elle ainsi à propos des demandes qu'elle a reçues avant la dernière Route du Rhum.

LE MONDE/DENIS COSNARD [ABONNÉS]
Thomas Coville : "Je fuis en mer et j’accepte cette lâcheté" 
Dans cette longue interview introspective, le skipper de Sodebo explique comment la mer l'a aidé à le libérer d'une enfance complexée et revient sur son parcours semé d'embûches, d'un mariage blanc raté en Australie à la sortie de chantier récente de son "trimaran révolutionnaire".

LE PARISIEN/FRÉDÉRIC MOUCHON
Climat : pour François Gabart, "ll faut changer radicalement notre manière de vivre"
Très sensible à la cause environnementale, le skipper de Macif estime qu'"il faut s'y mettre tous car ce n'est pas seulement l'état de la planète qui est en jeu, mais la survie de l'espèce humaine".

ASSOCIATED PRESS/BERNIE WILSON
Mule a speedy workhorse for American Magic sailing crew
The Mule, le bateau-test du défi American Magic, est aujourd'hui capable de voler sur un parcours de 16 milles, l'enjeu majeur du futur AC75 aux dires du régleur des foils du défi US Andrew Campbell : “Si tu n'es pas sur les foils 98 ou 99% de la régate, tu ne seras pas compétitif".

SCUTTLEBUT/CRAIG LEWECK
Returning the America’s Cup to the USA
Coupe de l'America et American Magic encore avec cette interview du skipper du défi new-yorkais Terry Hutchinson, qui commente notamment les retards pris cette année, en raison de la complexité de l'AC75 et des inscriptions tardives de certains défis.

CNN/BEN CHURCH
How sailing can offer vital lessons in leadership and teamwork
Ian Walker, vainqueur de la Volvo Ocean Race en 2014-15, les navigatrices britannique et néerlandaise Tracy Edwards et Carolijn Brouwer donnent les clés d'un bon leadership en mer.
 

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Editeur : Pierre-Yves Lautrou - Rédacteur en chef : Axel Capron

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