Samedi 27 avril nous prenons la voiture en famille pour Nantes où nous arrivons en fin de matinée.
Nous déposons nos bagage à l'hôtel qui nous a surclassé : nous avons droit à une suite avec, en bonus, des petits paquets de chips et de biscuits offerts. J'ai l'impression de faire partie de la grande bourgeoisie.
Je vais récupérer mon dossard pour le marathon qui se déroulera le lendemain. Nous partons ensuite en ville pour déjeuner (rougail saucisse). Sur le chemin nous faisons connaissance avec une canne et ses neuf canetons : Pipo, Popo, Paco, Paquito, Marco, Bruno, Riri, Fifi et Loulou. Nous trainons un peu dans le bourg avant d'aller visiter le musée des beaux arts. Je loupe une bonne partie de la section art contemporain qui se trouve maintenant dans un nouveau bâtiment (ma dernière visite du musée date de plusieurs décennies). Quelqu'un sait ce qu'est devenu Fabrice Hybert ?
Avant de rentrer à l'hôtel, nous passons par le Lieu Unique où je fais l'acquisition de l'énorme LEUMONDE.FR d'Antoine Marchalot. Nous passons par la cabine de photomaton pour la maintenant traditionnelle photo de famille. En sortant je tombe sur une affiche annonçant un concert de Terry Riley en ce même lieu le lendemain.
À l'hôtel je prépare mes affaires pour le lendemain et je regarde à la télé, allongé sur un lit d'un mètre d'épaisseur, une émission où des personnes viennent se faire recouvrir des tatouages honteux par d'autres encore plus gros et plus moches. Je pars acheter des bananes, des biscuits et du cake avant que nous ne dînions (tagliatelles au saumon). La famille canard doit être couchée, nous faisons de même.
Dimanche, je me lève de bonne heure. Je bois deux cafés (les capsules étaient fournies dans notre suite présidentielle), mange des biscuits, une banane, un ibuprofène et me colle des sparadraps un peu partout sur le corps (là où le tissus va frotter). J'enfile mes vêtements et mes chaussures, je bourre les poches de mon sac de trucs à manger et de bouteilles d'eau et sors de l'hôtel. Je marche les trois kilomètres qui me mènent jusqu'à la ligne de départ. Il y a beaucoup de monde et ça sent la testostérone. Je me place dans le sas des 3h45. Devant moi, un type va courir avec une perruque afro et une jupe tahitienne.
À 9h10, le top est lancé. Vu la foule présente je mets un peu de temps à franchir la ligne de départ et les lièvres des 3h45 sont déjà loin devant. Il va me falloir les rattraper si je veux faire mieux qu'à mon premier marathon (3h45mn11sec). En courant j'écoute l'épisode "spécial Nantes" de Fruits de la station puis un Floodcast (mes podcasts "rigolos" du moment). Je double le type en jupe tahitienne et je rattrape les lièvres avant les dix kilomètres. À chaque ravitaillement je mange des abricots secs et du pain d'épice parce que 1°) ça me donne de l'énergie 2°) c'est trop bon. Je croise une première fois ma famille venue m'encourager : c'est frustrant de ne pas pouvoir s'arrêter pour parler car les lièvres ne sont pas loin derrière moi. Je cours. Je mange du pain d'épice. Je cours. Je mange un snickers. Je recroise ma famille vers les vingt kilomètres (je fais des boucles). Bisous.
Au trente-cinquième kilomètre je sens que ça va commencer à être dur. Des coureurs autours de moi commencent à flancher et ce n'est pas bon pour le moral. Après les podcasts je passe à Music with changing parts de Philip Glass (toi même tu sais) espérant entrer en transe, m'exfiltrer de toute souffrance et provoquer une projection astrale jusqu'à la ligne d'arrivée. En fait j'ai juste des fourmillements désagréables dans les doigts. Un peu avant le trente-neuvième kilomètre je décide de m'arrêter quelques dizaines de secondes pour plier les genoux (spoiler alert : cet arrêt aura des conséquences sur le dénouement de l'histoire). Je n'ai pas mal aux jambes mais je commence à respirer comme une locomotive. Je ne profite plus trop du paysage, j'ai juste envie d'arriver. Un peu avant le quarante-et-unième kilomètre un type me tape sur l'épaule, c'est le lièvre des 3h45 qui me demande de laisser passer le groupe de suiveurs. J'essaye de me caler sur son rythme mais j'ai la tête qui tourne un peu alors je le laisse s'éloigner comme mes espoirs de records. Je repense à Pipo, Popo, Paco, Paquito, Marco, Bruno, Riri, Fifi et Loulou.
