Avec nos cordiales salutations
 
Michel Santi                                                                   Christian-Marc Keller
Fondateur                                                                        Fondateur

 

 

 



C’est une tragédie intime qui propulse Egon Schiele et qui consacre définitivement son art tout en renforçant son ego surdimensionné. Habitué des bordels (pratique courante pour les hommes en cette période de l’Empire Austro-Hongrois), son père mourut en 1905 de la syphilis, non sans avoir au préalable souffert de démence. Alors âgé de 19 ans, le jeune Schiele devait dès lors souffrir d’une psychose qui progressivement parvint à déformer sa propre perception de la mort et de la sexualité, avec des effets évidemment largement créatifs sur ses talents d’artiste.

La période s’y prêtait d’ailleurs généreusement puisque Vienne abritait à l’orée du siècle une communauté intellectuelle et artistique avant-gardiste emmenée par Gustav Klimt et par Sigmund Freud. Au final, la très courte carrière de moins de dix ans d’ Egon Schiele produisit des œuvres saisissantes où il mettait en scène des sujets et des corps souvent androgynes, aux poses érotiques, à la peau fripée, qui furent le reflet des angoisses et des traumatismes de leur créateur.     




 
Inscrit dès 1906 à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne (où il devait remporter son admission face à un certain Adolf Hitler), il se désintéressa rapidement de la rigidité de ses enseignements pour se jeter à corps perdu dans le tourbillon viennois qui lui permit de revisiter la descente aux enfers de son père et d’explorer ses propres combats intérieurs. De cette période, nous avons des autoportraits qui montrent sans équivoque son introspection, où l’on observe des corps similaires à des phallus, où il se représente d’autres fois sous une forme féminine.  


 





Schiele comprit rapidement la force de son travail. Il écrivit par exemple à son oncle en 1911 : « j’irai si loin que les gens seront saisis de terreur à la vue de mon art vivant ». Décédé en 1918 de la grippe espagnole à seulement 28 ans, l’influence d’Egon Schiele est incontestable dans l’histoire de l’art. Egon Schiele, qui annonce l’immense Francis Bacon, rompt sans retour avec le figuratif pour peindre les états psychologiques de ses sujets, au détriment de leurs aspects et caractéristiques physiques. Schiele, comme Bacon après lui, est subversif dans tous les sens du mot. Sa mort prématurée et la force de ses œuvres ont fait de lui le fils prodige de l’art autrichien qui lui voue un culte, pour avoir montré sans fard le corps humain tourmenté par la sexualité.