C'est dans ce travestissement et dans cette inversion que nous acceptons, au travers des personnages d'un roman, de vivre l'expérience de la différence pour affiner notre jugement. Et peut-être même l'inverser.
Les livres sont donc notre carnaval permanent. Les lieux des inversions de rôles et aussi, surtout, lieux d'imagination et de possibles. Un carnaval qui résonne avec le poème de Rimbaud, "Voyelles", dans lequel le poète donne des couleurs aux lettres.
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombre ;
E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
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