Pour les dernières centaines de mètres le public forme une foule compacte telle une arrivée à l'Alpe d'Huez où je ne distingue personne. Louison me fait de grands signes et m'accompagne jusqu'à la ligne d'arrivée que je franchis en lâchant un "purée !" (pour mon premier marathon c'était "putain de bordel de merde !"). Trois heures quarante-cinq minutes et treize secondes. Ce n'est pas encore cette fois que je battrais George Bush (3:44:52).
La montée de dopamine me fait l'effet d'un shoot d'héroïne (enfin je me dis que ça doit faire le même effet).
Au ravitaillement final je m'enfile des Tucs en buvant du coca. C'est la meilleure chose au monde.
On me donne une médaille et un coupe-vent. Je retrouve le reste de ma famille.
Je shlingue. Je peux prendre une douche au stade juste à coté. En chemin je suis pris d'une crampe monumentale qui me paralyse toute la jambe.
Après la douche (ma première douche collective depuis le service militaire), je sors du stade et j’aperçois un vieux hippie barbu. Je vais le saluer : je viens de serrer la main de Terry Riley. J'en oublie d'aller faire mes adieux à la famille canard.
On va manger du poulet et des patates. On termine l'après-midi en allant voir des cailloux et des animaux morts au muséum d'histoire naturelle avant de rentrer à Rennes.
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- VU : J'ai maintenant vu 26 films cette année. Le plus touchant : Camille Redouble, le plus absurde : Little Man, le plus mauvais : Les Démons.
- LU : J'arrive à la fin du deuxième tome de Crime et châtiment (je lis lentement). Vous avez voté pour que ma prochaine lecture soit la monographie sur Jochen Gerner. J'ai tout de même fait une infidélité au sondage en empruntant le journal de Cannes de Thierry Frémaux à la bibliothèque et en achetant le recueil de chroniques de Paul B. Preciado.
- COURU : cette année j'ai couru 589 km (un Paris-Brest) en 48 heures.
- ENTENDU : J'aime beaucoup les concerts de Mount Kimbie à Orly et Léonie Pernet à Roissy filmés pour Arte.
Conseils podcasts : Hors Limites retrace la carrière et le parcours atypique de Surya Bonaly. Dans Le Canon sur la Tempe, Alexandre Mognol enquête sur la mort du rugbyman Armand Vaquerin qui a secoué Béziers en 1993. La poudre reçoit Chloé Delaume. Dans Plaisir d'Offrir, Claire fait Grr raconte l’épopée de son don d'ovocytes (super drôle).
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TL;DR
- 8 ans après sa mort, La Souterraine rend de nouveau hommage à Jean-Luc Le Ténia avec un nouvel album de reprises : Sabine Happart chante Jean-Luc Le Ténia.
- Mon compte twitter préféré du moment : Popésie.
- Ma chaîne YouTube préférée du moment : CLUBB GUITOS, les films de Harpo et Lenny Guit. C'est comme si la nouvelle vague avait trouvé un caméscope et réalisé des comédies pendant les vacances d'été. Regardez plus plus particulièrement les enthousiasmants Nathalie vous nique tous et Bonne nuit..
- Amorces de films, ampoules et mégots de cigarettes américaines : des archéologues on fouillé les lieux de tournage de Peau d'Âne.
- "TOUTES les questions posées par mes enfants durant une journée" (épuisant). [en anglais]
- Des gens simples dans un logis à leur image : une visite de la maison de Kim et Kanye. [en anglais]
- Paul Alexander à 70 ans. C'est un des derniers survivants de la polio qui vit depuis son enfance dans un poumon d'acier, une machine d'un autre siècle (ce qui ne l'a pas empêché de devenir avocat). [article complet] [en anglais]
- Après la Ligue du LOL, un article sur les phénomènes de meutes sur les réseaux sociaux : Name & shame : quand les internautes jouent aux justiciers.
- Du bruit :
- interview vidéo du sympathique Stephen O’Malley de Sunn o))) (on l'on apprend enfin comment prononcer le nom du groupe).
- France est un groupe basse / batterie / vielle à roue amplifiée qui se produit uniquement en live avec un seul long morceau hypnotique durant leur set.
- Generative.fm est un site de musique ambient : les morceaux ne sont pas enregistrés mais générés continuellement par un système mathématique sans fin et sans répétition.
- Mouvements, danse et chorégraphie :
- Le Shuudan Koudou est l'art japonais de la marche synchronisée de précision.
- Il vous reste quelques jours pour profiter du replay de Rize, le doc de David LaChapelle sur le Krump (à regarder absolument).
- 1984 : 70 candidats sélectionnés se sont réunis à Blois pour la finale des marathons de danse. Les danseurs sont d'origines diverses : chômeurs, lycéenne, employée de bureau. Le vendredi a minuit, ils sont partis pour 48 heures de danse.
- Mesdames : "Ne parlez pas de politique, de sexualité, de maladie, ou de rêves avec des personnes que vous venez de rencontrer." Les bonnes manières, c'est important.
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